Quelques facettes de la Prêtresse

Tu as du mal à faire de la place à la Grande Prêtresse dans ta vie?

Comment peux-tu débrancher le rythme quotidien? C’est vital! 

L’hyperconnexion, la rapidité et la productivité te déconnectent de ce qui compte vraiment. C’est quoi?

Pour (re)trouver des connexions réelles et – mieux encore – accueillir la réciprocité et nourrir des relations, peux-tu ralentir ou même ne plus bouger? Peux-tu atténuer le bruit afin d’écouter les sons de l’âme et, en fin de compte, suivre ton intuition. 

Il y a trop de Grande Prêtresse dans ta vie?

Tu comprends les récits des bruissements des feuilles et toutes leurs intonations. Il t’arrive même de te perdre dans les murmures de l’Inconnu, dans ce qui frémit derrière le voile, dans ce qui scintille dans l’Invisible, dans ce palpite dans les courants énergétiques qui te traversent et circulent partout. Reviens pour un temps aux relations humaines. Reviens-y sans chercher à sonder ou à interpréter les gens. Reviens à ton corps. Reviens aux contacts. Ne stagne pas. Ne change pas de visage. Modifie l’interface. 

N’oublie pas que la lune, le corps céleste dont les phases se succèdent rapidement, guide la Prêtresse. 

Quand la Grande Prêtresse est en équilibre. 

Tu n’as pas besoin de tout savoir. Tu es une créature sentiente. Tu es sachant.e sans être savant.e. Tu te branches aux flux. Tu captes les ondes reliant les humain.es, les déités, les insectes, les arbres, les minéraux, les étoiles, les champignons, les témoins du temps long. Tu n’es pas la scientifique en recherche d’une explication à tout (Le Magicien). Tu n’es pas la génératrice apportant du soin, de la vie, du lien partout (L’Impératrice). Tu es l’observatrice. 

Il y a dans ton immobilisme quelque chose d’immuable. Il ne faut pas se fier aux apparences. Imperceptiblement, tu évolues constamment. Tu cernes les nuances du flux. Tu t’y adaptes. 

On t’attribue parfois des dons. On admire ton intuition. Or, tu n’y vois rien d’extraordinaire. Ne pas vivre séparé.e de ce qui ne cesse de s’exprimer t’est ordinaire. Savoir l’écouter. Faire de l’espace pour tout ça. 

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Au sujet de l’Empereur

J’allais filmer ma vidéo dédiée à l’Empereur, mais mes pensées se sont emportées. Elles se sont attisées. J’ai ressenti un agacement vis-à-vis de bon nombre d’interprétations courantes de l’Empereur. Si cette carte peut m’enseigner quelque chose dans une telle situation, c’est à canaliser ce feu. Il faut cadrer ou diriger cet entrain teinté de rage. Trouver une structure ou construire un abri pour que ces idées vives puissent occuper toute la place qu’elles méritent. Il faut leur créer l’espace sécurisant où se développer, un espace apaisant pour éviter qu’elles ne me crament ou qu’elles attaquent furieusement. Il faut stabiliser le feu. 

Et me voilà devant mon clavier! Je vais tenter de structurer ces idées pour qu’elles brillent sans ravager.

Qui est L’Empereur?

Une présence rassurante se dégage d’iel. Perdu.e dans ses pensées, iel ne se préoccupe pas de son charisme. Trop de plans à échafauder. Iel est en train de visualiser. Iel organise d’abord brièvement dans son esprit. Ça carbure. On sent l’intensité. On sait que ça va aller. Personne ne se dit que ça va être facile, mais ça va aller quoi. Sa présence nous rassure sans étouffer quiconque. 

Lorsque l’Empereur.e prendra la parole, ce sera pour se mettre au service des idées qu’il a rassemblées. Est-ce que l’Empereur.e est une personne? Peut-être. Mais c’est aussi le collectif au moment où on met en commun, on s’organise, où on crée. C’est l’accumulation des puissances de chacun.e en un ensemble vibrant. C’est l’activation de cette puissance amassée qui nous rend indestructibles. 

