L’animisme: réenchanter le rapport au monde

Manifeste pour un animisme féministe

Nos sens savent. Nos sens comprennent. Nos communautés (se) soutiennent. Autour de nous, les vies fourmillent sous diverses formes. Plus encore : les plantes, les pierres, les ancêtres, les déités, tout cela s’exprime, accueille, rage, attire, rejette. On va à la rencontre de ce fourmillement. De la beauté comme de la monstruosité. On suit nos sens, en ce compris ceux qu’on n’a pas appris à utiliser. On croit nos frissonnements.

L’Invisible a été mis au ban de nos sociétés rationnalisées, capitalistes, vidées. On renoue. On le valorise. On (re)trace des cosmologies dont l’humain-e n’est pas au centre. On observe les schémas et on les respecte. Tout comme là-haut, aussi ici-bas. Tout comme en nous, aussi au dehors. Nos pratiques oraculaires consistent à mettre en lien. Les résonnances emplissent notre vision du monde.

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La Lune Louve

A la recherche des morceaux de mon âme,
Je plonge je plonge

I’m diving in search of my bones
The bones I hid here in another life
Maybe in another world

Je suis sauvage, instinctive
Je suis dans l’interstice entre les louves et les chiennes
Mon squelette conte l’existence d’une espèce
Dont on a perdu la trace
Je cherche les os que j’ai enterrés ici
Quand j’ai dû fuir
Pour survivre

In my dreams, I meet the ancestors
Who remind me of my instincts
In my dreams, there is snow in July
Rage, lust for life
Lust for the sake of lust
In my dreams, the confidence
To make it through the floods

Au réveil, le sang couvre mes jambes
Témoin des luttes
Témoin des ongles arrachés à creuser à creuser
A creuser pour des os
Des traces
Une validation
Quelque chose

Blood on my legs in the morning
I remember some of the codes
The rest is lost again
Again
I curl
I howl
I spin
I tear open
Another morning without the precious pieces of my soul

Mon corps se tord
Je hurle je hurle
A l’appel de ma meute
Je hurle je hurle
Pour conjurer la solitude
Mon corps se tord
Je me recroqueville
Je suis inerte
Je me tords et je hurle
Où sont passés mes désirs
Et mes os
Et mes ancêtres
Et ma meute
Où ? Où ?
Ahouuuhouhhhh

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Pèlerinage du Solstice d’été

Venez, venez, je vous emmène dans mon Pèlerinage de Solstice d’Eté ☀️ Dans ce voyage en vidéo, j’explique comment se déroulent mes promenades ou pèlerinages animistes/polythéistes, comment le tarot m’accompagne dans ces aventures et dans mes interactions avec mon environnement en général. ⛲ En se baladant dans la vallée de la Woluwe et des sources qui l’entourent, on danse dans les espaces entre la matière et la spiritualité. On célèbre leur rencontre. Il y a des définitions, des réflexions, des signes, du folklore,… Il y a des arbres, des plantes, des ancêtres,… Et puis, évidemment, le tarot s’étire comme un fil rouge tout au long de notre pèlerinage.

Texte rédigé en fin de pèlerinage:

Baisers sur mes joues, comme les torrents d’un autre temps
Les trésors se déversent dans le ruisseau puis dans l’étang
Les contes d’un autre étang se dissipent dans l’Inconnu

Poursuivre, il le faut
Déterrer les lignées, les replanter

Agir, il le faut
Sentir la terre, honorer le sol
Aider les lignées à pousser

Tu sens les histoires sous tes pieds
Ta voûte plantaire te transmet
la course des ruisseaux
même voûtés

Planter dans la terre
Les messages des Ancêtres
Leur grâce

Poursuivre, il le faut
Les sources redéfinissent la course de l’eau

Je suis le ruisseau
Je suis le canal, le ruisseau
De la source à la mer
Je transmets

Tu envoies puis disperses
Je transmets

Il faut vénérer les sources car on leur doit la sagesse
L’océan car on lui doit l’immensité
La force de recommencer
De poursuivre
Puisqu’il le faut

Il faut faire le trajet
De la source à la mer
Planter nos lignées sur les berges
Auprès des saules et des peupliers

Il faut la drève
Démultiplier la liminalité
Il faut de l’amour

Cycles, lignées, des trésors qui ruissellent le long de mes joues

Il faut se donner
Au fil de l’eau
Et planter, planter
Déterrer et planter

Les lignées n’ont pas oublié
ce que les généalogies ont effacé
Les lignées qu’on retrace au fil des sources
– Quelles sources?

Sorcières et féministes: irréconciliables?!?

