S’il n’y avait que l’insatisfaction Mais il y a aussi l’épuisement
S’il n’y avait que le dépit Mais il y a aussi le néant
S’il n’y avait que la trahison Mais il y a les visages qu’on ne reconnaît plus
S’il n’y avait que le changement Mais il y a aussi le dégoût
S’il n’y avait que la lassitude Mais il y a aussi l’absence de perspectives
S’il n’y avait que la tristesse Mais il y a aussi le départ de l’amour
Alors, je vide, je vide, je vide ce qu’il me reste d’espoir, ce qui me retient encore dans cette relation qui m’a vidé.e. Je rends au lac l’eau de la dernière coupe.
Ainsi libéré.e, je m’en irai gravir les montages. Je m’en irai dans le répit de la lune sombre épouser le vide. Je m’en reviendrai, à jamais dépouillé.e de quelque chose, déterminé.e à remplir mes coupes.
faire le point, faire le tri entre deux (ou plus) options avant de se lancer: d’où on vient et où on va, ce qui est superflu et ce qui nous parle vraiment, l’originalité et la conformité, le passé et le futur, le besoin d’introspection et la nécessité d’agir dans le monde, notre environnement direct et le monde plus large, notre travail et nos engagements…
prendre des décisions, balayer le champ des possibles, être désireux-se d’aller de l’avant, être prêt-e, être sur le point de passer un cap, changer soudainement de cap, être désorienté-e, se réorienter
chercher sa voie, (re)trouver sa puissance, douter et (se) faire confiance, se sentir capable, agir en accord avec ce sentiment
tarots: white numen, spacious, numinous, our tarot
(cou)rage, détermination, combattivité
suivre son cœur même quand on est distrait-e par une foule de possibibilités
vision d’ensemble, bilan, explorer ses perspectives, faire le tri, prendre la mesure du chemin parcouru (par soi ou par d’autres), évaluer le chemin à parcourir
(in)décision, ne pas savoir sur quel bâton danser, (dés)équilibre, harmoniser, prendre conscience de son potentiel et gérer son énergie pour le réaliser
élargir ou élaguer son champ de vision, observer les options avant de prendre une direction, évaluer une situation, ses désirs, ses projets, son équilibre
expectative, considérer ses options, élargir le champ des possibilités, phase d’observation, devoir faire preuve de patience
tarots: this might hurt, next world (mod), slow holler, white numen new chapter, gentle, dark goddess
insatisfaction, rêver de changement, chercher à sortir de sa zone de confort, besoin d’aventures, plonger dans l’inconnu (en gardant conscience d’où on vient, de ce qui nous permet de le faire)
pause, suspens, attente, ennui, blasé, agitation, retenue, peur de se lancer, manque de confiance en ses projets, prendre le temps de trier, j’y vais ou j’y vais pas
potentialités et réalisme, contempler ce qui est faisable, trier, tâtonner
tester des pistes d’action, rêver, donner corps à ses rêves, brainstormer, (bullet)journalling, préparatifs, imaginer un plan d’action
envisager/débroussailler les prochaines étapes, se projeter dans un rôle nouveau, innover, prendre des initiatives pour faire advenir une vision, se projeter, curiosité, s’interroger sur un projet potentiel, rassembler ses forces
tarots: wild unknown, modern witch, zillich, my garden, guided hand, tarot of the divine
faire preuve de reconnaissance, de gratitude, de fierté quant à notre parcours avant de poursuivre, être sur la bonne voie et devoir persévérer/affiner/préciser devoir sacrifier quelque chose avant de poursuivre, devoir laisser quelque chose derrière soi pour faire de la place pour une passion
l’entre-deux, être sur le seuil, portail, envisager une transition, créer un pont, accepter d’être présent-e dans l’entre-deux, liminalité, à l’aube d’un voyage
devoir faire le choix entre deux bâtons, se positionner entre deux polarités, prendre les premières décisions d’un long processus, créer des ponts, faire le lien entre plusieurs centres d’intérêt
