Toutes les larmes versées Toutes les tisanes concoctées Toutes les sécheresses endurées Et les tempêtes traversées
Aucune leçon Bien des frissons Nulle revanche Quand on émerge d’une avalanche
Un entêtant « j’ai survécu » Suivi d’une oraison Pour cette mort que je n’ai pas vaincue Pour ces mort.e.s dont Rien ne me distingue qu’une Vague chance, un « waw j’ai du cul »
Et puis quoi? Réapprendre A vivre Se recréer de tendres Rêves De toutes mes forces, tendre Vers ces rives Et puis me détendre C’est la trêve
Le 9 d’eau. Se chercher des envies.
Avec le Tarot Souverain.es d’Emmanuel.le Fontaine et la sauge de l’abbaye de la cambre un jour d’automne.
J’ai caché mes yeux derrière les tiens. Que ton corps fasse barrage au soleil! J’ai caché mes blessures à l’abri de la lumière Pour priver ma peur de la vitamine D dont elle a besoin pour se réparer.
J’ai voulu me mirer et me mirer encore dans les ombres: qu’elles aspirent toutes mes couleurs qu’elles me rendent ce qui est mieux
Le néant
J’ai appelé le néant de mes vœux. J’ai voulu lui donner ma vie.
J’ai voulu vivre où tout aspire la vie. En attendant la mort. J’ai prétendu n’exister que terrée dans les grottes. A moitié mousse, à moitié crotte.
Mélange des réjections des chouettes, de la pisse des ours et des traînées gluantes des vers
J’ai vécu les histoires des rêves les visions des sorcières l’amnésie des traumas
Je n’ai pu être moi. Sans les morceaux de mémoire que j’avais enterrés, comment être? Comment être moi?
J’ai caché mes yeux dans la cage thoracique de la louve.
J’ai suspendu mes boyaux aux stalactites.
Comment être moi? J’en ai avalé des couleuvres, en quête d’un récit qui me ramènerait à moi-même. Des vertes, des translucides et leurs mues. J’en ai chéri, des hallucinations censées rétablir un soupçon de sens. J’en ai enlacé, des illusions. J’en ai lacéré des peaux! J’en ai léché des plaies! Je me suis abreuvée de mes lamentations pour les transmuter en sérum de vérité.
J’ai tenté de m’extraire.
Le néant.
Dans les étreintes de la mère-louve, j’ai étouffé mon désespoir. J’ai suffoqué sous sa garde. J’ai mâchouillé du lichen, transformant ses extraits en potions abortives afin de condamner mes renaissances. J’ai agrippé la pierre en me tordant de douleur, en maudissant mon destin, l’impossible renouvellement.
Le vent dans les poils Le cœur dans les étoiles Je suis aux éléments Nous nous fondons Les artifices ne mentent Plus, non
Ils complémentent
Entièr.e et poussière En miette et dans la lumière Je suis dans un rêve Nous sommes nu.e.s sur scène On lit la joie sur nos lèvres Obscènes
Notre démesure sur-mesure
Délicieusement éhonté.e.s Impeccablement hanté.e.s Savoureusement sans filtre J’ai versé les reflets, les libations J’ai goûté au philtre De la passion
Je me glisse dans la fente entre les âges, terreuse et cuivrée. Je traîne mes doigts le long de ses parois lubrifiées comme des lèvres humides. Elle me laisse me faufiler.
Tout frissonne de désir d’anticipation de craintes.
L’air devient tranchant, la respiration difficile. Retenir mon souffle. Freiner l’avancée.
Sur le seuil, il faut s’exécuter. Des offrandes font office de sacrifice. Ici, donner ce qui m’était cher. Sur le seuil, je dois abandonner ce qui entraverait mon voyage. L’offrir au passage.
Je suspends les médailles dont je pourrais m’enorgueillir. Je contemple ces victoires dont je me détache. Leurs reflets éclairent mon regard. Miroirs des possibilités. Je conserve la fierté, non l’orgueil. La force des étapes, le refus des destinations.
Je m’accroupis pour creuser le sol. L’humus sert d’écrin pour mes brouillons. Je me recueille auprès de ce cercueil. Ci-gisent les pages des projets inachevés, toutes les idées qui ont eu le mérite de l’inspiration sans les serments de longévité. Rien ne se perd. Le tintinnabulement des mobiles fraîchement accrochés réveille déjà d’autres envies créatives, d’autres pistes, d’autres chapitres.
Je manipule la matière. Je malaxe mes regrets. Je recouvre les déceptions. Il y en aura d’autres.
Il faut que je me déleste.
Sereine survivante, je poursuis la traversée. L’interstice entre les années, le temple de la non-linéarité, se pare de scintillements. Le bruit des vagues me régale.
Il me reste à passer le feu purificateur. Il me reste à conter mes vœux aux flots prometteurs. J’emplis mes poumons d’air frais. Mes pieds peuvent se reposer sur le sol ferme.
Un instant.
Suivre les feux d’artifice. Me laisser guider par les clapotis L’initiation liminale continue.
She guides. But *you* hold the swords. What are the prophecies? What are your decisions? She bestows the keys. You enchant them.
