Le Valet d’épées

Un recueil de quelques textes.

La curiosité de la Page d’épée

La pensée fend la brume. Je me saisis de mes idées acérées. Je perce l’ignorance. J’ouvre la conscience. Je manipule les outils de la pensée critique pour analyser ce que j’observe sans crédulité. 

Je teste ce que je lis à l’épreuve des faits, d’un raisonnement, d’une méthodologie. Je n’écarte aucune hypothèse. Je m’offre le plaisir de les décrypter. Je dissèque la pensée.

Je fends le brouillard cérébral qui me guette à force de trop fonctionner. 

Je traite les informations. Je trie les données. 

Ma curiosité est communicative. J’embarque mes proches dans mes pérégrinations intellectuelles. 

Je compose des récits rocambolesques pour leur transmettre mes intérêts. 

J’en viens à fabuler s’il le faut. Une fois passée l’épreuve de la critique, les informations peuvent être reconfigurées pour nourrir des histoires, des utopies.

Mes idées sont au service du changement en fin de compte. 

Mettre en garde la Page d’épée

Attention aux commérages! Est-ce que tes communications peuvent être dommageables pour autrui? Même si le tourbillon du partage d’information t’emporte, prends garde à ne pas divulguer ce qui pourrait affecter des personnes qui ne t’ont rien demandé du tout. Tes bonnes intentions sont susceptibles de retourner contre d’autres ou contre toi-même. Non, non, non, tout ne fait pas une bonne anecdote. 

De même, attention à ce que tes centres d’intérêt multiples ne se diluent pas dans le fouillis de ta curiosité au point que tu n’arrives plus à focaliser ton attention sur quoi que ce soit. Fais le tri avant d’ouvrir tout canal d’information. Certains robinets peuvent rester fermés. Ta soif de connaissance doit-elle être assouvie coûte que coûte?

Ecrire avec le Page d’épées

Pour commencer, il faut réapprendre à écrire. Pour ce faire, il faut accepter de se laisser guider par le feutre, le flux, le message. 

qu’il me transporte, qu’il me transporte. 

Que la magie opère. Que nous co-créons. Co-crayons.

La plume dans la main de la Page d’épées: laisser les histoires nous traverser. Toutes. Et que les mots n’aient pas besoin de propriétaires. Que l’autrice soit au service. Qu’elle ne soit pas détentrice. 

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Tirage avec le 9 de pentacles et la Reine de bâtons

Un article un peu spécial aujourd’hui. J’ai retranscrit des extraits d’une de mes vidéos de tirage. On est dans le style oral et parfois un peu confus quoi. Mais voilà, si vous préférez la lecture à l’écoute: une interprétation anticapitaliste et handie du 9 de pentacles avec le soutien de la Reine de bâtons. 

Vidéo à voir sur ma chaîne: 

Thème du tirage: Le 9 de pentacles du Rainbow Tarot

Par rapport aux envies créatives qu’on n’arrive pas à réaliser car trop peu de cuillères, le 9 de pentacles vient confirmer: “tu as déjà dépensé de l’énergie dans ça, et ça, et ça ces derniers temps! Tu peux aussi profiter d’un peu d’espace”. 

C’est une carte qui nous apporte de la légitimité à apprécier être où on est, de prendre du temps pour soi (l’escargot sur la carte, le soin que la personne a apporté à sa tenue). Quelles sont diverses façons de prendre du temps, de couper le rythme productiviste du capitalisme dans lequel nous sommes toustes imprégné.es?

Cultiver le beau dans sa vie, prendre le temps de s’émerveiller, faire de la place pour l’esthétique, mais évidemment pas dans le sens normé: ce qui est beau pour nous. Et les ambiguités à cultiver cela même si on n’échappe pas à l’intériorisation des normes. 

Se faire plaisir. Se faire du bien. Ralentir. 

Le 9 de pentacles, ce moment où on se sent légitime pour le temps qu’on prend pour soi, en opposition aux pressions. Reclaim du temps, se réapproprier du temps pour quelque chose qui est à la fois exigé et dévalorisé sociétalement (exemple du maquillage). 

Ne pas « mériter » le 9 de pentacles

Le rapport au capitalisme et à la pression qu’on se met. Avec le 9, on culmine dans la suite (accomplissement). Et on voit souvent le 9 de pentacles à travers des lunettes capitalistes: “waw, t’as super bien travaillé, tu mérites cet espace à toi ou tu mérites cette pause, ces vacances, cette maison que tu peux t’acheter”. Sans s’interroger par exemple sur le privilège de classe ou le validisme qui sous-tendent ces interprétations. 

Autrement dit, le 9 de pentacles nous invite en réalité à revoir cette méritocratie insidieuse dans notre fonctionnement. A chaque fois qu’on se dit “je m’octroie cette pause ou je m’offre quelque chose parce que j’ai travaillé pour y arriver”, on fait fi du côté systémique, les rapports de domination, les oppressions qui font que “en arriver là” a été plus ou moins facile ou difficile pour nous. 

Si on enlève le 9 de pentacles de ce côté méritocratique et productiviste, on peut l’appréhender dans d’autres contextes. Par exemple, le rapport au corps, c’est ce qui s’applique le plus directement à ma situation aujourd’hui: j’ai pas mal marché ces derniers jours, j’ai pas mal de douleurs avec le SED mais je continue à faire des exercices physiques car c’est nécessaire pour moi avec le SED mais je n’arrive pas forcément à trouver, avec mes tissus fragilisés, quels sont les moments de récupération à m’accorder. Si le mouvement est tout aussi important que le repos et la récupération, comment déterminer mon équilibre? 

Pour moi, aujourd’hui, le 9 de pentacles, c’est ne pas finir ma journée avec plus de 8000 pas au compteur et me laisser vraiment récupérer. Et pour vous?

Qu’est-ce qui fait du bien aujourd’hui? Comment se l’octroyer, l’assumer, se dire qu’on mérite ce temps consacré à ce qui nous fait du bien?

Le 9 de pentacles nous invite à réfléchir ce que cela signifie de culminer (le 9) dans la matérialité, à la terre des pentacles. Pour moi, aujourd’hui, ce serait s’écouter suffisamment pour ralentir. J’adore l’escargot présent sur cette carte! C’est un de ces symboles très Waite-Smith conventionnel qui me recentre systématiquement dans l’interprétation de la carte!

Outre l’éloge de la lenteur, l’escargot insiste sur l’importance des petites choses. L’attention qu’on leur porte. En ce moment, je vois plein d’escargots. Pour cela, il faut regarder à travers les branchages, prêter attention à la texture des murs, prendre le temps. L’attention portée aux détails est aussi une spécialité du signe de la vierge associé à cette carte.

Avec le 9 de pentacles, être à l’écoute des écosystèmes dont nous faisons partie. Leur faire de la place. Ce qui peut être aussi banal que se demander comment se porte notre flore intestinale aujourd’hui. Le 9 de pentacles  = écouter notre petit jardin ou notre petit cocon, ou notre colon quoi! 😉 Ecouter les besoins des parties de notre corps qui ont besoin de récupérer, qui sont en sur-travail, qui sont inflammées.

