Dans cette vidéo, je réponds à la question: peut-on apprendre/pratiquer le tarot avec un jeu en anglais si on ne parle pas la langue ? Spoiler alert: La réponse est oui !
Je reviens aussi sur la structure du tarot : les 4 suites, les 4 figures et les mystérieuses lames d’arcane majeur.
Je ne cherche pas à te convaincre qu’il faut absolument lire des tonnes de bouquins ni avoir des tonnes de diplômes pour valoriser ton apprentissage du tarot. Si tu aimes les métaphores de l’astrologie: je suis gémeaux ascendant vierge, j’ai besoin de collecter, piocher, critiquer, catégoriser, disséminer les infos. Il y a d’autres façons d’apprendre. Il y a d’autres façons de faire l’expérience du monde.
Cependant, ces ressources m’ont beaucoup aidée. Grâce à elle, je m’approprie l’outil tarot, ses multiples usages, ses ramifications, son érudition, ses symboles,… Elles influencent énormément mon approche du tarot et, par conséquent, la rédaction de ce blog. Logique de te livrer ce qui est déterminant dans l’approche que je partage ! Il ne s’agit pas une bibliographie exhaustive sur le tarot, mais plutôt une compilation de ressources passionnantes pour quiconque s’intéresse au tarot avec une approche alternative, féministe, queer. Aucune de ces ressources n’est irréprochable ou complète. Je ne m’engage pas ici dans des critiques. Elles sont utiles. Elles sont chouettes. A toi de faire le tri !
Je lis très peu en français sur ce sujet. Mes ressources sont imparfaites et limitées. En 2020, les publications sur le tarot en langue française ne sont plus rares. A ma connaissance, celles qui sont le plus visibles manquent encore cruellement de queer, d’antiracisme, d’anticapitalisme, etc. Peut-être que je me trompe ! N’hésite pas à me recommander des ressources si c’est le cas (en commentaire ci-dessous par exemple ^^).
A terme, j’espère étayer cette liste avec des comptes insta. J’aimerais aussi communiquer tout ce qui nourrit mon approche du tarot, ce qui ne se limite pas aux ouvrages, cours et blogs « sur le tarot ».
Cours
Tata Cathou s’éparpille: la plupart de ces formations est toujours en cours pour moi. Prenons notre temps !
Tarot Summer School 2017 et 2018 en particulier : Ethony Dawn, Psychic Tarot + Avalon Cameron, Ritual Tarot for the Mystical Seeker + Kelly-Ann Maddox, How to give a truly empowering tarot reading + Jessi Huntenburg, Reading Tarot Intuitively + Christina Gaudet, Anatomy of a tarot reading
Lindsay Mack, Tarot for the Wild Soul, Heart of Service
Eh oui, les livres n’arrivent pas en tête de liste ! 😊 Je ne trouve pas que c’est la source d’infos la plus accessible…
Beth Maiden, All of our Stories. The Little Red Tarot Guidebook, 2020. Également disponible en grande partie gratuitement dans sa Library of Tarot Cards Meanings sur https://littleredtarot.com/learn-tarot/library
Rachel Pollack, Seventy-Eight Degrees of Wisdom. A Book of Tarot, Element, 1997 (revised version). Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en français.
Michelle Tea, Modern Tarot. Connecting with Your Higher Self Through the Wisdom of the Cards, HarperElixir, 2017.
Cassandra Snow, Queering the Tarot, RedWheel/Weiser Books, 2019.
Les livres et livrets accompagnant les tarots m’inspirent beaucoup
The Slow Holler Tarot, collectif
The Next World Tarot par Cristy C. Road
She is Sitting in the Night, Re-visioning Thea’s Tarot par Oliver Pickle qui revisite le travail de Ruth West
The Numinous Tarot par Cedar McCloud
Spacious Tarot par Carrie Mallon
This Might Hurt Tarot par Isabella Rotman
Mystical Cats Tarot par Lunaea Weatherstone et Mickie Mueller (il existe un version francophone)
Les cartes les plus terrifiantes font partie intégrante de ton apprentissage. Toutes les cartes ont de multiples facettes. Oui toutes. Aucune n’est aussi simple qu’il n’y paraît de prime abord, en ce compris les plus « positives ».
Mais les cartes qui te foutent les jetons demeurent difficiles à appréhender. C’est bien beau de dire qu’il faut affronter ses parts d’ombre et ses peurs, que c’est comme ça qu’on avance et tout le blabla. En attendant, tes terreurs sont là pour raison. Faire péter tous les verrous d’un coup ne va pas forcément te « guérir », mais plus probablement générer un énorme stress ingérable, libéré avec tous les traumas.
