Vers l’autre rive avec le 6 d’épées

traverser la rivière. en route vers cette autre rive dont on ne sait même pas si elle existe. mise à l’épreuve de la foi. une autre rive ?

ça s’agite de l’autre côté. l’autre monde apporte son soutien. les signes abondent. les autres arrivent. 

on ne passe pas à travers ces changements sans forces vives. en s’accrochant à la perspective d’un accueil. Sur l’autre rive.

D’ici, l’autre rive,
elle est silencieuse. invisible. la traversée n’en finit pas.

Partir, il le faut. 
Arriver, nul ne sait.

Le Valet d’épées

Un recueil de quelques textes.

La curiosité de la Page d’épée

La pensée fend la brume. Je me saisis de mes idées acérées. Je perce l’ignorance. J’ouvre la conscience. Je manipule les outils de la pensée critique pour analyser ce que j’observe sans crédulité. 

Je teste ce que je lis à l’épreuve des faits, d’un raisonnement, d’une méthodologie. Je n’écarte aucune hypothèse. Je m’offre le plaisir de les décrypter. Je dissèque la pensée.

Je fends le brouillard cérébral qui me guette à force de trop fonctionner. 

Je traite les informations. Je trie les données. 

Ma curiosité est communicative. J’embarque mes proches dans mes pérégrinations intellectuelles. 

Je compose des récits rocambolesques pour leur transmettre mes intérêts. 

J’en viens à fabuler s’il le faut. Une fois passée l’épreuve de la critique, les informations peuvent être reconfigurées pour nourrir des histoires, des utopies.

Mes idées sont au service du changement en fin de compte. 

Mettre en garde la Page d’épée

Attention aux commérages! Est-ce que tes communications peuvent être dommageables pour autrui? Même si le tourbillon du partage d’information t’emporte, prends garde à ne pas divulguer ce qui pourrait affecter des personnes qui ne t’ont rien demandé du tout. Tes bonnes intentions sont susceptibles de retourner contre d’autres ou contre toi-même. Non, non, non, tout ne fait pas une bonne anecdote. 

De même, attention à ce que tes centres d’intérêt multiples ne se diluent pas dans le fouillis de ta curiosité au point que tu n’arrives plus à focaliser ton attention sur quoi que ce soit. Fais le tri avant d’ouvrir tout canal d’information. Certains robinets peuvent rester fermés. Ta soif de connaissance doit-elle être assouvie coûte que coûte?

Ecrire avec le Page d’épées

Pour commencer, il faut réapprendre à écrire. Pour ce faire, il faut accepter de se laisser guider par le feutre, le flux, le message. 

qu’il me transporte, qu’il me transporte. 

Que la magie opère. Que nous co-créons. Co-crayons.

La plume dans la main de la Page d’épées: laisser les histoires nous traverser. Toutes. Et que les mots n’aient pas besoin de propriétaires. Que l’autrice soit au service. Qu’elle ne soit pas détentrice. 

Lire la suite « Le Valet d’épées »

Tirage du jour: 8 de fleurs et 3 de récipients

J’ai demandé deux cartes pour écrire un message à qui le recevra (et si tu lis ces lignes, c’est toi alors). J’ai tiré le 8 of flowers (équivalent de 8 de pentacle) et le 3 of vessels (3 de coupes) avec mon nouveau tarot chouchou, le Liberation Tarot.

Ce qui m’est venu:

Tu réapprends à aimer. Comment on entretient une amitié? Avant même de prendre soin les un.es des autres, comment prendre des nouvelles? Mais genre… des vraies nouvelles…

Comment se retrouve-t-on? Comment se découvre-t-on?

Comment tisse-t-on les fils de nos proches dans le quotidien? Un coup de fil? Une pensée?

Comment s’aime-t-on même si on ne se connaît plus? Comment s’aime-t-on assez pour ne plus s’aimer? Pour diverger?

S’enrayer. S’enraciner.
Enrager. Se rassembler.

Comment entretenir des amitiés qui ont 10 jours? Et celles qui ont 10 ans? Comment se foutre la paix?

