Je me glisse dans la fente entre les âges, terreuse et cuivrée. Je traîne mes doigts le long de ses parois lubrifiées comme des lèvres humides. Elle me laisse me faufiler.
Tout frissonne de désir d’anticipation de craintes.
L’air devient tranchant, la respiration difficile. Retenir mon souffle. Freiner l’avancée.
Sur le seuil, il faut s’exécuter. Des offrandes font office de sacrifice. Ici, donner ce qui m’était cher. Sur le seuil, je dois abandonner ce qui entraverait mon voyage. L’offrir au passage.
Je suspends les médailles dont je pourrais m’enorgueillir. Je contemple ces victoires dont je me détache. Leurs reflets éclairent mon regard. Miroirs des possibilités. Je conserve la fierté, non l’orgueil. La force des étapes, le refus des destinations.
Je m’accroupis pour creuser le sol. L’humus sert d’écrin pour mes brouillons. Je me recueille auprès de ce cercueil. Ci-gisent les pages des projets inachevés, toutes les idées qui ont eu le mérite de l’inspiration sans les serments de longévité. Rien ne se perd. Le tintinnabulement des mobiles fraîchement accrochés réveille déjà d’autres envies créatives, d’autres pistes, d’autres chapitres.
Je manipule la matière. Je malaxe mes regrets. Je recouvre les déceptions. Il y en aura d’autres.
Il faut que je me déleste.
Sereine survivante, je poursuis la traversée. L’interstice entre les années, le temple de la non-linéarité, se pare de scintillements. Le bruit des vagues me régale.
Il me reste à passer le feu purificateur. Il me reste à conter mes vœux aux flots prometteurs. J’emplis mes poumons d’air frais. Mes pieds peuvent se reposer sur le sol ferme.
Un instant.
Suivre les feux d’artifice. Me laisser guider par les clapotis L’initiation liminale continue.
Dans les ondes azur de mes rêves Ondées estivales sur ma peau fatiguée Revigorantes pour mes muscles Je fais venir la douceur Je fais venir les vagues dans mon corps Le mouvement dans mes canaux Entière, je vibre d’éternité Et de présence de cet instant – éphémère
Je n’ai besoin que de moi Pas besoin d’être à l’endroit Mais l’attachement à cet endroit M’anime des chants de la source Ses ondes, ses frissons La colline est née des sédiments laissés par le retrait de la mer Un grain de sable L’échelle de l’humanité Et celle de l’éternité
Je me plonge dans ce corps Celui de ma juste place Ni exubérante ni insignifiante Juste Cet instant Les temps immémoriaux La mémoire de la terre Les courants de l’eau Les ondées J’ondule
Se taire quand il faudrait réagir sur tout Se mettre en retrait quand tout acte alimente la machine De l’indignation De l’individualisme Et avant tout de la montée des fascismes.
Renoncer à trouver des réponses dans la frénésie des réseaux Reculer, reculer, quitte à tomber à la renverse dans la rivière Quitte à la laisser laver nos peurs Emmener les résidus de la haine Quitter à la laisser traîner la fierté dans la vase
Traite.sse.s à la cause, à toutes les causes, à la mise en scène des egos A la performance du savoir L’agencement de corpus Qui défont les corps Qui cassent les fibres Qui désunissent les joyeuses polyphonies des désaccords
Se taire même s’il faut tout désapprendre, même s’il faut aller à l’encontre de son fonctionnement, même si on ne sait plus comment va la vie quand c’est pas à toute vitesse Se tenir à l’endroit propice où les mondes se croisent Se chassent Puis finissent par s’ignorer Sur le fil entre les Portes de l’Hadès et le Temple de la Déesse Ici lae Prêtre.sse ouvre son cœur Les profondeurs Son déshonneur
Iel ne joue pas selon les règles Iel observe, iel connecte Iel soulève, Iel enfouie Son équilibre est frêle Il défie le temps
Lae Prêtre.sse nous livre les murmures
Se taire, renoncer, reculer, trahir Accueillir les murmures Murmurer
Ces murmures plus percutants que les hurlements Ecouter répercuter la lame de fond L’âme au fond
Hekate est la Magicienne. Hekate est mercurienne, particulièrement en mai: Gémeaux
Elle est la voie dans le chaos, la piste dans la multitude Elle brouille les pistes. Mais derrière les masques, c’est toujours Elle.
Hekate Einalia se tient à la croisée des mondes. Sur la falaise au bord de la mer, les serpents au vent Elle exprime son rôle de porteuse des clés de l’âme cosmique.
