Sur les représentations des gros-ses (encore!)

publication initiale sur mon blog Grosse Fem: 11/03/2018

Envie de partager les photos du shooting avec Dyod photographers pour le magazine 24h01 avec un peu de contexte. L’article consacré aux féministes grosses était intégré dans un dossier plus large sur la grosseur. Au final, la « l’obésité d’ici/d’ailleurs » était le thème du numéro, très inégal. Tu l’as peut-être lu sur mon profil fb, ça a provoqué rage et déception pour moi.

Olivia Droeshaut & Yves Dethier © DYOD
Olivia Droeshaut & Yves Dethier © DYOD

Après l’interview, Elisabeth, la super journaliste du fabuleux l’article « Celles qui prennent de la place » (!) 😊, m’a proposé de faire des photos pour illustrer le reportage. Les deux autres féministes interrogées, une artiste de burlesque et une afroféministe, avaient déjà accepté. J’aime bien les séances photos (souviens-toi du travail de Cristel Grimonpont). J’avais envie de tenter le truc. Mais aussitôt les démarches lancées, j’ai été assaillie par mes appréhensions et beaucoup d’angoisse.

Ici, l’enjeu principal était ma méfiance à l’égard de la mise en scène de la féminité.

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Pourquoi être heureux-se quand tu pourrais être mince

publication initiale sur mon blog Grosse Fem: 01/06/2018

Quand une capsule vidéo circule sur les réseaux sociaux. “Arrêtez de faire penser aux gens qu’on peut être gros-ses et heureux-se, arrêtez de promouvoir la grosseur”, disent les gens qui ne pensent pas qu’yels sont des gens.

Être heureuse. Si je prétendais l’être, ce serait juste pour me moquer de ces remarques. Pour jouer à passer pour. Pour triturer ce qu’il faut ou ne faut pas être, incarner.

Heureux-se est une injonction, un devoir au bien-être et à la santé, une contribution au capitalisme, un don de ta productivité et de ta résilience. Paradoxale.

Face à ce devoir moral, on m’interpelle : mais pas toi. Toi, reste bien à l’écart pour qu’on puisse juger de ce qu’on accomplit. Laisse-nous performer notre valeur en t’éloignant de la norme. Vous, les gros-ses, ne soyez pas heureux-ses. Et tou-te-s les ancien-ne-s gros-ses de reprendre en cœur : il n’y a pas de gros-ses heureux-ses. Quand on veut être minces, on peut.

Quand on veut être heureux-ses, on peut. Mais pas les deux. Être normal-e, c’est à la portée de tou-te-s. Ta grosseur est transitoire. Lire la suite « Pourquoi être heureux-se quand tu pourrais être mince »

Votre avis NOUS intéresse

publication initiale sur mon blog Grosse Fem: 25/03/2018
Votre avis NOUS intéresse

Je voulais écrire un texte court et précis pour un open mic il y a quelques mois. C’est devenu super long en quelques heures (et impliquant beaucoup de travail en aval pour réorganiser, vérifier ce que j’avançais, ne pas partir d’une position de jugement, affiner la narration, etc). Je l’ai abandonné.

Je vous le livre quand même en état, sans structure mais avec un fil rouge. Il est destiné à être lu. Il y a plein d’intonations et de changements de voix qui sont perdus sous cette forme. Mais c’est pas inintéressant. Ça ressemble à une conversation ordinaire entre ma butch et moi, la télé en fond sonore, les trucs qu’on lit sur les réseaux sociaux, nos réactions et les mails des services clientèle. Cacophonie ordinaire. Les voix qui se diluent. Le rouleau-compresseur qui continue.

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Les corps sont fabriqués

publication initiale sur mon blog Grosse Fem: 17/07/2018

Tous. Tous les corps.
Je ne peux plus supporter les féministes cisgenres qui estiment que leur corps est plus “naturel” que celui des femmes trans. Elles battent en brèche l’idée que les hommes (sous-entendu cis) sont l’universel, l’évident, l’humain par défaut, mais jamais elles ne s’interrogent sur leur propre construction. Lire la suite « Les corps sont fabriqués »

Mes cuisses

publication initiale sur mon blog Grosse Fem et également disponible dans mon zine « Grosse et fière »

J’aime mes cuisses
Fermes et tendres
Rebondies et musclées

J’aime mes cuisses
Dans leur transparence
Avec leurs creux et fissures
Avec, entre les traits laissés par les lames,
Comme autant de fossés et marécages
Entre les cicatrices,
Les collines de cellulite

J’aime mes cuisses
Quand elles retiennent
La main de mon amante
Tandis que ses doigts
S’agitent s’agitent
Dans mon vagin

J’aime mes cuisses
Quand en quelques minutes
J’ai gravi les marches
Jusqu’à la citadelle
Conquérante et rebelle

J’aime mes cuisses
Même si les accoudoirs des fauteuils
Appuient, s’enfoncent
Tandis qu’elles sont
Contre les standards
Contre l’uniformité
Mes remparts à ces contreforts
Qui oppriment leur gracieux gras

J’aime mes cuisses
Pour leur souplesse
La partie de mon corps
Qui peut s’étendre Lire la suite « Mes cuisses »