Interpréter La Hiérophante

1. Analyse

L’enseignante

La Hiérophante est une carte de savoir, de croyances et de transmission. Son association au Taureau indique le souci de la conservation, de la protection et de la continuité dans ces domaines. A l’inverse, la carte qui suit, les Amoureuxses, avec le signe des Gémeaux, correspond à plus d’émancipation et d’innovation quand elle traite de ces questions. 
Mais avant l’envol des Amoureuxses, la Hiérophante invite à prendre le temps. Elle stabilise notre rapport à nos processus d’apprentissage. Elle instaure un cadre dans lequel les comprendre. 
Ainsi, elle représente notre rapport à nos aîné.es et à nos ancêtres. Et ce, dans des champs allant de nos convictions politiques, spirituelles ou philosophiques à nos compétences techniques en passant par les (éco)systèmes dans lesquels on s’inscrit. 

La Hiérophante est l’archiviste. En sa compagnie, impossible de faire fi de nos origines, qu’elles soient mythiques, symboliques ou inscrites dans des arbres généalogiques. Elle est l’historienne qui consigne ces informations puis les analyse. Dans les tapisseries dont les fils nous ont fait.es et défait.es, quelle est notre place? Qu’est-ce qu’on revendique dans nos racines? Comment gravite-on dans nos constellations? De quoi se détache-t-on? Qu’est-ce qui nous dérange? De quoi ou de qui faisons-nous ouvertement scission? Quels travaux nous ont inspiré.es? Quel.les profs nous ont autant influencé.es que déçu.es? L’Hiérophante est la thérapeute qui offre un espace pour les ambiguïtés. Avec cette carte, on cartographie nos réseaux. Elle est notre position parmi eux. Elle est l’ensemble des chemins entre les différentes composantes. Elle représente nos perspectives d’évolution, collectivement et personnellement. En ça, elle est l’ensemble des positions au sein du réseau, qu’elles soient passées, existantes ou potentielles.

La liberté d’apprentissage

Parce que chaque carte brille sur un spectre, elle est aussi tout ce qui nous garde figé.e, comme le signe du Taureau qui s’applique à conserver. Elle symbolise les moments où l’on remet à d’autres les clés de nos connaissances, où l’on apprend scolairement sans questionner la matière enseignée. De là, elle évoque également notre rapport aux institutions, aux écoles de pensée, aux religions, aux entreprises. Elle constate que les réseaux sont aussi les biopolitiques, nos corps comme lieu de rencontre des savoirs/pouvoirs, nos corps marqués, nos corps récalcitrants et nos corps obtempérant. 

Complexe, elle n’oppose pas la soumission à la révolution. Elle crée des passages, des failles dans ces systèmes qu’elle peut aussi incarner. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas de dehors aux systèmes et cela ne veut pas dire que tout est couru d’avance, perdu, condamné. Elle questionne notre puissance d’agir par rapport aux pouvoirs. Est-ce qu’on s’écrase? Est-ce qu’on résiste? Est-ce qu’on s’échappe? En tout cas, avec elle, nous n’inventons pas. Nous existons dans le collectif. Les récits s’entremêlent. Les connaissances se tissent. On apporte nos pierres à l’édifice et/ou nos pavés dans les barricades et/ou nos résidus au compost. 

Parce qu’elle est l’atout numéroté 5, La Hiérophante se réverbère dans les 5 des suites, cartes de crise par excellence. Crises de foi. Débusquer les théories du complot. Bousiller les dogmes. Rébellion face aux autorités. Tourment lorsque l’autorité s’immisce malgré soi dans nos dynamiques collectives. Abus de pouvoir. Désabusé.e face au pouvoir. Réclamer sa puissance personnelle et/ou en tant que groupe minorisé. Décoloniser les savoirs. Reprendre le contrôle de ses récits. Faire face aux retours de bâton suivant des droits chèrement acquis. Ne pas se contenter de l’égalité juridique. Ni d’un washing stratégique. Déloger l’oppression intériorisée. S’acharner. Se battre.

Parce qu’elle est l’atout numéro 5, La Hiérophante célèbre la constance du chaos. La constance du changement. Et les mycéliums de la continuité. 

