Au bord des fossés où s’écoulent mes vies passées, des iris annonciateurs de répit fleurissent. Sur le sol où j’ai sacrifié les lambeaux de ceulles que je ne suis plus, des cristaux de roche brillent dans la lumière du point du jour.
Je suis revenue transparente. Limpide, tout comme la rosée perlant sur ma chrysalide. Ardente, de cette ardeur tranquille signifiant que je ne suis plus en combustion. Fervente, de cette foi paisible suivant le sommeil retrouvé.
Mes muscles sont engourdis. Mes gestes sont lents, en conscience. Mes ailes se déroulent doucement, encore froissées par le cocon. Il faut que je patiente. Il faut que je récupère. Il faut que je profite. Sérénité de ne plus être tiraillée.
Maintenir l’espace pour la complexité, la mienne et celle du monde. Percevoir le monde avec plus de nuances qu’auparavant. Mes sens captent des gammes jusque-là imperceptibles. Les subtilités sont infinies. Je les mélange. Je les laisse opérer. Je les guide.
Je ne suis plus une caricature de moi-même. Je n’ai plus rien à prouver. Je suis sur le point de m’envoler. C’est l’aube ! Enfin, je vois venir demain.
Je ne suis plus enfermée dans un corset, dans un carcan, dans les normes, dans les dualités, dans des injonctions, dans mes limitations. Je ne peux plus penser de façon binaire. Le monde entier s’irise. Tel est le charme de la carte aux iris.
Au point du jour, je suis Je suis un spectre sans fin Un arc-en-ciel contenant mille couleurs Je suis.
Comprendre la Tempérance
La Tempérance est un état de grâce. Le funambulisme au-dessus de l’océan accessible à toustes. C’est la suave impression de pouvoir être soi sans être écartelé.e entre Des rôles, des pôles, des états (d’âme) contradictoires. C’est flotter par-dessus les contradictions. En prendre acte, mais ne pas les laisser prendre le dessus.
On manipule les facettes. On les mélange. On est composé.e de tous ces fragments. On est une mosaïque, entière dans sa complexité.
Dimanche, pleine lune en lion. Prétexte pour faire la lecture de mon dernier texte sur La Force et le partager en vidéo. Toujours sympa pour les personnes qui, comme moi, préfèrent écouter que lire. Ou ne peuvent pas faire autrement. Puis, c’est une direction que j’aimerais donner à ma chaîne YouTube. Qu’elle mette en valeur mes textes poétiques. Qu’elle soit plus orientée sur la divination comme art et moins sur les vidéos qui marchent mieux, genre les revues de jeux et autres top 10.
Il fait gris. J’ai un œdème à la joue après une intervention d’endodontie. J’oscille entre la peur d’un retour de l’abcès et le fatalisme: avec les tissus fragiles du SED, on ne peut pas paniquer dès que le corps réagit bizarrement. Je laisse vagabonder mes pensées pour éviter qu’elles fassent des boucles. Un ciel si gris. Même si j’ai filmé une lecture matinale de La Force, c’est Le Soleil qui me revient sans cesse à l’esprit. Pas en boucle, pour le coup. En éclats.
Je cède à l’appel du pied de la carte. Elle entre en dialogue avec Le Jugement, la carte 20, l’atout suivant, que j’avais tirée plus tôt encore. Je saisis les notes qui me viennent.
Et je les recopie ici en les altérant à peine (faute d’énergie). Brutes. Faillibles.
De La Force au Soleil… Vers le Jugement.
Passer de la carte du Lion, la Force, à celle du luminaire à demeure chez le Lion, Le Soleil.
Divergences: Le Soleil relie tandis que La Force est concentrée plus sur elle-même que sur ses liens avec d’autres.
Intrépide, La Force s’aventure dans les profondeurs, auprès de ce qui est caché. Elle va chercher les peurs pour les accompagner. Elle côtoie la “nature” sauvage. C’est à force d’efforts et de pratique qu’elle parvient à rester sereine.
