Les corps sont fabriqués

publication initiale sur mon blog Grosse Fem: 17/07/2018

Tous. Tous les corps.
Je ne peux plus supporter les féministes cisgenres qui estiment que leur corps est plus “naturel” que celui des femmes trans. Elles battent en brèche l’idée que les hommes (sous-entendu cis) sont l’universel, l’évident, l’humain par défaut, mais jamais elles ne s’interrogent sur leur propre construction.

Les féministes blanches cis minces valides se battent pour les “vrais corps” (tu as regardé le JT hier ? Tu as peut-être pleuré aussi) c’est-à-dire des corps normés comme les leur mais non retouchés. Elles se débarrassent des stigmates pour apposer les gomettes sur d’autres. Elles ne font que déplacer le marquage. Elles ne l’interrogent pas radicalement. La sororité = le déni.
Quand elles se veulent “intersectionnelles”, elles trient. Ce sont des blanches qui écoutent les femmes non blanches qui les arrangent, quand ça les arrange. Les “autres”, toutes les autres, doivent être malléables pour la case qui les enserrera. L’étau se resserre.
Les minces (qui se font traiter de grosses) parlent des complexes. Elles disent, les complexes touchent toutes les femmes. TOUTES. Mais elles occupent tout l’espace. Elles parlent des complexes, comme elles le font depuis 50 ans.

Les corps non blancs, gros, trans, handis font l’objet d’une ségrégation. Ils sont pathologisés et violentés. C’est systémique. On les pathologise. On leur fait violence. Il ne s’agit pas de complexes. Le silence, c’est la complicité. Les hypothèses sur la dangerosité de ces corps aussi. Les minces blanches cis hétéras qui expliquent qu’elles sont en bonne santé, se distinguent, évincent les corps non respectables bafouent les luttes, elles aussi. Complices.

Je ne veux plus être une féministe. Je ne peux plus l’être. C’est terminé.