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Interpréter La Tempérance

Visualiser La Tempérance

Au bord des fossés où s’écoulent mes vies passées, des iris annonciateurs de répit fleurissent. Sur le sol où j’ai sacrifié les lambeaux de ceulles que je ne suis plus, des cristaux de roche brillent dans la lumière du point du jour.

Je suis revenue transparente.
Limpide, tout comme la rosée perlant sur ma chrysalide.
Ardente, de cette ardeur tranquille signifiant que je ne suis plus en combustion.
Fervente, de cette foi paisible suivant le sommeil retrouvé.

Mes muscles sont engourdis. Mes gestes sont lents, en conscience. Mes ailes se déroulent doucement, encore froissées par le cocon. Il faut que je patiente. Il faut que je récupère. Il faut que je profite.
Sérénité de ne plus être tiraillée.

Maintenir l’espace pour la complexité, la mienne et celle du monde. Percevoir le monde avec plus de nuances qu’auparavant.
Mes sens captent des gammes jusque-là imperceptibles. Les subtilités sont infinies.
Je les mélange. Je les laisse opérer. Je les guide.

Je ne suis plus une caricature de moi-même. Je n’ai plus rien à prouver. Je suis sur le point de m’envoler.
C’est l’aube ! Enfin, je vois venir demain.

Je ne suis plus enfermée dans un corset, dans un carcan, dans les normes, dans les dualités, dans des injonctions, dans mes limitations.
Je ne peux plus penser de façon binaire. Le monde entier s’irise. Tel est le charme de la carte aux iris.

Au point du jour, je suis
Je suis un spectre sans fin
Un arc-en-ciel contenant mille couleurs
Je suis.

Comprendre la Tempérance

La Tempérance est un état de grâce.
Le funambulisme au-dessus de l’océan accessible à toustes.
C’est la suave impression de pouvoir être soi sans être écartelé.e entre 
Des rôles, des pôles, des états (d’âme) contradictoires.
C’est flotter par-dessus les contradictions.
En prendre acte, mais ne pas les laisser prendre le dessus. 

On manipule les facettes. On les mélange. On est composé.e de tous ces fragments. On est une mosaïque, entière dans sa complexité.

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De La Force, au Soleil vers Le Jugement

Dimanche, pleine lune en lion. Prétexte pour faire la lecture de mon dernier texte sur La Force et le partager en vidéo. Toujours sympa pour les personnes qui, comme moi, préfèrent écouter que lire. Ou ne peuvent pas faire autrement. Puis, c’est une direction que j’aimerais donner à ma chaîne YouTube. Qu’elle mette en valeur mes textes poétiques. Qu’elle soit plus orientée sur la divination comme art et moins sur les vidéos qui marchent mieux, genre les revues de jeux et autres top 10.

Il fait gris. J’ai un œdème à la joue après une intervention d’endodontie. J’oscille entre la peur d’un retour de l’abcès et le fatalisme: avec les tissus fragiles du SED, on ne peut pas paniquer dès que le corps réagit bizarrement. Je laisse vagabonder mes pensées pour éviter qu’elles fassent des boucles. Un ciel si gris. Même si j’ai filmé une lecture matinale de La Force, c’est Le Soleil qui me revient sans cesse à l’esprit. Pas en boucle, pour le coup. En éclats. 

Je cède à l’appel du pied de la carte. Elle entre en dialogue avec Le Jugement, la carte 20, l’atout suivant, que j’avais tirée plus tôt encore. Je saisis les notes qui me viennent.

Et je les recopie ici en les altérant à peine (faute d’énergie). Brutes. Faillibles. 

De La Force au Soleil… Vers le Jugement.

Passer de la carte du Lion, la Force, à celle du luminaire à demeure chez le Lion, Le Soleil. 

Points communs
présence, confiance
force, brillance
encorporé.e
calme, tranquille

Divergences
Le Soleil relie tandis que La Force est concentrée plus sur elle-même que sur ses liens avec d’autres.

Intrépide, La Force s’aventure dans les profondeurs, auprès de ce qui est caché. Elle va chercher les peurs pour les accompagner. Elle côtoie la “nature” sauvage. C’est à force d’efforts et de pratique qu’elle parvient à rester sereine. 

