Le 7 d’épées. Une des cartes les plus riches en possibilités d’interprétations selon les contextes, vous ne trouvez pas?
Aujourd’hui, je la lis comme une interrogation du concept « choisir ses combats ».
Elle est là, magistralement fière, somptueusement arrogante, laissant la ville, ses luttes, ses querelles, derrière elle. Pour prendre un peu l’air? Du temps pour elle? Ou, fidèle à la tradition du 7 d’épées: avec des documents dans son sac – peut-être le disque dur qui contient les preuves d’un dossier de corruption, ou peut-être celui de son ex-e qui a leaké des photos d’elle?
Choisir tes combats, ça peut être: te choisir TOI, choisir le self-care, tes propres besoins, refuser le rôle que ton entourage ou ta communauté d’assigne.
ça peut être la décision (personnelle ou collective) de concentrer l’énergie sur un seul problème à la fois (au moins pour un temps) ou bien de privilégier une lutte au niveau local. Ne pas mettre toutes ses épées dans le même panier.
Dans ses incarnations plus dangereuses, « choisir son combat », c’est aussi un moyen de réduire au silence les personnes dont il est plus confortable pour les autres de laisser les identités multiples et indissociables de côté. En ignorant la complexité qui découle de l’imbrication des rapports de pouvoir (sexisme, racisme, etc), on écarte aisément les personnes qui font l’expérience de leurs violences dans leurs nombreuses intersections. On les évacue des discussions, donc au final d’un mouvement social. Par exemple, un colloque intersectionnel auquel est invitée une intervenante transmisogyne est un signal clair de rejet des femmes trans des luttes. C’est alors que « choisir son combat » devient une prise de position excluante.