Comment te confronter progressivement aux messages des cartes effrayantes ? Quand c’est possible, tu peux relativiser les peurs qu’elles suscitent. Même si tu redoutes le 9 d’épées, son message n’est probablement pas l’annonce de cauchemars qui te hanteront pendant des mois, et plutôt un rappel que tes angoisses sont bien présentes. Le tarot se fait alors témoin. Il t’aide à écouter cette douloureuse part de toi. Je ne souhaite pas édulcorer le 9 d’épées (ni la plupart des cartes d’épées). Ça fait sérieusement mal de devoir en passer par là ! Mais, à la manière de la Tour qui s’effondre permettant à travers la démolition de s’émanciper des structures et de se réinventer, les cartes les plus sombres sont des ouvertures. Elles portent peut-être plus encore que les autres cartes le potentiel d’être des portails. Au minimum dans ton esprit !
Faut-il se réjouir de la multiplication de tarots abordables qui se veulent plus « inclusifs »? Les choses sont-elles en train de changer? A qui profite ce juteux business? Qui sont les laissé-e-s-pour-compte? Peut-on se passer de tarots plus représentatifs? Pistes de réponses en 2 parties.
Les conclusions de mes essaissont catégoriques : la création, la production et l’utilisation de tarots hétéronormés, blanchisés, mincis, ciscentrés, validistes sont le reflet d’un système. Elles y participent. Elles alimentent nos imaginaires, nos visions de nous-mêmes et des groupes opprimés. Lutter contre les normes implicites dans des tarots constitue un réel enjeu de société. Tout comme dans l’art, sur les écrans, dans les romans, revendiquer des représentations plus justes est un enjeu de société.
Poussant ce raisonnement, parmi les multiples facteurs à prendre en compte : le soutien (financier !) aux créateurs-rices qui travaillent dans ce sens. J’écris pour Little Red Tarot, un site britannique qui vend des tarots alternatifs en Europe. Je suis attentive aux initiatives qui passent par des campagnes de récolte de fonds ou des petites boutiques d’artistes. J’ai décidé de mettre en avant et d’acheter en priorité des tarots indépendants. Mais il devient compliqué d’y voir clair… Le capitalisme s’est engouffré dans une niche (enfin, depuis le new age, cette niche a peut-être vu le jour avec des motivations capitalistes).
Vivant tou-te-s dans un monde capitaliste, les artistes, en particulier les artistes minoritaires, doivent développer des stratégies ou faire des concessions pour vivre ou survivre. Je ne prétends pas ici que je suis une exception ou que je suis radicalement opposée aux stratégies dont dépendent notre survie et notre art. Par conséquent, la promotion prioritaire de tarots indépendants ne me mène pas à cesser de soutenir les artistes qui font le choix du mass market, qu’yels soient motivé-e-s par des raisons économiques, de visibilité, parce que ça leur permet de ne pas gérer la lourde production et la communication de leurs decks, ou toute autre motivation.
Faut-il se réjouir de la multiplication de tarots abordables qui se veulent plus « inclusifs »? Les choses sont-elles en train de changer? A qui profite ce juteux business? Qui sont les laissé-e-s-pour-compte? Peut-on se passer de tarots plus représentatifs? Pistes de réponses en 2 parties.
Représentativité dans les images ou dans les interprétations?
En ce qui concerne les représentations dans le tarot, plusieurs perspectives queers coexistent. Elles se complètent. La première accorde une importance fondamentale aux images. Les raisons invoquées varient : pour que lae consultant-e se sente représenté-e, pour retrouver quelque chose de familier qui pique notre intuition dans les images, parce que politiquement l’absence de visibilité des minorités va de pair avec leurs exclusions de multiples sphères de la société.
Une autre perspective insiste sur le rôle de la personne qui lit les cartes. En effet, rares sont les tarots dont les images génèrent une affinité totale et forment un miroir parfait des réalités de chacun-e. Il nous revient d’être responsable dans nos interprétations. Même avec un tarot qui cocherait toutes les cases du jeu inclusif de rêve qui casse grave la baraque, il arrivera de lire les cartes avec des filtres potentiellement limités du fait de notre conditionnement social et de nos impensés (privilège blanc, méconnaissance du polyamour, injonction à la sexualité et non prise en compte de l’asexualité, etc.).