Le Soleil se pose en pleine lumière. Rien à cacher. Il expose. Il libère. Il respire l’air frais sans effort. Il ne problématise pas. Il assume. Sans artifices, sans parures, sans masque, il se montre. Sa voix est limpide. Elle porte. Il est capable d’exprimer clairement ce qu’il veut et pourquoi.
Il a quelque chose à affirmer. Comme une vérité (aussi fugace soit-elle).
Un énoncé qui a besoin de rayonner. 
Un corps qui s’étire.

Le Soleil. Un rapport à l’espace. Un désir d’être pleinement, déconfinée, dans un espace investi ressenti. 

Jeux d’ombres et lumière

Derrière cette facette visible voire surexposée du Soleil, il y a aussi toutes les ambiguïtés des grands mots qu’il affiche: 

s’affirmer, la vérité, prendre de l’espace, s’assumer

Ou leur revers. Prétendre figer des choses en mutation. Prétendre que l’individu est roi. 

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La Lune et ses leurres

Pour la saison des éclipses

Nous sommes submergé.e.s dans les eaux du mysticisme. Nous ne faisons qu’un.e avec les profondeurs, avec le cosmos, avec les déités, avec les monstres, avec les rêves. Tout fusionne dans l’océan des Poissons. 
Malgré l’envie de nager dans cet idéal nous devons rester vigilant.e.s. Cette belle hyper connexion nous leurre. Malgré la magie de La Lune, tout ici n’est pas conforme à son apparence. 

Quand l’obscurité de La Lune nous appelle à notre meute, à nos instincts, à notre imagination, on a envie de courir, débridé.e.s, sans laisse, sans garde-fou, sans réserve, sans garde-loup. 
On répond spontanément à l’appel. Une mémoire profonde, engloutie, oubliée jaillit à la surface. On est persuadé.e.s qu’elle ne peut pas nous tromper. Elle semble trop évidente pour s’en méfier.

Pourtant, il est facile de s’égarer au clair de lune, méprenant la fiabilité de son éclairage pour celle du jour ou d’une lampe. 
Beaucoup trop facile de se perdre dans les méandres de l’infini, d’y perdre un peu trop de sa raison, de louper le dernier train. 

Avec La Lune, on se retrouve semblant de rien à errer. 
Déboussolé.e.s. 
On perd le Nord. 
On a l’impression de perdre la boule. 
L’appel de l’Inconnu peut céder sa place aux tourments de l’indéfini, aux jeux d’illusions.

Incontournable, La Lune fait partie de nos existences. Elle nous offre des expériences profondes, totales, émouvantes. Elle nous aide à ne pas prendre pour acquis un rationalisme exacerbé. Elle nous connecte à la magie. Elle est un enchantement. Une vision qui nous marquera à vie. Un rite de passage induit par un état de conscience modifié.
Elle est vitale. Elle nous sort de nos limites. Elle nous dissout. Elle nous nourrit.
Elle est inévitable. Rechercher des itinéraires alternatifs ne ferait que prolonger l’expérience. ça la rendrait plus douloureuse. Plus dangereuse.

Mieux vaut toutefois ne pas s’aventurer sans équipement dans son univers sans frontière.
Quel est notre fils d’Ariane ? Les miettes de Petit Poucet sont-elles stockées dans nos poches? Les pacte signés avec Ursula ne valent pas ici. Ils sont rencontrés par un rire odieux.
Il nous faut des outils. De la ruse dans ce monde à l’envers. Des robustes limites personnelles et/ou collectives.

Bénéficie-t-on d’un soutien thérapeutique? Si non, ne pourrait-ce pas nous stabiliser pendant notre immersion dans les fonds marins ou pendant notre voyage spatial intergalactique ? 

Quels sont nos réseaux de soutien? Nos bouées ont-elles besoin de rustines?

Qu’est-ce qui nous connecte à la surface ?

Le Chariot. Next!

un dessin de RoseButch

Au son de ma propre chanson
Prendre la route

Il était temps de partir
Il fallait laisser ce qui ne me convenait plus
Ce qui ne me contenait plus
Ce dont je ne peux plus me contenter

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Recueil pour l’Ermite / Recueillement avec l’Ermite

Je suis cachée. Je suis ton ombre. Je suis tes silences. Je suis entre chacune de tes lignes. Mon souffle entre chacun de tes mots.

