La terre et les pentacles: écriture libre sur l’élément et sur la suite

Des associations que j’emporte dans mon panier pour nourrir mes interprétations de la suite des pentacles / deniers.

La terre, au-delà des pentacles, c’est la vie. Et la mort. C’est le sol. Et la matière. Ce sont les interconnexions du vivant. Le mycélium sous le pied. Et le pied. C’est la forme de mon corps. C’est l’intérieur de mes intestins. Le compost. Et la pollution.

La terre, du tarot et de l’astro, c’est aussi l’apprentissage et le savoir. C’est la fabrication. L’engagement dans le sens des liens qu’on cultive. C’est la cultivation. C’est ce qui est sauvage. Et le ré-ensauvagement. C’est l’absence de démarcation entre les catégories. Ce sont les catégories.

C’est le processus. Le tissage. La composition. La transformation. La sensualité. Le plaisir. La beauté. La nuit. Les ténèbres. Le ventre. La régénération. Le sommeil. Les racines. Les pierres. Les ancêtres. La loyauté. La dévotion. Le quotidien. Les routines. Les rituels. La prière. Les ritournelles. La durabilité. Le temps long. Le sous-sol. Les arbres. La stabilité. L’endurance. La solidité. La confiance. La persistance. La résistance. Les traditions. Le corps. La santé. Le corps. Les limites. Le handicap. La beauté. L’obsession. La persévérance. La répétition. Le renouveau. Les rites funéraires. Les processions. La marche. La lenteur. La récréation. La Création. Le divin. Les lieux de culte. Les sanctuaires. Les autels. L’érudition. La responsabilité. L’excès. L’abondance. La générosité. La réciprocité. Les échanges. Le don. Les cadeaux. L’alimentation. Se nourrir. Tout ce qui nourrit. Les repas. Les offrandes. La révérence. Le respect. Le silence. Le temps. L’excellence. La désexcellence. Les règles. La désobéissance. La défense du vivant. Les pavés dans la propriété privée. Les cailloux. Rendre à la terre. Le respect. La beauté — encore la beauté. La douceurs. Les matières. Les textures. Les fibres. Le textile. Filer. Rassembler. Honorer. Converger. Les verges, les jardins, les forêts, les friches. Les semences. Les « mauvaises » herbes. La persistance — encore. La montagne. Ce qui est inébranlable.


Photos: le vieux tilleul à petites feuilles de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose (il aurait été planté il y a plus de 140 ans pour le cinquantenaire de la Belgique), les pavés de porphyre, une pierre créée dans les cheminées de volcans, extrait dans les carrières locales, les versions de poche du Wild Unknown Tarot et du Next World Tarot, et un chêne brodé par mon amoureuse.

4 de bâton / 8 de bâton / 4 de denier | Contemplations avec le Tarot Flamand

Dans les archives de mes canalisations quotidiennes avec le Tarot Vandenborre

17/07 – 4 de bâton

Que se passe-t-il lorsque ton cœur est safe? De quelle type de stabilité ton cœur a-t-il besoin pour exprimer ce à quoi il aspire, ce pour quoi il bat? En l’absence de cette stabilité, comment cultiver la joie et l’appartenance qui ont la capacité d’adoucir les épines? Quelles épines entravent les battements de ton cœur? Et lesquelles les protègent? 

Ton cœur est safe: 
qu’est-ce qui pousse?


 18/07 – 8 de bâton

Tu suis tes envies. Tu réponds aux appels. Quitte à être un peu trop impulsive. Tu crois que ton enthousiasme peut décupler tes forces. Tu vois des signes. Les synchronicités sont apparentes et lisibles. Tu te sens pousser des ailes. Tu suis tes envies. 

Points d’attention: rester dans la rationalité // garder un peu d’espace pour le doute et la réflexion // ne pas chercher à être partout à la fois (malgré les sandales ailées) // mettre des apps ou des conversations en sourdine // ne pas répondre aux appels jusqu’à en perdre toute concentration et à n’en tirer plus aucun plaisir. 


19/07 – 4 de denier

Souveraineté. Appartenance. Territoire. Fierté. Autonomie. 

Pratique l’art d’être ici, dans l’instant présent. Contemple l’enchaînement des saisons et leurs perturbations. 

Étudie ce qui fait le “chez-soi”, même par temps d’incertitude. Relie-toi à ce corps dont il est aisé d’oublier qu’il est toujours là. 

Réfléchis à ce qui te rend forte, aux multitudes de choses, d’êtres, d’esprits qui s’entremêlent à toi. Retrouve les fils qui vous relient. Qu’est-ce qu’ils impliquent? Qu’est-ce qui pourrait être dénoué? Qu’est-ce qui s’éloigne? Qu’est-ce qui demande à être raccommodé? 