Comment forcer tout en cultivant le consentement? Je suis de celleux qui ne se confient que forcé.es. Et de celleux qui ont besoin/envie qu’on leur extrait des mots.
et des maux… c’est facile mais ça sonne juste alors…

Comment ne pas forcer celleux que les mots mettent en danger?
Comment être ami.e sans prendre de nouvelles?
Comment apprendre à aimer sans masquer et tout en conservant le droit de se cacher.

S’il y a autant de questions et aussi peu de réponses, c’est que le 8 de fleurs invitent à les créer dans la pratique, à apprendre à co-créer l’amour.

Tirage avec le 9 de pentacles et la Reine de bâtons

Un article un peu spécial aujourd’hui. J’ai retranscrit des extraits d’une de mes vidéos de tirage. On est dans le style oral et parfois un peu confus quoi. Mais voilà, si vous préférez la lecture à l’écoute: une interprétation anticapitaliste et handie du 9 de pentacles avec le soutien de la Reine de bâtons. 

Vidéo à voir sur ma chaîne: 

Thème du tirage: Le 9 de pentacles du Rainbow Tarot

Par rapport aux envies créatives qu’on n’arrive pas à réaliser car trop peu de cuillères, le 9 de pentacles vient confirmer: “tu as déjà dépensé de l’énergie dans ça, et ça, et ça ces derniers temps! Tu peux aussi profiter d’un peu d’espace”. 

C’est une carte qui nous apporte de la légitimité à apprécier être où on est, de prendre du temps pour soi (l’escargot sur la carte, le soin que la personne a apporté à sa tenue). Quelles sont diverses façons de prendre du temps, de couper le rythme productiviste du capitalisme dans lequel nous sommes toustes imprégné.es?

Cultiver le beau dans sa vie, prendre le temps de s’émerveiller, faire de la place pour l’esthétique, mais évidemment pas dans le sens normé: ce qui est beau pour nous. Et les ambiguités à cultiver cela même si on n’échappe pas à l’intériorisation des normes. 

Se faire plaisir. Se faire du bien. Ralentir. 

Le 9 de pentacles, ce moment où on se sent légitime pour le temps qu’on prend pour soi, en opposition aux pressions. Reclaim du temps, se réapproprier du temps pour quelque chose qui est à la fois exigé et dévalorisé sociétalement (exemple du maquillage). 

Ne pas « mériter » le 9 de pentacles

Le rapport au capitalisme et à la pression qu’on se met. Avec le 9, on culmine dans la suite (accomplissement). Et on voit souvent le 9 de pentacles à travers des lunettes capitalistes: “waw, t’as super bien travaillé, tu mérites cet espace à toi ou tu mérites cette pause, ces vacances, cette maison que tu peux t’acheter”. Sans s’interroger par exemple sur le privilège de classe ou le validisme qui sous-tendent ces interprétations. 

Autrement dit, le 9 de pentacles nous invite en réalité à revoir cette méritocratie insidieuse dans notre fonctionnement. A chaque fois qu’on se dit “je m’octroie cette pause ou je m’offre quelque chose parce que j’ai travaillé pour y arriver”, on fait fi du côté systémique, les rapports de domination, les oppressions qui font que “en arriver là” a été plus ou moins facile ou difficile pour nous. 

Si on enlève le 9 de pentacles de ce côté méritocratique et productiviste, on peut l’appréhender dans d’autres contextes. Par exemple, le rapport au corps, c’est ce qui s’applique le plus directement à ma situation aujourd’hui: j’ai pas mal marché ces derniers jours, j’ai pas mal de douleurs avec le SED mais je continue à faire des exercices physiques car c’est nécessaire pour moi avec le SED mais je n’arrive pas forcément à trouver, avec mes tissus fragilisés, quels sont les moments de récupération à m’accorder. Si le mouvement est tout aussi important que le repos et la récupération, comment déterminer mon équilibre? 

Pour moi, aujourd’hui, le 9 de pentacles, c’est ne pas finir ma journée avec plus de 8000 pas au compteur et me laisser vraiment récupérer. Et pour vous?

Qu’est-ce qui fait du bien aujourd’hui? Comment se l’octroyer, l’assumer, se dire qu’on mérite ce temps consacré à ce qui nous fait du bien?