Préambule

Quand j’ai commencé cet article il y a quelques mois, j’avais envie d’un texte trop parfaitement bien étayé : des tonnes de sources, des vérifications approfondies, etc. Comme toujours, les aléas de ma santé en décident autrement. L’article ci-dessous se révèle plus brut. Il est beaucoup plus court. Comme un chantier sur lequel je reviendrai, plutôt qu’un long essai super élaboré. Le temps de la réflexion permettant à l’agacement de décanter, le projet s’est redessiné. J’ai peu retravaillé mon argumentaire. Il est plus « rond » que l’idée que j’en avais à la base.

Le Daughters of the Moon Tarot, un tarot féministe rond pionnier publié en 1984, m’a inspirée des réflexions plus libres. Après avoir créé une vidéo de présentation dans laquelle j’articule certains arguments de ce texte, j’y suis revenue, j’en ai arrondi les angles, j’ai accepté qu’il ne serait pas ce que j’avais l’ambition de partager initialement. Il est cependant un complément à la vidéo.

Sorcières et féministes, le grand écart ?

J’ai constaté un usage généralement péjoratif de « la sorcière féministe ». On la considère comme un épouvantail. Dénigrée, elle ne serait

  • ni un-e sorcière aux yeux des un-e-s. En effet, sa posture serait exclusivement théorique/politique tandis que seules les pratiques feraient la sorcière.
  • ni un-e féministe aux yeux des autres. Soit parce qu’yel aurait succombé à un phénomène de mode soit parce que le féminisme se voudrait rationaliste, anti-religions, etc.

Cette incompréhension dérive des multiples significations tant de « sorcière » que de « féministe ». Des féministes ont beau clamer depuis des décennies qu’il n’y a pas un mais des féminismes, l’anti-féminisme est tel que des collisions cognitives semblent vouées à se produire dès que quelqu’un-e s’en réclame. L’histoire de chacun de ces termes est bien plus complexe que les émois qu’ils provoquent.

Comment en vient-on à prétendre que les féministes auraient volé ou souillé une sorcellerie prétendument intemporelle alors même qu’elles ont cherché à l’historiciser (d’un point de vue purement académique ou d’un point de vue pratique) ? Comment utilise-t-n des arguments anti-capitalistes pour nier toutes les pratiques de sorcellerie qui ont existé et qui existent encore ? Pourquoi certaines féministes sont-elles aussi réticentes à intégrer les liens, qu’elles ont passé des décennies à déconstruire, entre femmes et nature ? Une fois pelées les couches de construction sociale autour des « sorcières », des « femmes, du « genre », de la « féminité », faut-il tout jeter au compost ou peut-on goûter le zeste et reconstruire ou se réapproprier (reclaim) des éléments ?

Féminismes des années 70

Pour mieux comprendre pourquoi on agite à tort le spectre de « la sorcière féministe », il faut remonter aux années 60 et 70. Se déroulent alors parallèlement deux mouvements (dont je me garderai bien d’affirmer qu’ils n’étaient pas joints par de nombreux ponts).

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Equinoxe, bélier, tulipes

De l’équinoxe d’automne à celui de printemps. La durée du jour plus courte que celle de la nuit.
Liminalité et précarité de l’équilibre. La durée du jour devient plus longue.
Equinoxe de printemps, le soleil rentre en bélier. Vénus le suit de près. Je me décompose. J’agonise dans le secret de ma maison 8

Soleil exalté. Entends-tu ta chanson qui monte, qui perce la surface, qui porte en elle sa floraison ? J’entends les oraisons funèbres de mes désirs qui s’amoncellent dans la discrétion de ma maison 8. Le feu du bélier les emporte. J’entends les lamentations de mes joies qui se précipitent, qui se déchiquètent, qui périclitent. Elles mordent, elles morflent, elles succombent.
De la balance au bélier.
De l’équilibre à l’explosion.

(info: nudité sur les prochaines images)

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Ancêtres et 8 d’épées. Retracer nos Constellations Queer.

Tu ne viens plus visiter le tumulus.
Tu as oublié le sens des signes.
Les traces de mon passage ne t’évoquent rien.
Elles n’illuminent rien sur ton visage.
La toponymie a enfoui le tumulus.
La mémoire a désappris à regarder le paysage.

Je suis sous les tonnes de pierre de l’oubli.
Entre toi et moi, les murs de ceulles qui veulent nous détruire.
Entre toi et moi, on a défait toutes les histoires.
On a enterré tous les trésors.
On a banni nos savoirs.
Entre toi et moi
                            la distance.

Je suis seule. Tu es seule.
Dans ton désarroi, tu gratouilles la surface.

