Un des éléments les plus frappant de Lae Visionnaire de cailloux du Slow Holler (traditionnellement la reine de pentacles), c’est sans doute ses jambes poilues équipées d’ultra hauts talons, des talons comme des maisons. Lae Visionnaire de cailloux nous parle de confort, mais pas n’importe lequel: le nôtre, celui dans lequel on se sent bien, même s’il apparaîtra bancal à d’autres, même s’il faut s’accommoder de contradictions pour se sentir bien dans notre corps.
Yel nous invite à porter les godasses qui nous font sentir assez monumental.e pour être en sécurité. Yel nous invite à réfléchir aux normes corporelles et de genre pour habiter notre corps et naviguer les injonctions d’une façon qui ne fait pas trop mal, dans un monde cishétérosexiste, validiste, misogyne, grossophobe. Yel propose de se poser, même brièvement, dans notre propre point d’équilibre et de veiller sur nous.
Yel nous invite à estimer et gérer les risques encourus de la façon qui nous semble bonne, sans nous forcer dans une direction plutôt qu’une autre car yel sait que nos choix sont restreints par des systèmes oppressif. Yel ne nous fera jamais porter la responsabilité des dangers: pas de victim blaming, de slutshaming en sa compagnie. Elle nous protège, elle croit en nous, en notre genre, en notre style, en notre façon d’appréhender l’espace public, en notre besoin de rester cloîtré.e.
J’ai partagé en story que Lae Visionnaire de Cailloux avait décrété « porte tes soutifs visibles comme si c’était encore les années 80 ». Ça allait bien à ma robe vintage qui ne ferme pas au niveau de mes seins, à mon humeur vulgos, à mon envie de décaler le noir et le blanc. Ça allait bien à mon mood: je vais en forêt et je vais l’honorer de mon kitsch. Quelqu’un.e a commenté: oui mais si on porte pas de soutifs ?! Mais c’est ça la magie de Lae Visionnaire de cailloux, fais ce qui te fait te sentir bien à un moment précis. Ce jour-là, j’avais des restes de bouffées de chaleur prémenstruelles et il faisait assez chaud, je voulais donc porter du léger (et des leggings parce que j’ai les articulations du bas du corps gelées). Or, si je ne porte pas de soutif pour les longues balades (ce qui est grave plus confortable dans l’absolu), les matières trop fines créent du frottement et des douleurs. C’était donc pas une option par ce temps. Et puis, la ceinture lombaire est nécessaire pour la marche 1/ pour mes douleurs chroniques 2/ pour améliorer ma proprioception car elle fonctionne comme un vêtement compressif 3/ ça fait une partie du corps plus a l’abri des subluxations. Oooor, la ceinture lombaire, c’est douloureux sous les vêtements et, en plus, ça fait un frottement insupportable sur les mamelons quand porté sans sous-vêtements. Puis, personne ne sera surpris.e d’apprendre que je porte la plus grande taille (plus chère) mais qu’elle est encore trop petite parce que les gros.ses, on n’a qu’à souffrir, ce monde s’en fout. Je suis trop contente d’avoir un rendez-vous chez une nouvelle rhumatologue spécialiste du syndrome d’Ehlers-Danlos le mois prochain car j’espère avoir des ordonnances pour ce genre de soutiens à ma taille et partiellement remboursés par la mutuelle.
Donc, je réfléchis à plein de choses quand je décide ce que je porte, entre le confort physique et celui qui convient à mon moral de fem queer qui a besoin de couleurs, de kitsch, d’originalité pour se sentir à l’aise. J’ai déjà beaucoup écrit sur les concessions que j’ai dû faire à ma maladie par rapport à ce qui me permettait de me sentir bien dans mon genre et dans mon corps (me séparer du maquillage et d’une partie de ma garde-robe, etc). Contrairement à d’autres jours, inspirée par Lae Visionnaire de cailloux, j’ai pas pleuré devant mes fringues en mode: Qu’est-ce que je vais supporter aujourd’hui avec les lubies de mon syndrome d’Ehlers-Danlos, mes envies de kitsch, les nécessités du programme de la journée. Non, j’ai su directement ce qui serait confortable et agréable pour moi et ce qui me donnerait l’impression d’être à l’aise en forêt, en vibration avec mon environnement et assez sereine (au rythme des articulations qui se balade quoi) dans mon corps. J’aimerais parvenir à l’écouter plus souvent !