Le 9 de pentacles nous invite à réfléchir ce que cela signifie de culminer (le 9) dans la matérialité, à la terre des pentacles. Pour moi, aujourd’hui, ce serait s’écouter suffisamment pour ralentir. J’adore l’escargot présent sur cette carte! C’est un de ces symboles très Waite-Smith conventionnel qui me recentre systématiquement dans l’interprétation de la carte!

Outre l’éloge de la lenteur, l’escargot insiste sur l’importance des petites choses. L’attention qu’on leur porte. En ce moment, je vois plein d’escargots. Pour cela, il faut regarder à travers les branchages, prêter attention à la texture des murs, prendre le temps. L’attention portée aux détails est aussi une spécialité du signe de la vierge associé à cette carte.

Avec le 9 de pentacles, être à l’écoute des écosystèmes dont nous faisons partie. Leur faire de la place. Ce qui peut être aussi banal que se demander comment se porte notre flore intestinale aujourd’hui. Le 9 de pentacles  = écouter notre petit jardin ou notre petit cocon, ou notre colon quoi! 😉 Ecouter les besoins des parties de notre corps qui ont besoin de récupérer, qui sont en sur-travail, qui sont inflammées.

Le piège du capitalisme, c’est de nous faire penser qu’on doit avoir mérité le droit de récupérer. C’est de penser cette carte de culmination dans la suite des pentacles comme une carte de mérite.

Le soin, le temps de soin comme un droit, quelque chose que tout le monde est intrinsèquement légitime à recevoir, qu’il n’y a pas à prouver ni à soi-même ni à la société qu’on mérite. 

Sortir de la méritocratie avec la Reine de bâton

Partant de ces réflexions, je tire une seconde carte: 

Sur la question du droit à la récupération et au repos sans devoir le mériter et aussi sans que ça soit forcément grandiose.

Comment sortir de la méritocratie intériorisée?

C’est la Reine de bâtons qui sort!

Être légitime

Comme toute les reines, mais avec encore plus d’emphase, la Reine de bâtons invite à être à l’aise avec notre légitimité. Avec les Reines, on n’a jamais à se dire qu’on mérite quelque chose. C’est un moment de pure radiance, surtout avec la reine de bâtons. Être éclatant.e. Être là. Et notre légitimité semble couler de source.

Elle répond à la question par un grand: “bien sûr que tu es légitime en dehors de toute méritocratie”!

Elle fait aussi partie des cartes qui nous demandent d’accorder de la valeur à ce qu’on crée et de ne pas concevoir la créativité et la création d’une façon trop limitée. C’est partout. Par opposition à la méritocratie qui implique aussi que certaines choses mériteraient d’être valorisées, de valoir de l’argent. Que certaines personnes mériteraient de gagner plus d’argent car ce qu’elles font auraient plus de valeur. 

Mais comment détermine-t-on ce qui aurait plus de valeur? Il y a des dynamiques classistes, sexistes, racistes etc qui participent à le déterminer. Les écarts salariaux en fonction de la couleur de peau, de l’orgine, du genre, des capacités physiques, de la corpulence, etc sont une réalité. Les discriminations au niveau de l’embauche et du salaire existent. La perception de la valeur sociale d’une personne est aussi influencée par différents facteurs. Par exemple, en tant que malade chronique touchant des indemnités d’invalidité, on considère fréquemment que nous n’en avons aucune.

Stigmatisation validiste et productiviste des « malades de longue durée »

En cette année électorale en Belgique, on peut aussi penser à des mesures d’exclusion sociale comme la dégressivité des allocations de chômage. Au sujet des malades de longue durée, le discours dominant, c’est que nous serions la plus grosse tare de la société. Puisque nous sommes improductifves, il faudrait nous forcer à travailler. Tant pis si on crève dans 2 ans parce qu’on aura accumulé trop de blessures ou de détresse psychique. Peu importe car ce qui compte, ce serait qu’on se tue au travail. Le travail, le seul déterminant de notre dignité. Plus que notre vie. Le travail qui déterminerait qu’on mérite notre place dans la société et d’être considéré.es comme des citoyen.nes. 

Tout ça m’affecte beaucoup en tant que malade chronique. Vous le savez, j’en parle souvent. Plus on approche des élections, plus cela me touche. Toustes les politiques s’adressent aux citoyen.nes en mode “les travailleurses”, sous-entendant que nous ne le serions pas, juste des profiteurses du système.