Le piège du capitalisme, c’est de nous faire penser qu’on doit avoir mérité le droit de récupérer. C’est de penser cette carte de culmination dans la suite des pentacles comme une carte de mérite.

Le soin, le temps de soin comme un droit, quelque chose que tout le monde est intrinsèquement légitime à recevoir, qu’il n’y a pas à prouver ni à soi-même ni à la société qu’on mérite. 

Sortir de la méritocratie avec la Reine de bâton

Partant de ces réflexions, je tire une seconde carte: 

Sur la question du droit à la récupération et au repos sans devoir le mériter et aussi sans que ça soit forcément grandiose.

Comment sortir de la méritocratie intériorisée?

C’est la Reine de bâtons qui sort!

Être légitime

Comme toute les reines, mais avec encore plus d’emphase, la Reine de bâtons invite à être à l’aise avec notre légitimité. Avec les Reines, on n’a jamais à se dire qu’on mérite quelque chose. C’est un moment de pure radiance, surtout avec la reine de bâtons. Être éclatant.e. Être là. Et notre légitimité semble couler de source.

Elle répond à la question par un grand: “bien sûr que tu es légitime en dehors de toute méritocratie”!

Elle fait aussi partie des cartes qui nous demandent d’accorder de la valeur à ce qu’on crée et de ne pas concevoir la créativité et la création d’une façon trop limitée. C’est partout. Par opposition à la méritocratie qui implique aussi que certaines choses mériteraient d’être valorisées, de valoir de l’argent. Que certaines personnes mériteraient de gagner plus d’argent car ce qu’elles font auraient plus de valeur. 

Mais comment détermine-t-on ce qui aurait plus de valeur? Il y a des dynamiques classistes, sexistes, racistes etc qui participent à le déterminer. Les écarts salariaux en fonction de la couleur de peau, de l’orgine, du genre, des capacités physiques, de la corpulence, etc sont une réalité. Les discriminations au niveau de l’embauche et du salaire existent. La perception de la valeur sociale d’une personne est aussi influencée par différents facteurs. Par exemple, en tant que malade chronique touchant des indemnités d’invalidité, on considère fréquemment que nous n’en avons aucune.

Stigmatisation validiste et productiviste des « malades de longue durée »

En cette année électorale en Belgique, on peut aussi penser à des mesures d’exclusion sociale comme la dégressivité des allocations de chômage. Au sujet des malades de longue durée, le discours dominant, c’est que nous serions la plus grosse tare de la société. Puisque nous sommes improductifves, il faudrait nous forcer à travailler. Tant pis si on crève dans 2 ans parce qu’on aura accumulé trop de blessures ou de détresse psychique. Peu importe car ce qui compte, ce serait qu’on se tue au travail. Le travail, le seul déterminant de notre dignité. Plus que notre vie. Le travail qui déterminerait qu’on mérite notre place dans la société et d’être considéré.es comme des citoyen.nes. 

Tout ça m’affecte beaucoup en tant que malade chronique. Vous le savez, j’en parle souvent. Plus on approche des élections, plus cela me touche. Toustes les politiques s’adressent aux citoyen.nes en mode “les travailleurses”, sous-entendant que nous ne le serions pas, juste des profiteurses du système.

Cette pensée dominante occultant les rapports sociaux de pouvoir décrète que des personnes méritent plus que d’autres. Cette pensée pèse sur nos vies, sur nos conditions de vie et on l’intériorise. On a du mal à garder une estime de soi. Cette pression sociale affecte notre santé mentale. Cette stigmatisation vise à nous exclure.

La Reine de bâtons rappelle que le fait de créer au sens large, sous plein de visages  (par ex: appliquer un joli maquillage, faire à manger, créer ou réparer des vêtements,…), c’est quelque chose qu’on peut cultiver comme un rempart. On fait rempart contre la hiérarchie de ce qui serait légitime ou méritant.

Créer sans monétiser

D’ailleurs, le climat sociétal, c’est aussi que tout doit être monétiser. On a un hobby? Il faut le rentabiliser! Avec la précarité financière et la pression capitaliste, on intègre facilement cette mentalité (bein oui, si on est dans la merde…). Nos hobbies finissent par avoir de la valeur uniquement si “on en fait quelque chose”, si on les vend, si on fait des grands projets autour d’eux. C’est aussi le cas dans le domaine du tarot. Tout le domaine créatif au sens large devient quelque chose sur lequel tabler. Tout doit être rentable. 

La pression de devoir prouver que tout ce que l’on fait à de la valeur, en particulier de la valeur financière. Plus aucun domaine de nos vies ne doivent échapper au productivisme. On doit extraire de l’argent de tout. Tout le monde devient responsable de sa productivité.

La Reine de bâtons crée dans le moindre de ses gestes du quotidien et donne et irradie cette création. Point.

Par rapport aux détails, à l’infime, aux raisins et à l’escargot sur le 9 de pentacles, la Reine de bâton réhabilite tout cela. Rien n’est trop minuscule dans le domaine de la créativité. Rien n’est insignifiant. On mérite de l’appréciation pour toutes les petites choses qu’on crée, qu’on accomplit, qu’on vit. On ne la reçoit pas forcément par de la reconnaissance sociale, par les encouragements de nos proches. Dans ce cas, c’est difficile de continuer à s’accorder de l’appréciation. 

Ainsi, vis-à-vis de la création de vidéo, c’est difficile mais je tiens à donner de la valeur à ce que je fais. ça a de la valeur, j’en suis fière, ça me fait du bien, je continue à créer avec la maladie (pas malgré elle). 

Avec ce genre d’occupation, comme avec le jardinage, on peut voir ce qui pousse. Comme avec la cuisine, on voit ce qui nourrit. toutes ces petites choses comptent. 

Déjà, en tant que malade de longue durée en Belgique, alors que le mépris à notre égard va croissant, clamer que je mérite d’être en vie au lieu d’être en train de crever sur un lieu de travail est un acte de défiance. Affirmer que j’ai un corps improductif et que je mérite d’être là et que je mérite de pas taffer.

A ce propos, je recommande la vidéo suivante dans laquelle je développe un sujet qui me tenait à coeur: la résistance et l’ingouvernabilité de la reine et du roi de pentacles face au santéisme. 

Même si j’essaie de valoriser ce que je fais, avec une santé en dent de scie, il y a, il y a eu et il y aura encore des moments où je n’y arriverai pas, mais même en étant clouée au lit, je lutterai pour continuer à réclamer ma valeur.

Être artiste sans créer

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6 de bâton. Le succès. Quel succès?

S’amuser. Créer. Célébrer. 
Faire de la place aux étincelles.
S’amuser. tant pis si c’est un foutoir.
si c’est explosif,
ce sera lumineux.