Tu es poreuse.
Lorsque la tour de garde du 4 de denier t’appelle, tu viens te poser à la porte. Tu ne te caches pas derrière les hauts murs de l’enceinte. 

Aujourd’hui, tu as la responsabilité de choisir ce qui rentre, ce qui sort, ce qui est banni, ce qui est recalé et la valeur accordée au passage. 

Aujourd’hui, tu passes en revue la valeur des relations et tu exerces ton pouvoir de décision. 


Au sujet des contemplations…

J’ai eu la chance de mettre la main sur une copie vintage du tarot flamand cet été. Plus accoutumée aux tarots inspirés du système du Waite-Smith qu’aux anciens tarots européens, j’ai décidé de l’approcher d’une manière intuitive, via la canalisation de messages au quotidien. C’est un mélange d’observation de la carte (les dessins, la numérologie, les symboles, l’état de l’élément de la suite, etc) provoquant de l’écriture libre, de réception de messages de mes guides et allié.es et d’éclats d’interprétation provenant de mon intégration du tarot (plutôt Waite-Smith).

Je développe davantage le processus dans mes vlogs mensuels si vous voulez en savoir plus.

Avec quelques mois de recul, je partage progressivements ces écrits canalisés quotidiens.

Tirage du jour: 8 de fleurs et 3 de récipients

J’ai demandé deux cartes pour écrire un message à qui le recevra (et si tu lis ces lignes, c’est toi alors). J’ai tiré le 8 of flowers (équivalent de 8 de pentacle) et le 3 of vessels (3 de coupes) avec mon nouveau tarot chouchou, le Liberation Tarot.

Ce qui m’est venu:

Tu réapprends à aimer. Comment on entretient une amitié? Avant même de prendre soin les un.es des autres, comment prendre des nouvelles? Mais genre… des vraies nouvelles…

Comment se retrouve-t-on? Comment se découvre-t-on?

Comment tisse-t-on les fils de nos proches dans le quotidien? Un coup de fil? Une pensée?

Comment s’aime-t-on même si on ne se connaît plus? Comment s’aime-t-on assez pour ne plus s’aimer? Pour diverger?

S’enrayer. S’enraciner.
Enrager. Se rassembler.

Comment entretenir des amitiés qui ont 10 jours? Et celles qui ont 10 ans? Comment se foutre la paix?

Comment forcer tout en cultivant le consentement? Je suis de celleux qui ne se confient que forcé.es. Et de celleux qui ont besoin/envie qu’on leur extrait des mots.
et des maux… c’est facile mais ça sonne juste alors…

Comment ne pas forcer celleux que les mots mettent en danger?
Comment être ami.e sans prendre de nouvelles?
Comment apprendre à aimer sans masquer et tout en conservant le droit de se cacher.

S’il y a autant de questions et aussi peu de réponses, c’est que le 8 de fleurs invitent à les créer dans la pratique, à apprendre à co-créer l’amour.

Tirage avec le 9 de pentacles et la Reine de bâtons

Un article un peu spécial aujourd’hui. J’ai retranscrit des extraits d’une de mes vidéos de tirage. On est dans le style oral et parfois un peu confus quoi. Mais voilà, si vous préférez la lecture à l’écoute: une interprétation anticapitaliste et handie du 9 de pentacles avec le soutien de la Reine de bâtons. 

Vidéo à voir sur ma chaîne: 

Thème du tirage: Le 9 de pentacles du Rainbow Tarot

Par rapport aux envies créatives qu’on n’arrive pas à réaliser car trop peu de cuillères, le 9 de pentacles vient confirmer: “tu as déjà dépensé de l’énergie dans ça, et ça, et ça ces derniers temps! Tu peux aussi profiter d’un peu d’espace”. 

C’est une carte qui nous apporte de la légitimité à apprécier être où on est, de prendre du temps pour soi (l’escargot sur la carte, le soin que la personne a apporté à sa tenue). Quelles sont diverses façons de prendre du temps, de couper le rythme productiviste du capitalisme dans lequel nous sommes toustes imprégné.es?

Cultiver le beau dans sa vie, prendre le temps de s’émerveiller, faire de la place pour l’esthétique, mais évidemment pas dans le sens normé: ce qui est beau pour nous. Et les ambiguités à cultiver cela même si on n’échappe pas à l’intériorisation des normes. 

Se faire plaisir. Se faire du bien. Ralentir. 

