J’ai peur de la forêt. Je suis une enfant des plaines. J’ai peur en forêt. Quand je rentre dans le bois, j’ai le cœur qui palpite. Et les poignets. J’ai le souffle court. Je marche vite. Je cherche la solitude. Je la redoute. Je hâte encore le pas. Je cherche une route qui aurait dû sens. Ce sont toutes les mêmes. (mes doigts ont tapé « toutes les mains », comme celles suspendues aux arbres des forêt dans mes crises d’angoisse avant…).
Seuls les sureaux semblent différents. Chaque arche. Chaque fleur. Comme un passage autant qu’un sanctuaire. Alors je me hâte, espérant trouver celui auprès duquel je pourrai me poser. J’ai peur. Je maudis les gens que je croise de ne pas me laisser profiter de la quiétude. Je panique dès que je me sens trop isolée. La forêt est menaçante. Je ne parle pas son langage. Je ne la laisse pas me l’apprendre. Les musaraignes me guettent. Je sursaute au moindre froissement de feuille. Je suis sur le qui-vive.
Je demande ce que je dois savoir, je reçois La Force. Je fonce. Je marche à tout allure à la recherche de cette paix intérieure qui déplace des montagnes. J’ai peur. Je suis emplie d’anticipation. Dans ma course trépidante, je conserve le plan sous la main. Ne pas me perdre! Un sentier m’appelle. Je ralentis. Il est bordé de sureaux. Je ralentis. Je ne suis pas si seule. Peut-être est-ce là que réside ma force et celle de ma forêt ? Je m’arrête. Auprès des sureaux. Parmi les musaraignes.
Tarot queer et féministe 