La vidéo d’analyse de la carte pour aller plus loin

6 de branche
Jupiter en Lion
ce que l’on accomplit mérite d’être célébré. nos victoires méritent qu’on s’y attarde. nos succès ne doivent pas être déterminés par des conventions ou des injonctions pour recevoir le statut d’ “accomplissement”. au contraire !  le 6 de bâton nous invite à établir et à honorer ce qui compte pour nous (personnellement ou collectivement).

il peut s’agir de grandes étape de la vie ou de réussites au quotidien qui retiennent notre attention. On entraîne alors notre attention à se fixer sur ces victoires souvent jugé indignes de célébration :
J’ai sorti les poubelles ! j’ai écrit quelques pages tous les jours cette semaine. j’ai arrêté de procrastiner pour une tâche administrative. j’ai dessiné pour la première fois depuis longtemps.

Il peut s’agir de glorifier des identités marginalisées. on peut avoir envie de fêtes communautaires pour rejeter la honte. le 6 de bâton nous aide à créer ou à instaurer de l’espace et du temps d’auto-appréciation.
Ce ne sont ni les podiums ni les promotions, aucune forme de compétition ou de productivisme qui déterminent ce qui vaut la peine d’être fêté.


Écoute recommandée: l’épisode de Radio Tarot Apprendre à se célébrer avec le 6 de bâton

PS1.

En cette dernière semaine de mars, je fête les 8 ans de relation avec le tarot et les 7 ans de ma chaîne youtube🥳 Ça me fait penser à une autre vidéo consacrée à cette carte:

PS2.
Je fais le tri dans mes archives de textes non-publiés. J’ai renoncé à les éditer et à les améliorer. Pas évident pour la perfectionniste mais… Leur place est ici, où ils pourront servir. Pas dans des carnets où ils pourraient pourrir.

Je publie ces interprétations tarot-poétiques en état, c’est-à-dire souvent un premier jet manuscrit que je me suis contentée de retranscrire – parfois à l’aide de la saisie vocale, ce qui explique les erreurs de mise en page, de ponctuation, etc.

Par rapport à des articles conçus pour le blog, ces archives seront aussi moins richement illustrées. Puissent-elles néanmoins trouver écho et vous servir!

Pour lire toutes les interprétations des cartes de tarot publiées depuis 2016 sur le blog, rendez-vous dans la section Cartographie du tarot.

4 de coupes. se retrouver

« Cesse de bouder: entre en contact avec les autres ». 

j’devrais, je le sais, mais je me débats avec l’idée. j’ai perdu l’envie. j’ai beau sonder ma psyché, je ne la retrouve plus. je redoute le jugement des autres. je ne me retrouve plus dans ce qui les amuse. je ne reconnais plus ce qui les unit. j’ai tourné le dos à nos points communs.

ça me déprime ! je me sens seul.e! 

dans la solitude, j’entre en contact avec moi-même. je retrouve la boussole que j’avais paumée en courant avec ou derrière les potes. je plonge mes lèvres au jet de la fontaine. le goût de moi-même est divin ! 

divin… pourtant, je me reconnais à moitié. peut-être que j’ai pris l’habitude de me diluer. le goût de moi… je vais le réapprivoiser.

il faut que je rétablisse un sens de qui je suis et de ce dont j’ai envie avant de savoir ce que j’ai à offrir et à qui.

il faut que je remplisse ma coupe, que je goûte les différentes saveurs de mes sentiments avant de déterminer ce que j’ai à partager, ce que j’ai envie d’offrir et à qui.

Lire la suite « 4 de coupes. se retrouver »

L’Impératrice. Interprétation et cheminement

En prévision de la parution prochaine d’une vidéo sur mes représentations préférées de l’Impératrice pour le #TopTarotTrump j’exhume des profondeurs mes carnets quelques notes à son sujet. 

Interpréter L’Impératrice

L’Impératrice ou la générosité incarnée. Et d’ailleurs, iel est incarné.e. La matière pétille avec iel: son corps, la nature, les écosytèmes, les sien.ne.s. Iel relationne. Iel fait relationner. Iel engendre des relations. Iel affine sans cesse des qualités relationnelles très vénusiennes: rapprocher, harmoniser.

Pour exceller ainsi dans le relationnel sous toutes ces facettes, la vulnérabilité est son maître-mot. Sincère, il s’offre aussi authentiquement que possible. Il cultive un état de réceptivité, d’échange et de don de soi permanent. Ou, pour être plus précise, il fait en sorte que tout cela pousse de façon anarchique et chaotique et, en fin de compte, superbe et opulente, tout comme le fait la nature sans intervention humaine: sauvage, fertile, abondante, diverse, pollinisatrice. 

Tout est luxuriant en / autour de / avec L’Impératrice. Dans le même élan, tout est intrinsèquement fragile. Pas de référence aux associations traditionnellement féminines de cette carte, non, non (et on les emmerde de toute manière).  Si tout est fragile, c’est qu’il n’existe aucune structure, aucun pouvoir, aucune organisation pour défendre et protéger sa belle anarchie. L’Impératrice est un processus organique. C’est bio. C’est naturel. C’est durable. Dans le même temps, elle est précaire dans des sociétés productivistes, sélectivistes et court-termistes. Elle est plus sensible à la destruction que ces dernières engendrent. Pourtant, elle s’affirme résistance, résiliente et régénératrice. Sans cesse contestée parce que sa générosité sauvage met à mal les pouvoirs-sur et menace l’oppression, elle reste féconde. Elle ne renonce pas. Elle favorise la transversalité et le relationnel. Elle refuse les hiérarchies. Activiste handie, elle prône les interdépendances. 

Tandis que la carte numéro 2, la Prêtresse, écoutait, L’Impératrice sert, partage et iel pousse / fait pousser. Si l’Empereur, carte numéro 4, va construire, défendre et organiser, L’Impératrice, quand à iel, réalise, engendre et régénère. Souviens-toi du Magicien, le conduit qui traduisait et transmettait divers éléments. Face à iel, L’Impératrice incarne le foisonnement, le(s) corps, la terre, les rassemblements, le mycélium. 

Il vit la Justice, la beauté, le plaisir et la relation. Autant de caractéristiques de son association planétaire: Vénus! Il est le soin, la douceur, la ferveur, la convivialité. Il est la communauté. Il est les liens de parenté (kinship) qui défient les liens de sang, l’ADN et les modèles familiaux oppressifs. Il est le vivant. Il est une ode à la vie.  

Lectures recommandées

Anaïs Van Ertvelde, Handicap, een bevrijding
Adrienne Maree Brown, Emergent Strategy: Shaping Change, Changing Worlds
Cy Lecerf Maulpoix, Ecologies déviantes. Voyage en terres queer

Dans le mycélium de… Notre-Dame de Hunnegem

Cheminer avec l’Impératrice

Comment dialoguer avec la carte?

