extraits d’un tirage réalisé en février pour la nouvelle lune en poissons. 6 mois plus tard, la pleine lune et l’éclipse en poissons. essayer de répondre aux questions posées par le tarot.
La Tour
Comment continuer quand on est brisé·es Comment ramper si on ne peut pas se relever Comment être digne, intègre, courageux·se et généreux·se en pleine extinction, en plein effondrement du monde tel que nous le connaissions Comment se laisser tomber, comment ne pas résister, comment tenir, comment s'effondrer, comment résister
A quoi résister et à quoi céder Qu'est-ce qui doit s'effondrer et qu'est-ce qui doit s'assembler lorsque tout s'effondre Comment être digne, intègre, courageux·se et généreux·se lorsque le monde tel que nous le connaissons s'effondre
Que dit la terre? Que rugissent ses entrailles? Qu'est-ce qui surgit de ses enfers, de sa colère? Qu'est-ce qui se régénère? Qu'est-ce qui mugit depuis ses entrailles?
Comment répondre à ce cri de ralliement?
6 de coupes
Comment le travail auprès du territoire peut ou doit être partagé de manière pertinente?
La question des racines et de l’enracinement. Comment les mobiliser en tant que concepts et en tant que base et nécessité écospirituelles alors qu’ils sont également utilisés par l’extrême-droite pour exclure, pour tuer, pour démolir?
Le 6 de coupes nous aide à trouver une manière de parler du territoire et des ancêtres accueillante, bienveillante et inclusive. Une manière d’en parler qui invite, qui accueille et qui soigne. Tout comme se comporte le territoire.
Le jour se lève Je m’empresse d’accueillir ses promesses Le jour m’oppresse Je lui fais face néanmoins
La force de briller Tournesol: un peu de soleil sur terre Pas aveuglant; à portée de main Mystère et accueil Être Le Soleil. Ne pas douter. Briller. La dévotion ne se vit pas forcément dans l’ombre.
Notre-Dame, aide-moi à l’assumer. Vieille Montagne, apprends-moi à approcher le ciel sans brûler mes ailes.
Un court texte griffonné au Oudenberg avec le Soleil du Cozy Witch Tarot il y a tout juste un an et une annonce:
Il est bien possible que je revienne par ici pour partager des interprétations tandis que je trie mes carnets 🙂
On peut toujours se renouveler. On n’est jamais fini.e. Jamais limité.e par les formes de qui on a été. On peut prendre des nouvelles formes. On est des change-forme, des multiformes, des métamorphoses constantes.
Parfois les métamorphoses prennent du temps. L’Etoile nous aide à garder l’espoir dans ces moments.
Vers la Vieille Montagne, la puissance des sources // garder la tête dans les étoiles, dans les nuages // changer de perspectives – pour pouvoir changer de forme – ne pas être trop centré.e sur soi-même, voir au-delà, se connecter au-delà de soi-même.
notes de pèlerinage avec l’Etoile du Gentle Tarot, juillet 2024.
L’air des Gémeaux inspire les Amoureuses (au pluriel comme ce signe double) à prendre leur envol.
Si on suit les cartes “dans l’ordre”, après avoir tourné autour du savoir, on s’en empare avec les Amoureuxses, quel qu’en soit le prix. Dans un élan que rien ne semble pouvoir arrêter, on choisit ses propres expériences. On opte pour la vie qu’on a envie de mener. On s’efforce de faire péter les carcans. quitte à ce que l’effort soit un peu trop forcé. on teste ses limites. on aura largement le temps de recalibrer plus tard (si on suit les cartes en ordre linéaire : à partir de la Force).
on se laisse porter par le vent de fraîcheur des Amoureuxses. on assume. on revendique. on se libère de tout préformatage.
on fait de la place – et s’il n’y en a pas assez on en libère davantage : à qui on aime, à ce qui nous passionne, à de la nouveauté, à une nouvelle spiritualité, une autre formation,… c’est pas pour se la jouer rebelle. c’est un impératif. on s’efforce de vivre notre vie d’une manière qui fait sens pour nous. on s’écoute. on s’épouse.