Cette pensée dominante occultant les rapports sociaux de pouvoir décrète que des personnes méritent plus que d’autres. Cette pensée pèse sur nos vies, sur nos conditions de vie et on l’intériorise. On a du mal à garder une estime de soi. Cette pression sociale affecte notre santé mentale. Cette stigmatisation vise à nous exclure.

La Reine de bâtons rappelle que le fait de créer au sens large, sous plein de visages  (par ex: appliquer un joli maquillage, faire à manger, créer ou réparer des vêtements,…), c’est quelque chose qu’on peut cultiver comme un rempart. On fait rempart contre la hiérarchie de ce qui serait légitime ou méritant.

Créer sans monétiser

D’ailleurs, le climat sociétal, c’est aussi que tout doit être monétiser. On a un hobby? Il faut le rentabiliser! Avec la précarité financière et la pression capitaliste, on intègre facilement cette mentalité (bein oui, si on est dans la merde…). Nos hobbies finissent par avoir de la valeur uniquement si “on en fait quelque chose”, si on les vend, si on fait des grands projets autour d’eux. C’est aussi le cas dans le domaine du tarot. Tout le domaine créatif au sens large devient quelque chose sur lequel tabler. Tout doit être rentable. 

La pression de devoir prouver que tout ce que l’on fait à de la valeur, en particulier de la valeur financière. Plus aucun domaine de nos vies ne doivent échapper au productivisme. On doit extraire de l’argent de tout. Tout le monde devient responsable de sa productivité.

La Reine de bâtons crée dans le moindre de ses gestes du quotidien et donne et irradie cette création. Point.

Par rapport aux détails, à l’infime, aux raisins et à l’escargot sur le 9 de pentacles, la Reine de bâton réhabilite tout cela. Rien n’est trop minuscule dans le domaine de la créativité. Rien n’est insignifiant. On mérite de l’appréciation pour toutes les petites choses qu’on crée, qu’on accomplit, qu’on vit. On ne la reçoit pas forcément par de la reconnaissance sociale, par les encouragements de nos proches. Dans ce cas, c’est difficile de continuer à s’accorder de l’appréciation. 

Ainsi, vis-à-vis de la création de vidéo, c’est difficile mais je tiens à donner de la valeur à ce que je fais. ça a de la valeur, j’en suis fière, ça me fait du bien, je continue à créer avec la maladie (pas malgré elle). 

Avec ce genre d’occupation, comme avec le jardinage, on peut voir ce qui pousse. Comme avec la cuisine, on voit ce qui nourrit. toutes ces petites choses comptent. 

Déjà, en tant que malade de longue durée en Belgique, alors que le mépris à notre égard va croissant, clamer que je mérite d’être en vie au lieu d’être en train de crever sur un lieu de travail est un acte de défiance. Affirmer que j’ai un corps improductif et que je mérite d’être là et que je mérite de pas taffer.

A ce propos, je recommande la vidéo suivante dans laquelle je développe un sujet qui me tenait à coeur: la résistance et l’ingouvernabilité de la reine et du roi de pentacles face au santéisme. 

Même si j’essaie de valoriser ce que je fais, avec une santé en dent de scie, il y a, il y a eu et il y aura encore des moments où je n’y arriverai pas, mais même en étant clouée au lit, je lutterai pour continuer à réclamer ma valeur.

Être artiste sans créer

Lire la suite « Tirage avec le 9 de pentacles et la Reine de bâtons »

7 de coupe. Le monstre marin

J’ai croisé le monstre marin tandis que je suivais paisiblement le courant. Elle m’a arrêtée. Elle m’a saisi d’une tentacule pour me planter devant elle.
Elle m’a présenté mes contradictions, mes aspirations idéalistes, mes faux-pas consuméristes, mes échappatoires, mes projections malsaines. Elle m’a présenté ces breuvages.
Les illusions ont un goût amer. Elle m’a suggéré un antidote. Je me méfie des potions de Scylla.
Je suis encore là,
à soupeser mes options
à agiter mes obsessions
à faire tempêter mes déceptions dans un verre d’eau.
A gaspiller faute de me poser.