Des envies qui reviennent Enfin, des étincelles Enfin de quoi activer l’alchimie créative
Ça frémit, ça pétille Puis ça s’emballe Mon cœur, mes passions, mon art Ça s’enflamme
Pas question de laisser la fascination me happer La splendeur des feux D’artifice ne me transfixera pas Le nez en l’air, immobile
Tourner le regard vers moi-même : Je suis la flamme ! Retourner à l’énergie brute Mon feu intérieur s’aligne sur Les inspirations
Je ne résiste pas à l’impulsion Je laisse enfin L’optimisme (ou est-ce l’utopie?) me Saisir, m’étendre, m’ouvrir Des horizons insoupçonnés apparaissent
(s’)enflammer, s’emballer, s’embraser, être foufou, pétiller
optimisme, confiance, assurance, ambition
amusement, sens de l’aventure, organiser une fête, être boute-en-train pour un projet, lancer quelque chose d’osé, d’audacieux
regain d’énergie, coup de boost, sens renouvelé de qui on est, de ce qu’on veut faire
une rencontre qui réveille quelque chose qu’on a envie d’exprimer, d’expérimenter (au niveau créatif, sexuel, énergétique, etc)
point de départ créatif, projet artistique, première rencontre d’un collectif, nouvel engagement, nouvelle orientation militante
le côté soudain, rapide, impulsif, urgent de ces élans
le fait d’exprimer, de partager, de rayonner tout ce qui est évoqué précédemment comment s’occuper de cette flamme, l’entretenir, la protéger, la nourrir
En quelques mots: Tout ce qui brille en chacun-e de nous, toutes les étincelles, les flammes ce qui anime, ce qui fait vibrer, ce qui nous pousse et ce qui nous (at)tire
Ça fait des mois que la question est sur tous les claviers : pourquoi ne revient-on pas aux blogs ? On a grand besoin d’un slow internet. La plupart des initiatives tiennent à des individu-e-s.
Je sais pourquoi instagram a profité à mon quotidien de malade chronique. J’aime l’immédiateté de l’écriture. J’aime l’énergie du premier jet. J’aime partager des instants de vie, pris sur le vif, car ce sont eux qui m’inspirent. La praticabilité a rencontré la nécessité avec le Syndrome d’Ehlers-Danlos. Le téléphone exige moins du corps que l’ordinateur. L’instantanéité rencontre un stock de cuillères chutant drastiquement et aléatoirement en cours de journée. D’un format qui me plaisait, le réseau social est devenu le seul qui me convenait.
Ça m’a pris des mois pour parvenir à me déconnecter définitivement de facebook en 2019. La réactivité érigée en maîtresse n’était plus compatible avec mon handicap. Le stress qu’elle génère accroit considérablement mes symptômes. Ça m’a pris du temps parce que c’est comme ça que j’ai pu désapprendre l’addiction. Avec le recul, j’ai mieux analysé l’effet de ce média, au-delà des considérations pratiques et politiques. J’ai compris que la réactivité me rongeait. J’ai compris pourquoi. J’ai compris qu’elle avait une utilité militante limitée dans mon cas. Le sevrage de facebook a fonctionné. Je n’envisage pas d’y retourner. Mais y penser ne me donne plus des sueurs froides.
Le sevrage n’a pas tout à fait fonctionné. Mon addiction à l’un glissant vers l’autre, instagram occupait le temps que je ne consacrais plus à facebook. Encore une fois, j’avais les grilles d’analyse pour appréhender les dangers des réseaux sociaux. Encore une fois, le relatif bien-être qu’il me procurait l’emportait cependant sur la réflexion. J’avais déjoué les pièges de twitter et de facebook, en particulier leurs logiques de polémique et de confrontation. Comme beaucoup, je me tournais illusoirement vers insta comme un havre de paix. On y mettait les différends de côté pour s’intéresser davantage à nos points communs. Pour moi, il ne s’agissait pas d’embrasser le règne de la positivité néolibérale, mais plutôt communiquer dans un relatif apaisement.