L’intégrité est le curseur de ta balance Pèse tes choix Exalte tes vœux Traverse les Mystères Exauce tes voies Transmets les torches L’orage à la porte Le seuil de dérobe
La Justice a une vision à 360°
Hekate’s wheel whirls Inspiring a 360° vision The owls never hesitate They race in the threshold Between day and night Night and day
Sur la pointe des pieds entre les mondes Les chevilles embourbées dans des perspectives eschatologiques Sur le fil des contradictions, pas d’évasion Pas de récits, pas d’écrins pour les utopies Décharnées Ce corps ce monde ce corps ce monde Réintégrer, ré-encorporer, réclaimer, réapproprier Ces ruines Les sucs gastriques se chargent des fruits précocement tombés L’acidité engouffre la disette la déconfiture la féconditure les offrandes écarlates Gaz succulents s’échappant d’usines désaffectées Alertes par SMS Disette Notifications rassasiées L’écorce saigne Les cosses sont vides Les coquilles les îles les îles S’étiolent S’étiolent Croupissent
Quelles déesses de la fertilité appeler? T’as raté un chapitre. Hier encore… Un désastre. Quelles déesses de la fertilité appeler ? Les épis pourrissent Hekate ratisse Les carnassières rappliquent Utopies décharnées Les espoirs rapetissent Comme neige carbonique au pistolet
Y a pas de morale à la valse du 2 de disques, c’est rien d’autre qu’une histoire d’équilibre Pas de morale Des coquilles en guise d’épaves, de navires, d’épaves Ainsi va la valse du deux de disques Récit d’équilibre La pratique pour mission La matière la terre le corps
Une bien belle (dé)composition L’art de flétrir Le défi de périr Sans la dignité que le capitalisme a annihilé L’art de flétrir Le défi Être où ça s’écroule dans le ciment dans la cime des cèdres centenaires incendiés dans les civières Ontologie de l’indicible Fanfares des entre-mondes dont les grondements fragmentent le ciel
On dit que la Grande Peste se caractérise par la disparition des traces écrites
Que crient les corps ? Qu’écrit l’Agonie ?
Il n’y a pas de morale, pas de positivité dégoulinante ni de défaitisme dépolitisé, juste la pratique de l’équilibre avec le 2 de disques (et peut-être des hernies discales, des lignes de faille, des fractures d’où hurlent l’Autre Monde)
Se taire quand il faudrait réagir sur tout Se mettre en retrait quand tout acte alimente la machine De l’indignation De l’individualisme Et avant tout de la montée des fascismes.
Renoncer à trouver des réponses dans la frénésie des réseaux Reculer, reculer, quitte à tomber à la renverse dans la rivière Quitte à la laisser laver nos peurs Emmener les résidus de la haine Quitter à la laisser traîner la fierté dans la vase
Traite.sse.s à la cause, à toutes les causes, à la mise en scène des egos A la performance du savoir L’agencement de corpus Qui défont les corps Qui cassent les fibres Qui désunissent les joyeuses polyphonies des désaccords
Se taire même s’il faut tout désapprendre, même s’il faut aller à l’encontre de son fonctionnement, même si on ne sait plus comment va la vie quand c’est pas à toute vitesse Se tenir à l’endroit propice où les mondes se croisent Se chassent Puis finissent par s’ignorer Sur le fil entre les Portes de l’Hadès et le Temple de la Déesse Ici lae Prêtre.sse ouvre son cœur Les profondeurs Son déshonneur
Iel ne joue pas selon les règles Iel observe, iel connecte Iel soulève, Iel enfouie Son équilibre est frêle Il défie le temps
Lae Prêtre.sse nous livre les murmures
Se taire, renoncer, reculer, trahir Accueillir les murmures Murmurer
Ces murmures plus percutants que les hurlements Ecouter répercuter la lame de fond L’âme au fond
Hekate est la Magicienne. Hekate est mercurienne, particulièrement en mai: Gémeaux
Elle est la voie dans le chaos, la piste dans la multitude Elle brouille les pistes. Mais derrière les masques, c’est toujours Elle.
Hekate Einalia se tient à la croisée des mondes. Sur la falaise au bord de la mer, les serpents au vent Elle exprime son rôle de porteuse des clés de l’âme cosmique.
En elle, tout fusionne, tout se rencontre Tout prend vie Ce n’est que passés à son filtre que les éléments prennent vie
Hekate anime Elle manipule Elle crée
Comme la Magicienne, elle canalise le cosmos et le chaos la foudre, la brise l’eau salée et les fluides Elle nous active
Elle énergise. L’énergie monte, monte. Les forces descendent.
Elle est le point de rencontre Le point de fusion Le point de création
L’explosion et la concentration. Elle contient, elle relâche Elle génère des mirages, des tâches Des miracles
Je me présente à toi. Tu accueilles Tu détruits Tu façonnes Tu acceptes
Dans tes spirales se tissent les fils du temps Se brodent les mains de tes filles
Tu engendres, nous existons Tu nous libères Tu nous appelles
Hekate, Anima Mundi, Bénie, sois-tu Mère cosmique Vecteur énergétique Infinie Tu es le souffle et l’âme et tout autre chose l’unité et la multiplicité Tu es La médiation cosmique.