Trancher ou accepter la confusion ?
Décider ou prolonger le suspens ?
Passer quitte à dériver vers les récifs ?
Ou attendre en compagnie des monstres ?

M’allonger sur les tentacules et les laisser me bercer, me caresser, me bercer…
Jusqu’à ce que je me résigne à être présente dans les eaux troubles
Jusqu’à ce que je me sente sereine avec le flou.

6 de bâton. Le succès. Quel succès?

S’amuser. Créer. Célébrer. 
Faire de la place aux étincelles.
S’amuser. tant pis si c’est un foutoir.
si c’est explosif,
ce sera lumineux.


La vidéo d’analyse de la carte pour aller plus loin

6 de branche
Jupiter en Lion
ce que l’on accomplit mérite d’être célébré. nos victoires méritent qu’on s’y attarde. nos succès ne doivent pas être déterminés par des conventions ou des injonctions pour recevoir le statut d’ “accomplissement”. au contraire !  le 6 de bâton nous invite à établir et à honorer ce qui compte pour nous (personnellement ou collectivement).

il peut s’agir de grandes étape de la vie ou de réussites au quotidien qui retiennent notre attention. On entraîne alors notre attention à se fixer sur ces victoires souvent jugé indignes de célébration :
J’ai sorti les poubelles ! j’ai écrit quelques pages tous les jours cette semaine. j’ai arrêté de procrastiner pour une tâche administrative. j’ai dessiné pour la première fois depuis longtemps.

Il peut s’agir de glorifier des identités marginalisées. on peut avoir envie de fêtes communautaires pour rejeter la honte. le 6 de bâton nous aide à créer ou à instaurer de l’espace et du temps d’auto-appréciation.
Ce ne sont ni les podiums ni les promotions, aucune forme de compétition ou de productivisme qui déterminent ce qui vaut la peine d’être fêté.


Écoute recommandée: l’épisode de Radio Tarot Apprendre à se célébrer avec le 6 de bâton

PS1.

En cette dernière semaine de mars, je fête les 8 ans de relation avec le tarot et les 7 ans de ma chaîne youtube🥳 Ça me fait penser à une autre vidéo consacrée à cette carte:

PS2.
Je fais le tri dans mes archives de textes non-publiés. J’ai renoncé à les éditer et à les améliorer. Pas évident pour la perfectionniste mais… Leur place est ici, où ils pourront servir. Pas dans des carnets où ils pourraient pourrir.

Je publie ces interprétations tarot-poétiques en état, c’est-à-dire souvent un premier jet manuscrit que je me suis contentée de retranscrire – parfois à l’aide de la saisie vocale, ce qui explique les erreurs de mise en page, de ponctuation, etc.

Par rapport à des articles conçus pour le blog, ces archives seront aussi moins richement illustrées. Puissent-elles néanmoins trouver écho et vous servir!

Pour lire toutes les interprétations des cartes de tarot publiées depuis 2016 sur le blog, rendez-vous dans la section Cartographie du tarot.

Le 3 d’épées. Quand la conversation s’impose

Quelque chose a rompu ou est en passe de l’être dans la dynamique communicationnelle (les épées). Cela affecte comment on se retrouve, comment on interagit, comment on peut compter les un.es sur les autres (les trois). 

On s’écorche avec nos mots ou avec nos silences. ce qui pourrait n’être qu’une égratignure à désinfecter se dégrade – par négligence ou à force de la gratter. 

Plus on s’éloigne ou plus on remue, plus la situation dégénère. le remède du 3 reste pourtant clair:  s’y mettre ensemble. le dialogue peut nous tourner vers des proches qui nous ont blessé.e ou vers des parties de nous qui interagissent mal entre elles, comme si elles étaient irréconciliables.

même s’il n’y a aucune promesse de résolution, la conversation s’impose.  le choix de ne plus ignorer la blessure provoque aussi de la douleur. le 3 d’épées apporte des soins au cœur à vif.

Lire la suite « Le 3 d’épées. Quand la conversation s’impose »

Quelques facettes de la Prêtresse

Tu as du mal à faire de la place à la Grande Prêtresse dans ta vie?

Comment peux-tu débrancher le rythme quotidien? C’est vital! 

L’hyperconnexion, la rapidité et la productivité te déconnectent de ce qui compte vraiment. C’est quoi?