L’Empereur et L’Hiérophante nous ont fait réfléchir à notre structure. Le Chariot nous fera ajuster notre armure et considérer notre endurance. Entre elleux, un vent de liberté souffle sur les Amoureuxses. on prend le risque de s’engager dans la voie qui nous appelle.
on retrouve l’air du Fou avec cette carte. on se sent pousser des ailes. on fait un pacte avec nos envies. impossible de résister à notre curiosité. il faut qu’on les suive! on les laisse nous titiller. on leur prend la main. on devient.
Tu as du mal à faire de la place à la Grande Prêtresse dans ta vie?
Comment peux-tu débrancher le rythme quotidien? C’est vital!
L’hyperconnexion, la rapidité et la productivité te déconnectent de ce qui compte vraiment. C’est quoi?
Pour (re)trouver des connexions réelles et – mieux encore – accueillir la réciprocité et nourrir des relations, peux-tu ralentir ou même ne plus bouger? Peux-tu atténuer le bruit afin d’écouter les sons de l’âme et, en fin de compte, suivre ton intuition.
Il y a trop de Grande Prêtresse dans ta vie?
Tu comprends les récits des bruissements des feuilles et toutes leurs intonations. Il t’arrive même de te perdre dans les murmures de l’Inconnu, dans ce qui frémit derrière le voile, dans ce qui scintille dans l’Invisible, dans ce palpite dans les courants énergétiques qui te traversent et circulent partout. Reviens pour un temps aux relations humaines. Reviens-y sans chercher à sonder ou à interpréter les gens. Reviens à ton corps. Reviens aux contacts. Ne stagne pas. Ne change pas de visage. Modifie l’interface.
N’oublie pas que la lune, le corps céleste dont les phases se succèdent rapidement, guide la Prêtresse.
Quand la Grande Prêtresse est en équilibre.
Tu n’as pas besoin de tout savoir. Tu es une créature sentiente. Tu es sachant.e sans être savant.e. Tu te branches aux flux. Tu captes les ondes reliant les humain.es, les déités, les insectes, les arbres, les minéraux, les étoiles, les champignons, les témoins du temps long. Tu n’es pas la scientifique en recherche d’une explication à tout (Le Magicien). Tu n’es pas la génératrice apportant du soin, de la vie, du lien partout (L’Impératrice). Tu es l’observatrice.
Il y a dans ton immobilisme quelque chose d’immuable. Il ne faut pas se fier aux apparences. Imperceptiblement, tu évolues constamment. Tu cernes les nuances du flux. Tu t’y adaptes.
On t’attribue parfois des dons. On admire ton intuition. Or, tu n’y vois rien d’extraordinaire. Ne pas vivre séparé.e de ce qui ne cesse de s’exprimer t’est ordinaire. Savoir l’écouter. Faire de l’espace pour tout ça.
J’allais filmer ma vidéo dédiée à l’Empereur, mais mes pensées se sont emportées. Elles se sont attisées. J’ai ressenti un agacement vis-à-vis de bon nombre d’interprétations courantes de l’Empereur. Si cette carte peut m’enseigner quelque chose dans une telle situation, c’est à canaliser ce feu. Il faut cadrer ou diriger cet entrain teinté de rage. Trouver une structure ou construire un abri pour que ces idées vives puissent occuper toute la place qu’elles méritent. Il faut leur créer l’espace sécurisant où se développer, un espace apaisant pour éviter qu’elles ne me crament ou qu’elles attaquent furieusement. Il faut stabiliser le feu.
Et me voilà devant mon clavier! Je vais tenter de structurer ces idées pour qu’elles brillent sans ravager.
Qui est L’Empereur?
Une présence rassurante se dégage d’iel. Perdu.e dans ses pensées, iel ne se préoccupe pas de son charisme. Trop de plans à échafauder. Iel est en train de visualiser. Iel organise d’abord brièvement dans son esprit. Ça carbure. On sent l’intensité. On sait que ça va aller. Personne ne se dit que ça va être facile, mais ça va aller quoi. Sa présence nous rassure sans étouffer quiconque.
Lorsque l’Empereur.e prendra la parole, ce sera pour se mettre au service des idées qu’il a rassemblées. Est-ce que l’Empereur.e est une personne? Peut-être. Mais c’est aussi le collectif au moment où on met en commun, on s’organise, où on crée. C’est l’accumulation des puissances de chacun.e en un ensemble vibrant. C’est l’activation de cette puissance amassée qui nous rend indestructibles.
L’Empereur incarne la confiance. L’optimisme qui nous pousse encore à créer quand tout semblait perdu d’avance. La résilience qui nous permet de (nous) re-construire alors qu’on était abattu.e.