Engage ton corps.
Engage ton désir.
En gage de confiance, je t’ai laissé les clés.
Use de tes pouvoirs ignorés.
Allume les torches auprès du tumulus des ancêtres.
Lève les yeux au ciel.
Je brille pour toi.
Cherche en toi les connexions qui nous relient.
Entre tes neurones.
Quand tes organes de plaisir se gonflent.
Entre tes respirations.
Quand ta peau touche la sienne.
Constellations lesbiennes.

Les ancêtres
le tissu conjonctif faisant tenir
notre ciel,
nos corps,
nos créations

Ne me laisse pas,
ne nous laisse pas,
dans les méandres de l’oubli où on nous a reléguées.

Si tu nous sens vivre en toi,
même si nous n’avons plus de nom,
nous avons des sensations.

Ces sensations communes nous unissent.

Ce texte est extrait des tirages pour la Planète des Ancêtres dans le ciel de nos constellations queer:

Chantiers. Retracer nos Constellations Queer.

Demain est un autre jour. Tu dis toujours ça et puis demain vient et tu agis juste pareil, comme si de rien n’était, comme si tu ne démolissais pas tout.

Avec ton fantasme de toute-puissance, tu me manipules à ta guise. Tu crois me perdre. Tu m’exploites comme si on pouvait me vider. Comme si je n’allais pas répondre.

Au point du jour, je dépose mon venin sur tes paupières. Je me défends puisque ma subsistance en dépend. Je me défends.

Demain est un autre jour, dis-tu ? Je réduirai tes jours en bouillie si tu continues à faire fi des miens.

Si demain est un autre jour… si, si, si vraiment… alors c’est dès à présent qu’il te faut changer.

Il faut changer. C’est un fameux chantier.

Tu ne peux plus piétiner les Esprits, humaine.

La ciguë comme avertissement. Prends garde à toi. Attelle-toi à l’ouvrage. Dès à présent.

Que pensez-vous de votre voyage dans les Constellations Queer?

Vous venez de lire le message de Chantiers, des anneaux de la Planète des Esprits.

Traumas. Retracer nos Constellations Queer.

« Garde-les pour toi. Ne les révèle pas. Emprisonne ce qui hurle pour l’étouffer. Couve ce qui te bouffe afin de le vider. Garde pour toi, tiens bon. Encaisse. »

Aaaaaaaaahhhhhhh !

Je suis épuisée d’obéir. Je suis lessivée par ce que j’ai subi. Je suis déformée sous le poids de l’emprise. Je ne suis plus que l’ombre…plus que l’ombre…

Ah !

Chouette chevêche triomphante déboule. Elle perce l’étau. Elle anéanti le sceau. Elle brise les emprises. Elle me venge. Elle abat les murs. Elle libère. La chevêche d’Athéna libère.

Je fouille mes poches à la recherche d’antidotes. Je croque les os à la recherche de ma moëlle, la substance que j’ai cru volée.

Mort. Ainsi, je n’ai jamais succombé. Ainsi, je n’ai pas disparu. Ainsi, je ne suis pas seule.

Je décharne les fruits toxiques. Je mâche la pulpe. Je reprends vigueur. Je trouverai les mien-ne-s. Nous serons à la croisée des chemins. Je sais que nous y serons.

Liens. Ainsi, nous nous réunirons. Ainsi, nous fomenterons. Ainsi, nous extrairons.

Comme nous brillons. La belladone dilate nos pupilles. On développe une vision de nuit. On traque les cris des nôtres. On se sauve, on se protège, on crache.

Ainsi, Atropa rattrapera les agresseurs. Ainsi, Atropos tranche irrémédiablement. Ainsi, rien n’échappe au regard d’Athena.

Que pensez-vous de votre voyage dans les Constellations Queer?

Vous venez de lire le message de Traumas, des anneaux de la Planète des Esprits.

3 planètes, 3 de branches. Constellations Queer.

Les sphères s’emboîtent
D’hier et d’aujourd’hui
De terre et de labeur
D’air et de chantiers
De feu et de passions
D’eau et d’émotions
Les sphères s’emboîtent, éléments d’une même histoire

Les sphères s’articulent
Les récits diffèrent
Les testaments dérivent
Les conceptions divergent
Les liens se déchirent
D’ici et de là-bas
Les sphères désarticulent nos histoires trop répétées

Les sphères vibrent
Les mémoires résonnent
Les visions se réveillent
Nos corps se soulèvent
Nos outils frissonnent
Les astres s’appellent
Les sphères vivent, on s’aligne, on s’estime, on se soutient, on vit

Je sais où je désire aller

Pour me guider: ancêtres, esprits, adelphes

J’y vais!


Dans le voyage divinatoire dans les constellations queer pour l’expo virtuelle « retracer notre ciel » , ce tirage de tarot nous présente les 3 planètes principales: ancêtres, esprits, adelphes

Ce texte est extrait du point de rassemblement du voyage: