6 de coupes. Compassion

La douceur inspire nos gestes
Le respect enveloppe sans conteste
Nos contributions

Dans le mouvement en frictions
De l’échange
Et dans les frissons, lentement
L’on chante, l’on change

Lentement, lentement, lentement

Le soin anime nos membres
Révèle l’ensemble
Les interactions, tendres,
Réveillent le mycélium

Doucement, doucement

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5 de coupes. Les chagrins du passé

Le chagrin me retient dans un monde qui n’est pourtant plus le mien. Les déchets du passé entravent la logique de mes pensées. Dans mes poignets, dans mon cœur, dans mes poignets, ça se serre, ça se serre. Je coule dans la mélancolie. Je sombre dans le désespoir: ça a toujours été comme ça, je ne vois pas pourquoi ça changerait.

J’envoie des mots d’espoir à celle que j’ai été. J’ai du mal à y croire. Je me sens coincé.e dans mes schémas. Je me sens engoncé.e dans la mémoire de mes déchirures d’autrefois, mes échecs d’avant. Ils me hantent. Maison à la dérive. Je coule dans un demi-sommeil. Je sombre dans des flashs. Je ne distingue plus les événements du passé des rêves du passé. 

Avec mes récipients en piètre état, j’écume dépité.e la surface de ma tristesse. Je fais le deuil d’un changement total. Je rends à la rivière le mythe d’une vie nouvelle, déconnectée des traumas passés.

En clairaudience, une chanson de l’adolescence, le retour des chagrins du passé: « I’m forever black-eyed, a product of a broken home » (placebo). Le 5 de coupes s’enfonce dans un sang d’encre.

L’Empereur. (Dé)construire

Transformer l’inspiration en sanctuaire.
Bâtir un corpus. Créer des lieux d’échange.
Travailler les étincelles mystiques et les impulsions divines. Les faire advenir dans la matière. Se saisir de la matière. La pétrir. (Dé)construire. Faire œuvre.

Source de l’Empereur, forêt de Soignes, à proximité du Rouge-cloître, juillet 2021.

10 d’épées. le temps d’un cycle


10 d’épées. 3 ans, le temps d’un cycle. Le temps de renaître ? Le temps nécessaire pour prendre de la hauteur pour regarder cette figure gesticuler dans un sursaut de fierté pour enterrer les loyautés pour se débarrasser de la peur pour alléger les bagages pour retourner aux mien.ne.s pour me détourner de aiguilles qui (dé)tricotent mes tissus conjonctifs qui quant à eux n’en font qu’à leur tête… Renaître mais non sans peine. Conte du retour des nœuds lunaires.

Les réseaux sociaux. 2 d’épées

Je ne sais plus comment être sur les réseaux sociaux. Les lanceur-ses d’alerte confirment que le groupe facebook est encore plus violent que tout ce qu’on savait déjà.

Il ne s’agit plus seulement de ne pas alimenter cet égrégore qui retire le pire de nous-mêmes. Il en va de la lutte contre la montée du fascisme, dans laquelle l’entreprise joue un rôle affolant. Bien sûr, il en va de l’exploitation et de la sécurité des données. Tout ça et plus encore. Chaque jour davantage. Plus de dossiers, de manipulation, de morts. 

La nausée. Au-delà du malaise, cette question persistante: que me dit mon intégrité? Je connais la réponse. Tu la connais sans doute aussi. Mais il y a cette illusion bien entretenue que nos existences dépendent de notre présence ici. Une dépendance construite année après année. Biopolitiques. Et de l’impossible subsistance en capitalisme pourrissant.

On se décompose. Je le ressens comme ça. C’est dur à accepter. Et l’indispensable rêve de régénération en capitalisme pourrissant.

Malaise.
Comment se révolter? Pas ici. Pas là où l’indignation nourrit la matrice nourrit les complotismes nourrit le fascisme nourrit toutes les haines. Dont celle de soi. Compensée par une chimérique rédemption que nous offrirait instagram: poster plus, acheter plus, se comparer encore, s’assimiler mieux, encore, encore. 