C’est une figure de stabilité et de sécurité. Elle ne l’est pas parce qu’elle serait conservatrice ou dans la surveillance. Elle l’est parce qu’elle bâtit de quoi protéger ce qui compte pour nous, ce en quoi l’on croit, ce qui nous permet de vivre et de nous épanouir.
Une présence rassurante se dégage d’elle. Une présence qui vit en chacun.e. Un espace safe inaltérable au fond de soi. C’est notre bassin, cette partie du corps centrale pour l’équilibre, pour la circulation, pour l’ancrage. C’est la capacité de distinguer le nécessaire du superflu. Et de se battre pour ce qui est nécessaire. Pour que ce qui est indispensable soit bien planté dans le sol. Soit alimenté pour perdurer. Soit défendu le cas échéant.
L’Empereur représente tout ce qu’on met en place pour que notre flamme vive pleinement. Notre flamme? C’est ce qui nous fait nous sentir en vie, ce qui nous donne envie de grandir, ce qui nous passionne. Il représente tout ce qu’on érige pour la stabiliser, la protéger et l’encourager à briller encore et encore.
Le 4 et le bélier: contraste
Dans la tradition de l’ordre hermétique de la golden dawn qui influence la majorité des tarots contemporains, l’Empereur est associé au signe du bélier, le signe cardinal de l’élément feu. C’est aussi la carte numéro quatre, le chiffre de la structure, de la stabilité et de la protection. L’association ne va pas de soi.
Mais j’ai finalement continué mes réflexions dans la vidéo
J’aborde aussi:
Le signe du bélier et les cartes de bâtons
Le rapport à l’espace: un fil rouge pour “la première ligne de l’arcane majeur”
Dégenrer la carte, élargir les masculinités.
Je renonce donc à articuler tout cela à l’écrit. Mais j’espère que la vidéo vous plaira! 🙂
Sous mes doigts frémissent les outils. Ils ne demandent qu’à être manipulés. Je veux m’en emparer et forger ma réalité !
Frissonnante et euphorique, je brandis les objets symbolisant mon pouvoir. Que ma volonté soit faite !
Mais… ma volonté s’affaisse aussitôt.
Je refuse d’appliquer une puissance surhumaine fantasmée sur la matière, de la posséder et de la contrôler comme si elle m’appartenait. Je refuse de participer à un délire suprémaciste, une volonté débridée, une création déconnectée du monde.
Je ravale ma fierté. Je me remets rapidement de mon envie d’imposer sans me connecter, sans comprendre ma place dans les (éco) systèmes.
Je me mets au service des tâches, des mots, de l’inspiration, du divin, d’une cause,… Je les laisse me guider, voire me dicter. Je comprends ma position pivotale dans la création, dans la transmission, dans la transformation. Je suis indispensable, mais je ne suis guère seul.e. Nous sommes indispensables. Nous conglomérons vers ce “nous”.
Je me sens fort.e de faire partie intégrante d’un nous.
Quand Lae Magicien.ne est au taquet
Tu as de l’or au bout des doigts. Tu as la foi en toi. Motivation, concentration, réalisation sont tes credos. Tu y crois! Tu sens le flow de la vie qui parcourt ton corps.
Bâtons. Tu te sens vibrer, comme transporté.e par une force qui te galvanise. Tout t’anime. Un rien t’énergise. Épées. Tes pensées galopent. Elles sont claires. Elles s’imbriquent. Elles se traduisent dans des mots s’alignant en toute fluidité. Coupes. Tu es en phase avec tes émotions. Lovées au creux de ton ventre, elles se soulèvent puis s’apaisent. Elles te traversent sans être sources d’angoisse. Pentacles. Tout coule de source quand tu es dans cet état. Tu as conscience de ton corps: ses capacités, ses limites, son rythme. C’est grâce à lui que tout se réalise. Tu es présent.e. Tu as répondu présent.e pour ce en quoi tu crois. Tu es là.
Tu l’as: la magie au bout des doigts. Tu as la créativité et sa maîtrise. Tu es l’artisan.e de ton message au monde. L’artiste qui (se) réalise.
L’activiste qui invite au changement. Go baby go go!