En elle, tout fusionne, tout se rencontre Tout prend vie Ce n’est que passés à son filtre que les éléments prennent vie
Hekate anime Elle manipule Elle crée
Comme la Magicienne, elle canalise le cosmos et le chaos la foudre, la brise l’eau salée et les fluides Elle nous active
Elle énergise. L’énergie monte, monte. Les forces descendent.
Elle est le point de rencontre Le point de fusion Le point de création
L’explosion et la concentration. Elle contient, elle relâche Elle génère des mirages, des tâches Des miracles
Je me présente à toi. Tu accueilles Tu détruits Tu façonnes Tu acceptes
Dans tes spirales se tissent les fils du temps Se brodent les mains de tes filles
Tu engendres, nous existons Tu nous libères Tu nous appelles
Hekate, Anima Mundi, Bénie, sois-tu Mère cosmique Vecteur énergétique Infinie Tu es le souffle et l’âme et tout autre chose l’unité et la multiplicité Tu es La médiation cosmique.
Entre chien et loup Ne pas vaciller Rester Ressentir
Entre chien et loup D’abord trier Puis Laisser venir
Avant l’étreinte du sommeil Le jour s’attarde La terre tourne Le soleil coule La nouvelle lune apparaît Derniers aboiements
Néoménie, j’ai laissé hier aux vagues du soleil couchant. Je vais me coucher. Je vacille dans le sommeil. Noumenia, Hekate Artemis porte ton croissant sur le front. Elle allume Vénus, gracieuse étoile du soir, au bout de sa lance. Tu vises. Je m’en remets à tes desseins. Je m’endors. Ton conseil me berce. L’armoise allume mes rêves. Nous sommes louves.
Venez, venez, je vous emmène dans mon Pèlerinage de Solstice d’Eté ☀️ Dans ce voyage en vidéo, j’explique comment se déroulent mes promenades ou pèlerinages animistes/polythéistes, comment le tarot m’accompagne dans ces aventures et dans mes interactions avec mon environnement en général. ⛲ En se baladant dans la vallée de la Woluwe et des sources qui l’entourent, on danse dans les espaces entre la matière et la spiritualité. On célèbre leur rencontre. Il y a des définitions, des réflexions, des signes, du folklore,… Il y a des arbres, des plantes, des ancêtres,… Et puis, évidemment, le tarot s’étire comme un fil rouge tout au long de notre pèlerinage.
Texte rédigé en fin de pèlerinage:
Baisers sur mes joues, comme les torrents d’un autre temps Les trésors se déversent dans le ruisseau puis dans l’étang Les contes d’un autre étang se dissipent dans l’Inconnu
Poursuivre, il le faut Déterrer les lignées, les replanter
Agir, il le faut Sentir la terre, honorer le sol Aider les lignées à pousser
Tu sens les histoires sous tes pieds Ta voûte plantaire te transmet la course des ruisseaux même voûtés
Planter dans la terre Les messages des Ancêtres Leur grâce
Poursuivre, il le faut Les sources redéfinissent la course de l’eau
Je suis le ruisseau Je suis le canal, le ruisseau De la source à la mer Je transmets
Tu envoies puis disperses Je transmets
Il faut vénérer les sources car on leur doit la sagesse L’océan car on lui doit l’immensité La force de recommencer De poursuivre Puisqu’il le faut
Il faut faire le trajet De la source à la mer Planter nos lignées sur les berges Auprès des saules et des peupliers
Il faut la drève Démultiplier la liminalité Il faut de l’amour
Cycles, lignées, des trésors qui ruissellent le long de mes joues
Il faut se donner Au fil de l’eau Et planter, planter Déterrer et planter
Les lignées n’ont pas oublié ce que les généalogies ont effacé Les lignées qu’on retrace au fil des sources – Quelles sources?
J’accueille les émotions qui n’ont pas encore de nom & qui n’en auront peut-être jamais. Le flux limpide de l’eau de source voyage avec les vies qui ne me contiennent plus. Il transporte mes offrandes. Je m’autorise à accueillir ce qui fleurit à l’intérieur. Il m’en a fallu du temps pour ressentir la floraison. Je suis prêt.e. Je laisse couler mes eaux.
Des envies qui reviennent Enfin, des étincelles Enfin de quoi activer l’alchimie créative
Ça frémit, ça pétille Puis ça s’emballe Mon cœur, mes passions, mon art Ça s’enflamme
Pas question de laisser la fascination me happer La splendeur des feux D’artifice ne me transfixera pas Le nez en l’air, immobile
Tourner le regard vers moi-même : Je suis la flamme ! Retourner à l’énergie brute Mon feu intérieur s’aligne sur Les inspirations
Je ne résiste pas à l’impulsion Je laisse enfin L’optimisme (ou est-ce l’utopie?) me Saisir, m’étendre, m’ouvrir Des horizons insoupçonnés apparaissent