Je suis quand ton intuition précède tes pensées, quand elle donne forme à tes phrases, quand tes mains son le récipient du sens, quand tes mains sont la prolongation des racines, tes cheveux du mycélium, ta sueur de la pluie, tes pupilles de la nuit sombre, ton hémoglobine des astéroïdes. 

Je suis quand tu te mets en retrait pour devenir plus vibrante, plus habitée, moins véhémente, moins anthropocentrée, la part d’un ensemble.

Je vibre parce que je ne suis jamais seule. Ma solitude n’est pas solitaire. Elle est fertile. Elle est ramifiée.

Je suis 
la quête qui frétille perpétuellement dans tes cellules, 
qui agite ton être. 
Je suis le sens et le refus du sens
Le questionnement qui ne doit avoir ni début ni fin
La dévotion comme art de vivre.
Le dévouement envers l’infime, le minuscule, l’insignifiant, les déchets, l’inconsidéré.

Je suis la magie de l’invisible
L’invisible qui ne l’est que parce qu’il est ignoré 
Non parce qu’il est caché
L’imperceptible répondant à la perception

Il n’y a rien d’occulte
Je ne suis ni une sage ni une alchimiste.
Je suis la pèlerin du quotidien, 
la périphérie dans chaque mouvement. 

Je suis l’empreinte dans le humus
La bestiole, le pétrichor, la subtilité entêtante, l’ignorée qui chante.

Je suis ta compagne, ta lanterne, ton bâton.


Il est tard. Je n’ai pas la notion du temps présentement. Si elle est au-dessus de l’horizon, la lune est cachée par le brouillard. Je sais qu’il est tard justement parce qu’il est devenu compliqué de s’accrocher au temps. Alors j’agrippe fermement mon bâton pour fendre les ténèbres. Pas à pas. 

La neige tombe en épais flocons. Ou bien sont-ce des feuilles mortes? Ça sent la décomposition en tout cas. J’avance avec ce qui est là directement autour de moi. Je n’ai pas une vision infrarouge. 

Pas plus que l’obscurité, je ne perce les mystères de l’avenir. Je n’ai aucun complexe d’omniscience. Je peux toujours me raconter le passé, ça n’en reste pas moins une histoire. Ce récit d’humain.e s’étiole rapidement quand je passe mes doigts dans la terre humide et que les vers de terre les engluent. Je m’efforce d’accorder toute mon attention à ce qui se déroule ici. Mon attention capte en retour celle de ce qui est là. On s’élance probablement plus qu’on avance. On s’enlace. On s’interroge. On se ressent.

Le désir de rencontrer l’obscurité dans sa totalité me meut. Dès lors que mon Oeuvre est impossible, je vis sur le mode interrogatif. Réflexif. Est-ce que je me regarde le nombril? Pourquoi pas? Les milliards de bactéries vivant dans mes intestins grouillent avec une complexité capable de me captiver pendant des décennies. Ça sent la décomposition.


Les nécessités de l’Ermite 

C’est qu’il faut sombrer. 
C’est qu’il faut s’ignorer. 
C’est qu’il faut rapetisser. 
C’est qu’il faut descendre 
de son piédestal – de son trône –  de ses certitudes
Descendre dans les souterrains
Où l’on perd ses repères
C’est qu’il faut se remettre en question
C’est qu’il faut se métamorphoser
C’est qu’il faut traverser les mondes
Il faut se détériorer
Il faut sentir ses cellules qui se recomposent
C’est qu’il faut quitter sa position, la laisser derrière soi, dire au revoir aux regards, laisser les grades au placard.

C’est qu’il faut faire l’expérience de la marge, des frontières, des confins.
Sentir les compressions, l’effet centrifuge, la gravité.
Il faut visiter les cavités, les galeries, les labyrinthes sous la surface. 
Il faut voyager
Du centre aux bordures au centre aux bordures.

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La Force. Analyse

Visualiser la Force

Je suis parfaitement aligné.e. Je marque un temps d’arrêt pour visualiser différentes parties de moi:
mes nombreuses craintes, là où j’ai besoin de tout contrôler, là où je n’arrive pas à me motiver, là où j’ai l’impression de toujours échouer, là où je réussis sans parvenir à me réjouir.