Pour (re)trouver des connexions réelles et – mieux encore – accueillir la réciprocité et nourrir des relations, peux-tu ralentir ou même ne plus bouger? Peux-tu atténuer le bruit afin d’écouter les sons de l’âme et, en fin de compte, suivre ton intuition. 

Il y a trop de Grande Prêtresse dans ta vie?

Tu comprends les récits des bruissements des feuilles et toutes leurs intonations. Il t’arrive même de te perdre dans les murmures de l’Inconnu, dans ce qui frémit derrière le voile, dans ce qui scintille dans l’Invisible, dans ce palpite dans les courants énergétiques qui te traversent et circulent partout. Reviens pour un temps aux relations humaines. Reviens-y sans chercher à sonder ou à interpréter les gens. Reviens à ton corps. Reviens aux contacts. Ne stagne pas. Ne change pas de visage. Modifie l’interface. 

N’oublie pas que la lune, le corps céleste dont les phases se succèdent rapidement, guide la Prêtresse. 

Quand la Grande Prêtresse est en équilibre. 

Tu n’as pas besoin de tout savoir. Tu es une créature sentiente. Tu es sachant.e sans être savant.e. Tu te branches aux flux. Tu captes les ondes reliant les humain.es, les déités, les insectes, les arbres, les minéraux, les étoiles, les champignons, les témoins du temps long. Tu n’es pas la scientifique en recherche d’une explication à tout (Le Magicien). Tu n’es pas la génératrice apportant du soin, de la vie, du lien partout (L’Impératrice). Tu es l’observatrice. 

Il y a dans ton immobilisme quelque chose d’immuable. Il ne faut pas se fier aux apparences. Imperceptiblement, tu évolues constamment. Tu cernes les nuances du flux. Tu t’y adaptes. 

On t’attribue parfois des dons. On admire ton intuition. Or, tu n’y vois rien d’extraordinaire. Ne pas vivre séparé.e de ce qui ne cesse de s’exprimer t’est ordinaire. Savoir l’écouter. Faire de l’espace pour tout ça. 

Lire la suite « Quelques facettes de la Prêtresse »

10 de bâton. Tu n’as pas à prouver ta valeur

Tu en as tellement trop fait que tu as égaré la conscience de tes limitations. tu portes toujours plus. le sens du devoir et des responsabilités t’étouffe. même suffocant.e, tu t’obstines. tu veux prouver que tu en es capable. que t’es multitâche et fiable et puis dans le genre même-pas-mal, t’es carrément badass. 

tu as la puce intégrée “manager capitaliste”. normal:  le système nous fout une pression de ouf. sauf que ta valeur n’est pas déterminée par ta productivité. sauf que t’es pas une machine. ton corps, tes passions, tes relations. ce système exploite, tue, oppresse.

tu ne peux pas continuer à te faire ça à toi-même. même si ce qui te guide ici, c’est le désir, l’envie, l’art ou un autre truc alternatif, tu n’es pas à l’abri du burn-out. tu n’es pas loin de brûler toutes tes ressources. 

c’est pas parce qu’on vit dans un monde capitaliste qui se fiche de l’épuisement des ressources que les tiennes ne comptent pas. 

les prendre en compte, c’est résister, c’est exister.

Tu n’as pas à prouver ta valeur. tu n’as surtout pas à l’affirmer en tirant sur la corde.

Ce tournant est super chaud. c’est dur d’admettre que tu arrives au bout d’un fonctionnement. C’est galère de choisir s’il faut larguer tout le fardeau ou simplement choisir quelques bâtons, quelques projets, quelques activités qui te motivent. est-ce qu’il faut laisser tomber? est-ce que tu peux te faire épauler? est-ce que tu dois vraiment tout porter tout.e seul.e?

écoute-toi. écoute ton feu. fais taire ton besoin de réussir ou de cumuler. 

qu’est-ce qui compte vraiment ?

PS.

Je fais le tri dans mes archives de textes non-publiés. J’ai renoncé à les éditer et à les améliorer. Pas évident pour la perfectionniste mais… Leur place est ici, où ils pourront servir. Pas dans des carnets où ils pourraient pourrir.

