Fem. Un bout d’histoire(s).

Il n’y a pas une, mais des histoires

Ma femitude est un genre. Lipstick est un adjectif, péjoratif en raison de son association à la féminité et au maquillage (et donc forcément intéressant avec une grille de lecture féministe !), relatif à l’expression de genre. Il décrit l’apparence, les goûts, la façon de bouger, ce genre d’aspects. Ma femitude est irréductible à l’apparence. Les femmes sont constamment réduites à l’apparence. Tout comme les fems, y compris dans les communautés LGBT+, transpédébigouines et queer. Fem est mon genre. Non-binaire. Rebelle. Fem est sans conteste accroché à mon lesbianisme. Le lesbianisme a rendu ma femitude intelligible à moi-même. Il m’a autorisée à vivre. Il m’a donné l’existence sans la souffrance. Reconnaissance. Ce combat de tous les instants et cette aisance débordante avec le kitsch et les parures sont devenus vivables dès lors qu’ils pouvaient être sans référer à l’autorisation ni à la validation des hommes cisgenres. Eclatants somptueusement dans le désir lesbien, ils ont fleuri. Fem n’est pas le rejet du désir. Elle est l’affirmation radicale de désirs sans les hommes cisgenres. Sans concessions déterminées par et pour d’autres. Sauf peut-être à l’issue de réflexions dans nos communautés fems, si nos femitudes en desservent d’autres. Fem, c’est quand la solitude explose. Quand les autres fems t’offrent à toi-même.

Fem, c’est des féminités qui s’opposent à la compétition. La concurrence apparaît comme le destin de la féminité dans l’idéal cishétéro. En quête de sa confirmation, la féminité provoque des confrontations visant à valider sa réalité. Elle suscite une compétition permanente, hantée par le devoir de se prouver par rapport à d’autres, ceulles qui échouent, ceulles qui ne sont pas assez ou trop.

Fem, c’est la solidarité, la certitude de se tourner vers quelqu’un-e pour trouver la validation. A toutes épreuves. Fem n’est pas soumise à conditions comme l’est la féminité. Les femitudes existent et exultent sans preuves à l’appui.

Ma femitude est un genre douloureux et joyeux. Elle s’inscrit en continuité et en disruption du genre qui m’a été assigné. Exubérante et pleine de regrets : pourquoi ne peut-on pas sortir en drag queen tous les jours ? Comment une fem assignée fille à la naissance et cisgenre comme moi peut-elle soutenir les luttes trans et les fem(me)s trans ? Comment ma femitude genderqueer et cisgenre peut-elle impérativement s’éclipser pour soutenir les fems trans ? Comment être solidaire avec le groupe des femmes, s’y sentir incluse et le respecter, tout en se trouvant chez-moi dans un genre « autre », décalé, fem ? Comment être fem sans nier les rapports de genre, leur binarité et leur pouvoir ? Comment être une fem sans être prétentieuse, comme si ce genre me distinguait ? Comment ne pas hurler quand on se moque de mes jambes poilues et de mon crâne nu ?

Fem, c’est ne plus s’effondrer quand on déclare « les cheveux, c’est la féminité, être trichotillomane, c’est ne pas être une femme ». C’est d’ailleurs décréter qu’il y a de la vitalité dans le mouvement d’arracher compulsivement un symbole trop lourd à porter. Ma femitude, c’est le vintage et l’outrance. Ma femitude, c’est ramener l’intime, sans cesse. C’est la ramener avec l’intimité. C’est ce besoin irrépressible de faire sauter les verrous de ce qui se dit ou pas et d’adopter une posture de vulnérabilité. Là où pour d’autres fems, ce serait ne devoir de comptes à personne. Ma femitude est autoritaire et vulgaire. Impertinente. Maternante dans le sens englobante et généreuse, mais pas mère, jamais.

Extrait de mon zine Fems!? à consulter ici: Fems-cathou-zine-jui2018corr

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