Quand Lae Magicien.ne se dissipe au lieu de s’appliquer
Prends le temps d’expérimenter ta recette. Goûte-la : qu’est-ce qu’il manque ? Quel ingrédient prend trop de place ?
Le Magicien est la carte des 4 éléments qui composent le tarot, chacun associé à sa suite. Pour effectuer son travail correctement, il a besoin que les éléments se mélangent harmonieusement, voir qu’ils fusionnent dans sa potion unique.
Analyse les éléments et les suites. Comment se traduisent-elles dans ta vie en ce moment? Comment les équilibrer? Comment remédier à un élément mal dosé ?
Prends contact avec les éléments à l’aide de tirages de tarot sur ce thème. Comment peuvent-ils t’aider à incarner Le Magicien ?
Quand Lae Magicien.ne se focalise tellement qu’iel ne voit plus que le bout de son nez
Tu ne peux pas réaliser ton œuvre seule, détachée du monde. Tu ne peux rien accomplir qui tournerait exclusivement autour de ton nombril. Si la magicienne est la carte numéro 1, elle n’est pas pour autant individualiste. Le chiffre 1 symbolise le conduit. La magicienne reçoit. Elle se laisse traverser. Elle transforme.
Que te disent les écosystèmes dont tu fais partie ? Le lieu où tu crées, ta flore intestinale, tes animaux-amis, tes ancêtres, tes proches, tes voisin.es ?
Que te transmet-on? Comment te positionnes-tu par rapport à ce que tu reçois? Et par rapport à qui te transmet ? Comment transformes-tu ce qui passe par ton conduit éthiquement: sans en dénaturer le message / sans le déformer pour qu’il te serve mieux / sans abandonner ton libre-arbitre si quelque chose te heurte?
En prévision de la parution prochaine d’une vidéo sur mes représentations préférées de l’Impératrice pour le #TopTarotTrump j’exhume des profondeurs mes carnets quelques notes à son sujet.
Interpréter L’Impératrice
L’Impératrice ou la générosité incarnée. Et d’ailleurs, iel est incarné.e. La matière pétille avec iel: son corps, la nature, les écosytèmes, les sien.ne.s. Iel relationne. Iel fait relationner. Iel engendre des relations. Iel affine sans cesse des qualités relationnelles très vénusiennes: rapprocher, harmoniser.
Pour exceller ainsi dans le relationnel sous toutes ces facettes, la vulnérabilité est son maître-mot. Sincère, il s’offre aussi authentiquement que possible. Il cultive un état de réceptivité, d’échange et de don de soi permanent. Ou, pour être plus précise, il fait en sorte que tout cela pousse de façon anarchique et chaotique et, en fin de compte, superbe et opulente, tout comme le fait la nature sans intervention humaine: sauvage, fertile, abondante, diverse, pollinisatrice.
Tout est luxuriant en / autour de / avec L’Impératrice. Dans le même élan, tout est intrinsèquement fragile. Pas de référence aux associations traditionnellement féminines de cette carte, non, non (et on les emmerde de toute manière). Si tout est fragile, c’est qu’il n’existe aucune structure, aucun pouvoir, aucune organisation pour défendre et protéger sa belle anarchie. L’Impératrice est un processus organique. C’est bio. C’est naturel. C’est durable. Dans le même temps, elle est précaire dans des sociétés productivistes, sélectivistes et court-termistes. Elle est plus sensible à la destruction que ces dernières engendrent. Pourtant, elle s’affirme résistance, résiliente et régénératrice. Sans cesse contestée parce que sa générosité sauvage met à mal les pouvoirs-sur et menace l’oppression, elle reste féconde. Elle ne renonce pas. Elle favorise la transversalité et le relationnel. Elle refuse les hiérarchies. Activiste handie, elle prône les interdépendances.
Tandis que la carte numéro 2, la Prêtresse, écoutait, L’Impératrice sert, partage et iel pousse / fait pousser. Si l’Empereur, carte numéro 4, va construire, défendre et organiser, L’Impératrice, quand à iel, réalise, engendre et régénère. Souviens-toi du Magicien, le conduit qui traduisait et transmettait divers éléments. Face à iel, L’Impératrice incarne le foisonnement, le(s) corps, la terre, les rassemblements, le mycélium.
Il vit la Justice, la beauté, le plaisir et la relation. Autant de caractéristiques de son association planétaire: Vénus! Il est le soin, la douceur, la ferveur, la convivialité. Il est la communauté. Il est les liens de parenté (kinship) qui défient les liens de sang, l’ADN et les modèles familiaux oppressifs. Il est le vivant. Il est une ode à la vie.
