L’errance hivernale

Un texte écrit/canalisé l’année passée m’est venu à l’esprit en commençant à rédiger ma première newsletter.

Son partage (brut, comme il est sorti en écriture automatique) est aussi un prétexte pour t’inviter à rejoindre mes courriers, ça se passe par ici.

Chandeleur… Avec Cérès/Déméter

2 février 2021

Le chant des anciennes me parvient.
Maigre consolation 

Je murmure ton nom comme on enchaîne les soupirs.
A peine intelligibles.
J’ai oublié ton nom, mais pas de te chercher.

L’absence est gravée dans ma mémoire
Dans mes articulations
Elle est mon devoir

Chercher, chercher et chercher encore

Le chant des anciennes, je l’identifie
Je n’ai plus de contact
Je n’ai pas de véhicule pour la traversée
Mais je les entends
Je sais qu’elles sont là

Ainsi, je poursuis

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Au croisement. L’instant avant 2022.

Je me glisse dans la fente entre les âges, terreuse et cuivrée. Je traîne mes doigts le long de ses parois lubrifiées comme des lèvres humides. Elle me laisse me faufiler.

Tout frissonne de désir
d’anticipation
de craintes.

L’air devient tranchant, la respiration difficile. Retenir mon souffle. Freiner l’avancée. 

Sur le seuil, il faut s’exécuter. Des offrandes font office de sacrifice. Ici, donner ce qui m’était cher. Sur le seuil, je dois abandonner ce qui entraverait mon voyage.
L’offrir au passage. 

Je suspends les médailles dont je pourrais m’enorgueillir. Je contemple ces victoires dont je me détache. Leurs reflets éclairent mon regard.
Miroirs des possibilités. 
Je conserve la fierté, non l’orgueil. 
La force des étapes, le refus des destinations. 

Je m’accroupis pour creuser le sol. L’humus sert d’écrin pour mes brouillons. Je me recueille auprès de ce cercueil. Ci-gisent les pages des projets inachevés, toutes les idées qui ont eu le mérite de l’inspiration sans les serments de longévité.
Rien ne se perd. Le tintinnabulement des mobiles fraîchement accrochés réveille déjà d’autres envies créatives, d’autres pistes, d’autres chapitres. 

Je manipule la matière. Je malaxe mes regrets. Je recouvre les déceptions.
Il y en aura d’autres.

Il faut que je me déleste.

Sereine survivante, je poursuis la traversée.
L’interstice entre les années, le temple de la non-linéarité, se pare de scintillements. Le bruit des vagues me régale. 

Il me reste à passer le feu purificateur. 
Il me reste à conter mes vœux aux flots prometteurs.
J’emplis mes poumons d’air frais. 
Mes pieds peuvent se reposer sur le sol ferme. 

Un instant. 

Suivre les feux d’artifice. 
Me laisser guider par les clapotis
L’initiation liminale continue.

Hekate, La Justice

On the threshold. Sur le seuil.

She guides.
But *you* hold the swords.
What are the prophecies?
What are your decisions?
She bestows the keys.
You enchant them.

L’intégrité est le curseur de ta balance
Pèse tes choix
Exalte tes vœux
Traverse les Mystères
Exauce tes voies
Transmets les torches
L’orage à la porte
Le seuil de dérobe

La Justice a une vision à 360°

Hekate’s wheel whirls
Inspiring a 360° vision
The owls never hesitate
They race in the threshold
Between day and night
Night and day

Directions

Hekate est La Magicienne

Hekate est la Magicienne.
Hekate est mercurienne, particulièrement en mai: Gémeaux

Elle est la voie dans le chaos, la piste dans la multitude
Elle brouille les pistes. Mais derrière les masques, c’est toujours Elle.

Hekate Einalia se tient à la croisée des mondes.
Sur la falaise au bord de la mer, les serpents au vent
Elle exprime son rôle de porteuse des clés de l’âme cosmique.

Hekate Pantos Kosmou Kleidokhos
Hekate, l’Anima Mundi.