Le Soleil se pose en pleine lumière. Rien à cacher. Il expose. Il libère. Il respire l’air frais sans effort. Il ne problématise pas. Il assume. Sans artifices, sans parures, sans masque, il se montre. Sa voix est limpide. Elle porte. Il est capable d’exprimer clairement ce qu’il veut et pourquoi. Il a quelque chose à affirmer. Comme une vérité (aussi fugace soit-elle). Un énoncé qui a besoin de rayonner. Un corps qui s’étire.
Le Soleil. Un rapport à l’espace. Un désir d’être pleinement, déconfinée, dans un espace investi ressenti.
Jeux d’ombres et lumière
Derrière cette facette visible voire surexposée du Soleil, il y a aussi toutes les ambiguïtés des grands mots qu’il affiche:
s’affirmer, la vérité, prendre de l’espace, s’assumer
Ou leur revers. Prétendre figer des choses en mutation. Prétendre que l’individu est roi.
Toutes les larmes versées Toutes les tisanes concoctées Toutes les sécheresses endurées Et les tempêtes traversées
Aucune leçon Bien des frissons Nulle revanche Quand on émerge d’une avalanche
Un entêtant « j’ai survécu » Suivi d’une oraison Pour cette mort que je n’ai pas vaincue Pour ces mort.e.s dont Rien ne me distingue qu’une Vague chance, un « waw j’ai du cul »
Et puis quoi? Réapprendre A vivre Se recréer de tendres Rêves De toutes mes forces, tendre Vers ces rives Et puis me détendre C’est la trêve
Le 9 d’eau. Se chercher des envies.
Avec le Tarot Souverain.es d’Emmanuel.le Fontaine et la sauge de l’abbaye de la cambre un jour d’automne.
Le 2 d’épées me signale qu’il est temps de me poser. Souvent, cette carte apparaît quand les envies sont grandes, quand les possibilités m’attirent. Elle m’invite à reconsidérer mes options.
La certitude qui m’anime n’est-elle pas une fuite ? Un défaut de patience plutôt qu’une solution viable ? Au lieu de me hâter dans la prise de décision, comment puis-je entrer en gestation ? Comment puis-je nourrir l’inconnu et chérir le doute au lieu de m’acharner dans des pistes stériles ? Au lieu d’enfoncer des portes ouvertes, comment puis-je les refermer pour m’accorder un peu de calme ? A quoi ressemblerait un havre de paix où l’incertitude ne me rongerait pas mais m’encouragerait plutôt à rêver ?
Si je me sens coincée, c’est parce que je le suis. L’impasse n’est pas une fausse route. Je ne me suis pas égarée. Je peux m’aménager, dans ce temps-mort, l’espace sacré de la réflexion ou de la méditation. C’est ici que le sésame m’apparaîtra finalement. C’est comme ça que le mot de passe qui ouvre un passage dans l’impasse me viendra.
La transformation n’est pas instantanée. En regardant dedans, j’apprends à élargir mon champ de vision. Je m’autorise le calme. J’ai le droit de ne pas savoir. J’ai le courage de ne pas donner des réponses satisfaisantes. J’ai la foi en mes limites. Ce n’est pas parce que je refuse d’offrir dans l’immédiat que je me stérilise aux contacts. Je suis en gestation. Je respecte mon cocon.
La Page de Bâtons bouillonne. Iel se laisse emballer par l’invitation des élans créatifs: Viens jouer! Viens tester! Viens découvrir! Viens t’aventurer! Essaie! Essaie! Iel ne ressent aucune peur. Les frissons d’excitation la galvanisent. Iel veut vivre! Iel veut bouger! Iel veut découvrir!
Dès l’enfance, certaines expériences nous forcent à réprimer notre créativité. Elles continuent d’entraver notre liberté par la suite: On ne se sent pas légitime quand on veut essayer un nouveau médium, un autre instrument, une méthode. Quand on veut se laisser guider par le fun, une petite voix insiste pour qu’on “réussisse”. On se trouve ridicule quand nos instincts nous poussent à agir avec badasserie. Parfois, on est timoré.e. Pétrifié.e par les qu’en-dira-t-on. Avant tout, on est foudroyé.e par notre propre regard. Nos attentes nous pourrissent et on ne peut pas s’empêcher de se donner un objectif. On place la barre trop haut. Hors de portée. C’est comme si notre autosaboteurse intérieure se régalait à l’idée qu’on échoue. On n’arrive pas à s’exprimer en dehors de la compétition. Les vieilles brimades nous poursuivent.
