Se taire quand il faudrait réagir sur tout Se mettre en retrait quand tout acte alimente la machine De l’indignation De l’individualisme Et avant tout de la montée des fascismes.
Renoncer à trouver des réponses dans la frénésie des réseaux Reculer, reculer, quitte à tomber à la renverse dans la rivière Quitte à la laisser laver nos peurs Emmener les résidus de la haine Quitter à la laisser traîner la fierté dans la vase
Traite.sse.s à la cause, à toutes les causes, à la mise en scène des egos A la performance du savoir L’agencement de corpus Qui défont les corps Qui cassent les fibres Qui désunissent les joyeuses polyphonies des désaccords
Se taire même s’il faut tout désapprendre, même s’il faut aller à l’encontre de son fonctionnement, même si on ne sait plus comment va la vie quand c’est pas à toute vitesse Se tenir à l’endroit propice où les mondes se croisent Se chassent Puis finissent par s’ignorer Sur le fil entre les Portes de l’Hadès et le Temple de la Déesse Ici lae Prêtre.sse ouvre son cœur Les profondeurs Son déshonneur
Iel ne joue pas selon les règles Iel observe, iel connecte Iel soulève, Iel enfouie Son équilibre est frêle Il défie le temps
Lae Prêtre.sse nous livre les murmures
Se taire, renoncer, reculer, trahir Accueillir les murmures Murmurer
Ces murmures plus percutants que les hurlements Ecouter répercuter la lame de fond L’âme au fond
Hekate est la Magicienne. Hekate est mercurienne, particulièrement en mai: Gémeaux
Elle est la voie dans le chaos, la piste dans la multitude Elle brouille les pistes. Mais derrière les masques, c’est toujours Elle.
Hekate Einalia se tient à la croisée des mondes. Sur la falaise au bord de la mer, les serpents au vent Elle exprime son rôle de porteuse des clés de l’âme cosmique.
En elle, tout fusionne, tout se rencontre Tout prend vie Ce n’est que passés à son filtre que les éléments prennent vie
Hekate anime Elle manipule Elle crée
Comme la Magicienne, elle canalise le cosmos et le chaos la foudre, la brise l’eau salée et les fluides Elle nous active
Elle énergise. L’énergie monte, monte. Les forces descendent.
Elle est le point de rencontre Le point de fusion Le point de création
L’explosion et la concentration. Elle contient, elle relâche Elle génère des mirages, des tâches Des miracles
Je me présente à toi. Tu accueilles Tu détruits Tu façonnes Tu acceptes
Dans tes spirales se tissent les fils du temps Se brodent les mains de tes filles
Tu engendres, nous existons Tu nous libères Tu nous appelles
Hekate, Anima Mundi, Bénie, sois-tu Mère cosmique Vecteur énergétique Infinie Tu es le souffle et l’âme et tout autre chose l’unité et la multiplicité Tu es La médiation cosmique.
A la recherche des morceaux de mon âme, Je plonge je plonge
I’m diving in search of my bones The bones I hid here in another life Maybe in another world
Je suis sauvage, instinctive Je suis dans l’interstice entre les louves et les chiennes Mon squelette conte l’existence d’une espèce Dont on a perdu la trace Je cherche les os que j’ai enterrés ici Quand j’ai dû fuir Pour survivre
In my dreams, I meet the ancestors Who remind me of my instincts In my dreams, there is snow in July Rage, lust for life Lust for the sake of lust In my dreams, the confidence To make it through the floods
Au réveil, le sang couvre mes jambes Témoin des luttes Témoin des ongles arrachés à creuser à creuser A creuser pour des os Des traces Une validation Quelque chose
Blood on my legs in the morning I remember some of the codes The rest is lost again Again I curl I howl I spin I tear open Another morning without the precious pieces of my soul
Mon corps se tord Je hurle je hurle A l’appel de ma meute Je hurle je hurle Pour conjurer la solitude Mon corps se tord Je me recroqueville Je suis inerte Je me tords et je hurle Où sont passés mes désirs Et mes os Et mes ancêtres Et ma meute Où ? Où ? Ahouuuhouhhhh
Ce qui fait L’Ermite C’est le temps de la contemplation Les couches se réorientent La surface se craquelle Le lieu Le support Ou l’entité S’ouvre L’Ermite se fond dedans Progressivement Elle devient ce qui l’entoure Elle perçoit lentement
L’Ermite accède-t-elle à Un au-delà Des apparences Des convenances A des secrets Profonds Antiques, non humains L’Ermite disparaît-elle dans La contemplation Pour se trouver elle-même Pour accéder à sa source de sacré
Qui est ton Ermite ? Le silence ou la guide ? La transcendance ou la flamme intérieure ? La disparition ou l’exaltation ? Le retrait ou le service ?
Qui es-tu qui es-tu ? Qui suis-je ? Quelle est ma mission ? Comment contribuer ? Comment révolutionner ? Dans la contemplation, la révélation.
Tous les savoirs, tous les livres, toutes les traditions occultes ne valent rien si tu ne peux pas t’approprier la matière.