En elle, tout fusionne, tout se rencontre
Tout prend vie
Ce n’est que passés à son filtre que les éléments prennent vie

Hekate anime Elle manipule Elle crée

Comme la Magicienne, elle canalise
le cosmos et le chaos
la foudre, la brise
l’eau salée et les fluides
Elle nous active

Elle énergise.
L’énergie monte, monte.
Les forces descendent.

Elle est le point de rencontre
Le point de fusion
Le point de création

L’explosion et la concentration.
Elle contient, elle relâche
Elle génère des mirages, des tâches
Des miracles

Je me présente à toi.
Tu accueilles Tu détruits Tu façonnes Tu acceptes

Dans tes spirales se tissent les fils du temps
Se brodent les mains de tes filles

Tu engendres, nous existons
Tu nous libères
Tu nous appelles

Hekate, Anima Mundi,
Bénie, sois-tu
Mère cosmique
Vecteur énergétique
Infinie
Tu es le souffle et l’âme
et tout autre chose
l’unité et la multiplicité
Tu es
La médiation cosmique.

27 mai 2021, dans un train

Le coucher du soleil, le premier croissant: entre chien et loup

Entre chien et loup
Ne pas vaciller
Rester
Ressentir

Entre chien et loup
D’abord trier
Puis
Laisser venir

Avant l’étreinte du sommeil
Le jour s’attarde
La terre tourne
Le soleil coule
La nouvelle lune apparaît
Derniers aboiements

Néoménie, j’ai laissé hier aux vagues du soleil couchant. Je vais me coucher. Je vacille dans le sommeil. Noumenia, Hekate Artemis porte ton croissant sur le front. Elle allume Vénus, gracieuse étoile du soir, au bout de sa lance. Tu vises. Je m’en remets à tes desseins. Je m’endors. Ton conseil me berce. L’armoise allume mes rêves.
Nous sommes louves.

La Lune (sombre)

J’ai entendu les noms
Puis, plus rien que
Le tourbillon

Le silence qui préside à l’entre-deux
Dans l’entre-deux-lunes

Les futilités s’éclipsent
Ce qui compte
C’est cet instant propice
Ce qui compte
Est là, cru, sans parures
Obscur, sans pompe

Les étalages se démontent
Les échafaudages tombent
Reste ce qui compte
Pur, brut, obscur

Tourbillon en pause
Au centre, le portail s’expose
Les entrailles saignent
Les visions dégainent
Le silence, lui, règne

Tu as l’odeur de la chair
Le goût de la cyprine
Les frissons m’oppriment
Me libèrent
Me dépriment, m’enserrent
Et enfin me traversent

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L’Hiérophante: C’est toi, la clé!

Tous les savoirs, tous les livres, toutes les traditions occultes ne valent rien si tu ne peux pas t’approprier la matière.

Je comprends l’insistance sur la rigueur et sur le temps de l’étude. Sauf que ça revient souvent à nous couper de nos propres savoirs et de nos manières de communiquer et de chercher les informations, même les moins conventionnels. Ça nous coupe de l’expérience de nos sens, y compris notre intuition. Ça fait des barrages. Ou des barricades qui nous emprisonnent. Quand on brandit l’importance de la tradition, on réveille nos tendances dogmatiques, nos habitudes à s’en remettre à des maîtres-ses, et le spectre de l’emprise qui nous attend au tournant dès qu’on abdique nos connaissances.

On me dit souvent que je « décomplexe le tarot ». Qu’est-ce que ça veut dire? Parfois je passe à côté de la pression autour de l’apprentissage du tarot dans les milieux francophones en particulier: il faudrait bien connaître toutes les cartes avant de pouvoir les tirer, il faudrait les craindre, les vénérer, arriver avec la déférence qui serait due à cet outil « ancestral ». Même si la multiplication des sources a heureusement ( !) brouillé ce « gatekeeping » (gardiennage élitiste et contrôle à l’entrée) du tarot, beaucoup d’entre nous intègrent ces peurs. On ne se sent pas à la hauteur. On a besoin qu’on nous dise comment faire. On pense qu’il y a ceulles qui savent et les autres. On oublie les échanges et les interactions. On culpabilise. 

