Le 2 d’épées me signale qu’il est temps de me poser. Souvent, cette carte apparaît quand les envies sont grandes, quand les possibilités m’attirent. Elle m’invite à reconsidérer mes options.
La certitude qui m’anime n’est-elle pas une fuite ? Un défaut de patience plutôt qu’une solution viable ? Au lieu de me hâter dans la prise de décision, comment puis-je entrer en gestation ? Comment puis-je nourrir l’inconnu et chérir le doute au lieu de m’acharner dans des pistes stériles ? Au lieu d’enfoncer des portes ouvertes, comment puis-je les refermer pour m’accorder un peu de calme ? A quoi ressemblerait un havre de paix où l’incertitude ne me rongerait pas mais m’encouragerait plutôt à rêver ?
Si je me sens coincée, c’est parce que je le suis. L’impasse n’est pas une fausse route. Je ne me suis pas égarée. Je peux m’aménager, dans ce temps-mort, l’espace sacré de la réflexion ou de la méditation. C’est ici que le sésame m’apparaîtra finalement. C’est comme ça que le mot de passe qui ouvre un passage dans l’impasse me viendra.
La transformation n’est pas instantanée. En regardant dedans, j’apprends à élargir mon champ de vision. Je m’autorise le calme. J’ai le droit de ne pas savoir. J’ai le courage de ne pas donner des réponses satisfaisantes. J’ai la foi en mes limites. Ce n’est pas parce que je refuse d’offrir dans l’immédiat que je me stérilise aux contacts. Je suis en gestation. Je respecte mon cocon.
J’ai caché mes yeux derrière les tiens. Que ton corps fasse barrage au soleil! J’ai caché mes blessures à l’abri de la lumière Pour priver ma peur de la vitamine D dont elle a besoin pour se réparer.
J’ai voulu me mirer et me mirer encore dans les ombres: qu’elles aspirent toutes mes couleurs qu’elles me rendent ce qui est mieux
Le néant
J’ai appelé le néant de mes vœux. J’ai voulu lui donner ma vie.
J’ai voulu vivre où tout aspire la vie. En attendant la mort. J’ai prétendu n’exister que terrée dans les grottes. A moitié mousse, à moitié crotte.
Mélange des réjections des chouettes, de la pisse des ours et des traînées gluantes des vers
J’ai vécu les histoires des rêves les visions des sorcières l’amnésie des traumas
Je n’ai pu être moi. Sans les morceaux de mémoire que j’avais enterrés, comment être? Comment être moi?
J’ai caché mes yeux dans la cage thoracique de la louve.
J’ai suspendu mes boyaux aux stalactites.
Comment être moi? J’en ai avalé des couleuvres, en quête d’un récit qui me ramènerait à moi-même. Des vertes, des translucides et leurs mues. J’en ai chéri, des hallucinations censées rétablir un soupçon de sens. J’en ai enlacé, des illusions. J’en ai lacéré des peaux! J’en ai léché des plaies! Je me suis abreuvée de mes lamentations pour les transmuter en sérum de vérité.
J’ai tenté de m’extraire.
Le néant.
Dans les étreintes de la mère-louve, j’ai étouffé mon désespoir. J’ai suffoqué sous sa garde. J’ai mâchouillé du lichen, transformant ses extraits en potions abortives afin de condamner mes renaissances. J’ai agrippé la pierre en me tordant de douleur, en maudissant mon destin, l’impossible renouvellement.
Le 3 d’épées, c’est la carte du coeur brisé. Néanmoins, elle est aussi nettement plus compliquée. Comme toutes les autres cartes… Donc: non ce n’est pas une carte négative. Comme toutes les autres cartes… Si elle se montre souvent dure, elle recèle aussi de facettes qui invitent au dialogue.