Est-ce que ça a changé quand l’usage des stories s’est généralisé ? A quel changement d’algorithme, la compétition nous a-t-elle fait suffoquer ? Quand la pression s’est-elle normalisée assez pour qu’on se sente isolé-e dans le mal-être dont insta se nourrit (publie pour aller mieux, achète pour compenser, scrolle hagard-e jusqu’à trouver un soupçon de sens), pour qu’on se blâme sans plus voir les ficelles ? Tout le monde ne fait pas un effort conscient pour l’engagement avec son audience, l’esthétique en vogue, la limitation du nombre de mots. Mais bon nombre d’usagèr-e-s ressent ce vide à cause du shadow-ban ou bien parce qu’on a osé publier un format qui nous plaît vraiment, ce qui ne génère ni vues ni likes.
Alors, comme avec facebook, j’ai fait des pauses. Souvent j’ai annoncé des pauses que je n’ai pas tenues. J’ai constaté que ne plus poster revenait à ne plus attendre les réactions. Ce qui, ensuite, permettait de revenir progressivement sur la plate-forme sans qu’elle soit oppressante. Mais j’ai toujours quelque chose à dire. Les jours passent, je m’affiche de plus en plus. La spirale de l’attention se remet en place.
Sur instagram, on rencontre des gens avec qui on n’aurait pas discuté autrement. Ça fait du bien quand un burn-out militant ou professionnel se referme sur nous. Facebook devient alors une nébuleuse faite de toutes les vies qu’on a muées, de toutes les personnes dont on s’est éloigné-e. Celles qui nous ont trahi-e et celles qu’on a trahies. Instagram, c’était une bulle d’air frais.
Pendant ce temps, je tâtonnais au niveau de la création de contenu ailleurs. Je m’attelais à des séries thématiques sur mon blog dès que ma santé m’accordait un répit. Toujours de courte durée, mes répits se soldent par des séries en suspens. Pourquoi pas, tant que tous ces fils tissent malgré tout une tapisserie? Les vidéos me redonnent occasionnellement mon éclat d’antan. Sinon, elles montrent comme il est difficile de créer avec constance quand on est malade. J’adore les vidéos. Dès que j’ai un peu d’énergie, je m’y mets. Il y a des gens qui croient que je suis une fausse malade parce que j’ai l’air en forme dans mes vidéos. Moi, j’aimerais que cette forme soit plus fiable que quelques trêves mensuelles. Mes vidéos sont peu vues. Je m’en fiche. J’ai l’impression d’être moins contrainte que sur instagram. Je suis heureuse de toute personne qui apprécie ces partages plus « authentiques ». Qu’est-ce que l’authenticité ? Pourquoi considère-t-on généralement l’authenticité en ligne au prisme du genre (de la misogynie et de la transphobie quoi…) et des autres rapports de pouvoir ?
Ça fait des mois que nos claviers s’activent : on a envie de formats longs, on a envie de rigueur, on a envie d’échanger sur base de critères plus profonds. Nos esprits saturent : on n’en peut plus de cette pression, comment a-t-on pu oublier à ce point les valeurs de l’échange ? Pour les gens de ma génération, nous qui étions des jeunes adultes écrivant sur des blogs dans les années 2000, la nostalgie guette. Faut dire qu’il y avait l’anonymat, l’absence de contraintes, moins de harcèlement parce qu’on formait des grappes de blogs aux préoccupations similaires et on ne perdait pas notre temps maudire les autres. Faut dire qu’il y a eu des cœurs brisés, mais aussi des amitiés qui durent depuis 15 ans. Il y a des connaissances avec qui ont échangé des colis à l’époque, puis dont on a suivi le parcours de loin pour finir par se retrouver dans les mêmes sphères « spirituelles » avec le temps (pour le coup, être voisine d’anniversaire et avoir le même ascendant, ça doit aider non ?).