Je comprends l’insistance sur la rigueur et sur le temps de l’étude. Sauf que ça revient souvent à nous couper de nos propres savoirs et de nos manières de communiquer et de chercher les informations, même les moins conventionnels. Ça nous coupe de l’expérience de nos sens, y compris notre intuition. Ça fait des barrages. Ou des barricades qui nous emprisonnent. Quand on brandit l’importance de la tradition, on réveille nos tendances dogmatiques, nos habitudes à s’en remettre à des maîtres-ses, et le spectre de l’emprise qui nous attend au tournant dès qu’on abdique nos connaissances.
On me dit souvent que je « décomplexe le tarot ». Qu’est-ce que ça veut dire? Parfois je passe à côté de la pression autour de l’apprentissage du tarot dans les milieux francophones en particulier: il faudrait bien connaître toutes les cartes avant de pouvoir les tirer, il faudrait les craindre, les vénérer, arriver avec la déférence qui serait due à cet outil « ancestral ». Même si la multiplication des sources a heureusement ( !) brouillé ce « gatekeeping » (gardiennage élitiste et contrôle à l’entrée) du tarot, beaucoup d’entre nous intègrent ces peurs. On ne se sent pas à la hauteur. On a besoin qu’on nous dise comment faire. On pense qu’il y a ceulles qui savent et les autres. On oublie les échanges et les interactions. On culpabilise.
Bien sûr que les traditions comptent, mais oui les mentors comptent aussi, cependant au milieu de toutes ces injonctions, on en vient à oublier que ce qui compte c’est TOI. Tu es ta-ton Hiérophante. Tu détiens les clés pour accéder aux savoirs (et pas que dans les livres!). Personne ne peut te les reprendre. Même si on t’a fait comprendre toute ta vie que tu ne pouvais pas faire confiance à ton intuition ni à ta façon d’apprendre ni à tes rêves, on ne t’a pas enlevé les clés. Elles sont encore là, dans une de tes poches. Et puis, vas-y, je vais t’en révéler un secret trop bien gardé en fait : tu es la clé.
Coincée entre la Mort, le Diable, l’Arcane de la Tempérance constitue autant un répit bienvenu qu’un miroir aux alouettes.
Il y a 3 ans, j’ai failli me faire tatouer l’ange de la Tempérance de Niki de Saint-Phalle sur le bras. Ce rappel d’un équilibre précaire aurait enchanté mes bras striés de cicatrices. Je pensais à toutes les années que j’avais passées tiraillée entre euphorie et dépression. Je songeais à l’alchimie des larmes que j’avais versées pendant plusieurs mois en trouvant un peu d’équilibre : la joie d’avoir survécu, le soulagement de vivre -enfin- et non plus de m’accrocher à une vie que je souhaitais quitter. Les mêmes larmes de joie quelques années plus tard dans l’extase de la rencontre de Rose. La Tempérance signifiait tout ça.
Elle a mauvaise presse, la Tempérance, trop posée, trop apaisée, trop simple. A 27 ans, je pleurais avec la Tempérance, acclamant le nouveau jour qui se levait. Le club des 27 ne serait pas pour moi. Après 15 ans de pensées ou d’actes suicidaires, je me révélais à moi-même. Alors, trop apaisée, franchement, pourquoi pas ? Elle n’est pas très rock’n’roll, la Tempérance, mais c’était le juste rappel que la vie ne tient qu’à un fil. Le rappel qu’il est compliqué de se trouver, de respirer en harmonie avec soi-même. Pour certain-e-s d’entre nous en tout cas.
Penchée sur le vase de divination, j’observe la magie. Des comètes surgies de nulle part se précipitent dans le liquide. Ces boules de feu illuminent brièvement l’obscurité de la caverne. Leurs traînées sont faites de paillettes. Si tôt atterries, les comètes fusionnent avec la matière. Dans mon récipient sacré, l’alchimie opère. Des sphères dorées se dessinent. Des spirales de leur traînées dansent.
Mais déjà, d’autres comètes. Déjà, plus de feu, plus de force, plus de créations.
Comme là-haut, de même ici-bas, dans les souterrains, dans les entrailles. Comme dans le ciel étoilé, comme dans l’univers, de même dans mon bol.
Je n’ai pas la compréhension de tous les mystères. Mais je suis sur le rebord de la bassine. Mes yeux plongent dans l’immensité. Je n’ai pas la compréhension, mais j’ai l’intuition. Je verse les précieux liquides. Les explosions dans les cieux viennent à moi. Ma grotte, la régénération. Je perpétue la régénération.
Au mur, sur les parois, les trainées des comètes laissent des œuvres. Des horloges aux mécanismes alambiquées. Les trajectoires des planètes. Diverses manières de calculer ou d’inventer le temps. Des manières de se raconter. C’est joli.
Sur mes doigts, les paillettes dorées que m’ont offertes les comètes. Les messagères. Je dessine des traînées sous mes yeux. Je les étire sur mes joues. En frôlant Vénus, les messagères ont reçu des ornements. La beauté dans les yeux, je salue l’étoile du soir. Conjonction. Cazimi. L’étoile du matin. L’étoile du soir. L’étoile du matin.