Dans un registre très différent, je vous partage une version éditée d’un cheminement réalisé avec l’Impératrice du Rainbow Tarot fin mars 2023. J’ai suivi les exercices proposés par Mary K. Greer afin de dialoguer avec la carte de l’arcane majeur à laquelle on s’identifie (“a card of the major arcana that you think best depicts how you like to think of yourself”). Je me base sur l’exercice 1 du chapitre 2 Techniques for working with your personal card de son ouvrage: “Who are you in the tarot? Discover your birth and year card and uncover your destiny” (2011). Certains exercices se trouveraient aussi dans ses livres “Tarot constellations” (1987) et “Archetypal Tarot” (2021).

Le texte ci-dessous, c’est donc de l’écriture “canalisée” (en tout cas, c’est comme ça que je le définis dans ma pratique) avec L’Impératrice, guidée par les questions posées par Mary K. Greer au fil du cheminement et en dialogue avec le dessin de So Lazo pour le Rainbow Tarot. Il en ressort une version souterraine, “infernale” de L’Impératrice, pas forcément calquée sur les interprétations conventionnelles de cette carte, mais divinement en phase pour moi 🙂 Je résume les différentes étapes de l’exercice indiquées par l’autrice. 

Première étape, poser à la carte une des questions suggérées par l’autrice. Je choisis: “Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?”

2. Sélectionner un objet sur la carte que me paraît réceptif à la conversation. Je choisis les grenades coupées en deux sur la robe de l’Impératrice. Lui poser ma question.

3. Écrire la première réponse qui me vient à l’esprit (de façon spontanée, sans censure ni hésitation” (…) Ne pas se préoccuper de l’écriture, la grammaire etc. Rester dans la circulation de la conversation pendant minimum 12 à 15 minutes.

Ca donne ceci:

“Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?” Ton reflet dans le miroir. Souviens-toi de l’époque des auto-portraits avec les grenades, de ta poésie. Qu’est-ce que tu as perdu? Si le sentiment de sécurité n’est plus sur internet, où pourrais-tu le trouver? (…) Qu’est-ce qui te fait peur? Pourquoi doutes-tu de (…)? Ton reflet dans le miroir. Ce sont tes doutes que tu projettes sur d’autres. Tu es une artiste. Mais. Quel est ton prochain récipient? Pour y mettre quoi? 

C’est à toi de creuser, de chercher cette complexité, cette intégrité. Internet ne t’a pas cassée. Il t’a déconnectée de ton courant. De ta source. Et de ton récipient. Et du coup, forcément, aussi des autres. 

Il t’a isolée. Reviens. Reviens. Ton reflet dans le miroir. Les traces de l’âge. Un autre stade de vie. Crone. Tu savais que dire en tant qu’artiviste. Mais… à ce nouveau stade… Qui es-tu? Que veux-tu exprimer et pour qui? Qui sers-tu? (et pas à quoi sers-tu?) Tu te souviens de ces processus créatifs avec nostalgie, mais tu n’es plus la même. Tu ne retourneras pas au même. Tu dois te retrouver. Et, pour ça, te chercher. Arpenter les profondeurs. C’est là qu’est la fertilité. Connais-toi. Tu ne peux pas créer pour partager sans – pas ce sens de qui tu es mais – ce centre de qui tu es. 

Tu penses que tu ne peux plus écrire / dire / représenter l’intime car internet l’a dévoyé. Mais… peux-tu déjà redevenir intime avec toi-même? Avec la nouvelle toi? Avant de créer. Parce que c’est créer aussi: accoucher de la nouvelle toi. Oser goûter à la complexité. Devenir plus complexe. Visiter les Enfers. 

Tu sais tout ça. Mais tu peines à y aller radicalement.
Tu cherches les regards.
Commence par le miroir.
Commence par te voir. Puis, te regarder. T’apprivoiser. Te déshabiller. Qu’es-tu devenue? Parmi ce qui est devenu ou revenu, quelles sont les parts de toi qui ne peuvent pas prendre le dessus sous peine d’étouffer la vie, les relations,…? Comment aller à leurs racines pour déterminer ce qu’elles veulent. Et ce que tu veux en faire.
Tu es ici devant ton journal, avec tes bouquins. Tu sais ce qui veut s’exprimer créativement à travers toi! C’est juste que c’est du travail souterrain, du travail de l’ombre. Du travail que tu te dois à toi-même. Aux tien.nes. Au devenir. 

A ce qui doit voir le jour.
Et à ce qui va mourir.
Tu ne peux pas échapper aux cycles de la vie et de la mort.
Sur son trône, Perséphone a parlé: tu ne peux pas échapper à ton devoir, à ton existence…

L’étape suivante selon le parcours de Mary K. Greer: quand on arrive à un seuil dans l’écriture. Il faut alors le conscientiser, le dire et choisir de continuer, de franchir le seuil pour aller de l’autre côté. Il y a alors une série d’autres questions et de réponses que je ne partagerai pas ici. 

Références utiles pour comprendre le texte

Lire la suite « L’Impératrice. Interprétation et cheminement »

10 de bâtons. extinction/résilience

Edit:

Pour une version lue de ce poème, c’est à la fin de cette vidéo (suivre le chapitrage).

Extinction

Chargée du poids
Des responsabilités
Dépitée
La route s’allonge avec 
Chaque pas
Mes enjambées ramollissent

Dégoûtée des échecs qu’on me prie
D’assumer
Comme si je devais porter aussi
La culpabilité de la précarité

Ereintée
Parce qu’il faut continuer
Se battre pour se mettre à l’abri
Ratatinée
Par le mépris plus que l’effort
Égratignée, entravée par les ronces, 
Je renonce à lutter pour
la dignité, l’équité, la solidarité

Fatiguée, fatiguée

Vaincue, je ne pointe pas la triche
Les dés pipés, l’injustice

Lasse, je me débarrasse
De ma flamme

Si je croule
Sous ce fardeau
Si ma demeure faite d’allumettes
Coule
Si je prends la flotte
Et mes rêves avec moi
Et ma créativité, et ma niaque, et mes espoirs 
Mes espoirs…
Si je m’écroule
Laissez-moi

Laissez-moi
Que j’abandonne ce monde qui n’aura pas
Voulu de moi

Lâchez-moi
Lâchez-moi la grappe avec
Le courage, la ténacité
Lâchez-moi la trappe à la gueule
Laissez-moi sous les planches
Sous le plafond devenu parquet
Bouffé par la moisissure
Bousillée à l’usure
Lâchez-moi, je m’en tape
J’en m’en tape de tout ce qui est réduit en lambeau
Faute de chaleur

Ne me demandez plus jamais de briller
La défaite est là, irrévocable
Je suis défaite, je suis détruite

Résilience

De la boue. 
      La sensation d’humidité me réveille
      L’odeur de la terre me rappelle
      Mon corps se ressaisit
Lentement.
      Derrière mes paupières
      Le brouillard cérébral s’épaissit
Puis, lentement, se dissipe

Je suis en vie. Je suis en vie.

J’émerge de sous les branchages
      Lentement, douloureusement, vaillamment, 
            Je vois le jour.

Mes muscles froissés par la rosée, mes pupilles caressées par les scintillements de l’aube, 

Je vois le jour.