Lectures recommandées
Anaïs Van Ertvelde, Handicap, een bevrijding Adrienne Maree Brown, Emergent Strategy: Shaping Change, Changing Worlds Cy Lecerf Maulpoix, Ecologies déviantes. Voyage en terres queer
Dans le mycélium de… Notre-Dame de Hunnegem
Cheminer avec l’Impératrice
Comment dialoguer avec la carte?
Dans un registre très différent, je vous partage une version éditée d’un cheminement réalisé avec l’Impératrice du Rainbow Tarot fin mars 2023. J’ai suivi les exercices proposés par Mary K. Greer afin de dialoguer avec la carte de l’arcane majeur à laquelle on s’identifie (“a card of the major arcana that you think best depicts how you like to think of yourself”). Je me base sur l’exercice 1 du chapitre 2 Techniques for working with your personal card de son ouvrage: “Who are you in the tarot? Discover your birth and year card and uncover your destiny” (2011). Certains exercices se trouveraient aussi dans ses livres “Tarot constellations” (1987) et “Archetypal Tarot” (2021).
Le texte ci-dessous, c’est donc de l’écriture “canalisée” (en tout cas, c’est comme ça que je le définis dans ma pratique) avec L’Impératrice, guidée par les questions posées par Mary K. Greer au fil du cheminement et en dialogue avec le dessin de So Lazo pour le Rainbow Tarot. Il en ressort une version souterraine, “infernale” de L’Impératrice, pas forcément calquée sur les interprétations conventionnelles de cette carte, mais divinement en phase pour moi 🙂 Je résume les différentes étapes de l’exercice indiquées par l’autrice.
Première étape, poser à la carte une des questions suggérées par l’autrice. Je choisis: “Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?”
2. Sélectionner un objet sur la carte que me paraît réceptif à la conversation. Je choisis les grenades coupées en deux sur la robe de l’Impératrice. Lui poser ma question.
3. Écrire la première réponse qui me vient à l’esprit (de façon spontanée, sans censure ni hésitation” (…) Ne pas se préoccuper de l’écriture, la grammaire etc. Rester dans la circulation de la conversation pendant minimum 12 à 15 minutes.
Ca donne ceci:
“Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?” Ton reflet dans le miroir. Souviens-toi de l’époque des auto-portraits avec les grenades, de ta poésie. Qu’est-ce que tu as perdu? Si le sentiment de sécurité n’est plus sur internet, où pourrais-tu le trouver? (…) Qu’est-ce qui te fait peur? Pourquoi doutes-tu de (…)? Ton reflet dans le miroir. Ce sont tes doutes que tu projettes sur d’autres. Tu es une artiste. Mais. Quel est ton prochain récipient? Pour y mettre quoi?
C’est à toi de creuser, de chercher cette complexité, cette intégrité. Internet ne t’a pas cassée. Il t’a déconnectée de ton courant. De ta source. Et de ton récipient. Et du coup, forcément, aussi des autres.
Il t’a isolée. Reviens. Reviens. Ton reflet dans le miroir. Les traces de l’âge. Un autre stade de vie. Crone. Tu savais que dire en tant qu’artiviste. Mais… à ce nouveau stade… Qui es-tu? Que veux-tu exprimer et pour qui? Qui sers-tu? (et pas à quoi sers-tu?) Tu te souviens de ces processus créatifs avec nostalgie, mais tu n’es plus la même. Tu ne retourneras pas au même. Tu dois te retrouver. Et, pour ça, te chercher. Arpenter les profondeurs. C’est là qu’est la fertilité. Connais-toi. Tu ne peux pas créer pour partager sans – pas ce sens de qui tu es mais – ce centre de qui tu es.
Tu penses que tu ne peux plus écrire / dire / représenter l’intime car internet l’a dévoyé. Mais… peux-tu déjà redevenir intime avec toi-même? Avec la nouvelle toi? Avant de créer. Parce que c’est créer aussi: accoucher de la nouvelle toi. Oser goûter à la complexité. Devenir plus complexe. Visiter les Enfers.
