6 de bâton. Le succès. Quel succès?

S’amuser. Créer. Célébrer. 
Faire de la place aux étincelles.
S’amuser. tant pis si c’est un foutoir.
si c’est explosif,
ce sera lumineux.


La vidéo d’analyse de la carte pour aller plus loin

6 de branche
Jupiter en Lion
ce que l’on accomplit mérite d’être célébré. nos victoires méritent qu’on s’y attarde. nos succès ne doivent pas être déterminés par des conventions ou des injonctions pour recevoir le statut d’ “accomplissement”. au contraire !  le 6 de bâton nous invite à établir et à honorer ce qui compte pour nous (personnellement ou collectivement).

il peut s’agir de grandes étape de la vie ou de réussites au quotidien qui retiennent notre attention. On entraîne alors notre attention à se fixer sur ces victoires souvent jugé indignes de célébration :
J’ai sorti les poubelles ! j’ai écrit quelques pages tous les jours cette semaine. j’ai arrêté de procrastiner pour une tâche administrative. j’ai dessiné pour la première fois depuis longtemps.

Il peut s’agir de glorifier des identités marginalisées. on peut avoir envie de fêtes communautaires pour rejeter la honte. le 6 de bâton nous aide à créer ou à instaurer de l’espace et du temps d’auto-appréciation.
Ce ne sont ni les podiums ni les promotions, aucune forme de compétition ou de productivisme qui déterminent ce qui vaut la peine d’être fêté.


Écoute recommandée: l’épisode de Radio Tarot Apprendre à se célébrer avec le 6 de bâton

PS1.

En cette dernière semaine de mars, je fête les 8 ans de relation avec le tarot et les 7 ans de ma chaîne youtube🥳 Ça me fait penser à une autre vidéo consacrée à cette carte:

PS2.
Je fais le tri dans mes archives de textes non-publiés. J’ai renoncé à les éditer et à les améliorer. Pas évident pour la perfectionniste mais… Leur place est ici, où ils pourront servir. Pas dans des carnets où ils pourraient pourrir.

Je publie ces interprétations tarot-poétiques en état, c’est-à-dire souvent un premier jet manuscrit que je me suis contentée de retranscrire – parfois à l’aide de la saisie vocale, ce qui explique les erreurs de mise en page, de ponctuation, etc.

Par rapport à des articles conçus pour le blog, ces archives seront aussi moins richement illustrées. Puissent-elles néanmoins trouver écho et vous servir!

Pour lire toutes les interprétations des cartes de tarot publiées depuis 2016 sur le blog, rendez-vous dans la section Cartographie du tarot.

L’Impératrice. Interprétation et cheminement

En prévision de la parution prochaine d’une vidéo sur mes représentations préférées de l’Impératrice pour le #TopTarotTrump j’exhume des profondeurs mes carnets quelques notes à son sujet. 

Interpréter L’Impératrice

L’Impératrice ou la générosité incarnée. Et d’ailleurs, iel est incarné.e. La matière pétille avec iel: son corps, la nature, les écosytèmes, les sien.ne.s. Iel relationne. Iel fait relationner. Iel engendre des relations. Iel affine sans cesse des qualités relationnelles très vénusiennes: rapprocher, harmoniser.

Pour exceller ainsi dans le relationnel sous toutes ces facettes, la vulnérabilité est son maître-mot. Sincère, il s’offre aussi authentiquement que possible. Il cultive un état de réceptivité, d’échange et de don de soi permanent. Ou, pour être plus précise, il fait en sorte que tout cela pousse de façon anarchique et chaotique et, en fin de compte, superbe et opulente, tout comme le fait la nature sans intervention humaine: sauvage, fertile, abondante, diverse, pollinisatrice. 

Tout est luxuriant en / autour de / avec L’Impératrice. Dans le même élan, tout est intrinsèquement fragile. Pas de référence aux associations traditionnellement féminines de cette carte, non, non (et on les emmerde de toute manière).  Si tout est fragile, c’est qu’il n’existe aucune structure, aucun pouvoir, aucune organisation pour défendre et protéger sa belle anarchie. L’Impératrice est un processus organique. C’est bio. C’est naturel. C’est durable. Dans le même temps, elle est précaire dans des sociétés productivistes, sélectivistes et court-termistes. Elle est plus sensible à la destruction que ces dernières engendrent. Pourtant, elle s’affirme résistance, résiliente et régénératrice. Sans cesse contestée parce que sa générosité sauvage met à mal les pouvoirs-sur et menace l’oppression, elle reste féconde. Elle ne renonce pas. Elle favorise la transversalité et le relationnel. Elle refuse les hiérarchies. Activiste handie, elle prône les interdépendances. 

Tandis que la carte numéro 2, la Prêtresse, écoutait, L’Impératrice sert, partage et iel pousse / fait pousser. Si l’Empereur, carte numéro 4, va construire, défendre et organiser, L’Impératrice, quand à iel, réalise, engendre et régénère. Souviens-toi du Magicien, le conduit qui traduisait et transmettait divers éléments. Face à iel, L’Impératrice incarne le foisonnement, le(s) corps, la terre, les rassemblements, le mycélium. 

Il vit la Justice, la beauté, le plaisir et la relation. Autant de caractéristiques de son association planétaire: Vénus! Il est le soin, la douceur, la ferveur, la convivialité. Il est la communauté. Il est les liens de parenté (kinship) qui défient les liens de sang, l’ADN et les modèles familiaux oppressifs. Il est le vivant. Il est une ode à la vie.  

Lectures recommandées

Anaïs Van Ertvelde, Handicap, een bevrijding
Adrienne Maree Brown, Emergent Strategy: Shaping Change, Changing Worlds
Cy Lecerf Maulpoix, Ecologies déviantes. Voyage en terres queer

Dans le mycélium de… Notre-Dame de Hunnegem

Cheminer avec l’Impératrice

Comment dialoguer avec la carte?

Dans un registre très différent, je vous partage une version éditée d’un cheminement réalisé avec l’Impératrice du Rainbow Tarot fin mars 2023. J’ai suivi les exercices proposés par Mary K. Greer afin de dialoguer avec la carte de l’arcane majeur à laquelle on s’identifie (“a card of the major arcana that you think best depicts how you like to think of yourself”). Je me base sur l’exercice 1 du chapitre 2 Techniques for working with your personal card de son ouvrage: “Who are you in the tarot? Discover your birth and year card and uncover your destiny” (2011). Certains exercices se trouveraient aussi dans ses livres “Tarot constellations” (1987) et “Archetypal Tarot” (2021).

Le texte ci-dessous, c’est donc de l’écriture “canalisée” (en tout cas, c’est comme ça que je le définis dans ma pratique) avec L’Impératrice, guidée par les questions posées par Mary K. Greer au fil du cheminement et en dialogue avec le dessin de So Lazo pour le Rainbow Tarot. Il en ressort une version souterraine, “infernale” de L’Impératrice, pas forcément calquée sur les interprétations conventionnelles de cette carte, mais divinement en phase pour moi 🙂 Je résume les différentes étapes de l’exercice indiquées par l’autrice. 

Première étape, poser à la carte une des questions suggérées par l’autrice. Je choisis: “Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?”

2. Sélectionner un objet sur la carte que me paraît réceptif à la conversation. Je choisis les grenades coupées en deux sur la robe de l’Impératrice. Lui poser ma question.

3. Écrire la première réponse qui me vient à l’esprit (de façon spontanée, sans censure ni hésitation” (…) Ne pas se préoccuper de l’écriture, la grammaire etc. Rester dans la circulation de la conversation pendant minimum 12 à 15 minutes.

Ca donne ceci:

“Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?” Ton reflet dans le miroir. Souviens-toi de l’époque des auto-portraits avec les grenades, de ta poésie. Qu’est-ce que tu as perdu? Si le sentiment de sécurité n’est plus sur internet, où pourrais-tu le trouver? (…) Qu’est-ce qui te fait peur? Pourquoi doutes-tu de (…)? Ton reflet dans le miroir. Ce sont tes doutes que tu projettes sur d’autres. Tu es une artiste. Mais. Quel est ton prochain récipient? Pour y mettre quoi? 

C’est à toi de creuser, de chercher cette complexité, cette intégrité. Internet ne t’a pas cassée. Il t’a déconnectée de ton courant. De ta source. Et de ton récipient. Et du coup, forcément, aussi des autres. 

Il t’a isolée. Reviens. Reviens. Ton reflet dans le miroir. Les traces de l’âge. Un autre stade de vie. Crone. Tu savais que dire en tant qu’artiviste. Mais… à ce nouveau stade… Qui es-tu? Que veux-tu exprimer et pour qui? Qui sers-tu? (et pas à quoi sers-tu?) Tu te souviens de ces processus créatifs avec nostalgie, mais tu n’es plus la même. Tu ne retourneras pas au même. Tu dois te retrouver. Et, pour ça, te chercher. Arpenter les profondeurs. C’est là qu’est la fertilité. Connais-toi. Tu ne peux pas créer pour partager sans – pas ce sens de qui tu es mais – ce centre de qui tu es. 

Tu penses que tu ne peux plus écrire / dire / représenter l’intime car internet l’a dévoyé. Mais… peux-tu déjà redevenir intime avec toi-même? Avec la nouvelle toi? Avant de créer. Parce que c’est créer aussi: accoucher de la nouvelle toi. Oser goûter à la complexité. Devenir plus complexe. Visiter les Enfers. 

Tu sais tout ça. Mais tu peines à y aller radicalement.
Tu cherches les regards.
Commence par le miroir.
Commence par te voir. Puis, te regarder. T’apprivoiser. Te déshabiller. Qu’es-tu devenue? Parmi ce qui est devenu ou revenu, quelles sont les parts de toi qui ne peuvent pas prendre le dessus sous peine d’étouffer la vie, les relations,…? Comment aller à leurs racines pour déterminer ce qu’elles veulent. Et ce que tu veux en faire.
Tu es ici devant ton journal, avec tes bouquins. Tu sais ce qui veut s’exprimer créativement à travers toi! C’est juste que c’est du travail souterrain, du travail de l’ombre. Du travail que tu te dois à toi-même. Aux tien.nes. Au devenir. 

A ce qui doit voir le jour.
Et à ce qui va mourir.
Tu ne peux pas échapper aux cycles de la vie et de la mort.
Sur son trône, Perséphone a parlé: tu ne peux pas échapper à ton devoir, à ton existence…

L’étape suivante selon le parcours de Mary K. Greer: quand on arrive à un seuil dans l’écriture. Il faut alors le conscientiser, le dire et choisir de continuer, de franchir le seuil pour aller de l’autre côté. Il y a alors une série d’autres questions et de réponses que je ne partagerai pas ici. 

Références utiles pour comprendre le texte

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