D’ailleurs, comment retranscrire visuellement ou dans les corps bon nombre d’aspects de nous et de nos identités qui ne sont habituellement pas reconnues par le tarot? Elles seraient difficilement et dangereusement réductibles à des caractéristiques physiques. D’autant que le tarot peine déjà à représenter les corps « hors-normes » autrement que comme des métaphores! Tenter de les visibiliser sans recourir à des stéréotypes représente une gageure. Tout particulièrement quand les personnes non concernées s’y risquent. Handicaps, identité de genre, orientation sexuelle, classe sociale, santé mentale,… autant de facteurs qu’on ne peut pas forcément déduire d’une image.
On sait pourtant qu’ils ne sont habituellement pas reconnu dans les tarots classiques. Tout l’imaginaire du tarot est si restreint, si normé, si excluant dans sa prétendue universalité qu’on ne se leurre pas sur l’effacement de ces catégories dans la plupart des jeux. Ainsi, si les handicaps visibles sont absents ou servent exclusivement de métaphore visuelle, gageons que les handicaps invisibles ne se cachent pas implicitement derrière les images. Si tous les couples représentés sont hétéros, gageons qu’il n’y a pas de bi-e-s, lesbiennes ou gays à déceler derrière les personnages seuls.
Les modifications de l’univers visuel du tarot s’allient à celles notre langage à son sujet. On s’évertue à mettre au jour et à déjouer ses « impensés » (très réfléchis!) dès lors qu’on s’attache à le transformer et à le rendre plus représentatif, moins oppressif, moins excluant.
La série d’articles sur Apprendre le tarotest composée d’extraits d’un futur zine sur le sujet.
Outre les cartes numérales, chaque suite comprend les quatre figures.
Elles représentent des traits de personnalité qui se déclinent selon les qualités de la suite. Pour moi, il s’agit essentiellement d’aspects de notre personnalité car on a tou-te-s en soi le potentiel et la complexité des 16 figures. Occasionnellement, les figures représentent les traits d’autres personnes ainsi que nos interactions avec yels et les manières dont ces aspects se reflètent en nous ou ce qu’on projette sur eux. On n’est pas là pour cerner ces tierces personnes, mais pour comprendre ce qu’elles suscitent chez nous.
Je n’adhère pas aux approches plus traditionnelles qui envisagent systématiquement les figures comme d’autres personnes, les figeant au passage dans des qualités physiques et dans une vision hétérocisnormée. Ces conceptions me paraissent difficilement conciliable avec une éthique forte (du style: on ne tire pas les cartes au sujet de gens qui n’y ont pas consenti). A creuser pour développer une approche qui te convient!
D’ailleurs, qu’importe la tradition, il va sans dire que je suis contre la réduction de ces cartes à un sexe, un genre ou des espèces de principes genrés. Ces idées qui véhiculent des stéréotypes de genre et de l’oppression ont fait leur temps! Quant aux termes classiques associés aux cours royales, les tarots qui s’en passent et renomment sont mes chouchous!
Les pages: curiosité, passionné-e, enthousiasme, nouveau domaine, ouverture d’esprit, tout est possible, émerveillement, candeur, enchantement, découverte, joie, optimisme, éveil, sensibilité, ambition, apprentissage, sans crainte, étudiant-e, communication, exploration, naïveté, virevolter
Les cavalièr-e-s : concentration, action, travailleur-ses, obstination, focus unique, obsession, voyage, tempérament, mouvement, sur la défensive, protectrice-teur, agressif-ves, prêt-e-s à tout, volontaires, action, entreprenant-e, risque, obsession, investi-e d’une mission, idéaliste (sens moral) Lire la suite « Apprendre le tarot. 5/ Les figures »→
La série d’articles sur Apprendre le tarot est composée d’extraits d’un futur zine sur le sujet.
Si les suites (ou séries) ne portent pas le même nom dans ton tarot, elles doivent cependant suivre la correspondance à chaque élément pour suivre la structure de tarot. Ainsi, pentacles peuvent se nommer deniers, terre ou pièce, les bâtons peuvent être des branches ou un objet évoquant le feu comme une bougie, les coupes font d’excellentes tasses, verres ou s’associent à la mer ou aux canaux, les épées se traduisent parfois pas des plumes, des couteaux, du vent.
La suite des pentacles
Élément: terre
Tout ce qui ancre, ce dont nous faisons l’expérience avec les sens, les ressources
Concerne: Stabilité, travail (professionnel, domestique,…), apprentissage, études, sensualité, corporalité, logement, maison, ancrage, nature, environnement, collaboration, carrière, construction, ressources, argent, connaissances, compétence, long-terme, aspects pratiques, physique, la magie du quotidien, routine et rituels
La suite des épées
Élément: Air
L’esprit et le mental dans toute leur puissance, leur rapidité, leur pertinence mais aussi leur autodestruction et leurs boucles.