Les bâtons jonchent le sol, le tribut des combats que je n’ai pas gagnés, les trophées des batailles que j’ai menées. Fierté.
Je n’ai pas baissé les bras. Ni elleux avec moi. 
J’ai tenu. J’ai tenu. 
Quand l’humidité a éteint progressivement toutes mes réserves, tous mes sourires,
Quand elle a réduit à néant ce qui me procurait de la joie
            Et de la force,

Je me suis effondrée
Mon fagot dans les bras
Je me suis laissée aller à la fin de cycle 
Je me suis donnée 
Au néant

Il m’a accueillie dans sa force régénératrice
Je me suis reposée

Vaincue certes
Mais non sans gloire

Je suis retournée à la terre
Pour que l’espoir
Revienne à ma sève

J’ai laissé mes bâtons à la moisissure
Mes clés au lichen
Et ma maison à la froidure

J’ai accepté de ne pas tout sauver, de ne pas revenir intacte, de laisser les lambeaux de moi à la tourbe
(décomposition / préservation)
Je n’ai pas pleuré
Ça demandait trop d’énergie
Je me suis laissée aller
Je me suis abandonnée

Résilience

      Je suis en vie
         Je suis pleine d’envies
             Tant pis pour le bois qui ne brûlera pas

Ou tant mieux
            Bois mort, bois salvateur
            Garant des écosystèmes
            Résurrecteur de forêts

Adieu, les envies ravagées par l’humidité
Je suis envies

Je m’en vais rassembler du bois pour fabriquer une torche 
A la fin de l’hiver, je l’allumerai 
Au bûcher du feu de joie

Walmke, walmke brand

Renaît ma flamme
Revient ma joie
Reprend ma créativité

Brûle, ma rage
Ravage, mon espoir
Ravage les forteresses
Les murs qui nous coupent de nos vies
Les seigneurs qui nous arrachent à la sécurité
Ravage ce qui nous arnaque
Ravage les dominations
Allume-nous

Allume-nous!

Lire la suite « 10 de bâtons. extinction/résilience »

Autour de la suite des épées

Zine inachevé

Avril 2023
Pour le 24 hour zine weekend

Pour clôturer 2023 / débuter 2024, je vais partager sur le blog certaines de mes archives. J’ai en réserve plusieurs carnets d’articles non publiés!

J’avais tenté d’improviser un zine pour le 24 hour weekend zine organisé fin avril par Echo Zines. Le thème des épées s’est imposé au fil de l’écriture.
C’est peut-être une succession de brouillons.
Peut-être des réflexions stimulantes. 

Le zine manuscrit est à télécharger et à imprimer (au format livret pour en faire un zine / en noir et blanc pour économiser l’encre) en fonction de vos préférences de lecture. 

De plus, je l’ai retranscrit ci-dessous à l’aide de la saisie vocale. ça implique des fautes d’orthographe et de ponctuation et je suis carrément not sorry de partager ce que je peux quand je le peux avec les moyens et cuillères dispos. Faites défiler aussi pour voir des photos des cartes du Rainbow Tarot, le jeu qui a accompagné la rédaction!

1. Tirage pour déterminer le thème du zine 

le samedi 22 avril 2023

à la recherche d’un fil rouge pour ce zine. une création ? un recueil de texte existant ? avec des collages et dessins ou priorité au texte ?
c’est le moment de tirer les cartes pour orienter ce 24 hour zine thing. 
avec le Rainbow Tarot de So Lazo

Positions et tirage: 

  1.  check-in . check-up: comment je me sens ? XIII La Mort
  2. inspiration:  ce qui demande à s’exprimer, ce que je reçois. 7 d’épées
  3. Tri:  ce que je laisse de côté. chevaleresse d’épées
  4.  réalisation:  le format, le récipient. 2 de bâtons
  5.  élan:  me lancer dans la création. 2 d’épées
  6.  enracinement:  garder le cap, rester reliée. As d’épées

Interprétations: 

  1.  avant d’avancer dans le tirage, passer un peu de temps avec le reflet de mon état en ce moment avec la Mort en position numéro 1. Elle me touche, cette mort du Rainbow tarot, danse macabre joyeux ménage, une farandole, une procession, une célébration de la transformation. 
    J’ai cheminé avec elle il y a peu pour les exercices suggérés par Mary K. Greer dans “What are you in the tarot” (exercice The Triumph, page 22 du bouquin).  Texte à lire ci-dessous. 
  2. Le 7 d’épées comme carte d’inspiration!
    je pourrais être déstabilisée mais elle me rassure. c’est ma carte d’enracinement et de centrage pour ce début de la saison des éclipses (dans le Hollow Valley Tarot). 
    je l’appréhende avec ce petit texte que j’avais écrit pour elle le 4 avril: 

Se dérober 
Aux responsabilités qui détournent du cœur.
A ce qui demande trop d’énergie.

Se dérober avec les cuillères qu’on peut encore sauver.
Ne pas se justifier, trop coûteux en cuillères.

Dérober, 
malicieuse, rusée, fière de son coup
Une cape d’invisibilité
Le temps et l’espace de la création?

De la solitude?

Dérober
La légitimité qu’on ne laissera pas à d’autres le privilège de nous accorder.

 cette personne qui s’enfuit avec ses épées emporte ce dont elle a besoin pour créer. la légitimité, j’en ai vachement besoin. ça me fait du bien d’imaginer pouvoir m’en emparer et me tailler avec elle. Ma Mienne!  pour ça, il faut aussi me détourner de ce qui me prive de ma créativité.
pour cette création de Zine, je le vois aussi comme :
me détourner des sentiers battus, assumer l’excentricité de ce qui me traverse. le 7 d’épées ne cherche pas à plaire. c’est une invitation à assumer les bizarrerie. le personnage s’empare des épées et sort du cadre. elle peut inventer. c’est une carte associée au verseau après tout ! l’innovation est au rendez-vous !

 je poursuis le tirage pour voir où ça me mène. 
***
Waouh ! ça en fait des épées ! OMG ! la chevaleresse représente l’impulsivité par rapport au 7 d’épées, plus stratège, plus réfléchie. Les mots sont à l’honneur, mais ils ne seront pas destructeurs. avec le 2 de bâton je me vois encore innover, tester un format que je pourrais reprendre pour d’autres zines. oser de nouvelles choses.
en écho au 7 d’épées:  peu importe si c’est trop ceci ou pas assez cela point je me laisse guider par ce qui me fait envie.  surtout si c’est quelque chose que je me tâte à explorer depuis quelques temps déjà !

Le 2 d’épées complète en suggérant de ne pas intellectualiser le processus. je ne vais pas laisser le mental prendre le dessus, peser mes options jusqu’à me perdre dans le brouillard de mes pensées ! pas de ça ici ! relaxation, méditation, couper les distractions, ne pas gamberger, éviter de tergiverser.  réduire le volume du mental et me brancher au canal de l’intuition.

 avec l’As d’épées je me laisserai ensuite suivre le fil de mes idées !