Je visualise mes hauts et mes bas. 

Mes espoirs démesurés mais réels. 
Les peurs qui ne me quittent pas. 
Mes mots féroces envers d’autres et envers moi-même.  
Mes limites ramollies qu’on a trop souvent pas respectées.

Je les visualise. Et puis, je les cajole. Au lieu de m’autoflageller, j’essaie de prendre soin de ce qui rugit en moi. J’essaie de m’en approcher, convaincu.e que cela ne peut pas me dévorer. Certain.e qu’on peut coexister.

Sereine, j’initie un voyage vers moi-même.  Il ne sera pas à l’abri des hauts et des bas. Je me sens suffisamment fort.e pour m’engager à créer de l’espace et du soin afin de découvrir plus de recoins de qui je suis. 
Les endroits moins (re)connus. 
Les lieux pas entretenus. 
Les sanctuaires suréclairés. 
Les cavernes où aucune règle ne vaut. 
Les comportements indisciplinés.
Ingouvernables. 
Rebelles.

Je vais sereinement à la rencontre de mes friches.

Je sens un flot de confiance dans mon corps. 
Un coup de boost dans mon estime.
Un regain de fierté sur mon visage. 
Du mouvement dans mon énergie. 
Une flamme tranquille dans mes tripes. 

Fort.e de cette assurance posée, j’accueille la persévérance. 
Solaire, radiante. 

Dévoué.e, obstiné.e à prendre soin de ma sauvagerie. 
À réensauvager (rewilding) mon être. 
Ce faisant, je perçois l’ensauvagement autour de moi 
–  d’autres êtres, créatures, lieux indisciplinés, sauvages, anarchiques, à contre-courant de la « civilisation ».  Pourtant, j’aperçois avant tout l’organisation de ces écosystèmes, le respect qui les anime, l’absence de prise de pouvoir. 

La puissance de la Force ne brille pas au détriment d’autrui. Ni de la nature ni du cosmos. Opérant comme le Soleil, elle est indispensable à la vie.  Elle ne cherche pas à écraser. Elle encourage à pousser, herbes folles.

Comprendre La Force

La Force. Le feu solaire. Cette force de vie qui nous vient d’on ne sait où. Elle paraît lointaine et pourtant partout. Elle réchauffe nos os trempés par les épreuves, notre cœur qu’on a préféré ranger au congélateur par crainte d’être blessé.e. Elle apaise nos tourments. Pour cela, elle ne les fait pas disparaître. Elle les rend palpables.

Avec le feu solaire du lion de La Force, les angoisses – par définition incontrôlables et généralement inexplicables – se mettent à notre portée. Elles sont moins effrayantes de près, plus gérables ou, au moins, abordables.

Auprès du fauve, se laisser danser avec les rayons du soleil, infinis sur la carte 8. Ils deviendront la flamme de la lanterne de l’Ermite dans la carte 9.

Chercher à apprivoiser au lieu de dompter. Etre à l’écoute au lieu de prendre la fuite.
Etre présente
Non-dominante mais forte
L’art de la présence

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Les faces de Lae Diable.sse, les traces de la haine.

Une face

Les semeur.ses de haine.
Ceulles qui agitent leur bien-pensance, leur religiosité, leurs apparences
Ceulles qui lissent le vernis de protection de leur violence
Ceulles qui nous dépeignent comme le Mal, la tentation, le péché
Ceulles qui essaient de nous étouffer
Ceulles qui cherchent à nous anéantir
Ceulles qui nous agressent
Nous crachent à la gueule, nous emprisonnent.

Ceulles qui répandent leur haine sur le monde, en nous, en eulles-mêmes. 

Ceulles qui mentent pour nous diminuer
Qui manipulent pour se poser garant.e.s de la vertu, de la vérité, de la pureté
Ceulles qui se positionnent comme moralement supérieur.e.s
Qui oppriment
Qui oeuvrent perpétuellement à nous rappeler notre infériorité
Ceulles qui prêchent contre, qui altérisent, qui hiérarchisent


Ceulles qui possèdent, qui exploitent, qui maintiennent sous leur joug
Ceulles qui divisent, qui cherchent à régner, qui amassent, qui écrasent
Qui écrasent.
Ceulles qui détiennent le pouvoir et qui s’y accrochent

Ceulles qui immissent leurs chaîne dans nos vies
Qui s’engouffrent dans les fenêtres de
Nos sursauts de liberté, nos pulsions de vie, nos instincts de défense. 