Concerne: Communication, idées, théories, analyse, mental, dans la tête, intelligence, intellectuel, pensée, études, psychisme, rêves et cauchemars, conflits, chagrin, colère, douleur psychologique, pouvoir, vérité, rationalité, narration, mots, cogitation, perspective
Les relations s’entretiennent. Mais ils arrivent aussi qu’elles se délitent. Elles peuvent ressembler à des montagnes russes. On reste des étudiant-e-s quand on pratique le tarot. Et on se prend des vacances quand ça nous chante !
Si tu te sens déconnecté-e du tarot ou d’un de tes jeux en particulier, pourquoi ne pas lui filer un rencard ? Crée une atmosphère de rêve et écoute-le, sélectionne un étalement d’interviews de jeux si besoin ou crée-le sur-mesure. Ça peut donner quelque chose comme ça, type thérapie de couple (hashtag ironie) : 1/ l’état de notre relation, 2/ pourquoi on s’est éloigné-e-s, 3/ comment raviver la flamme ?, 4/ est-ce qu’on a encore un avenir ensemble. Si, à la réflexion (ou l’analyse du tirage), tu réponds par la négative à cette dernière question, c’est une chouette occaz d’échanger, de donner ou de revendre ton jeu. Peut-être que tu mettras quelques mois avant de craquer sur le tarot d’un-e artiste queer fabuleux-se ou avant de tomber sur un jeu super rare ou qui te tape dans l’oeil au marché aux puces ou à la bouquinerie (c’est du vécu !). Lire la suite « Comment apprendre le tarot: entretenir ta relation avec les jeux »→
Pour certain-e-s, ce contact se cultive en purifiant régulièrement un tarot à l’encens ou en lui associant des pierres ou plantes. Tu peux aussi créer ou commander des pochettes spécialement pour protéger tes jeux (surtout que l’espace dans certaines boîtes peut mettre les bords à rude épreuve). Si tu es dans ma team, c’est en emportant un tarot partout avec nous qu’on s’en rapproche (quitte à le malmener parfois) : poser les cartes sur la mousse ou sur le sable, les tirer en harmonie avec les lieux, etc.
D’après moi, un tarot, ça se manipule (dans la déférence ou dans le joyeux bordel). Je crains que le considérer comme un objet sacré qu’on n’ose pas trop retourner dans tous les sens nous en éloigne. A chacun-e son truc en la matière, on ne le répète jamais assez.
On connaît la légende du vieux sage autoproclamé qui dort avec les lames de tarot sous son oreiller. Pas besoin de te la jouer grand mage pour établir cette proximité. Même si tu ne crois pas au pouvoir inhérent des cartes, il se produit quelque chose quand tu entretiens ta relation avec ton tarot de différentes manières. Tu déposes une carte sur ta table de chevet. Sa photo devient ton fond d’écran. Tu accroches des cartes sous les aimants de ton frigo. Tu en rêves. Tu les recharges à la lumière du soleil ou de la lune, sur ton autel ou entre des cailloux. Dans ce domaine, ne te limite pas : à toi de voir si le tarot t’accompagne au lit ou si tu privilégies d’autres rituels ! Lire la suite « Comment apprendre le tarot: le contact physique »→
La série d’articles sur Apprendre le tarot se compose d’extraits d’un futur zine sur le sujet.
Puisque le tarot est un outil narratif, quoi de plus logique que de se familiariser avec lui en racontant des histoires (oralement ou à l’écrit) ? Les options ne manquent pas :
Interactions entre les figures
Un tirage pour inventer un conte avec 1/ le protagoniste (parmi les figures), 2/ sa quête (parmi les majeurs), 3/ comment yel l’aborde (dans les mineurs), 4/ ses allié-e-s (parmi les figures), 5/ un obstacle (l’ensemble des cartes), 6/ les solutions (idem), 7/ la résolution (idem), 8/ la leçon ou morale de l’histoire (parmi les majeurs et uniquement si tu le sens)
Après avoir regardé un film, lu un livre, été témoin de drama dans un milieu donné, sélectionne des cartes à face découverte pour refléter ce qui s’est passé avec le même fonctionnement que l’option précédente. Outre le mode exercice, c’est aussi une manière idéale de mettre des images et des mots sur tes émotions dans une utilisation quotidienne du tarot.
Rédiger quelques phrases fictives autour de ta carte du jour.