L’Empereur incarne la confiance. L’optimisme qui nous pousse encore à créer quand tout semblait perdu d’avance. La résilience qui nous permet de (nous) re-construire alors qu’on était abattu.e.

C’est une figure de stabilité et de sécurité. Elle ne l’est pas parce qu’elle serait conservatrice ou dans la surveillance. Elle l’est parce qu’elle bâtit de quoi protéger ce qui compte pour nous, ce en quoi l’on croit, ce qui nous permet de vivre et de nous épanouir. 

Une présence rassurante se dégage d’elle. Une présence qui vit en chacun.e. Un espace safe inaltérable au fond de soi. C’est notre bassin, cette partie du corps centrale pour l’équilibre, pour la circulation, pour l’ancrage. C’est la capacité de distinguer le nécessaire du superflu. Et de se battre pour ce qui est nécessaire. Pour que ce qui est indispensable soit bien planté dans le sol. Soit alimenté pour perdurer. Soit défendu le cas échéant. 

L’Empereur représente tout ce qu’on met en place pour que notre flamme vive pleinement. Notre flamme? C’est ce qui nous fait nous sentir en vie, ce qui nous donne envie de grandir, ce qui nous passionne. Il représente tout ce qu’on érige pour la stabiliser, la protéger et l’encourager à briller encore et encore.

Le 4 et le bélier: contraste

Dans la tradition de l’ordre hermétique de la golden dawn qui influence la majorité des tarots contemporains, l’Empereur est associé au signe du bélier, le signe cardinal de l’élément feu. C’est aussi la carte numéro quatre, le chiffre de la structure, de la stabilité et de la protection. L’association ne va pas de soi. 

Mais j’ai finalement continué mes réflexions dans la vidéo

J’aborde aussi:

  • Le signe du bélier et les cartes de bâtons
  • Le rapport à l’espace: un fil rouge pour “la première ligne de l’arcane majeur”
  • Dégenrer la carte, élargir les masculinités.

Je renonce donc à articuler tout cela à l’écrit. Mais j’espère que la vidéo vous plaira! 🙂

Quelques facettes du Magicien

Quelques textes lus pour la vidéo dédiée à la Magicien.ne

La danse du un au nous

Sous mes doigts frémissent les outils. Ils ne demandent qu’à être manipulés. Je veux m’en emparer et forger ma réalité !

Frissonnante et euphorique, je brandis les objets symbolisant mon pouvoir. Que ma volonté soit faite !

Mais…
ma volonté s’affaisse aussitôt.

Je refuse d’appliquer une puissance surhumaine fantasmée sur la matière, de la posséder et de la contrôler comme si elle m’appartenait. Je refuse de participer à un délire suprémaciste, une volonté débridée, une création déconnectée du monde.

Je ravale ma fierté. Je me remets rapidement de mon envie d’imposer sans me connecter, sans comprendre ma place dans les (éco) systèmes.

Je me mets au service des tâches, des mots, de l’inspiration, du divin, d’une cause,…
Je les laisse me guider, voire me dicter.
Je comprends ma position pivotale dans la création, dans la transmission, dans la transformation. Je suis indispensable, mais je ne suis guère seul.e. Nous sommes indispensables. Nous conglomérons vers ce “nous”.

Je me sens fort.e de faire partie intégrante d’un nous.

Quand Lae Magicien.ne est au taquet

Tu as de l’or au bout des doigts. Tu as la foi en toi. Motivation, concentration, réalisation sont tes credos. Tu y crois! Tu sens le flow de la vie qui parcourt ton corps.