2. Avec La Mort du Rainbow Tarot. De la faux aux épées

Je danse ! un squelette joyeux. un cadavre exquis épris d’une danse macabre. je m’éclate.

 revêtu de fleurs, de feuilles et même de flammes, je mène la danse avec ma faux. je ne crains pas la Mort. comment pourrais-je ? je suis morte.

La vie reprend immanquablement ses droits comme en témoigne le nez végétal qui me pousse. la valse de la mort et de la vie, délicieusement Grotesque, fécondément implacable.

Je danse ! c’est la nuit. le croissant de la lune balsamique clignote avant l’aube, telle une brève promesse. extinction. force vitale. une énergie appelle le foisonnement de la végétation au sol. dansons. les étoiles se réfléchissent dans la rosée. je coupe des fleurs pour que d’autres poussent demain. je m’habille de leurs couronnes !

Je célèbre ce qui meurt, j’aide à mourir. de mes chants et de mes gestes, j’encourage à partir. Quelles réjouissances !

Il faut que cette matière vivante/ mourante se transforme pour faire place à d’autres vies.

Ici je ne suis plus humaine –  ou du moins plus qu’une humaine ; la vie, la nature, leurs nécessités prennent le dessus. abondamment. je ne suis plus à part; je suis la nature. la Mort m’intègre à des vies infiniment plus vastes, plus sauvages, plus nourries.

Je danse portant la lame tranchante de la séparation. elle est signe de vies, de récolte, de partage.

Réflexions sur ce texte écrit il y a quelques semaines.

En envisageant la faux tranchante comme un outil fertile avec La Mort, je pense aux épées, trop souvent perçues comme ce qui sépare, ce qui dissocie, ce qui met à distance. comment se réconcilier avec la suite de l’air ?  comment peut-elle incarner une raison qui ne serait pas cartésienne et, par conséquent, destinée à différencier les humain.es de la nature et à les dissocier de la nature en elleux ?

 à la manière de la faux, comment les épées peuvent-elles nourrir – le sol, les oiseaux, les humain.es ? faut-il changer les symboles ? plus de vent et moins de lames. rime facile j’en conviens : moins de larmes dans la suite associée au « chagrin » dans de nombreuses analyses de tarots dérivés du Waite-Smith ?

 avec les épées, on s’évertue à trouver une place au mental. est-ce qu’il parasite ? est-ce qu’il atténue la force du cœur ? est-ce qu’il nous contrôle ? est-ce qu’il est synonyme du contrôle qu’on cherche à exercer sur autrui, sur nos écosystèmes, sur le temps, sur nos corps? faut-il lutter pour le diminuer ? faut-il l’encenser ?

 ____ Les mots sont embués dans mon cerveau. très épées. il est temps de faire une pause alors !

3. Les épées au prisme de La Justice et du Valet d’épée

 jeudi 26 avril, au jardin botanique de Meise

 la crise prémenstruelle aura eu raison de la rédaction. j’ai préféré ne pas m’obstiner. je connais la mécanique prémenstruelle : tant les douleurs aiguës que le moral au plus bas. 

mes règles devraient arriver dans quelques heures. pourtant je sens déjà le soulagement hormonal. c’est comme si mes pensées m’étaient revenues. Elle n’avait pas déguerpi mais elles étaient assurément parasitées. impossible de les filtrer dans ces moments-là/ je peux seulement rester aussi enracinée et centrée que possible en attendant que ça passe.

après coup, le 7 d’épées de mon tirage prend une autre dimension. il pourrait représenter ses pensées intrusives. intrusives ? visqueuses. mélasseuses. trop gluantes pour s’en saisir. d’où le remède des 7 dans les suites: patienter et rester aussi centré.e que possible quand règnent le flou, l’incertitude, les illusions, la colère (*biffer les mentions inutiles*)

Le 2 d’épées semble lui aussi se moquer de moi dans ce tirage. il indiquait tout simplement en réponse à élan que j’espérais voir dans cette position : pas si vite, papillon !

 avant de partir ce matin, j’ai tiré une carte d’inspiration créative : 

la page d’épées (encore le rainbow tarot)

 et en complément d’info, La Justice, brandissant elle aussi son épée.

Le thème d’épées continue donc…
Je n’avais pas du tout prévu ça. 

La Justice.  

Je suis mitigée dans mon analyse des épées. 
Dans mon envie de questionner le tarot, 
et nos impensés, nos prémâchés, nos clichés, nos failles, nos rapports de domination dans les communautés tarologiques, 
je balance entre 

  • réhabiliter les épées
    trop souvent comprises comme les effets destructeurs du mental
  • casser les épées
    qui symboliseraient l’anthropocentrisme, le cartésianisme, l’ “Esprit” et toutes les dominations mises en place au nom de “la Pensée”.

Evidemment, La Justice, qui est une espèce de carte mère des épées dans les Atouts (arcane majeur) demande que je fasse preuve de nuances. Pas de simplismes, pas de dualités factices,…

Avec la Page d’épées de toute manière, il ne saurait être question de revisiter mes réflexions éculées. Son esprit vif et curieux invite à suivre les épées, à les laisser me guider.
Ni les prendre de haut. Ni les placer sur un piédestal.
Aller à leur rencontre et me laisser surprendre. On peut toujours compter sur les pages / valets pour nous inciter à oublier les a priori.

Le coeur ouvert! Comme sur le dessin du Rainbow Tarot ❤

→ Le Valet d’épées

Le vent se lève. il faut que je le suive ! je suis mes idées. j’en attrape d’autres au vol. je les enfile. je cours avec le récit. je m’envole avec lui. je parcours des kilomètres en un battement de cils. je me réveille il y a des générations. je m’endors en 3200. Je suis une aventurière à travers les galaxies de mon imaginaire. je suis vaste. je ne crains aucune arnaque narrative. les mots sont faits pour s’évader, pour ouvrir, pour disséminer, pour tourbillonner avec les rafales de vent.  pour emporter, pour soulever, pour inventer.

les mots, il ne faut pas s’y fier.
il faut s’envoler.
il faut les laisser filer.
filet sur le papier

4. la suite de la communication

 les épées sont la suite de la communication.
c’est bien beau de carburer du ciboulot et d’avoir des idées dans tous les sens. mais : qu’est-ce qu’on fait avec ça ?
si on laisse nos pensées s’activer en vase clos, la pression monte. on court le risque d’exploser.
si on laisse tout s’évacuer, sans filtre, sans considération, l’intensité s’écoule.
Peut-être que l’inspiration s’échappe avec elle.
ou peut-être qu’on a déversé son fioul pour embraser d’autres vies.

 qu’est-ce qui rend les idées fertiles ?
voilà un pan de ce qu’on explore dans la suite des épées.
qu’est-ce qui rend le mental social comme avec des signes astro d’air, les gémeaux, la balance et le verseau ?
qu’est-ce qu’on intériorise des rapports sociaux ?

et le pouvoir de NOMMER…

5. Quelques questions à me poser avec la suite des épées (journalling prompts)

As

Comment puis-je rendre le recensement de mes réflexions (et de mes écrits) plus durable tout en respectant le flow et les “courants” ?
Quel est LE message qui me parvient là tout de suite?

