Nos sens savent. Nos sens comprennent. Nos communautés (se) soutiennent. Autour de nous, les vies fourmillent sous diverses formes. Plus encore : les plantes, les pierres, les ancêtres, les déités, tout cela s’exprime, accueille, rage, attire, rejette. On va à la rencontre de ce fourmillement. De la beauté comme de la monstruosité. On suit nos sens, en ce compris ceux qu’on n’a pas appris à utiliser. On croit nos frissonnements.
L’Invisible a été mis au ban de nos sociétés rationnalisées, capitalistes, vidées. On renoue. On le valorise. On (re)trace des cosmologies dont l’humain-e n’est pas au centre. On observe les schémas et on les respecte. Tout comme là-haut, aussi ici-bas. Tout comme en nous, aussi au dehors. Nos pratiques oraculaires consistent à mettre en lien. Les résonnances emplissent notre vision du monde.
A la recherche des morceaux de mon âme, Je plonge je plonge
I’m diving in search of my bones The bones I hid here in another life Maybe in another world
Je suis sauvage, instinctive Je suis dans l’interstice entre les louves et les chiennes Mon squelette conte l’existence d’une espèce Dont on a perdu la trace Je cherche les os que j’ai enterrés ici Quand j’ai dû fuir Pour survivre
In my dreams, I meet the ancestors Who remind me of my instincts In my dreams, there is snow in July Rage, lust for life Lust for the sake of lust In my dreams, the confidence To make it through the floods
Au réveil, le sang couvre mes jambes Témoin des luttes Témoin des ongles arrachés à creuser à creuser A creuser pour des os Des traces Une validation Quelque chose
Blood on my legs in the morning I remember some of the codes The rest is lost again Again I curl I howl I spin I tear open Another morning without the precious pieces of my soul
Mon corps se tord Je hurle je hurle A l’appel de ma meute Je hurle je hurle Pour conjurer la solitude Mon corps se tord Je me recroqueville Je suis inerte Je me tords et je hurle Où sont passés mes désirs Et mes os Et mes ancêtres Et ma meute Où ? Où ? Ahouuuhouhhhh
Venez, venez, je vous emmène dans mon Pèlerinage de Solstice d’Eté ☀️ Dans ce voyage en vidéo, j’explique comment se déroulent mes promenades ou pèlerinages animistes/polythéistes, comment le tarot m’accompagne dans ces aventures et dans mes interactions avec mon environnement en général. ⛲ En se baladant dans la vallée de la Woluwe et des sources qui l’entourent, on danse dans les espaces entre la matière et la spiritualité. On célèbre leur rencontre. Il y a des définitions, des réflexions, des signes, du folklore,… Il y a des arbres, des plantes, des ancêtres,… Et puis, évidemment, le tarot s’étire comme un fil rouge tout au long de notre pèlerinage.
Texte rédigé en fin de pèlerinage:
Baisers sur mes joues, comme les torrents d’un autre temps Les trésors se déversent dans le ruisseau puis dans l’étang Les contes d’un autre étang se dissipent dans l’Inconnu
Poursuivre, il le faut Déterrer les lignées, les replanter
Agir, il le faut Sentir la terre, honorer le sol Aider les lignées à pousser
Tu sens les histoires sous tes pieds Ta voûte plantaire te transmet la course des ruisseaux même voûtés
Planter dans la terre Les messages des Ancêtres Leur grâce
Poursuivre, il le faut Les sources redéfinissent la course de l’eau
Je suis le ruisseau Je suis le canal, le ruisseau De la source à la mer Je transmets
Tu envoies puis disperses Je transmets
Il faut vénérer les sources car on leur doit la sagesse L’océan car on lui doit l’immensité La force de recommencer De poursuivre Puisqu’il le faut
Il faut faire le trajet De la source à la mer Planter nos lignées sur les berges Auprès des saules et des peupliers
Il faut la drève Démultiplier la liminalité Il faut de l’amour
Cycles, lignées, des trésors qui ruissellent le long de mes joues
Il faut se donner Au fil de l’eau Et planter, planter Déterrer et planter
Les lignées n’ont pas oublié ce que les généalogies ont effacé Les lignées qu’on retrace au fil des sources – Quelles sources?
