La carte en quelques mots :
Tu n’es pas très clair-e, ni avec toi-même, ni avec les autres, et tu refuses de l’admettre. Les inconnu-e-s t’estimeront incernable. Si ton entourage t’accorde le bénéfice du doute, il considérera ton comportement comme une maladresse ou un manque de lucidité. A défaut de cette indulgence, on te percevra comme une personne sournoise, hypocrite, perfide, qui joue un double jeu.
Quels sont les motifs de ton attitude évasive ? Agis-tu de la sorte pour te protéger ? Si tu protèges quelqu’une d’autre, en vaut-elle la peine ? Est-ce que tu te comportes avec perversion ? En quête de quel pouvoir ? Et au détriment de qui ? Si tu arrives à tirer profit d’une situation en mentant ou en jouant sur plusieurs tableaux à la fois, qui y perd et pourquoi ? Quelles sont les conséquences de ce dont tu bénéficies ? Les mobiles derrière ton mépris justifient-ils ce que tu en retires ?
Certains secrets sont lourds. On s’imagine qu’ils doivent rester bien dissimulés. On se fait tout un plat de leur potentielle révélation. On s’y accroche comme si notre vie en dépendait. En fin de compte, les relâcher peut libérer. Révéler le mot de passe pourrait entraîner un changement radical – une mise à jour de ton système de pensée. Ça peut aussi amorcer une conversation qui portera des fruits bien au-delà de ta propre situation.
Mais en aucun cas tu ne dois des informations à quiconque. Tu t’accroches à quelque chose et tu t’évertues à garder ça pour toi pour une raison, même si tu ignores laquelle. Méfie-toi des gens qui dépensent trop d’énergie à te tirer les vers du nez. Prends garde à ceulles qui prétendent agir pour ton bien. Ton secret trace sa propre route. Ton histoire n’appartient qu’à toi.
Derrière ta distance : pourquoi te méfies-tu de ta communauté ? Qu’est-ce qui a éveillé tes suspicions au point d’alimenter une sensation de paranoïa ? Pourquoi agir en faux-cul en retour ? Audre Lorde disait : on ne détruit pas la maison du maître avec les outils du maître. La réplique à la trahison ou aux méthodes bien dégueux de certain-e-s doit-elle être aussi vicieuse ? Peux-tu aiguiser d’autres épées, élaborer d’autres moyens de (ré)action, briser l’engrenage de la compétition, voire t’autoriser à développer une alternative tellement flamboyante et innovante qu’elle éclipsera tout le reste ?
Exercices :
Liste cinq situations où tu as choisi la fuite, l’hypocrisie ou le mensonge. Pour chacune, inscris sur des bouts de papiers (ou dans ton téléphone) ce qui motivait cette décision, tout en évitant d’être trop dur-e ou complaisant-e avec toi-même.
Prends trois couleurs, une pour tes motivations que tu estimes légitimes avec le recul, une autre pour les mauvaises excuses qui ne te servaient qu’à te défiler et enfin une dernière pour la zone grise, c’est-à-dire tous les éléments inclassables. Ils appartiennent à ta décision. Ils illustrent les tensions d’une période de la vie. Ils éclairent la complexité sans fin de la vie, avec des nuances et de l’indulgence.
Avec les bonnes raisons, crée une guirlande pour ton autel, l’embrasure d’une porte ou ton carnet préféré. Sois fier-e et reconnaissant-e de ton courage dans des circonstances franchement compliquées.
Les mauvaises excuses des différentes situations se recoupent-elles ? Relèvent-elles d’un schéma récurrent ? Quelles en seraient les origines ? Y a-t-il des configurations relationnelles qui te mènent systématiquement dans une impasse ? Après un classement, tu peux te débarrasser des papiers en visualisant rompre avec certains fonctionnements ou personnes. Tu peux aussi créer une autre guirlande que tu auras l’occasion de travailler plus tard, par exemple en coupant un maillon à chaque nouvelle lune.
Les notes « grises » symbolisent le refus de considérer les relations en noir et blanc. Elles représentent l’idée « on est toutes la foireuse de quelqu’une à un moment donné ». Pose-les dans un bocal avec des fragments de coquillages, des bouts de tissu, des emballages de chocolats rassemblés au fil des années. Ou punaise-les ensemble à ton mood board avec un ruban arc-en-ciel. Elles deviendront ta piqûre de rappel de subtilité et de non-jugement.