J’ai la révolte facile. Je ne sais plus comment exister ici. Les rouages de la machine ne m’épargnent pas. Même si je les observe depuis longtemps. Je suis dedans. Il n’y a pas d’extérieur au capitalisme.

Derrière ce que me dit mon intégrité, il y a aussi le dedans de ce qui est ici. Les comments et pourquois. Le timing et les alternatives. Et toi et toi.



J’ai décidé de ne pas trancher dans l’immédiat. L’immédiateté, un autre produit néolibéral. Je peux décider de me distancer de la notion d’urgence. La lenteur est résistance.

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La Grande Prêtresse. Se taire.

Se taire quand il faudrait réagir sur tout
Se mettre en retrait quand tout acte alimente la machine
De l’indignation
De l’individualisme
Et avant tout de la montée des fascismes.

Renoncer à trouver des réponses dans la frénésie des réseaux
Reculer, reculer, quitte à tomber à la renverse dans la rivière
Quitte à la laisser laver nos peurs
Emmener les résidus de la haine
Quitter à la laisser traîner la fierté dans la vase

Traite.sse.s à la cause, à toutes les causes, à la mise en scène des egos
A la performance du savoir
L’agencement de corpus
Qui défont les corps
Qui cassent les fibres
Qui désunissent les joyeuses polyphonies des désaccords

Se taire même s’il faut tout désapprendre, même s’il faut aller à l’encontre de son fonctionnement, même si on ne sait plus comment va la vie quand c’est pas à toute vitesse
Se tenir à l’endroit propice où les mondes se croisent
Se chassent
Puis finissent par s’ignorer
Sur le fil entre les Portes de l’Hadès et le Temple de la Déesse
Ici lae Prêtre.sse ouvre son cœur
Les profondeurs
Son déshonneur

Iel ne joue pas selon les règles
Iel observe, iel connecte
Iel soulève, Iel enfouie
Son équilibre est frêle
Il défie le temps

Lae Prêtre.sse nous livre les murmures

Se taire, renoncer, reculer, trahir
Accueillir les murmures
Murmurer

Ces murmures plus percutants que les hurlements
Ecouter répercuter la lame de fond
L’âme au fond

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Mini-tirages collectifs

Quelques brefs tirages spontanés proposés en stories ces derniers jours.

5 de cailloux et 4 de coupes – Gentle Tarot

Toucher le fond ne rend pas forcément plus fort.e.
Mais ça nous relie aux autres également menacé.e.s.

Malgré la tentation de s’isoler, l’envie de se replier sur soi-même et la crainte d’aller à la rencontre des autres,
apprendre à tendre la coupe à d’autres.
Apprendre à partager sa peine aussi.

(Ré)intégrer de la joie, de la douceur, de la sensualité, de la beauté.
Faire de la place pour ce qui vibre un peu plus fort qu’on en est capable en cet instant précis.

Tendre la main à la partie de soi qui restera toujours un peu collée au fond, engluée dans la vase, esseulée quand la vie s’éboule autour d’elle. Lui tendre la main. Boire avec elle à la coupe des petites joies.
Apprendre à inviter ceulles qui ont compté, qui compteront peut-être ou qui s’évanouiront comme iels sont apparu.e.s.
Prendre le risque du néant. D’un vent. D’un cœur brisé.  