Quand j’ai commencé cet article il y a quelques mois, j’avais envie d’un texte trop parfaitement bien étayé : des tonnes de sources, des vérifications approfondies, etc. Comme toujours, les aléas de ma santé en décident autrement. L’article ci-dessous se révèle plus brut. Il est beaucoup plus court. Comme un chantier sur lequel je reviendrai, plutôt qu’un long essai super élaboré. Le temps de la réflexion permettant à l’agacement de décanter, le projet s’est redessiné. J’ai peu retravaillé mon argumentaire. Il est plus « rond » que l’idée que j’en avais à la base.
Le Daughters of the Moon Tarot, un tarot féministe rond pionnier publié en 1984, m’a inspirée des réflexions plus libres. Après avoir créé une vidéo de présentation dans laquelle j’articule certains arguments de ce texte, j’y suis revenue, j’en ai arrondi les angles, j’ai accepté qu’il ne serait pas ce que j’avais l’ambition de partager initialement. Il est cependant un complément à la vidéo.
Sorcières et féministes, le grand écart ?
J’ai constaté un usage généralement péjoratif de « la sorcière féministe ». On la considère comme un épouvantail. Dénigrée, elle ne serait
ni un-e sorcière aux yeux des un-e-s. En effet, sa posture serait exclusivement théorique/politique tandis que seules les pratiques feraient la sorcière.
ni un-e féministe aux yeux des autres. Soit parce qu’yel aurait succombé à un phénomène de mode soit parce que le féminisme se voudrait rationaliste, anti-religions, etc.
Cette incompréhension dérive des multiples significations tant de « sorcière » que de « féministe ». Des féministes ont beau clamer depuis des décennies qu’il n’y a pas un mais des féminismes, l’anti-féminisme est tel que des collisions cognitives semblent vouées à se produire dès que quelqu’un-e s’en réclame. L’histoire de chacun de ces termes est bien plus complexe que les émois qu’ils provoquent.
Comment en vient-on à prétendre que les féministes auraient volé ou souillé une sorcellerie prétendument intemporelle alors même qu’elles ont cherché à l’historiciser (d’un point de vue purement académique ou d’un point de vue pratique) ? Comment utilise-t-n des arguments anti-capitalistes pour nier toutes les pratiques de sorcellerie qui ont existé et qui existent encore ? Pourquoi certaines féministes sont-elles aussi réticentes à intégrer les liens, qu’elles ont passé des décennies à déconstruire, entre femmes et nature ? Une fois pelées les couches de construction sociale autour des « sorcières », des « femmes, du « genre », de la « féminité », faut-il tout jeter au compost ou peut-on goûter le zeste et reconstruire ou se réapproprier (reclaim) des éléments ?
Féminismes des années 70
Pour mieux comprendre pourquoi on agite à tort le spectre de « la sorcière féministe », il faut remonter aux années 60 et 70. Se déroulent alors parallèlement deux mouvements (dont je me garderai bien d’affirmer qu’ils n’étaient pas joints par de nombreux ponts).
De l’équinoxe d’automne à celui de printemps. La durée du jour plus courte que celle de la nuit. Liminalité et précarité de l’équilibre. La durée du jour devient plus longue. Equinoxe de printemps, le soleil rentre en bélier. Vénus le suit de près. Je me décompose. J’agonise dans le secret de ma maison 8
Soleil exalté. Entends-tu ta chanson qui monte, qui perce la surface, qui porte en elle sa floraison ? J’entends les oraisons funèbres de mes désirs qui s’amoncellent dans la discrétion de ma maison 8. Le feu du bélier les emporte. J’entends les lamentations de mes joies qui se précipitent, qui se déchiquètent, qui périclitent. Elles mordent, elles morflent, elles succombent. De la balance au bélier. De l’équilibre à l’explosion.
Tu ne viens plus visiter le tumulus. Tu as oublié le sens des signes. Les traces de mon passage ne t’évoquent rien. Elles n’illuminent rien sur ton visage. La toponymie a enfoui le tumulus. La mémoire a désappris à regarder le paysage.