Ceulles qui écrasent

Qui écrasent la rébellion
Qui se sentent menacé.e.s par l’existences “des autres”
Par leurs droits, par leurs amours, par leurs culs, par leurs origines,…
Ceulles qui se pensent plus naturel.le.s, plus légitimes
Ces suprémacistes qui chient dans leur froc
De peur qu’on s’accapare leur statut, leurs biens, leur monde

Le Diable

L’illusion de normalité
Tout ce qui la maintient
Tous les leurres vers lesquels il nous arrive de nous tourner
Dans l’espoir d’y survivre

D’autres faces

Toutes les forces qui luttent. Ce qui entrave le pouvoir-sur. Ce qui envoie chier la normalité. Ce qui questionne les frontières. Les perce. Leur fout le feu.

Toustes ceulles qui abolissent les prisons. Ceulles qui détruisent les chaînes. Ceulles qui refusent.


Les blessures infligées par Le Diable
Le moment où on les écoute
Quand on se dépêtre d’elles
Quand on essaie de les dépasser, quand on y renonce, quand on s’enlise, quand on accepte qu’elles font partie de nous
Aussi terribles soient-elles.

Quand on comprend qu’on n’est pas plus vertueuxse. Qu’il ne sert à rien de se construire comme moralement supérieur.e. Quand on est toustes lae foireuxse de quelqu’un.e. Et quand on excelle à ce jeu. Qu’on brise des cœurs. Qu’on maintient ce qui nous effraie sous emprise ou son contrôle: des gens, des animaux, des endroits, des esprits,…

Quand on serre trop fort ce qu’on veut retenir
Quand on se définit uniquement par rapport au Diable – qu’on y aspire ou qu’on veuille le détruire
On goûte un peu au Diable
On revêt ses masques
On maintient son joug

Quand tout ne tient qu’à un fil à l’ombre de la Tour
Quand le Diable tend le miroir déformant de nos ombres

Quand on ne conteste pas ce qui nous morcelle. Quand on se croit cassé.e, au-delà de toute réparation. Tordu.e, au-delà de toute considération. 

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2. La Grande Prêtresse. Analyse

Pour célébrer cette nouvelle carte du tarot que nous co-créons avec mon épouse RoseButch!

Visualiser la Grande Prêtresse

Regarde-moi! Je suis ici depuis si longtemps que je me suis fondue dans les lieux. J’ai fusionné avec les éléments. Les araignées tissent leurs toiles autour de moi. Elles défient la gravité. Elles prennent le temps. Je me dois d’être précautionneuse pour respecter le fruit de leur labeur. Pour qu’elles se nourrissent. Pour que leurs voiles gardent les profondeurs de la caverne. 

La mousse s’attache à mes semelles. L’humidité ne m’affecte plus comme avant. Elle assure la fertilité de l’existence souterraine. L’obscurité ne m’effraie plus. Mes sens ont pris l’habitude de ne plus tout trier, tout savoir, tout comprendre. Je ressens. C’est déjà bien assez!

Pose-toi sur la roche sans troubler les stalactites ni te heurter aux stalagmites. Regarde-moi. 

Je suis là depuis si longtemps. Nous co-existons depuis si longtemps. Tu connais pourtant bien peu de moi. Tu me sens à peine respirer. Il t’est loisible de m’oublier. 

Regarde-moi de temps en temps. 

trempe tes doigts dans l’eau des profondeurs
dirige ton regard vers le croissant de lune
laisse l’ineffable t’hypnotiser
ta mémoire ancestrale te revenir
tes réflexes animaux te conduire
tes connexions se rétablir
l’Invisible t’emplir
l’intuition te nourrir

Tourne-toi de temps en temps vers tes instincts sachants
vers ton puits de connaissance que rien ne valide, rien n’invalide à part la certitude intuitive de ton corps, de tes sens et de ce qui passe leur filtre
ce qui frôle, qui s’appuie, qui coule
Reste là le temps de sentir la puissance
le temps de te sentir changé.e
chargé.e

Comprendre La Grande Prêtresse

Impassible? Passive? Insensible? Au contraire!

