Situation : 3 d’épées
Direction : Cavalière de bâtons
Etape entre les deux : 3 de pentacles
D’où je viens : As de bâtons
Conseil : As de pentacles
Un tirage très personnel 😊 Pour certaines d’entre elles, des cartes qui reviennent régulièrement ces temps-ci.
L’as de bâtons : le feu de la créativité, la passion qui incendie, le fuel qui imbibe tout et sert de propagateur. Il y a de ça… L’élément de feu est minoritaire voire absent dans mon thème astral. A part Uranus en sagittaire. (Chani Nicholas a des choses à dire sur Uranus). Quand le feu se manifeste, j’ai tendance à être désemparée. J’aime bien doser. J’aime bien contrôler (ascendant vierge pardi !). J’aime bien parler et créer, comme type d’action (Soleil en gémeaux, what else ?). Ou marcher quoi. Mais le feu qui dévaste, le feu qui, une fois allumé, peut être incontrôlable, il m’impressionne. Il me pousse hors de ma zone de confort et j’aime ma zone de confort (si je te dis Lune en taureau, tu vois ce que je veux dire ou tu commences à douter de ma crédibilité ?). Je suis un mélange de bordélique qui part dans tous les sens et de control freak ultra rigoureuse. Mais je ne sais pas comment m’engager avec passion. J’aime bien l’idée, mais moins la pratique. Depuis Imbolc, j’essaie d’appeler le feu, de lui faire une place, à travers la sexualité et la créativité. J’apprivoise l’élément. Sans doute trop précautionneusement ; je tâtonne.
Et puis le feu, c’est aussi la colère. La rage. La saturation. Ma rage qui me dévore. La rage que, depuis trente ans, je continue de ravaler parce qu’elle me fait peur. Je l’estime toute puissante. Capable de ravager. J’ai appris. De façon répétée, on m’a forcée à apprendre la leçon en tout cas. J’ai compris: ta rage n’a pas de place. Ta rage désigne les abuseurs-ses, les opportunistes pervers-es, les violent-e-s. Il n’est pas de bon ton de désigner. Les structures de pouvoir reposent sur une entente tacite, aussi bien au niveau macro que dans des microcosmes. Tu ouvres ta gueule quant aux agissements problématiques, tu pointes la masculinité toxique, tu crèves. Tu crèves parce que personne ne veut entendre. Et ta vie devient un mélange de sacrifice et de haine programmée de l’intérieur et aussi de rembarrer la colère. La stocker. Encaisser. Au point de ne plus la reconnaître, sans cesse étouffée de la sorte.
Il y a quelques semaines, je me suis bouffée le feu en pleine face. Saturation totale. Incapable de réprimer. Bafouée trop souvent pour pouvoir encore retenir. L’asthme peine à expulser. Les expectorations se précipitent.
Le feu dans toute sa splendeur. En route vers la cavalière de bâtons, celle qui porte le feu, qui passe le flambeau, dangereuse et en pleine possession de ses moyens. Rusée et honnête jusqu’au trash. Elle comprend que les compromis font partie de la survie (zoup : ce qu’en dit Cristy C. Road, créatrice du Next World Tarot), elle les maîtrise en toute transparence.
Le feu qui gronde en moi exprime, dans la destruction, le ras-le-bol des malhonnêtes qui s’en sortent avec brio. Il manifeste le dégoût des agresseurs suffisamment manipulateurs pour gagner du pouvoir et du contrôle alors même que leurs abus deviennent apparents. Il crache la crainte que le #metoo desserve inexorablement ceulles qui lâchent leurs témoignages. Les victimes prennent la parole, les agresseur-ses disent qu’elles se victimisent, tandis qu’yels dissimulent (maladroitement mais ça n’empêche personne de s’y rallier) leurs actes derrière une analyse de leur position supposément difficile et voilà: end of the story. La justice est un privilège qui n’est jamais accordé aux victimes. Le système reste bien en place. Les parties prenantes se frottent les mains. Les témoins s’en lavent les mains. End of the story. En apparence du moins. L’as de bâtons tempête chez les sorcières. Lilith est un archétype qui rallie en lame de fond. Les cavalières de bâtons portent et passent le flambeau. Quand ça va péter, tu ne sauras plus où te planquer. Parce que ce feu-là est fait pour durer. L’incendie des rebelles.
Le trois d’épées. Une à une, les enlever. Laisser couler les traumatismes. Les laisser déverser la douleur. Voir défiler les schémas. Les patterns. Certains se colmatent, d’autres pas. Identifier quand je sur-réagis parce qu’un événement ouvre la porte sur des souvenirs enfouis. Nommer la réaction excessive pour ce qu’elle est. La lassitude accumulée a mené à la saturation. Le trois d’épées. Cesser de fuir car je suis mauvaise à ce jeu-là. Pattern dont je suis pourtant la maîtresse. Faire face. Dans la douleur, encore. Mettre des mots. Dialogues. Conversations. Débats. Ne pas fuir, même avec un cœur brisé. Devancer le moment où la fuite est la seule solution pour ne pas démolir quelqu’un-e, le moment où la colère accumulée ne permet plus d’exprimer. Faire face avant.
La structure des Trois. Trois de pentacles. La collaboration plutôt que la fuite. Mettre en place des procédures qui font en sorte que la cavalière de bâtons n’est plus isolée avec sa rage, mais portée, porteuse. Entourée. Généreuse. Reconnaissance, malgré tout.