Représentations dans le tarot: ‘inclusivité’, capitalisme, images ou interprétation. Partie 1.

Faut-il se réjouir de la multiplication de tarots abordables qui se veulent plus « inclusifs »? Les choses sont-elles en train de changer? A qui profite ce juteux business? Qui sont les laissé-e-s-pour-compte? Peut-on se passer de tarots plus représentatifs? Pistes de réponses en 2 parties. 

Représentativité dans les images ou dans les interprétations?

En ce qui concerne les représentations dans le tarot, plusieurs perspectives queers coexistent. Elles se complètent. La première accorde une importance fondamentale aux images. Les raisons invoquées varient : pour que lae consultant-e se sente représenté-e, pour retrouver quelque chose de familier qui pique notre intuition dans les images, parce que politiquement l’absence de visibilité des minorités va de pair avec leurs exclusions de multiples sphères de la société.

Une autre perspective insiste sur le rôle de la personne qui lit les cartes. En effet, rares sont les tarots dont les images génèrent une affinité totale et forment un miroir parfait des réalités de chacun-e. Il nous revient d’être responsable dans nos interprétations. Même avec un tarot qui cocherait toutes les cases du jeu inclusif de rêve qui casse grave la baraque, il arrivera de lire les cartes avec des filtres potentiellement limités du fait de notre conditionnement social et de nos impensés (privilège blanc, méconnaissance du polyamour, injonction à la sexualité et non prise en compte de l’asexualité, etc.).

D’ailleurs, comment retranscrire visuellement ou dans les corps bon nombre d’aspects de nous et de nos identités qui ne sont habituellement pas reconnues par le tarot? Elles seraient difficilement et dangereusement réductibles à des caractéristiques physiques. D’autant que le tarot peine déjà à représenter les corps « hors-normes » autrement que comme des métaphores! Tenter de les visibiliser sans recourir à des stéréotypes représente une gageure. Tout particulièrement quand les personnes non concernées s’y risquent. Handicaps, identité de genre, orientation sexuelle, classe sociale, santé mentale,… autant de facteurs qu’on ne peut pas forcément déduire d’une image.

On sait pourtant qu’ils ne sont habituellement pas reconnu dans les tarots classiques. Tout l’imaginaire du tarot est si restreint, si normé, si excluant dans sa prétendue universalité qu’on ne se leurre pas sur l’effacement de ces catégories dans la plupart des jeux. Ainsi, si les handicaps visibles sont absents ou servent exclusivement de métaphore visuelle, gageons que les handicaps invisibles ne se cachent pas implicitement derrière les images. Si tous les couples représentés sont hétéros, gageons qu’il n’y a pas de bi-e-s, lesbiennes ou gays à déceler derrière les personnages seuls.

Les modifications de l’univers visuel du tarot s’allient à celles notre langage à son sujet. On s’évertue à mettre au jour et à déjouer ses « impensés » (très réfléchis!) dès lors qu’on s’attache à le transformer et à le rendre plus représentatif, moins oppressif, moins excluant. 

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Portrait par Alice Améthyste

Krystal de Power Femme Tarot tient des propos éclairants à ce sujet :

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