Le Page de Bâtons, c’est le remède en nous! C’est l’énergie créative pure, brute, joyeuse. C’est l’amusement qui jaillit quand on explore, quand on exprime, quand on suit sa pétillance. Son époustouflance! Parce que, évidemment, la Page de Bâtons adore inventer: des mots, des chorés, des recettes,… C’est la part de nous qui ne doute pas. Et qui n’en a de toute façon strictement rien à faire d’échouer!
C’est la créativité débridée. Pour le plaisir. Parce que ça veut sortir là-maintenant-tout-de-suite. Parce qu’on a le droit à cette euphorie. A cette légèreté. A cette insouciance. Le droit au plaisir.
Tout l’attire. Tout pétille. Tout a le potentiel d’engager son attention. Tout a la capacité d’allumer sa flamme. Tout est étincelle. Iel est spittante*, vive, curieuse de tout. Ouverte. Iel est la source d’une énergie créative que rien n’assèche.
Bon… bien sûr, iel est susceptible de se disperser. Iel peut papillonner d’une idée à l’autre. Sans jamais prendre suffisamment de temps avec une d’elle pour que l’étincelle se transforme en flamme. Iel est susceptible d’être en proie à une agitation telle que son esprit ne parvient plus à faire le focus sur quoi que ce soit. Envahi.e par une fumée trop épaisse, son esprit risque de ne plus rien distinguer: ni l’étincelle, ni la flamme, ni l’incendie, ni l’extincteur,…
Nous sommes submergé.e.s dans les eaux du mysticisme. Nous ne faisons qu’un.e avec les profondeurs, avec le cosmos, avec les déités, avec les monstres, avec les rêves. Tout fusionne dans l’océan des Poissons. Malgré l’envie de nager dans cet idéal nous devons rester vigilant.e.s. Cette belle hyper connexion nous leurre. Malgré la magie de La Lune, tout ici n’est pas conforme à son apparence.
Quand l’obscurité de La Lune nous appelle à notre meute, à nos instincts, à notre imagination, on a envie de courir, débridé.e.s, sans laisse, sans garde-fou, sans réserve, sans garde-loup. On répond spontanément à l’appel. Une mémoire profonde, engloutie, oubliée jaillit à la surface. On est persuadé.e.s qu’elle ne peut pas nous tromper. Elle semble trop évidente pour s’en méfier.
Pourtant, il est facile de s’égarer au clair de lune, méprenant la fiabilité de son éclairage pour celle du jour ou d’une lampe. Beaucoup trop facile de se perdre dans les méandres de l’infini, d’y perdre un peu trop de sa raison, de louper le dernier train.
Avec La Lune, on se retrouve semblant de rien à errer. Déboussolé.e.s. On perd le Nord. On a l’impression de perdre la boule. L’appel de l’Inconnu peut céder sa place aux tourments de l’indéfini, aux jeux d’illusions.
Incontournable, La Lune fait partie de nos existences. Elle nous offre des expériences profondes, totales, émouvantes. Elle nous aide à ne pas prendre pour acquis un rationalisme exacerbé. Elle nous connecte à la magie. Elle est un enchantement. Une vision qui nous marquera à vie. Un rite de passage induit par un état de conscience modifié. Elle est vitale. Elle nous sort de nos limites. Elle nous dissout. Elle nous nourrit. Elle est inévitable. Rechercher des itinéraires alternatifs ne ferait que prolonger l’expérience. ça la rendrait plus douloureuse. Plus dangereuse.
Mieux vaut toutefois ne pas s’aventurer sans équipement dans son univers sans frontière. Quel est notre fils d’Ariane ? Les miettes de Petit Poucet sont-elles stockées dans nos poches? Les pacte signés avec Ursula ne valent pas ici. Ils sont rencontrés par un rire odieux. Il nous faut des outils. De la ruse dans ce monde à l’envers. Des robustes limites personnelles et/ou collectives.
Bénéficie-t-on d’un soutien thérapeutique? Si non, ne pourrait-ce pas nous stabiliser pendant notre immersion dans les fonds marins ou pendant notre voyage spatial intergalactique ?
Quels sont nos réseaux de soutien? Nos bouées ont-elles besoin de rustines?
Ah, l’équinoxe! Ses lumières, ses odeurs, ses couleurs! Et cet instant suspendu où la durée du jour et de la nuit sont en équilibre. Ce tournant avant que l’obscurité domine nos journées pour 6 mois. Cette entrée dans une saison sombre jusqu’à ce que les jours rallongent progressivement à partir du solstice d’hiver.
J’adore les équinoxes pour cette harmonie conjuguée à un basculement. L’automne m’émerveille parce que l’hiver me pèse. Il m’est impératif de profiter, d’accueillir, d’ouvrir, de célébrer. Et de célébrer avec vous évidemment! Pour le Solstice d’été, j’avais proposé des mini-tirages personnalisé sur insta. Cette fois, c’est en version écrite ici et en vidéo sur youtube et dans un format plus généraliste. Après la lecture des cartes d’introduction, je vous invite à piocher dans les interprétations en fonction des positions qui vous intéressent.
3 tarots m’ont accompagnée au Parc Tournay-Solvay, aux étangs de Boitsfort et en Forêt de Soignes pour ces tirages: le Gentle Tarot, le Slow Holler (épuisé) et le Fifth Spirit Tarot.
NB: Je retranscris mes textes par saisie vocale. Des fautes échappent à ma vigilance.
Le thème de ce tirage
Sur le seuil, au bord de l’automne, tu te sens t’étendre. Tu te sens des envies. Tu es traversé.e de désirs frétillants. Tes rêves dansent avec tes idées.
Sur le seuil, la tentation est forte de se (con)tenir, fasciné.e par les possibilités, transfiguré.e par ce qui pourrait se développer. Ou peut-être es-tu animé.e par la tentation de te propulser de toutes tes forces vers demain, de te donner tout.e entièr.e à l’énergie de création.
Le 2 de bâtons suggère cependant de prendre encore un peu de hauteur. Il invite à gravir la colline pour profiter du point de vue le plus porteur. Tu auras besoin de la vision à 360° pour balayer du regard autant ce qui verra le jour que ce qui t’a amené.e ici, ce parcours sinueux, ces aides précieuse, ces ornières douloureuses.
Le 2 de bâtons te demande d’être présent.e pour le seuil en tant que portail merveilleux capable d’élargir ta vision. Avec le 8, il te demande de faire de la place à tes impulsions et à ton envie d’agir rapidement, sans toutefois y céder, de les comprendre sans les laisser t’incendier. Avec le 5 de bâtons, il te demande aussi de créer de l’espace pour tes réticences – pas par autosabotage mais parce qu’elle gronde pour une raison. (Par exemple, prendre le temps de t’assurer que tu pourras te chauffer cet hiver, ce n’est pas de l’autosabotage). C’est le moment d’investiguer tes errances, tes dispersions, et aussi ta colère. Quels sont leurs messages ? Faut-il les libérer ou en faire des alliés puisqu’elles sont là pour durer ?
À l’équinoxe, l’équilibre magique du jour et de la nuit nous rappelle de prendre le temps de regarder et de tester nos balances et nos réservoirs d’énergie pour la saison. Le 2 de bâtons confirme la beauté des temps d’arrêt en période d’expansion. Profite de la vue ! Sur le seuil, tu es entre deux étapes, ni tout à fait dans l’une, ni tout à fait dans l’autre.
L’équilibre magique de la transformation…
Pour honorer cet instant de recueillement et d’ouverture, on va poursuivre avec les positions de tirage suivantes:
Oh oui, ta vision est belle Oui elle scintille de mille feux Oh bien sûr, elle t’emballe Evidemment, tu aurais envie de la suivre jusqu’au bout du monde
Mais c’est un projet au long cours
Non seulement tu auras besoin de ressources au-delà de la passion initiale, Mais également ces branches doivent encore pousser Elles doivent aussi se dévêtir pour l’hiver Revenir à leur essence pour mieux s’ouvrir.
Tu vas grandir avec ta vision
Ta branche va s’ouvrir jusqu’à t’emmener vers des arborescences inattendues. La sève va parcourir ses ramifications au rythme de ton cœur.