Bâtons. Tu te sens vibrer, comme transporté.e par une force qui te galvanise. Tout t’anime. Un rien t’énergise. Épées. Tes pensées galopent. Elles sont claires. Elles s’imbriquent. Elles se traduisent dans des mots s’alignant en toute fluidité. Coupes. Tu es en phase avec tes émotions. Lovées au creux de ton ventre, elles se soulèvent puis s’apaisent. Elles te traversent sans être sources d’angoisse. Pentacles. Tout coule de source quand tu es dans cet état.  Tu as conscience de ton corps: ses capacités, ses limites, son rythme. C’est grâce à lui que tout se réalise. Tu es présent.e. Tu as répondu présent.e pour ce en quoi tu crois. Tu es là.

Tu l’as: la magie au bout des doigts.
Tu as la créativité et sa maîtrise.
Tu es l’artisan.e de ton message au monde.
L’artiste qui (se) réalise.

L’activiste qui invite au changement.
Go baby go go! 

Quand Lae Magicien.ne se dissipe au lieu de s’appliquer

Prends le temps d’expérimenter ta recette. Goûte-la : qu’est-ce qu’il manque ? Quel ingrédient prend trop de place ?

Le Magicien est la carte des 4 éléments qui composent le tarot, chacun associé à sa suite. Pour effectuer son travail correctement, il a besoin que les éléments se mélangent harmonieusement, voir qu’ils fusionnent dans sa potion unique.

Analyse les éléments et les suites. Comment se traduisent-elles dans ta vie en ce moment?  Comment les équilibrer? Comment remédier à un élément mal dosé ?

Prends contact avec les éléments à l’aide de tirages de tarot sur ce thème. Comment peuvent-ils t’aider à incarner Le Magicien ?

Quand Lae Magicien.ne se focalise tellement qu’iel ne voit plus que le bout de son nez

Tu ne peux pas réaliser ton œuvre seule, détachée du monde.  Tu ne peux rien accomplir qui tournerait exclusivement autour de ton nombril. Si la magicienne est la carte numéro 1, elle n’est pas pour autant individualiste. Le chiffre 1 symbolise le conduit. La magicienne reçoit. Elle se laisse traverser. Elle transforme.

Que te disent les écosystèmes dont tu fais partie ? Le lieu où tu crées, ta flore intestinale, tes animaux-amis, tes ancêtres, tes proches, tes voisin.es ?

Que te transmet-on?  Comment te positionnes-tu par rapport à ce que tu reçois? Et par rapport à qui te transmet ? Comment transformes-tu ce qui passe par ton conduit éthiquement: sans en dénaturer le message / sans le déformer pour qu’il te serve mieux / sans abandonner ton libre-arbitre si quelque chose te heurte?

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Interpréter La Tempérance

Visualiser La Tempérance

Au bord des fossés où s’écoulent mes vies passées, des iris annonciateurs de répit fleurissent. Sur le sol où j’ai sacrifié les lambeaux de ceulles que je ne suis plus, des cristaux de roche brillent dans la lumière du point du jour.

Je suis revenue transparente.
Limpide, tout comme la rosée perlant sur ma chrysalide.
Ardente, de cette ardeur tranquille signifiant que je ne suis plus en combustion.
Fervente, de cette foi paisible suivant le sommeil retrouvé.

Mes muscles sont engourdis. Mes gestes sont lents, en conscience. Mes ailes se déroulent doucement, encore froissées par le cocon. Il faut que je patiente. Il faut que je récupère. Il faut que je profite.
Sérénité de ne plus être tiraillée.

Maintenir l’espace pour la complexité, la mienne et celle du monde. Percevoir le monde avec plus de nuances qu’auparavant.
Mes sens captent des gammes jusque-là imperceptibles. Les subtilités sont infinies.
Je les mélange. Je les laisse opérer. Je les guide.

Je ne suis plus une caricature de moi-même. Je n’ai plus rien à prouver. Je suis sur le point de m’envoler.
C’est l’aube ! Enfin, je vois venir demain.

