Au croisement. L’instant avant 2022.

Je me glisse dans la fente entre les âges, terreuse et cuivrée. Je traîne mes doigts le long de ses parois lubrifiées comme des lèvres humides. Elle me laisse me faufiler.

Tout frissonne de désir
d’anticipation
de craintes.

L’air devient tranchant, la respiration difficile. Retenir mon souffle. Freiner l’avancée. 

Sur le seuil, il faut s’exécuter. Des offrandes font office de sacrifice. Ici, donner ce qui m’était cher. Sur le seuil, je dois abandonner ce qui entraverait mon voyage.
L’offrir au passage. 

Je suspends les médailles dont je pourrais m’enorgueillir. Je contemple ces victoires dont je me détache. Leurs reflets éclairent mon regard.
Miroirs des possibilités. 
Je conserve la fierté, non l’orgueil. 
La force des étapes, le refus des destinations. 

Je m’accroupis pour creuser le sol. L’humus sert d’écrin pour mes brouillons. Je me recueille auprès de ce cercueil. Ci-gisent les pages des projets inachevés, toutes les idées qui ont eu le mérite de l’inspiration sans les serments de longévité.
Rien ne se perd. Le tintinnabulement des mobiles fraîchement accrochés réveille déjà d’autres envies créatives, d’autres pistes, d’autres chapitres. 

Je manipule la matière. Je malaxe mes regrets. Je recouvre les déceptions.
Il y en aura d’autres.

Il faut que je me déleste.

Sereine survivante, je poursuis la traversée.
L’interstice entre les années, le temple de la non-linéarité, se pare de scintillements. Le bruit des vagues me régale. 

Il me reste à passer le feu purificateur. 
Il me reste à conter mes vœux aux flots prometteurs.
J’emplis mes poumons d’air frais. 
Mes pieds peuvent se reposer sur le sol ferme. 

Un instant. 

Suivre les feux d’artifice. 
Me laisser guider par les clapotis
L’initiation liminale continue.

Le coucher du soleil, le premier croissant: entre chien et loup

Entre chien et loup
Ne pas vaciller
Rester
Ressentir

Entre chien et loup
D’abord trier
Puis
Laisser venir

Avant l’étreinte du sommeil
Le jour s’attarde
La terre tourne
Le soleil coule
La nouvelle lune apparaît
Derniers aboiements

Néoménie, j’ai laissé hier aux vagues du soleil couchant. Je vais me coucher. Je vacille dans le sommeil. Noumenia, Hekate Artemis porte ton croissant sur le front. Elle allume Vénus, gracieuse étoile du soir, au bout de sa lance. Tu vises. Je m’en remets à tes desseins. Je m’endors. Ton conseil me berce. L’armoise allume mes rêves.
Nous sommes louves.

Les choix du Roi d’épées

Ta vérité émerge du cocon
Il est temps c’est le moment
La vérité de l’instant
Ne sera peut-être pas celle de demain

En trempant la pointe de ton histoire
Dans l’intégrité
Ta vérité ressort assertive
Mais ni destructrice ni définitive

En remuant le chaudron de l’intégrité
On crée un monde où
Nos fabuleuses imperfections peuvent
Apprendre, partager, écouter, amplifier,
Désapprendre, rejeter, aimer

C’est le moment !
Il est temps d’affirmer
Ce qui frémit
Ce qui était en gestation
Il est temps d’apparaître

A toi de décider pour
Toi-même désormais
Par pour les likes, pas pour les ventes
Pas pour plaire ni pour saisir l’air du temps
Pour toi

Ton temps, c’est le seuil d’une ère
Un autre temps
D’autres temporalités
Ta lame intérieure étincelle
Tu as suffisamment aiguisé tes choix
L’heure est venue de voler
De tes propres ailes

Tu t’appuies fermement sur les pierres
Que d’autres ont gravées
Tu es ferme sur tes fondations
Pas seul.e
Autonome
Interdépendant.e
Il est temps, c’est le moment
De t’envoler, cher.e papillon.

Equinoxe, bélier, tulipes

De l’équinoxe d’automne à celui de printemps. La durée du jour plus courte que celle de la nuit.
Liminalité et précarité de l’équilibre. La durée du jour devient plus longue.
Equinoxe de printemps, le soleil rentre en bélier. Vénus le suit de près. Je me décompose. J’agonise dans le secret de ma maison 8

Soleil exalté. Entends-tu ta chanson qui monte, qui perce la surface, qui porte en elle sa floraison ? J’entends les oraisons funèbres de mes désirs qui s’amoncellent dans la discrétion de ma maison 8. Le feu du bélier les emporte. J’entends les lamentations de mes joies qui se précipitent, qui se déchiquètent, qui périclitent. Elles mordent, elles morflent, elles succombent.
De la balance au bélier.
De l’équilibre à l’explosion.

(info: nudité sur les prochaines images)

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