En prévision du voyage à venir, la précipitation serait une perte d’énergie. Garde ta vigueur ! Enchante-la!
Et garde aussi une trace de l’excitation qui te parcourt, de tes envies débridées.
Ne pas forcément les suivre mais les retranscrire pour mieux les voir évoluer.
Je suis cachée. Je suis ton ombre. Je suis tes silences. Je suis entre chacune de tes lignes. Mon souffle entre chacun de tes mots.
Je suis quand ton intuition précède tes pensées, quand elle donne forme à tes phrases, quand tes mains son le récipient du sens, quand tes mains sont la prolongation des racines, tes cheveux du mycélium, ta sueur de la pluie, tes pupilles de la nuit sombre, ton hémoglobine des astéroïdes.
Je suis quand tu te mets en retrait pour devenir plus vibrante, plus habitée, moins véhémente, moins anthropocentrée, la part d’un ensemble.
Je vibre parce que je ne suis jamais seule. Ma solitude n’est pas solitaire. Elle est fertile. Elle est ramifiée.
Je suis la quête qui frétille perpétuellement dans tes cellules, qui agite ton être. Je suis le sens et le refus du sens Le questionnement qui ne doit avoir ni début ni fin La dévotion comme art de vivre. Le dévouement envers l’infime, le minuscule, l’insignifiant, les déchets, l’inconsidéré.
Je suis la magie de l’invisible L’invisible qui ne l’est que parce qu’il est ignoré Non parce qu’il est caché L’imperceptible répondant à la perception
Il n’y a rien d’occulte Je ne suis ni une sage ni une alchimiste. Je suis la pèlerin du quotidien, la périphérie dans chaque mouvement.
Je suis l’empreinte dans le humus La bestiole, le pétrichor, la subtilité entêtante, l’ignorée qui chante.
Je suis ta compagne, ta lanterne, ton bâton.
Il est tard. Je n’ai pas la notion du temps présentement. Si elle est au-dessus de l’horizon, la lune est cachée par le brouillard. Je sais qu’il est tard justement parce qu’il est devenu compliqué de s’accrocher au temps. Alors j’agrippe fermement mon bâton pour fendre les ténèbres. Pas à pas.
La neige tombe en épais flocons. Ou bien sont-ce des feuilles mortes? Ça sent la décomposition en tout cas. J’avance avec ce qui est là directement autour de moi. Je n’ai pas une vision infrarouge.
Pas plus que l’obscurité, je ne perce les mystères de l’avenir. Je n’ai aucun complexe d’omniscience. Je peux toujours me raconter le passé, ça n’en reste pas moins une histoire. Ce récit d’humain.e s’étiole rapidement quand je passe mes doigts dans la terre humide et que les vers de terre les engluent. Je m’efforce d’accorder toute mon attention à ce qui se déroule ici. Mon attention capte en retour celle de ce qui est là. On s’élance probablement plus qu’on avance. On s’enlace. On s’interroge. On se ressent.
Le désir de rencontrer l’obscurité dans sa totalité me meut. Dès lors que mon Oeuvre est impossible, je vis sur le mode interrogatif. Réflexif. Est-ce que je me regarde le nombril? Pourquoi pas? Les milliards de bactéries vivant dans mes intestins grouillent avec une complexité capable de me captiver pendant des décennies. Ça sent la décomposition.
Les nécessités de l’Ermite
C’est qu’il faut sombrer. C’est qu’il faut s’ignorer. C’est qu’il faut rapetisser. C’est qu’il faut descendre de son piédestal – de son trône – de ses certitudes Descendre dans les souterrains Où l’on perd ses repères C’est qu’il faut se remettre en question C’est qu’il faut se métamorphoser C’est qu’il faut traverser les mondes Il faut se détériorer Il faut sentir ses cellules qui se recomposent C’est qu’il faut quitter sa position, la laisser derrière soi, dire au revoir aux regards, laisser les grades au placard.
C’est qu’il faut faire l’expérience de la marge, des frontières, des confins. Sentir les compressions, l’effet centrifuge, la gravité. Il faut visiter les cavités, les galeries, les labyrinthes sous la surface. Il faut voyager Du centre aux bordures au centre aux bordures.