Nehalennia est une déesse de la Mer du Nord. On a retrouvé des traces des cultes qui lui étaient voués à l’époque gallo-romaine, en particulier des petits autels votifs, autour de l’embouchure du Rhin et de l’Escaut. Protectrice des voyages et des échanges commerciaux, on en a aussi trouvé la trace le long des fleuves se jetant dans la Mer du Nord.
Mon objectif n’est pas de réciter ce que vous pouvez trouver sur internet, même si je vous invite à regarder les photos des mini sanctuaires qu’on lui dédiait en remerciement et même si les meilleures sources sont en néerlandais qui n’est peut-être pas la langue que vous maîtrisez le mieux. Je souhaite plutôt mêler mon expérience de Nehalennia et les traces tangibles qu’il reste des cultes.
Si elle protégeait le commerce, elle est aussi plus largement une divinité des échanges. Elle les favorise et les encourage en général. Cela se manifeste plus précisément dans la relation qu’on entretient avec elle. Offrandes, cadeaux, remerciements. Elle est comme la mer. Elle peut apporter autant qu’elle peut reprendre rapidement et priver de. Généreuse, elle attend un engagement en échange. Elle n’est d’ailleurs pas avare en signes, même si la patience peut être de mise.
Bien plus que les échanges commerciaux, c’est l’amour qui l’intéresse. Elle nous inspire à et elle nous demande de considérer la nature des liens qui nous unissent les un-e-s aux autres. Elle bénie ces liens en priorité. Elle n’a cure de notre gain personnel. Si elle accorde ses faveurs, c’est pour nos proches qui ont besoin d’aide, de protection dans des voyages ou de soulagement face à des échanges douloureux (harcèlement en ligne par exemple). Elle établit le lien entre le foyer (symbolique) et ce qui part, qui voyage, qui a besoin de distance. Le chien qu’on retrouve souvent à ses côtés pourrait être le symbole d’un amour sincère et de relations durables.
La corne d’abondance (ou du moins, un panier rempli de fruits) figure parmi ses attributs, tout comme des déesses voyageuses comme Epona. Parmi les fruits qu’elle affectionne, la pomme est centrale. Elle symbolise notamment l’automne. Communément, on estime donc que c’est une déesse d’abondance et de fertilité, comme Déméter.
Le gouvernail peut rappeler différents éléments. Les voyages, en particulier maritimes, c’est une évidence. Sa forme ronde coupée de rayons rappelle les divinités solaires celtes ou encore le symbole utilisé plus tard pour la roue de l’année. D’autres divinités associées à la roue, le sont aussi au temps. Elle devient alors la roue à filer qui crée le fil de la vie et de la mort. C’est un symbole de cycles. Il ne serait pas étonnant que Nehalennia, qui protège les vies, puisse également accompagner les voyages vers l’autre monde, à l’image d’Arianrhod, déesse galloise à la roue d’argent. Le chien serait dès lors un gardien de l’Autre monde, comme il l’est dans de nombreuses traditions. La pomme évoque l’abondance, les récoltes automnales, mais aussi la pourriture fertilisante, souvent associée à l’Autre Monde.
Représentée sur un trône, ses images ressemblent à celle des déesses gauloises et celtes matrones, souvent associées à des lieux précis qu’elles protègent. La dimension locale de ce genre de déesses invite, à mon avis, à ne pas travailler avec elles comme des divinités générales de certains éléments. Ainsi, plus qu’une divinité de la mer, Nehalennia est une divinité de la mer du nord. Pour la contacter quand on ne peut se rendre sur les lieux, il est souhaitable de se renseigner sur eux. Par exemple, les villes où sont culte était vif risquent d’être englouties d’ici quelques (petits !) siècles. ça ne peut qu’influencer notre rapport.
Tarot queer et féministe 