Bien sûr que les traditions comptent, mais oui les mentors comptent aussi, cependant au milieu de toutes ces injonctions, on en vient à oublier que ce qui compte c’est TOI. Tu es ta-ton Hiérophante. Tu détiens les clés pour accéder aux savoirs (et pas que dans les livres!). Personne ne peut te les reprendre. Même si on t’a fait comprendre toute ta vie que tu ne pouvais pas faire confiance à ton intuition ni à ta façon d’apprendre ni à tes rêves, on ne t’a pas enlevé les clés. Elles sont encore là, dans une de tes poches. Et puis, vas-y, je vais t’en révéler un secret trop bien gardé en fait : tu es la clé. 

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Création. Retracer nos Constellations Queer.

Penchée sur le vase de divination, j’observe la magie. Des comètes surgies de nulle part se précipitent dans le liquide. Ces boules de feu illuminent brièvement l’obscurité de la caverne. Leurs traînées sont faites de paillettes. Si tôt atterries, les comètes fusionnent avec la matière. Dans mon récipient sacré, l’alchimie opère. Des sphères dorées se dessinent. Des spirales de leur traînées dansent.

Mais déjà, d’autres comètes. Déjà, plus de feu, plus de force, plus de créations.

Comme là-haut, de même ici-bas, dans les souterrains, dans les entrailles. Comme dans le ciel étoilé, comme dans l’univers, de même dans mon bol.

Je n’ai pas la compréhension de tous les mystères. Mais je suis sur le rebord de la bassine. Mes yeux plongent dans l’immensité. Je n’ai pas la compréhension, mais j’ai l’intuition. Je verse les précieux liquides. Les explosions dans les cieux viennent à moi. Ma grotte, la régénération. Je perpétue la régénération.

Au mur, sur les parois, les trainées des comètes laissent des œuvres. Des horloges aux mécanismes alambiquées. Les trajectoires des planètes. Diverses manières de calculer ou d’inventer le temps. Des manières de se raconter. C’est joli.

Sur mes doigts, les paillettes dorées que m’ont offertes les comètes. Les messagères. Je dessine des traînées sous mes yeux. Je les étire sur mes joues. En frôlant Vénus, les messagères ont reçu des ornements. La beauté dans les yeux, je salue l’étoile du soir. Conjonction. Cazimi. L’étoile du matin. L’étoile du soir. L’étoile du matin.

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Retour sur l’équinoxe d’automne 1

Beautés
Corps en décomposition
Pommes pourries
Elles nourriront le sol

Perséphone
Celle qui la suit
Le voyage
Celle qui revient
Tandis que la Reine des Enfers reste encore

Promesses
Adieu qui ne sont pas déchirants
Chaleureuses étreintes
Je te reviens mon amie
Je retourne aux entrées
Je retourne aux tournants
Je pivote
Promesses, certitudes

Respirer les colchiques d’automne
De là, on voit loin
On voit profondément
On s’amuse dans les prés
On s’ébat

On se débat aussi
Respirer les colchiques d’automne
D’ici, on pressent

Processions

Un texte canalisé en août lors de l’espace sacré Fête des Moissons de Valiel Elentari

Rester dehors pour regarder les étoiles. Nemoralia, perséïdes, assomption, cosmogonies. Souvenirs.

Où étions-nous ?
C’était un jour comme un autre
ordinaire
l’air piquait un peu
à part ça, ordinaire

Je me revois là-bas
Le sentiment d’absence
de vide
de circonstance
Les visages de circonstance
Les villages en transe

On avait chaud

Le ciel se déchire
se fissure
Abyssal

Tu descends ou tu montes ?
C’est la valse des psychopompes
Marie entourée de ses anges
Portée par les nymphes

Nous marchions, transpirantes
accablées par la chaleur
et les flambeaux
…… Les flambeaux

Les étoiles filantes dessinent le ciel
Des bouts de nous

On a laissé des traces
On s’est laissées dans les trances
On s’est laissées aller
Tu te souviens de mon odeur

Dans les noms que je te donne

Catalogue de curiosité (…)

On entend les sons du monstre du lac
Ce soir on n’a pas peur, même si on crève de trouille

Je suis poussée sur tes épaules

On me porte
en procession

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