J’y ai repensé après ma dernière vidéo. Je vous montrais un début/brouillon de tarot dévotionnel dédié à Hekate. En le créant, les cartes numéro 3 dans les suites me sont apparus résolument tournées vers le collectif. Comment cela se traduit-il pour le 3 d’épées qui nous évoque souvent une déchirure intime?
Les 3 dans le tarot: ensemble c’est mieux
Quand je réfléchis au chiffre 3 dans chacune des suites, en particulier dans un optique queer, se dégagent: coopération, co-création, collaboration. Pour une réflexion transversale et numérale sur les quatre suites, je vous renvoie vers l’article Apprendre le tarot. Comment fonctionne le tarot. Il faut pas trop se creuser la tête pour voir schématiquement les liens entre mes mots-clés et les 3 dans les autres séries que les épées.
Le 3 de pentacles est sans doute le plus évident: c’est la force trouvée dans le collectif, dans l’interaction, dans la co-construction.
Le 3 de coupes évoque la joie d’être ensemble, le partage, les confidences et la confiance, les amitiés proches.
Dans le 3 de bâtons, je situerais plus la magie de la co-création dans des domaines moins tangibles: quand tout se met à vibrer à l’unisson en soi et qu’on se lance dans la création de quelque chose, quand on a l’impression que l’univers est derrière nous pour donner vie à nos visions créatives,…
L’élément Air, la communication
Le 3 d’épées, quant à lui, souffre d’une conception trop restreinte. Si on l’associe à une rupture (sentimentale) ou à la douleur vive d’un abandon, on peut passer à côté de la source de cette situation de détresse, qu’il traduit pourtant: une déconnexion et des difficultés à communiquer. Mais oui! L’air de la série des épées, c’est le mental, bien sûr. Dans le système du Rider-Waite-Smith, c’est aussi le chagrin. Mais, l’air, c’est avant tout la communication.
On va rester dans le schématique pour le prochain paragraphe. Je compte sur vous pour ne pas oublier que quand je parle d’un signe astrologique, c’est bien du signe dont je parle (qui est à tout instant quelque part dans le ciel et donc assurément quelque part dans chacun de nos chartes astro), il n’est pas question de généralités au sujet des personnes qui auraient leur soleil natal dans ce signe.
En astrologie, l’air de la balance (le signe parfois associé au 2, au 3 et au 4 d’épées) se concentre sur la justice, l’équilibre et la communication dans les relations interpersonnelles. L’air du verseau va au-delà, au point qu’on le qualifie en astrologie moderne de signe transpersonnel. C’est l’air de l’intelligence, de la logique, du raisonnement. Gouverné par Saturne en astrologie traditionnelle, il appréhende les limites pour les dépasser, pour réfléchir au-delà des cases, des murs et des frontières. De là, sans doute, son association à Uranus en astrologie moderne: il serait alors novateur, idéaliste, toujours au taquet pour remettre en question l’ordre établi. Enfin, l’air du signe mutable des gémeaux est le plus communicateur. Sous l’égide de Mercure, il devient messager. Il rassemble et disperse les informations. Avec lui, les connaissances circulent, de préférence enrobées dans de belles histoires. Moulins à paroles, les gémeaux mettent en lien, iels réseautent, iels connectent voire iels négocient, iels trompent, iels jouent. Dans le tarot, associés aux 8, 9 et 10 d’épées, iels tournement aussi en véhiculant leur version, parfois biaisée, toujours dramatique, de la réalité.
Quelle clé l’approche communicationnelle nous livre-t-elle pour le 3 d’épées? Comment ces 3 épées s’allient-elles à mes mots choisis pour les 3, coopération, co-création et collaboration?