Tu sais tout ça. Mais tu peines à y aller radicalement. Tu cherches les regards. Commence par le miroir. Commence par te voir. Puis, te regarder. T’apprivoiser. Te déshabiller. Qu’es-tu devenue? Parmi ce qui est devenu ou revenu, quelles sont les parts de toi qui ne peuvent pas prendre le dessus sous peine d’étouffer la vie, les relations,…? Comment aller à leurs racines pour déterminer ce qu’elles veulent. Et ce que tu veux en faire. Tu es ici devant ton journal, avec tes bouquins. Tu sais ce qui veut s’exprimer créativement à travers toi! C’est juste que c’est du travail souterrain, du travail de l’ombre. Du travail que tu te dois à toi-même. Aux tien.nes. Au devenir.
A ce qui doit voir le jour. Et à ce qui va mourir. Tu ne peux pas échapper aux cycles de la vie et de la mort. Sur son trône, Perséphone a parlé: tu ne peux pas échapper à ton devoir, à ton existence…
L’étape suivante selon le parcours de Mary K. Greer: quand on arrive à un seuil dans l’écriture. Il faut alors le conscientiser, le dire et choisir de continuer, de franchir le seuil pour aller de l’autre côté. Il y a alors une série d’autres questions et de réponses que je ne partagerai pas ici.
A qui s’identifie-t-on et qui est relégué à sa monstruosité, confondue à sa marginalité?
Qui est le miroir? Qui est le repoussoir?
Qui pleure (avec) les corps minorisés?
Comment fait-on collectifquand on représente ce qui rebute, la frontière de l’innommable?
On hurle à l’appel d’une meute masquée par le mythe des loups solitaires.
Il y a tellement de tarots (pas ceux que je mets en avant avec leurs représentations complexes) qui illustrent La Lune avec une personne grosse. Elle doit alors symboliser ce qui est sauvage, incivilisé, indiscipliné, ne répondant pas aux attentes sociales,…
Quand elle apparaît dans le tarot, la grosseur est la volupté ou l’abondance ou la gourmandise excessive ou l’accumulation ou la sauvagerie ou la nature.
La Hiérophante est une carte de savoir, de croyances et de transmission. Son association au Taureau indique le souci de la conservation, de la protection et de la continuité dans ces domaines. A l’inverse, la carte qui suit, les Amoureuxses, avec le signe des Gémeaux, correspond à plus d’émancipation et d’innovation quand elle traite de ces questions. Mais avant l’envol des Amoureuxses, la Hiérophante invite à prendre le temps. Elle stabilise notre rapport à nos processus d’apprentissage. Elle instaure un cadre dans lequel les comprendre. Ainsi, elle représente notre rapport à nos aîné.es et à nos ancêtres. Et ce, dans des champs allant de nos convictions politiques, spirituelles ou philosophiques à nos compétences techniques en passant par les (éco)systèmes dans lesquels on s’inscrit.
La Hiérophante est l’archiviste. En sa compagnie, impossible de faire fi de nos origines, qu’elles soient mythiques, symboliques ou inscrites dans des arbres généalogiques. Elle est l’historienne qui consigne ces informations puis les analyse. Dans les tapisseries dont les fils nous ont fait.es et défait.es, quelle est notre place? Qu’est-ce qu’on revendique dans nos racines? Comment gravite-on dans nos constellations? De quoi se détache-t-on? Qu’est-ce qui nous dérange? De quoi ou de qui faisons-nous ouvertement scission? Quels travaux nous ont inspiré.es? Quel.les profs nous ont autant influencé.es que déçu.es? L’Hiérophante est la thérapeute qui offre un espace pour les ambiguïtés. Avec cette carte, on cartographie nos réseaux. Elle est notre position parmi eux. Elle est l’ensemble des chemins entre les différentes composantes. Elle représente nos perspectives d’évolution, collectivement et personnellement. En ça, elle est l’ensemble des positions au sein du réseau, qu’elles soient passées, existantes ou potentielles.
La liberté d’apprentissage
Parce que chaque carte brille sur un spectre, elle est aussi tout ce qui nous garde figé.e, comme le signe du Taureau qui s’applique à conserver. Elle symbolise les moments où l’on remet à d’autres les clés de nos connaissances, où l’on apprend scolairement sans questionner la matière enseignée. De là, elle évoque également notre rapport aux institutions, aux écoles de pensée, aux religions, aux entreprises. Elle constate que les réseaux sont aussi les biopolitiques, nos corps comme lieu de rencontre des savoirs/pouvoirs, nos corps marqués, nos corps récalcitrants et nos corps obtempérant.