Je ne suis plus enfermée dans un corset, dans un carcan, dans les normes, dans les dualités, dans des injonctions, dans mes limitations.
Je ne peux plus penser de façon binaire. Le monde entier s’irise. Tel est le charme de la carte aux iris.

Au point du jour, je suis
Je suis un spectre sans fin
Un arc-en-ciel contenant mille couleurs
Je suis.

Comprendre la Tempérance

La Tempérance est un état de grâce.
Le funambulisme au-dessus de l’océan accessible à toustes.
C’est la suave impression de pouvoir être soi sans être écartelé.e entre 
Des rôles, des pôles, des états (d’âme) contradictoires.
C’est flotter par-dessus les contradictions.
En prendre acte, mais ne pas les laisser prendre le dessus. 

On manipule les facettes. On les mélange. On est composé.e de tous ces fragments. On est une mosaïque, entière dans sa complexité.

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2 d’épées. Fermer les portes

Le 2 d’épées me signale qu’il est temps de me poser. Souvent, cette carte apparaît quand les envies sont grandes, quand les possibilités m’attirent. Elle m’invite à reconsidérer mes options.

La certitude qui m’anime n’est-elle pas une fuite ? Un défaut de patience plutôt qu’une solution viable ? Au lieu de me hâter dans la prise de décision, comment puis-je entrer en gestation ? Comment puis-je nourrir l’inconnu et chérir le doute au lieu de m’acharner dans des pistes stériles ? Au lieu d’enfoncer des portes ouvertes, comment puis-je les refermer pour m’accorder un peu de calme ? A quoi ressemblerait un havre de paix où l’incertitude ne me rongerait pas mais m’encouragerait plutôt  à rêver ? 

Si je me sens coincée, c’est parce que je le suis. L’impasse n’est pas une fausse route. Je ne me suis pas égarée. Je peux m’aménager, dans ce temps-mort, l’espace sacré de la réflexion ou de la méditation. C’est ici que le sésame m’apparaîtra finalement. C’est comme ça que le mot de passe qui ouvre un passage dans l’impasse me viendra.

La transformation n’est pas instantanée. En regardant dedans, j’apprends à élargir mon champ de vision. 
Je m’autorise le calme.
J’ai le droit de ne pas savoir.
J’ai le courage de ne pas donner des réponses satisfaisantes. J’ai la foi en mes limites.
Ce n’est pas parce que je refuse d’offrir dans l’immédiat que je me stérilise aux contacts.
Je suis en gestation. Je respecte mon cocon.

Le Valet de Bâtons

La Page de Bâtons bouillonne. Iel se laisse emballer par l’invitation des élans créatifs: 
Viens jouer! Viens tester! Viens découvrir! Viens t’aventurer! Essaie! Essaie!
Iel ne ressent aucune peur. Les frissons d’excitation la galvanisent. Iel veut vivre! Iel veut bouger! Iel veut découvrir!

Dès l’enfance, certaines expériences nous forcent à réprimer notre créativité. Elles continuent d’entraver notre liberté par la suite:
On ne se sent pas légitime quand on veut essayer un nouveau médium, un autre instrument, une méthode. Quand on veut se laisser guider par le fun, une petite voix insiste pour qu’on “réussisse”. On se trouve ridicule quand nos instincts nous poussent à agir avec badasserie. Parfois, on est timoré.e. Pétrifié.e par les qu’en-dira-t-on. Avant tout, on est foudroyé.e par notre propre regard. Nos attentes nous pourrissent et on ne peut pas s’empêcher de se donner un objectif. On place la barre trop haut. Hors de portée. C’est comme si notre autosaboteurse intérieure se régalait à l’idée qu’on échoue. On n’arrive pas à s’exprimer en dehors de la compétition. Les vieilles brimades nous poursuivent.

Le Page de Bâtons, c’est le remède en nous! C’est l’énergie créative pure, brute, joyeuse. C’est l’amusement qui jaillit quand on explore, quand on exprime, quand on suit sa pétillance. Son époustouflance! Parce que, évidemment, la Page de Bâtons adore inventer: des mots, des chorés, des recettes,…  
C’est la part de nous qui ne doute pas. 
Et qui n’en a de toute façon strictement rien à faire d’échouer! 

C’est la créativité débridée. Pour le plaisir. Parce que ça veut sortir là-maintenant-tout-de-suite. Parce qu’on a le droit à cette euphorie. A cette légèreté. A cette insouciance. 
Le droit au plaisir. 

Tout l’attire. Tout pétille. Tout a le potentiel d’engager son attention. Tout a la capacité d’allumer sa flamme. Tout est étincelle. 
Iel est spittante*, vive, curieuse de tout.
Ouverte. Iel est la source d’une énergie créative que rien n’assèche.

Bon… bien sûr, iel est susceptible de se disperser. Iel peut papillonner d’une idée à l’autre. Sans jamais prendre suffisamment de temps avec une d’elle pour que l’étincelle se transforme en flamme.  Iel est susceptible d’être en proie à une agitation telle que son esprit ne parvient plus à faire le focus sur quoi que ce soit. Envahi.e par une fumée trop épaisse, son esprit risque de ne plus rien distinguer: ni l’étincelle, ni la flamme, ni l’incendie, ni l’extincteur,… 

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Recueil pour l’Ermite / Recueillement avec l’Ermite

Je suis cachée. Je suis ton ombre. Je suis tes silences. Je suis entre chacune de tes lignes. Mon souffle entre chacun de tes mots.

Je suis quand ton intuition précède tes pensées, quand elle donne forme à tes phrases, quand tes mains son le récipient du sens, quand tes mains sont la prolongation des racines, tes cheveux du mycélium, ta sueur de la pluie, tes pupilles de la nuit sombre, ton hémoglobine des astéroïdes. 

Je suis quand tu te mets en retrait pour devenir plus vibrante, plus habitée, moins véhémente, moins anthropocentrée, la part d’un ensemble.

Je vibre parce que je ne suis jamais seule. Ma solitude n’est pas solitaire. Elle est fertile. Elle est ramifiée.

Je suis 
la quête qui frétille perpétuellement dans tes cellules, 
qui agite ton être. 
Je suis le sens et le refus du sens
Le questionnement qui ne doit avoir ni début ni fin
La dévotion comme art de vivre.
Le dévouement envers l’infime, le minuscule, l’insignifiant, les déchets, l’inconsidéré.

Je suis la magie de l’invisible
L’invisible qui ne l’est que parce qu’il est ignoré 
Non parce qu’il est caché
L’imperceptible répondant à la perception

Il n’y a rien d’occulte
Je ne suis ni une sage ni une alchimiste.
Je suis la pèlerin du quotidien, 
la périphérie dans chaque mouvement. 

Je suis l’empreinte dans le humus
La bestiole, le pétrichor, la subtilité entêtante, l’ignorée qui chante.

Je suis ta compagne, ta lanterne, ton bâton.


Il est tard. Je n’ai pas la notion du temps présentement. Si elle est au-dessus de l’horizon, la lune est cachée par le brouillard. Je sais qu’il est tard justement parce qu’il est devenu compliqué de s’accrocher au temps. Alors j’agrippe fermement mon bâton pour fendre les ténèbres. Pas à pas. 

La neige tombe en épais flocons. Ou bien sont-ce des feuilles mortes? Ça sent la décomposition en tout cas. J’avance avec ce qui est là directement autour de moi. Je n’ai pas une vision infrarouge. 

Pas plus que l’obscurité, je ne perce les mystères de l’avenir. Je n’ai aucun complexe d’omniscience. Je peux toujours me raconter le passé, ça n’en reste pas moins une histoire. Ce récit d’humain.e s’étiole rapidement quand je passe mes doigts dans la terre humide et que les vers de terre les engluent. Je m’efforce d’accorder toute mon attention à ce qui se déroule ici. Mon attention capte en retour celle de ce qui est là. On s’élance probablement plus qu’on avance. On s’enlace. On s’interroge. On se ressent.

Le désir de rencontrer l’obscurité dans sa totalité me meut. Dès lors que mon Oeuvre est impossible, je vis sur le mode interrogatif. Réflexif. Est-ce que je me regarde le nombril? Pourquoi pas? Les milliards de bactéries vivant dans mes intestins grouillent avec une complexité capable de me captiver pendant des décennies. Ça sent la décomposition.


Les nécessités de l’Ermite 

C’est qu’il faut sombrer. 
C’est qu’il faut s’ignorer. 
C’est qu’il faut rapetisser. 
C’est qu’il faut descendre 
de son piédestal – de son trône –  de ses certitudes
Descendre dans les souterrains
Où l’on perd ses repères
C’est qu’il faut se remettre en question
C’est qu’il faut se métamorphoser
C’est qu’il faut traverser les mondes
Il faut se détériorer
Il faut sentir ses cellules qui se recomposent
C’est qu’il faut quitter sa position, la laisser derrière soi, dire au revoir aux regards, laisser les grades au placard.

C’est qu’il faut faire l’expérience de la marge, des frontières, des confins.
Sentir les compressions, l’effet centrifuge, la gravité.
Il faut visiter les cavités, les galeries, les labyrinthes sous la surface. 
Il faut voyager
Du centre aux bordures au centre aux bordures.

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La Force. Analyse

Visualiser la Force

Je suis parfaitement aligné.e. Je marque un temps d’arrêt pour visualiser différentes parties de moi:
mes nombreuses craintes, là où j’ai besoin de tout contrôler, là où je n’arrive pas à me motiver, là où j’ai l’impression de toujours échouer, là où je réussis sans parvenir à me réjouir.

Je visualise mes hauts et mes bas. 

Mes espoirs démesurés mais réels. 
Les peurs qui ne me quittent pas. 
Mes mots féroces envers d’autres et envers moi-même.  
Mes limites ramollies qu’on a trop souvent pas respectées.

Je les visualise. Et puis, je les cajole. Au lieu de m’autoflageller, j’essaie de prendre soin de ce qui rugit en moi. J’essaie de m’en approcher, convaincu.e que cela ne peut pas me dévorer. Certain.e qu’on peut coexister.

Sereine, j’initie un voyage vers moi-même.  Il ne sera pas à l’abri des hauts et des bas. Je me sens suffisamment fort.e pour m’engager à créer de l’espace et du soin afin de découvrir plus de recoins de qui je suis. 
Les endroits moins (re)connus. 
Les lieux pas entretenus. 
Les sanctuaires suréclairés. 
Les cavernes où aucune règle ne vaut. 
Les comportements indisciplinés.
Ingouvernables. 
Rebelles.

Je vais sereinement à la rencontre de mes friches.

Je sens un flot de confiance dans mon corps. 
Un coup de boost dans mon estime.
Un regain de fierté sur mon visage. 
Du mouvement dans mon énergie. 
Une flamme tranquille dans mes tripes. 

Fort.e de cette assurance posée, j’accueille la persévérance. 
Solaire, radiante. 

Dévoué.e, obstiné.e à prendre soin de ma sauvagerie. 
À réensauvager (rewilding) mon être. 
Ce faisant, je perçois l’ensauvagement autour de moi 
–  d’autres êtres, créatures, lieux indisciplinés, sauvages, anarchiques, à contre-courant de la « civilisation ».  Pourtant, j’aperçois avant tout l’organisation de ces écosystèmes, le respect qui les anime, l’absence de prise de pouvoir. 

La puissance de la Force ne brille pas au détriment d’autrui. Ni de la nature ni du cosmos. Opérant comme le Soleil, elle est indispensable à la vie.  Elle ne cherche pas à écraser. Elle encourage à pousser, herbes folles.

Comprendre La Force

La Force. Le feu solaire. Cette force de vie qui nous vient d’on ne sait où. Elle paraît lointaine et pourtant partout. Elle réchauffe nos os trempés par les épreuves, notre cœur qu’on a préféré ranger au congélateur par crainte d’être blessé.e. Elle apaise nos tourments. Pour cela, elle ne les fait pas disparaître. Elle les rend palpables.

Avec le feu solaire du lion de La Force, les angoisses – par définition incontrôlables et généralement inexplicables – se mettent à notre portée. Elles sont moins effrayantes de près, plus gérables ou, au moins, abordables.

Auprès du fauve, se laisser danser avec les rayons du soleil, infinis sur la carte 8. Ils deviendront la flamme de la lanterne de l’Ermite dans la carte 9.

Chercher à apprivoiser au lieu de dompter. Etre à l’écoute au lieu de prendre la fuite.
Etre présente
Non-dominante mais forte
L’art de la présence

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Les faces de Lae Diable.sse, les traces de la haine.

Une face

Les semeur.ses de haine.
Ceulles qui agitent leur bien-pensance, leur religiosité, leurs apparences
Ceulles qui lissent le vernis de protection de leur violence
Ceulles qui nous dépeignent comme le Mal, la tentation, le péché
Ceulles qui essaient de nous étouffer
Ceulles qui cherchent à nous anéantir
Ceulles qui nous agressent
Nous crachent à la gueule, nous emprisonnent.

Ceulles qui répandent leur haine sur le monde, en nous, en eulles-mêmes. 

Ceulles qui mentent pour nous diminuer
Qui manipulent pour se poser garant.e.s de la vertu, de la vérité, de la pureté
Ceulles qui se positionnent comme moralement supérieur.e.s
Qui oppriment
Qui oeuvrent perpétuellement à nous rappeler notre infériorité
Ceulles qui prêchent contre, qui altérisent, qui hiérarchisent


Ceulles qui possèdent, qui exploitent, qui maintiennent sous leur joug
Ceulles qui divisent, qui cherchent à régner, qui amassent, qui écrasent
Qui écrasent.
Ceulles qui détiennent le pouvoir et qui s’y accrochent

Ceulles qui immissent leurs chaîne dans nos vies
Qui s’engouffrent dans les fenêtres de
Nos sursauts de liberté, nos pulsions de vie, nos instincts de défense. 

Ceulles qui écrasent

Qui écrasent la rébellion
Qui se sentent menacé.e.s par l’existences “des autres”
Par leurs droits, par leurs amours, par leurs culs, par leurs origines,…
Ceulles qui se pensent plus naturel.le.s, plus légitimes
Ces suprémacistes qui chient dans leur froc
De peur qu’on s’accapare leur statut, leurs biens, leur monde

Le Diable

L’illusion de normalité
Tout ce qui la maintient
Tous les leurres vers lesquels il nous arrive de nous tourner
Dans l’espoir d’y survivre

D’autres faces

Toutes les forces qui luttent. Ce qui entrave le pouvoir-sur. Ce qui envoie chier la normalité. Ce qui questionne les frontières. Les perce. Leur fout le feu.

Toustes ceulles qui abolissent les prisons. Ceulles qui détruisent les chaînes. Ceulles qui refusent.


Les blessures infligées par Le Diable
Le moment où on les écoute
Quand on se dépêtre d’elles
Quand on essaie de les dépasser, quand on y renonce, quand on s’enlise, quand on accepte qu’elles font partie de nous
Aussi terribles soient-elles.

Quand on comprend qu’on n’est pas plus vertueuxse. Qu’il ne sert à rien de se construire comme moralement supérieur.e. Quand on est toustes lae foireuxse de quelqu’un.e. Et quand on excelle à ce jeu. Qu’on brise des cœurs. Qu’on maintient ce qui nous effraie sous emprise ou son contrôle: des gens, des animaux, des endroits, des esprits,…

Quand on serre trop fort ce qu’on veut retenir
Quand on se définit uniquement par rapport au Diable – qu’on y aspire ou qu’on veuille le détruire
On goûte un peu au Diable
On revêt ses masques
On maintient son joug

Quand tout ne tient qu’à un fil à l’ombre de la Tour
Quand le Diable tend le miroir déformant de nos ombres

Quand on ne conteste pas ce qui nous morcelle. Quand on se croit cassé.e, au-delà de toute réparation. Tordu.e, au-delà de toute considération. 

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2. La Grande Prêtresse. Analyse

Pour célébrer cette nouvelle carte du tarot que nous co-créons avec mon épouse RoseButch!

Visualiser la Grande Prêtresse

Regarde-moi! Je suis ici depuis si longtemps que je me suis fondue dans les lieux. J’ai fusionné avec les éléments. Les araignées tissent leurs toiles autour de moi. Elles défient la gravité. Elles prennent le temps. Je me dois d’être précautionneuse pour respecter le fruit de leur labeur. Pour qu’elles se nourrissent. Pour que leurs voiles gardent les profondeurs de la caverne. 

La mousse s’attache à mes semelles. L’humidité ne m’affecte plus comme avant. Elle assure la fertilité de l’existence souterraine. L’obscurité ne m’effraie plus. Mes sens ont pris l’habitude de ne plus tout trier, tout savoir, tout comprendre. Je ressens. C’est déjà bien assez!

Pose-toi sur la roche sans troubler les stalactites ni te heurter aux stalagmites. Regarde-moi. 

Je suis là depuis si longtemps. Nous co-existons depuis si longtemps. Tu connais pourtant bien peu de moi. Tu me sens à peine respirer. Il t’est loisible de m’oublier. 

Regarde-moi de temps en temps. 

trempe tes doigts dans l’eau des profondeurs
dirige ton regard vers le croissant de lune
laisse l’ineffable t’hypnotiser
ta mémoire ancestrale te revenir
tes réflexes animaux te conduire
tes connexions se rétablir
l’Invisible t’emplir
l’intuition te nourrir

Tourne-toi de temps en temps vers tes instincts sachants
vers ton puits de connaissance que rien ne valide, rien n’invalide à part la certitude intuitive de ton corps, de tes sens et de ce qui passe leur filtre
ce qui frôle, qui s’appuie, qui coule
Reste là le temps de sentir la puissance
le temps de te sentir changé.e
chargé.e

Comprendre La Grande Prêtresse

Impassible? Passive? Insensible? Au contraire!

La Grande Prêtresse est assurément calme. Mais derrière sa mine imperturbable? Tout comme derrière le rideau tendu derrière elle: tumultueux!

Comme carte associée à la Lune, c’est inéluctable: la Prêtresse est une carte de changement! Nous observons tout un cycle de ce satellite en 29 jours. Les émotions fluctuent. La Lune, corps céleste humide, leur trouve du liant. Elle les mélange. Elle colle avec ses fluides les faces et les phases morcelées. 

Si la Grande Prêtresse paraît austère, c’est qu’il y a fort à faire. Si iel est inactif.ve, c’est qu’iel est connecté.e à des fréquences, des mondes, des profondeurs qui exigent un état de concentration absolue. Iel n’est pas en retrait de ce monde. Sa connaissance des fils qui relient les différents mondes lae rend très présent.e. Iel prend son temps parce qu’iel ne laisse pas l’urgence des humain.e.s et leurs pendules capitalistes dicter son rythme. On lae taxe d’indifférent.e. Iel vibre au rythme des secrets. 

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