Je suis sous les tonnes de pierre de l’oubli. Entre toi et moi, les murs de ceulles qui veulent nous détruire. Entre toi et moi, on a défait toutes les histoires. On a enterré tous les trésors. On a banni nos savoirs. Entre toi et moi la distance.
Je suis seule. Tu es seule. Dans ton désarroi, tu gratouilles la surface.
Engage ton corps. Engage ton désir. En gage de confiance, je t’ai laissé les clés. Use de tes pouvoirs ignorés. Allume les torches auprès du tumulus des ancêtres. Lève les yeux au ciel. Je brille pour toi. Cherche en toi les connexions qui nous relient. Entre tes neurones. Quand tes organes de plaisir se gonflent. Entre tes respirations. Quand ta peau touche la sienne. Constellations lesbiennes.
Les ancêtres le tissu conjonctif faisant tenir notre ciel, nos corps, nos créations
Ne me laisse pas, ne nous laisse pas, dans les méandres de l’oubli où on nous a reléguées.
Si tu nous sens vivre en toi, même si nous n’avons plus de nom, nous avons des sensations.
Demain est un autre jour. Tu dis toujours ça et puis demain vient et tu agis juste pareil, comme si de rien n’était, comme si tu ne démolissais pas tout.
Avec ton fantasme de toute-puissance, tu me manipules à ta guise. Tu crois me perdre. Tu m’exploites comme si on pouvait me vider. Comme si je n’allais pas répondre.
Au point du jour, je dépose mon venin sur tes paupières. Je me défends puisque ma subsistance en dépend. Je me défends.
Demain est un autre jour, dis-tu ? Je réduirai tes jours en bouillie si tu continues à faire fi des miens.
Si demain est un autre jour… si, si, si vraiment… alors c’est dès à présent qu’il te faut changer.
Il faut changer. C’est un fameux chantier.
Tu ne peux plus piétiner les Esprits, humaine.
La ciguë comme avertissement. Prends garde à toi. Attelle-toi à l’ouvrage. Dès à présent.
« Garde-les pour toi. Ne les révèle pas. Emprisonne ce qui hurle pour l’étouffer. Couve ce qui te bouffe afin de le vider. Garde pour toi, tiens bon. Encaisse. »
Aaaaaaaaahhhhhhh !
Je suis épuisée d’obéir. Je suis lessivée par ce que j’ai subi. Je suis déformée sous le poids de l’emprise. Je ne suis plus que l’ombre…plus que l’ombre…
Ah !
Chouette chevêche triomphante déboule. Elle perce l’étau. Elle anéanti le sceau. Elle brise les emprises. Elle me venge. Elle abat les murs. Elle libère. La chevêche d’Athéna libère.
Je fouille mes poches à la recherche d’antidotes. Je croque les os à la recherche de ma moëlle, la substance que j’ai cru volée.
Mort. Ainsi, je n’ai jamais succombé. Ainsi, je n’ai pas disparu. Ainsi, je ne suis pas seule.
Je décharne les fruits toxiques. Je mâche la pulpe. Je reprends vigueur. Je trouverai les mien-ne-s. Nous serons à la croisée des chemins. Je sais que nous y serons.
Liens. Ainsi, nous nous réunirons. Ainsi, nous fomenterons. Ainsi, nous extrairons.
Comme nous brillons. La belladone dilate nos pupilles. On développe une vision de nuit. On traque les cris des nôtres. On se sauve, on se protège, on crache.
Ainsi, Atropa rattrapera les agresseurs. Ainsi, Atropos tranche irrémédiablement. Ainsi, rien n’échappe au regard d’Athena.
Les sphères s’emboîtent D’hier et d’aujourd’hui De terre et de labeur D’air et de chantiers De feu et de passions D’eau et d’émotions Les sphères s’emboîtent, éléments d’une même histoire
Les sphères s’articulent Les récits diffèrent Les testaments dérivent Les conceptions divergent Les liens se déchirent D’ici et de là-bas Les sphères désarticulent nos histoires trop répétées
Les sphères vibrent Les mémoires résonnent Les visions se réveillent Nos corps se soulèvent Nos outils frissonnent Les astres s’appellent Les sphères vivent, on s’aligne, on s’estime, on se soutient, on vit