Le moment est venu de remplir la coupe. La douleur a envahi ma nuit. Elle a nourri les cauchemars qui ont ensuite hanté ma journée.
Le piège à éviter quand les souvenirs et les peurs les plus sombres refont surface consiste à se laisser happer par leur pouvoir, à être hypnotisé.e par ces reflets jusqu’à une fascination obsédante. La tentation de baisser ses gardes et d’être emporté.e dans les angoisses (ou la psychose dans le cas de mes souvenirs de 2004 à 2007) existe. Parfois on ne peut que céder.
Mais le flux menstruel me rappelle qu’il faut que ça sorte. Je saigne avec mes règles. Mais pas que. Décharge d’émotions après le syndrome prémenstruel. Je pleure pour mes vieilles blessures, celles qui ont encore besoin de saigner de temps en temps pour libérer le poison. Évacuer les résidus post-traumatiques qui menacent de changer de forme et de devenir des nouveaux schémas.
Alors, je laisse venir les visions. Les flashbacks et les prémonitions. Puis elles s’en vont. Douleurs et soulagement. Les libérer. Respirer. Remplir la coupe.