Accueillir

La Tempérance – Fifth Spirit Tarot


Et se donner au présent
Comme s’il n’y avait plus d’obligation d’être tiraillé.e
Se laisser être légèr.e un instant
Les polarités n’ont plus de raison d’être
Cette renaissance dépasse les bornes
Les mesures, les règles
Elle émancipe
Même si elle ne se conjugue qu’au présent
C’est tout ce qui est, l’instant
Le temps de La Tempérance 

6 de bâtons – Gentle Tarot

Ce sentiment d’avoir gagné de la hauteur
D’avoir affirmé quelque chose
D’avoir gravi une montage

Le célébrer
Te célébrer
T’autoriser à ressentir de l’euphorie
(et pour quelques secondes ne pas craindre d’être catapulté.e trop haut ou ni de te ramasser la gueule)  

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Pèlerinage au Mont Minerve

Juin 2021

J’étais agitée pendant plusieurs jours avant de me rendre aux énergies cosmiques. Les carrés entre Saturne et Uranus activent de nombreux points de mon thème natal. Mon carré de Saturne tempête fort.

En me connectant à ma frustration avec le grand carré, j’ai fini par ne plus résister. Je renonce aussi à trop en faire, à tenter de compenser. Il y a tellement de transformation. Même si la résistance fait partie du processus, me rendre à ce qui se passe au-delà de mon contrôle m’apporte un enseignement. Macrocosme, microcosme, interconnexions: ça ne vaut pas la peine de se battre contre tout ça. C’est plus puissant de céder, de se laisser aller, de se brancher sur cette fréquence. Se mouvoir sur ces ondes.

Saturne et Uranus sont des enseignantes précieuses dans mon parcours. Malgré les frustrations, j’apprends à travers les limites et les bouleversements. L’astrologie est un langage, mais aussi une clé. Elle n’est ni purement incapacitante face à un destin qui nous serait dicté d’ailleurs ni une grille d’analyse purement empuissançante qu’on manipulerait à notre guise. Elle participe de la compréhension de l’Invisible. Plus on interagit cependant et plus on est remis-e à notre place. Même si une vision géocentrique de l’univers est le point de départ historique du « logos » astrologique, l’astrologie ne confère pas forcément aux humain-e-s une préséance dans l’ordre des choses, dans la cosmologie. Elle nous invite à tisser du lien.

J’ai séché mes larmes de frustration en pensant à mes placements natals affectés par le carré entre Saturne en verseau et Uranus en taureau. L’astrologie est un art, non une science. L’analyse des transits m’informe des thématiques qu’il est susceptible de balayer, mais elle ne détermine pas forcément ce qu’il adviendra. La divination est un art. Elle peut être « utile ». Elle peut prédire. Mais elle est avant tout une conversation, une création, une étreinte des Mystères, une confiance à l’Inconnu. Une clé qui ouvre les portails de notre âme sur un monde foncièrement enchanté bien qu’on s’obstine à l’emprisonner.

Exaspérée par le combat entre l’implacable Saturne et la révolutionnaire Uranus hier, j’ai accepté l’invitation de ma chère et tendre. Nous nous sommes mises en route pour le Mont Minerve. J’utilise le nom qui était (peut-être) le sien avant la christianisation. Celui qu’on lui donnait avant la romanisation ne nous est pas parvenu par des sources historiques, même si les Esprits des lieux les murmurent encore aux pélerin-e-s qui les cherchent. Un sentier des bateliers sillonne encore le Mont. Il ferait référence aux batelièr-e-s qui laissaient leur moyen de transport sur le fleuve pour se mettre en marche et passer la nuit au village. Iels foulaient le même sol que nous arpentons aujourd’hui. Vénéraient-iels aussi les déités locales au sommet du Mont?

Les déités de ces lieu ? Le nom du Saint qui a tenté d’éradiquer les croyances locales pour imposer le christianisme est celui qui désigne communément l’endroit de nos jours. Il y a encore quelques décennies, l’usage d’une allusion à la Trinité prédominait. Si la Trinité est incontestablement un concept chrétien, c’est toutefois une autre résonnance qui vient me chercher. Mon cœur s’emplit en effet de la douceur des Matronae/Matres régionales, le groupe de 3 « déesses-mères » locales. Des traces du culte marial sont encore présentes le long des nombreux chemins du Mont Minerve. En contrebas, du côté de la ville, à l’opposé de notre pèlerinage du jour, se trouve le lieu-dit consacré au culte marial « de la tombe ». Selon certaines sources secondaires, elle s’appelait auparavant « Notre-Dame du Tumulus ». Son culte aurait permis aux pélerin-e-s éreint-é-e de se recueillir dans la vallée auprès d’une statue érigée sur un tumulus de l’époque gallo-romaine avant de poursuivre ou de renoncer à l’ascension de la colline. Sacré Mont, cette colline ! Elle culmine à à peine 150 mètres d’altitude. Les Monts du plat pays…