Complexe, elle n’oppose pas la soumission à la révolution. Elle crée des passages, des failles dans ces systèmes qu’elle peut aussi incarner. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas de dehors aux systèmes et cela ne veut pas dire que tout est couru d’avance, perdu, condamné. Elle questionne notre puissance d’agir par rapport aux pouvoirs. Est-ce qu’on s’écrase? Est-ce qu’on résiste? Est-ce qu’on s’échappe? En tout cas, avec elle, nous n’inventons pas. Nous existons dans le collectif. Les récits s’entremêlent. Les connaissances se tissent. On apporte nos pierres à l’édifice et/ou nos pavés dans les barricades et/ou nos résidus au compost.
Parce qu’elle est l’atout numéroté 5, La Hiérophante se réverbère dans les 5 des suites, cartes de crise par excellence. Crises de foi. Débusquer les théories du complot. Bousiller les dogmes. Rébellion face aux autorités. Tourment lorsque l’autorité s’immisce malgré soi dans nos dynamiques collectives. Abus de pouvoir. Désabusé.e face au pouvoir. Réclamer sa puissance personnelle et/ou en tant que groupe minorisé. Décoloniser les savoirs. Reprendre le contrôle de ses récits. Faire face aux retours de bâton suivant des droits chèrement acquis. Ne pas se contenter de l’égalité juridique. Ni d’un washing stratégique. Déloger l’oppression intériorisée. S’acharner. Se battre.
Parce qu’elle est l’atout numéro 5, La Hiérophante célèbre la constance du chaos. La constance du changement. Et les mycéliums de la continuité.
2. Un message
dédié aux haies, prairies et étangs du Rouge-Cloître qui ont rencontré lae Hiérophante pour inspirer ce texte, peut-être se souviennent-ils des temps qui ont précédé l’instauration d’un prieuré, des temps où les prés étaient la Forêt et les étangs, les ruisseaux qui les traversent encore.
Bienvenue dans la danse de Lae Hiérophante! Avec moi, avec nous, ensemble, traçons le cercle, reconnaissons le caractère sacré de cet endroit, amplifions-le.
La forme de ce sanctuaire, le cercle sacré, le magnifie. Mais tout lieu peut être ainsi chargé, par essence ou par volonté: mon corps, un corpus, une partie de moi, un espace virtuel ou méditatif, un lieu historique, un bois, une source, des roches, un carrefour.
Je suis la gardienne, temporaire ou définitive, de plusieurs de ces temples. Nous le sommes toustes. L’intentionnalité fabrique le sacré. (Se) remarquer fabrique le sacré. La réciprocité fabrique le sacré.
Ce sacré ne s’oppose nullement au banal, à l’impur, au pollué. Au contraire! Il est les Communs. Ce sacré n’existe pas pour séparer, pour distinguer, pour encourager l’élitisme. On ne peut pas s’en servir afin de marquer chasse gardée. On ne peut pas abolir les Communs.
Ils existent.
Je suis la gardienne inhérente à chacun de ces lieux. Je n’en suis pas le dehors. Je suis la protectrice immanente. La résilience en toute chose. Je n’ai besoin d’aucun.e sauveurse.
Je suis Les Communs. L’inaliénable partage. Je suis le refus de l’appropriation ainsi que l’affirmation de l’interdépendance.
On ne se sert pas des Communs. On y contribue. On écoute. On est au service d’un tout, chaque partie aussi indispensable que les autres.
On écoute : les Communs incluent le non-humain. On se décentre quand on est humain.e. Ainsi on apprend sans cesse à demander: est-ce que cette plante veut être cueillie ? Qu’en dit l’abeille ? On ne présume pas des réponses. Les humain.es tendent à vouloir sauver ce qu’iels s’évertuent à détruire. La résilience les dépasse souvent.
On écoute : est-ce que ces fleurs viendront nourrir les humain.es ou deviendront-elles des baies pour les oiseaux à l’automne ? Il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. Les Communs évoluent.
Les Communs poussent dans les interactions.
On ne possède pas dans les Communs. On tisse. On converse. On diffuse. Tout mot est aussi indispensable que les autres. Il n’y a pas de contribution insignifiante. Pas plus qu’il n’y a de contribution dominante.