Je publie ces interprétations tarot-poétiques en état, c’est-à-dire souvent un premier jet manuscrit que je me suis contentée de retranscrire – parfois à l’aide de la saisie vocale, ce qui explique les erreurs de mise en page, de ponctuation, etc.

Par rapport à des articles conçus pour le blog, ces archives seront aussi moins richement illustrées. Puissent-elles néanmoins trouver écho et vous servir!

Pour lire toutes les interprétations des cartes de tarot publiées depuis 2016 sur le blog, rendez-vous dans la section Cartographie du tarot.

Au sujet de l’Empereur

J’allais filmer ma vidéo dédiée à l’Empereur, mais mes pensées se sont emportées. Elles se sont attisées. J’ai ressenti un agacement vis-à-vis de bon nombre d’interprétations courantes de l’Empereur. Si cette carte peut m’enseigner quelque chose dans une telle situation, c’est à canaliser ce feu. Il faut cadrer ou diriger cet entrain teinté de rage. Trouver une structure ou construire un abri pour que ces idées vives puissent occuper toute la place qu’elles méritent. Il faut leur créer l’espace sécurisant où se développer, un espace apaisant pour éviter qu’elles ne me crament ou qu’elles attaquent furieusement. Il faut stabiliser le feu. 

Et me voilà devant mon clavier! Je vais tenter de structurer ces idées pour qu’elles brillent sans ravager.

Qui est L’Empereur?

Une présence rassurante se dégage d’iel. Perdu.e dans ses pensées, iel ne se préoccupe pas de son charisme. Trop de plans à échafauder. Iel est en train de visualiser. Iel organise d’abord brièvement dans son esprit. Ça carbure. On sent l’intensité. On sait que ça va aller. Personne ne se dit que ça va être facile, mais ça va aller quoi. Sa présence nous rassure sans étouffer quiconque. 

Lorsque l’Empereur.e prendra la parole, ce sera pour se mettre au service des idées qu’il a rassemblées. Est-ce que l’Empereur.e est une personne? Peut-être. Mais c’est aussi le collectif au moment où on met en commun, on s’organise, où on crée. C’est l’accumulation des puissances de chacun.e en un ensemble vibrant. C’est l’activation de cette puissance amassée qui nous rend indestructibles. 

L’Empereur incarne la confiance. L’optimisme qui nous pousse encore à créer quand tout semblait perdu d’avance. La résilience qui nous permet de (nous) re-construire alors qu’on était abattu.e.

C’est une figure de stabilité et de sécurité. Elle ne l’est pas parce qu’elle serait conservatrice ou dans la surveillance. Elle l’est parce qu’elle bâtit de quoi protéger ce qui compte pour nous, ce en quoi l’on croit, ce qui nous permet de vivre et de nous épanouir. 

Une présence rassurante se dégage d’elle. Une présence qui vit en chacun.e. Un espace safe inaltérable au fond de soi. C’est notre bassin, cette partie du corps centrale pour l’équilibre, pour la circulation, pour l’ancrage. C’est la capacité de distinguer le nécessaire du superflu. Et de se battre pour ce qui est nécessaire. Pour que ce qui est indispensable soit bien planté dans le sol. Soit alimenté pour perdurer. Soit défendu le cas échéant. 

L’Empereur représente tout ce qu’on met en place pour que notre flamme vive pleinement. Notre flamme? C’est ce qui nous fait nous sentir en vie, ce qui nous donne envie de grandir, ce qui nous passionne. Il représente tout ce qu’on érige pour la stabiliser, la protéger et l’encourager à briller encore et encore.

Le 4 et le bélier: contraste

Dans la tradition de l’ordre hermétique de la golden dawn qui influence la majorité des tarots contemporains, l’Empereur est associé au signe du bélier, le signe cardinal de l’élément feu. C’est aussi la carte numéro quatre, le chiffre de la structure, de la stabilité et de la protection. L’association ne va pas de soi. 

Mais j’ai finalement continué mes réflexions dans la vidéo

J’aborde aussi:

  • Le signe du bélier et les cartes de bâtons
  • Le rapport à l’espace: un fil rouge pour “la première ligne de l’arcane majeur”
  • Dégenrer la carte, élargir les masculinités.

Je renonce donc à articuler tout cela à l’écrit. Mais j’espère que la vidéo vous plaira! 🙂