Je m’égare… N’est-ce pas le propre d’une pélerine ? C’est d’ailleurs au fil de mes errances que je tisse des histoires du Mont Minerve. Il y a 10 jours, dans l’église du Mont Minerve, une nouvelle statue avait été posée sur l’autel de la Vierge vêtue d’une tenue visiblement antérieure aux années 1920. Quand je me suis enquis de son origine, la concierge qui venait fermer le bâtiment a déclaré qu’elle était « apparue » à l’arrière de l’église et qu’elle l’avait déposée à cet endroit en attendant le retour du chanoine. Je m’égare ; des fragments apparaissent. Ce n’est qu’en m’égarant que mes pas – ou ses envoûtements – me mèneront à la source sacrée du Mont qui m’apparait parfois en rêve depuis des années.

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Hekate est La Magicienne

Hekate est la Magicienne.
Hekate est mercurienne, particulièrement en mai: Gémeaux

Elle est la voie dans le chaos, la piste dans la multitude
Elle brouille les pistes. Mais derrière les masques, c’est toujours Elle.

Hekate Einalia se tient à la croisée des mondes.
Sur la falaise au bord de la mer, les serpents au vent
Elle exprime son rôle de porteuse des clés de l’âme cosmique.

Hekate Pantos Kosmou Kleidokhos
Hekate, l’Anima Mundi.

En elle, tout fusionne, tout se rencontre
Tout prend vie
Ce n’est que passés à son filtre que les éléments prennent vie

Hekate anime Elle manipule Elle crée

Comme la Magicienne, elle canalise
le cosmos et le chaos
la foudre, la brise
l’eau salée et les fluides
Elle nous active

Elle énergise.
L’énergie monte, monte.
Les forces descendent.

Elle est le point de rencontre
Le point de fusion
Le point de création

L’explosion et la concentration.
Elle contient, elle relâche
Elle génère des mirages, des tâches
Des miracles

Je me présente à toi.
Tu accueilles Tu détruits Tu façonnes Tu acceptes

Dans tes spirales se tissent les fils du temps
Se brodent les mains de tes filles

Tu engendres, nous existons
Tu nous libères
Tu nous appelles

Hekate, Anima Mundi,
Bénie, sois-tu
Mère cosmique
Vecteur énergétique
Infinie
Tu es le souffle et l’âme
et tout autre chose
l’unité et la multiplicité
Tu es
La médiation cosmique.

27 mai 2021, dans un train

L’animisme: réenchanter le rapport au monde

Manifeste pour un animisme féministe

Nos sens savent. Nos sens comprennent. Nos communautés (se) soutiennent. Autour de nous, les vies fourmillent sous diverses formes. Plus encore : les plantes, les pierres, les ancêtres, les déités, tout cela s’exprime, accueille, rage, attire, rejette. On va à la rencontre de ce fourmillement. De la beauté comme de la monstruosité. On suit nos sens, en ce compris ceux qu’on n’a pas appris à utiliser. On croit nos frissonnements.

L’Invisible a été mis au ban de nos sociétés rationnalisées, capitalistes, vidées. On renoue. On le valorise. On (re)trace des cosmologies dont l’humain-e n’est pas au centre. On observe les schémas et on les respecte. Tout comme là-haut, aussi ici-bas. Tout comme en nous, aussi au dehors. Nos pratiques oraculaires consistent à mettre en lien. Les résonnances emplissent notre vision du monde.

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