La Grande Prêtresse est assurément calme. Mais derrière sa mine imperturbable? Tout comme derrière le rideau tendu derrière elle: tumultueux!

Comme carte associée à la Lune, c’est inéluctable: la Prêtresse est une carte de changement! Nous observons tout un cycle de ce satellite en 29 jours. Les émotions fluctuent. La Lune, corps céleste humide, leur trouve du liant. Elle les mélange. Elle colle avec ses fluides les faces et les phases morcelées. 

Si la Grande Prêtresse paraît austère, c’est qu’il y a fort à faire. Si iel est inactif.ve, c’est qu’iel est connecté.e à des fréquences, des mondes, des profondeurs qui exigent un état de concentration absolue. Iel n’est pas en retrait de ce monde. Sa connaissance des fils qui relient les différents mondes lae rend très présent.e. Iel prend son temps parce qu’iel ne laisse pas l’urgence des humain.e.s et leurs pendules capitalistes dicter son rythme. On lae taxe d’indifférent.e. Iel vibre au rythme des secrets. 

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0. Le Fou. Analyse

Vivre Le Fou

Perchée, au sommet du monde, ou au bord du précipice, tu prends une respiration. Tu sens l’air te parcourir toute entière. Et si c’était ça, l’effet d’un premier souffle? Te sentir t’activer. Te sentir prête. Tu expires. Tu chasses l’air en dehors de toi. C’est comme si le zéro de la carte se désemplissait, se donnait intégralement au monde. Ton diaphragme se relâche. Puis, il rebondit tel un tremplin. 

Et toi? Tu bondis!

Tu te jettes à l’Inconnu dans un moment d’insouciance totale.

“Quelle inconscience totale!”
Les murmures effarés te parviennent à peine. 

Il faut changer. C’est inconfortable. Mais la position précédente l’était davantage. Sclérosante. 

Il faut éclore.
Il faut prendre le risque.
Le sens du danger se mêle à l’euphorie. 

Tu ne resteras pas là où on t’attendait. Ni telle que tu te voyais. Ni bien rangée. Ni convenable. Tu n’accepteras plus rien sans broncher. 

Tu as sauté. Pour l’instant, il n’existe que cette chute. Et ton cri. Tu rugis.
Qu’advienne que pourra!
Tu frémis.
Tu te fiches de dissocier la terreur de l’excitation.
Tu as bondi!

Ton élan ouvre le champ des possibles.

Analyser le Fou

Joker du tarot, la Folle représente la puissance qui nous propulse dans le vide pour un nouveau voyage. 

Qu’est-ce qui est à l’origine de ce plongeon? Reçoit-on une tape de l’univers dans le dos, un condensé de l’énergie des As?
Est-on poussé par un élan venu des tripes?
Nos compagnons, à l’image du chien souvent représenté, incarnent-iels le soutien? Ou le confort qu’on laisse derrière soi?
Le baluchon est-il aussi léger qu’il le paraît? S’avèrera-t-il rempli tel le sac de Mary Poppins? 

Peu importe pour la Folle! Elle tient une fleur symbolisant l’innocence. Son parfum l’enivre. Peu importe car la carte zéro contient toutes les possibilités. Ainsi que ce qui est indéterminé. Puisque rien n’est saisisable dans l’oeuf qu’est le zéro, la carte de tous les possibles est aussi celle du néant. Plus qu’un saut dans le vide! Une célébration de l’Inconnu! 

Le joker du tarot, à la fois dehors et dedans, partout et nulle part, est fondamental pour les 78 cartes. Il assume un rôle comme aucune autre. Il assure la circulation. Il opère comme une activatrice. Il a pour fonction de nous secouer, de nous surprendre, de nous aider à nous élancer. Iel nous accompagne dans les grandes étapes de la vie. Iel nous encourage dans notre exploration du tarot.


Dans le système de l’Ordre Hermétique de la Golden Dawn, la Folle est associé à l’élément air. C’est le vide du précipice. Le vent qui nous portera. C’est l’inspiration au moment où on entame quelque chose de signifiant pour soi. Au niveau des correspondances ésotériques, l’air est l’Est, le point où le soleil se lève, le commencement.

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