Je laisse ce cauchemar derrière moi J’ouvre les yeux sur le même monde Le même marasme Je ne l’aborde plus avec mes ouinouins- boubouhs J’en ai fini avec mes mécanisme de défense J’abandonne mes techniques d’attaque Je ravale mes rafales de verve mal placée Ci-gît le plaisir dans la mauvaise foi Je laisse ce cauchemar derrière moi
10 d’épées. 3 ans, le temps d’un cycle. Le temps de renaître ? Le temps nécessaire pour prendre de la hauteur pour regarder cette figure gesticuler dans un sursaut de fierté pour enterrer les loyautés pour se débarrasser de la peur pour alléger les bagages pour retourner aux mien.ne.s pour me détourner de aiguilles qui (dé)tricotent mes tissus conjonctifs qui quant à eux n’en font qu’à leur tête… Renaître mais non sans peine. Conte du retour des nœuds lunaires.
Transitions. Les nombreuses transitions dont nous faisons l’expérience. En miroir à la lune. C’est le dernier croissant. C’est la lune sombre. C’est Une transition.
On embarque pour des traversées. Celles dont la transformation nous Déchire de douleur Celles dont on accepte la nécessité sans Broncher. Les rites de passage Ou la traversée des ponts par-dessus les rivières nous traversant
Ces voyages qu’on entreprend Tournant le dos dans la légèreté Porté.e.s par nos cœurs Porté.e.s par nos ailes Traînant des traces de sel et de larmes Soulevant dans nos sillages La fumée des illusions Et des nuages lourds de pluie.
Bientôt la vision rassurante L’arrivée familière du premier croissant Éclatant, après le coucher du soleil. Le croissant sur le front Un cadeau une marque un symbole du Passage
Aller de l’avant En portant des secrets Des remèdes Des os De la poussière
Les nombreuses transitions qui nous traversent Les voyages de transformation pour lesquels nous embarquons Les ponts par-dessus nos nombreuses vies On souffre, on soigne, on se développe
La lune sombre enveloppe la préciosité de Nos entre-deux.
Ta vérité émerge du cocon Il est temps c’est le moment La vérité de l’instant Ne sera peut-être pas celle de demain
En trempant la pointe de ton histoire Dans l’intégrité Ta vérité ressort assertive Mais ni destructrice ni définitive
En remuant le chaudron de l’intégrité On crée un monde où Nos fabuleuses imperfections peuvent Apprendre, partager, écouter, amplifier, Désapprendre, rejeter, aimer
C’est le moment ! Il est temps d’affirmer Ce qui frémit Ce qui était en gestation Il est temps d’apparaître
A toi de décider pour Toi-même désormais Par pour les likes, pas pour les ventes Pas pour plaire ni pour saisir l’air du temps Pour toi
Ton temps, c’est le seuil d’une ère Un autre temps D’autres temporalités Ta lame intérieure étincelle Tu as suffisamment aiguisé tes choix L’heure est venue de voler De tes propres ailes
Tu t’appuies fermement sur les pierres Que d’autres ont gravées Tu es ferme sur tes fondations Pas seul.e Autonome Interdépendant.e Il est temps, c’est le moment De t’envoler, cher.e papillon.
Dans le dénuement Aller se planter Là où s’écartèlent les pensées Pour que respire Le cerveau, les orteils, la créativité, le nombril, le clitoris, les reins, les adducteurs, la nuque, le canal carpien, les tempes, le cœur Pour que respire le corps Se poser Appuyer sur pause
Je vous présente la Cavalière d’épées, chevaleresse de tous les combats, et pas forcément les plus utiles. Grande gueule du tarot tendance rageur.se. Impétueux.se, tempêtueux.se des mots…. Parfois ça fait péter tous les verrous, c’est salvateur. Genre lea Cavalièr.e dégage les non-dits et mâche le travail de la Tour. Parfois ça donne: tellement dans sa tête qu’yel agit comme un écervelé.e. Réagir au quart de tour et puis prendre ses jambes à son coup. Ses paroles, des bombes aux conséquences dignes de la Tour ? Osef, yel a déjà dégagé.
L’article dans son contexte. Pendant une semaine l’été passé, j’ai incarné des cartes de tarot dans le cadre d’un challenge vestimentaire thématique sur instagram: