💜On poursuit la série tarot du quotidien💜
5 de pentacles. Pas de chauffage jusqu’à nouvel ordre. Tout est à remplacer. Nouvel ordre, c’est sans doute pas avant l’hiver prochain. Si on nous vire pas avant. L’épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes depuis juin dernier ne tient plus qu’à un fil. J’arrive même plus à angoisser. L’électricité qui nous a lâchées aussi, ça a sonné le glas de nos espoirs. Ça va, ça vient, une phase pète, une autre revient. Tant que t’allumes rien qui a une résistance. Bref, t’allumes rien. J’ai la crève, je suis au-delà de l’angoisse.Ma vie est entre les mains du gestionnaire privé, une des plus grosses boîtes de gestion de lieux vides en occupation temporaire d’Europe et entre celles du « nouveau propriétaire », un truc public, le genre qui navigue entre « logements sociaux » et gentrification. Ma vie est entre les mains du médecin-conseil de la mutuelle que je vois tout à l’heure. J’arrive pas à angoisser en étant à ce point dépossédée de mon existence.
Je me regarde de l’extérieur. J’ai l’impression d’être dans un roman. J’écoute de la cold wave. j’essaie de me dandiner pour me réchauffer. A ce stade, mon syndrome d’Ehlers-Danlos par dessus le rhume, c’est comme le reste, y a rien à gagner. Rien à perdre non plus.
J’écoute de la cold wave. c’est comme si je matais un film ou un clip sur les années 80. J’arrive pas à angoisser parce que je peux pas vraiment être là. J’arrive pas à avoir peur du médecin. Je ne suis plus suicidaire depuis 7 ans, mais j’ai toujours le suicide en option quelque part. Ça a toujours été mon retranchement de puissance quand je voulais pas laisser ma vie à d’autres: les forces dans ma tête, les prétentieux.ses du collège, les propriétaires harceleur.ses. Ça a dû marquer mon fonctionnement à vie. Je peux pas laisser le contrôle sur ma vie. Les affres de la dissociation, je connais ça. Ça n’a jamais rendu mon existence plus viable. S’en détacher ne la rend pas plus viable, juste moins importante.
5 de cailloux. sous des couches et de couches de polaires, ma peau est encore froide, mes muscles sont contractés. Sous ces couches, il n’y pas plus d’angoisse qu’il n’y a d’espoir. Ma vie ne m’appartient pas.