Comment mieux distinguer ce qui relève de l’intuition (et des messages de “mes guides”) des pensées parasitantes ?

Deux 

 comment mieux protéger mes idées ?

 comment me couper de ce qui m’empêche d’écrire ou qui perturbe mes processus d’écriture ?

 comment puis-je faire ne serait-ce qu’un peu plus de place pour recevoir de la critique et des opinions divergeant des miennes ?

Trois

Qu’est-ce que je n’arrive pas à exprimer ?

 est-ce que quelque chose veut sortir de ma mémoire traumatique ?

 quelles blessures demandent à recevoir plus de soin ou, au moins, plus d’attention ?

 comment distinguer les craintes fondées de l’auto sabotage ?

Quatre

 comment est-ce que je récupère ?

 comment puis-je améliorer mon sommeil ?

 quel est l’endroit où je peux me relaxer sans me sentir menacée ?

Comment soulager un peu plus mon dos ?

 quels sont les effets du stress sur ma maladie chronique pour le moment ?

Et voilà

J’ai dû arrêter brusquement la rédaction que je n’ai pas reprise par la suite. 

J’espère que la lecture de ce zine inachevé vous a plu malgré tout!

MERCI de me lire!

Cathou

Interpréter La Hiérophante

1. Analyse

L’enseignante

La Hiérophante est une carte de savoir, de croyances et de transmission. Son association au Taureau indique le souci de la conservation, de la protection et de la continuité dans ces domaines. A l’inverse, la carte qui suit, les Amoureuxses, avec le signe des Gémeaux, correspond à plus d’émancipation et d’innovation quand elle traite de ces questions. 
Mais avant l’envol des Amoureuxses, la Hiérophante invite à prendre le temps. Elle stabilise notre rapport à nos processus d’apprentissage. Elle instaure un cadre dans lequel les comprendre. 
Ainsi, elle représente notre rapport à nos aîné.es et à nos ancêtres. Et ce, dans des champs allant de nos convictions politiques, spirituelles ou philosophiques à nos compétences techniques en passant par les (éco)systèmes dans lesquels on s’inscrit. 

La Hiérophante est l’archiviste. En sa compagnie, impossible de faire fi de nos origines, qu’elles soient mythiques, symboliques ou inscrites dans des arbres généalogiques. Elle est l’historienne qui consigne ces informations puis les analyse. Dans les tapisseries dont les fils nous ont fait.es et défait.es, quelle est notre place? Qu’est-ce qu’on revendique dans nos racines? Comment gravite-on dans nos constellations? De quoi se détache-t-on? Qu’est-ce qui nous dérange? De quoi ou de qui faisons-nous ouvertement scission? Quels travaux nous ont inspiré.es? Quel.les profs nous ont autant influencé.es que déçu.es? L’Hiérophante est la thérapeute qui offre un espace pour les ambiguïtés. Avec cette carte, on cartographie nos réseaux. Elle est notre position parmi eux. Elle est l’ensemble des chemins entre les différentes composantes. Elle représente nos perspectives d’évolution, collectivement et personnellement. En ça, elle est l’ensemble des positions au sein du réseau, qu’elles soient passées, existantes ou potentielles.

La liberté d’apprentissage

Parce que chaque carte brille sur un spectre, elle est aussi tout ce qui nous garde figé.e, comme le signe du Taureau qui s’applique à conserver. Elle symbolise les moments où l’on remet à d’autres les clés de nos connaissances, où l’on apprend scolairement sans questionner la matière enseignée. De là, elle évoque également notre rapport aux institutions, aux écoles de pensée, aux religions, aux entreprises. Elle constate que les réseaux sont aussi les biopolitiques, nos corps comme lieu de rencontre des savoirs/pouvoirs, nos corps marqués, nos corps récalcitrants et nos corps obtempérant. 

Complexe, elle n’oppose pas la soumission à la révolution. Elle crée des passages, des failles dans ces systèmes qu’elle peut aussi incarner. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas de dehors aux systèmes et cela ne veut pas dire que tout est couru d’avance, perdu, condamné. Elle questionne notre puissance d’agir par rapport aux pouvoirs. Est-ce qu’on s’écrase? Est-ce qu’on résiste? Est-ce qu’on s’échappe? En tout cas, avec elle, nous n’inventons pas. Nous existons dans le collectif. Les récits s’entremêlent. Les connaissances se tissent. On apporte nos pierres à l’édifice et/ou nos pavés dans les barricades et/ou nos résidus au compost. 

Parce qu’elle est l’atout numéroté 5, La Hiérophante se réverbère dans les 5 des suites, cartes de crise par excellence. Crises de foi. Débusquer les théories du complot. Bousiller les dogmes. Rébellion face aux autorités. Tourment lorsque l’autorité s’immisce malgré soi dans nos dynamiques collectives. Abus de pouvoir. Désabusé.e face au pouvoir. Réclamer sa puissance personnelle et/ou en tant que groupe minorisé. Décoloniser les savoirs. Reprendre le contrôle de ses récits. Faire face aux retours de bâton suivant des droits chèrement acquis. Ne pas se contenter de l’égalité juridique. Ni d’un washing stratégique. Déloger l’oppression intériorisée. S’acharner. Se battre.

Parce qu’elle est l’atout numéro 5, La Hiérophante célèbre la constance du chaos. La constance du changement. Et les mycéliums de la continuité. 

2. Un message

dédié aux haies, prairies et étangs du Rouge-Cloître qui ont rencontré lae Hiérophante pour inspirer ce texte, peut-être se souviennent-ils des temps qui ont précédé l’instauration d’un prieuré, des temps où les prés étaient la Forêt et les étangs, les ruisseaux qui les traversent encore. 

Bienvenue dans la danse de Lae Hiérophante! Avec moi, avec nous, ensemble, traçons le cercle, reconnaissons le caractère sacré de cet endroit, amplifions-le.

La forme de ce sanctuaire, le cercle sacré, le magnifie. Mais tout lieu peut être ainsi chargé, par essence ou par volonté: mon corps, un corpus, une partie de moi, un espace virtuel ou méditatif, un lieu historique, un bois, une source, des roches, un carrefour. 

Je suis la gardienne, temporaire ou définitive, de plusieurs de ces temples. Nous le sommes toustes. L’intentionnalité fabrique le sacré. (Se) remarquer fabrique le sacré. La réciprocité fabrique le sacré. 

Ce sacré ne s’oppose nullement au banal, à l’impur, au pollué.
Au contraire!
Il est les Communs. Ce sacré n’existe pas pour séparer, pour distinguer, pour encourager l’élitisme. On ne peut pas s’en servir afin de marquer chasse gardée. On ne peut pas abolir les Communs. 

Ils existent. 

