9 d’épées + 6 de pentacles

Cette angoisse s’est emparée de moi assez brusquement. Incapacitante. Elle a quelque chose qui relève du syndrome de l’imposteuse. Comme si toute ma vie – toute ma renaissance de ces cinq dernières années – était construite sur un miroir aux alouettes. Et si les gens se trompaient sur mon compte ? Et si je jouissais d’une réputation qui ne serait que le reflet de ma capacité à bien parler et non à construire ou à vraiment aider ? Et si cet ego démesuré et cette confiance en moi sans faille faisaient de moi une personne imbue d’elle-même mais incapable d’interagir et de donner sur une base sincère ? Et puis, si je me dispute avec les gens ou si j’ai autant de facilité à les rayer de ma vie, c’est sans doute que je ne m’attache pas réellement ? Angoisses… bruits et tensions du corps qui se crispe au milieu de la nuit… panique à l’idée que celle qui dort à mes côtés se détourne, pas dupe.

Le 6 de pentacles, c’est aussi la terreur face à la dépression d’une autre. Terreur de penser trop bien savoir et de s’y arrêter. La tentation de se reposer sur la certitude de comprendre les rouages au lieu de faire de l’espace et de laisser s’exprimer la déprime de l’autre. Ou trop inciter, trop stimuler. Ou pas assez et s’engluer, se laisser contaminer, alimenter la spirale infernale de l’apathie. Plus encore, et c’est toute l’essence du 6 de pentacles, la crainte de se sacrifier à la dépression et à ses exigences. Jusqu’à ce qu’elle devienne un monstre. Jusqu’à ce que j’implose. Jusqu’à ce que la relation se termine ou en pâtisse pour de bon. Schéma maintes fois rejoué dans de multiples amitiés, ne pas réussir à exister face à la dépression d’un-e autre. Peur de m’imposer, de ne pas respecter, de ne pas m’adapter au tempo de la maladie, peur de faire culpabiliser, de brusquer le rythme aléatoire du aller-mieux.

J’angoisse et je suis terrorisée parce que j’ai le sentiment que les gens pensent que je dis des choses intelligentes et que je comprends vraiment bien les autres alors qu’en fait je suis paumée, toujours paumée. J’essaie d’être intuitive. Je puise dans mes expériences. Je parcours encore les traces que les psychoses ont laissées sur moi. Mais je suis paumée. Tiraillée entre l’envie de me dévouer et celle de cultiver mon propre espace et mes ressources bien méritées.

La carte d’oracle qui m’invite à observer se trace un chemin dans le tournoiement de l’angoisse du 9 d’épées et les dynamiques d’échange et de don du 6 de pentacles. Elle me dit : Lève les yeux, regarde ce qui se passe et agit en conséquence au fur et à mesure au lieu d’anticiper et de chercher à bien faire. A trop bien faire. Au risque de t’enfermer dans des réponses toutes faites. Ecoute plutôt. Sois attentive. La magie opère. Pas besoin de se mettre la pression. Parfois on foire et parfois on gère comme une pro. Mais n’essaie pas d’être superwoman. Sois juste présente et ouverte aux signes, aux appels, à la temporalité. Tout doux, petit poney.

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