Je suis la gardienne inhérente à chacun de ces lieux. Je n’en suis pas le dehors. Je suis la protectrice immanente. La résilience en toute chose. Je n’ai besoin d’aucun.e sauveurse.

Je suis Les Communs. L’inaliénable partage. Je suis le refus de l’appropriation ainsi que l’affirmation de l’interdépendance.

On ne se sert pas des Communs. On y contribue. On écoute. On est au service d’un tout, chaque partie aussi indispensable que les autres.

On écoute : les Communs incluent le non-humain. On se décentre quand on est humain.e. Ainsi on apprend sans cesse à demander: est-ce que cette plante veut être cueillie ? Qu’en dit l’abeille ? On ne présume pas des réponses. Les humain.es tendent à vouloir sauver ce qu’iels s’évertuent à détruire. La résilience les dépasse souvent. 

On écoute : est-ce que ces fleurs viendront nourrir les humain.es ou deviendront-elles des baies pour les oiseaux à l’automne ? Il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. Les Communs évoluent.

Les Communs poussent dans les interactions. 

On ne possède pas dans les Communs. On tisse. On converse. On diffuse. Tout mot est aussi indispensable que les autres. Il n’y a pas de contribution insignifiante. Pas plus qu’il n’y a de contribution dominante.

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De La Force, au Soleil vers Le Jugement

Dimanche, pleine lune en lion. Prétexte pour faire la lecture de mon dernier texte sur La Force et le partager en vidéo. Toujours sympa pour les personnes qui, comme moi, préfèrent écouter que lire. Ou ne peuvent pas faire autrement. Puis, c’est une direction que j’aimerais donner à ma chaîne YouTube. Qu’elle mette en valeur mes textes poétiques. Qu’elle soit plus orientée sur la divination comme art et moins sur les vidéos qui marchent mieux, genre les revues de jeux et autres top 10.

Il fait gris. J’ai un œdème à la joue après une intervention d’endodontie. J’oscille entre la peur d’un retour de l’abcès et le fatalisme: avec les tissus fragiles du SED, on ne peut pas paniquer dès que le corps réagit bizarrement. Je laisse vagabonder mes pensées pour éviter qu’elles fassent des boucles. Un ciel si gris. Même si j’ai filmé une lecture matinale de La Force, c’est Le Soleil qui me revient sans cesse à l’esprit. Pas en boucle, pour le coup. En éclats. 

Je cède à l’appel du pied de la carte. Elle entre en dialogue avec Le Jugement, la carte 20, l’atout suivant, que j’avais tirée plus tôt encore. Je saisis les notes qui me viennent.

Et je les recopie ici en les altérant à peine (faute d’énergie). Brutes. Faillibles. 

De La Force au Soleil… Vers le Jugement.

Passer de la carte du Lion, la Force, à celle du luminaire à demeure chez le Lion, Le Soleil. 

Points communs
présence, confiance
force, brillance
encorporé.e
calme, tranquille

Divergences
Le Soleil relie tandis que La Force est concentrée plus sur elle-même que sur ses liens avec d’autres.

Intrépide, La Force s’aventure dans les profondeurs, auprès de ce qui est caché. Elle va chercher les peurs pour les accompagner. Elle côtoie la “nature” sauvage. C’est à force d’efforts et de pratique qu’elle parvient à rester sereine. 

Le Soleil se pose en pleine lumière. Rien à cacher. Il expose. Il libère. Il respire l’air frais sans effort. Il ne problématise pas. Il assume. Sans artifices, sans parures, sans masque, il se montre. Sa voix est limpide. Elle porte. Il est capable d’exprimer clairement ce qu’il veut et pourquoi.
Il a quelque chose à affirmer. Comme une vérité (aussi fugace soit-elle).
Un énoncé qui a besoin de rayonner. 
Un corps qui s’étire.

Le Soleil. Un rapport à l’espace. Un désir d’être pleinement, déconfinée, dans un espace investi ressenti. 

Jeux d’ombres et lumière

Derrière cette facette visible voire surexposée du Soleil, il y a aussi toutes les ambiguïtés des grands mots qu’il affiche: 

s’affirmer, la vérité, prendre de l’espace, s’assumer

Ou leur revers. Prétendre figer des choses en mutation. Prétendre que l’individu est roi. 

Lire la suite « De La Force, au Soleil vers Le Jugement »

Le Valet de Bâtons

La Page de Bâtons bouillonne. Iel se laisse emballer par l’invitation des élans créatifs: 
Viens jouer! Viens tester! Viens découvrir! Viens t’aventurer! Essaie! Essaie!
Iel ne ressent aucune peur. Les frissons d’excitation la galvanisent. Iel veut vivre! Iel veut bouger! Iel veut découvrir!

Dès l’enfance, certaines expériences nous forcent à réprimer notre créativité. Elles continuent d’entraver notre liberté par la suite:
On ne se sent pas légitime quand on veut essayer un nouveau médium, un autre instrument, une méthode. Quand on veut se laisser guider par le fun, une petite voix insiste pour qu’on “réussisse”. On se trouve ridicule quand nos instincts nous poussent à agir avec badasserie. Parfois, on est timoré.e. Pétrifié.e par les qu’en-dira-t-on. Avant tout, on est foudroyé.e par notre propre regard. Nos attentes nous pourrissent et on ne peut pas s’empêcher de se donner un objectif. On place la barre trop haut. Hors de portée. C’est comme si notre autosaboteurse intérieure se régalait à l’idée qu’on échoue. On n’arrive pas à s’exprimer en dehors de la compétition. Les vieilles brimades nous poursuivent.

Le Page de Bâtons, c’est le remède en nous! C’est l’énergie créative pure, brute, joyeuse. C’est l’amusement qui jaillit quand on explore, quand on exprime, quand on suit sa pétillance. Son époustouflance! Parce que, évidemment, la Page de Bâtons adore inventer: des mots, des chorés, des recettes,…  
C’est la part de nous qui ne doute pas. 
Et qui n’en a de toute façon strictement rien à faire d’échouer! 

C’est la créativité débridée. Pour le plaisir. Parce que ça veut sortir là-maintenant-tout-de-suite. Parce qu’on a le droit à cette euphorie. A cette légèreté. A cette insouciance. 
Le droit au plaisir. 

Tout l’attire. Tout pétille. Tout a le potentiel d’engager son attention. Tout a la capacité d’allumer sa flamme. Tout est étincelle. 
Iel est spittante*, vive, curieuse de tout.
Ouverte. Iel est la source d’une énergie créative que rien n’assèche.

Bon… bien sûr, iel est susceptible de se disperser. Iel peut papillonner d’une idée à l’autre. Sans jamais prendre suffisamment de temps avec une d’elle pour que l’étincelle se transforme en flamme.  Iel est susceptible d’être en proie à une agitation telle que son esprit ne parvient plus à faire le focus sur quoi que ce soit. Envahi.e par une fumée trop épaisse, son esprit risque de ne plus rien distinguer: ni l’étincelle, ni la flamme, ni l’incendie, ni l’extincteur,… 

Lire la suite « Le Valet de Bâtons »