Le 9 de pentacles, ce moment où on se sent légitime pour le temps qu’on prend pour soi, en opposition aux pressions. Reclaim du temps, se réapproprier du temps pour quelque chose qui est à la fois exigé et dévalorisé sociétalement (exemple du maquillage). 

Ne pas « mériter » le 9 de pentacles

Le rapport au capitalisme et à la pression qu’on se met. Avec le 9, on culmine dans la suite (accomplissement). Et on voit souvent le 9 de pentacles à travers des lunettes capitalistes: “waw, t’as super bien travaillé, tu mérites cet espace à toi ou tu mérites cette pause, ces vacances, cette maison que tu peux t’acheter”. Sans s’interroger par exemple sur le privilège de classe ou le validisme qui sous-tendent ces interprétations. 

Autrement dit, le 9 de pentacles nous invite en réalité à revoir cette méritocratie insidieuse dans notre fonctionnement. A chaque fois qu’on se dit “je m’octroie cette pause ou je m’offre quelque chose parce que j’ai travaillé pour y arriver”, on fait fi du côté systémique, les rapports de domination, les oppressions qui font que “en arriver là” a été plus ou moins facile ou difficile pour nous. 

Si on enlève le 9 de pentacles de ce côté méritocratique et productiviste, on peut l’appréhender dans d’autres contextes. Par exemple, le rapport au corps, c’est ce qui s’applique le plus directement à ma situation aujourd’hui: j’ai pas mal marché ces derniers jours, j’ai pas mal de douleurs avec le SED mais je continue à faire des exercices physiques car c’est nécessaire pour moi avec le SED mais je n’arrive pas forcément à trouver, avec mes tissus fragilisés, quels sont les moments de récupération à m’accorder. Si le mouvement est tout aussi important que le repos et la récupération, comment déterminer mon équilibre? 

Pour moi, aujourd’hui, le 9 de pentacles, c’est ne pas finir ma journée avec plus de 8000 pas au compteur et me laisser vraiment récupérer. Et pour vous?

Qu’est-ce qui fait du bien aujourd’hui? Comment se l’octroyer, l’assumer, se dire qu’on mérite ce temps consacré à ce qui nous fait du bien?

Le 9 de pentacles nous invite à réfléchir ce que cela signifie de culminer (le 9) dans la matérialité, à la terre des pentacles. Pour moi, aujourd’hui, ce serait s’écouter suffisamment pour ralentir. J’adore l’escargot présent sur cette carte! C’est un de ces symboles très Waite-Smith conventionnel qui me recentre systématiquement dans l’interprétation de la carte!

Outre l’éloge de la lenteur, l’escargot insiste sur l’importance des petites choses. L’attention qu’on leur porte. En ce moment, je vois plein d’escargots. Pour cela, il faut regarder à travers les branchages, prêter attention à la texture des murs, prendre le temps. L’attention portée aux détails est aussi une spécialité du signe de la vierge associé à cette carte.

Avec le 9 de pentacles, être à l’écoute des écosystèmes dont nous faisons partie. Leur faire de la place. Ce qui peut être aussi banal que se demander comment se porte notre flore intestinale aujourd’hui. Le 9 de pentacles  = écouter notre petit jardin ou notre petit cocon, ou notre colon quoi! 😉 Ecouter les besoins des parties de notre corps qui ont besoin de récupérer, qui sont en sur-travail, qui sont inflammées.

Le piège du capitalisme, c’est de nous faire penser qu’on doit avoir mérité le droit de récupérer. C’est de penser cette carte de culmination dans la suite des pentacles comme une carte de mérite.

Le soin, le temps de soin comme un droit, quelque chose que tout le monde est intrinsèquement légitime à recevoir, qu’il n’y a pas à prouver ni à soi-même ni à la société qu’on mérite. 

Sortir de la méritocratie avec la Reine de bâton

Partant de ces réflexions, je tire une seconde carte: 

Sur la question du droit à la récupération et au repos sans devoir le mériter et aussi sans que ça soit forcément grandiose.

Comment sortir de la méritocratie intériorisée?

C’est la Reine de bâtons qui sort!

Être légitime

Comme toute les reines, mais avec encore plus d’emphase, la Reine de bâtons invite à être à l’aise avec notre légitimité. Avec les Reines, on n’a jamais à se dire qu’on mérite quelque chose. C’est un moment de pure radiance, surtout avec la reine de bâtons. Être éclatant.e. Être là. Et notre légitimité semble couler de source.

Elle répond à la question par un grand: “bien sûr que tu es légitime en dehors de toute méritocratie”!

Elle fait aussi partie des cartes qui nous demandent d’accorder de la valeur à ce qu’on crée et de ne pas concevoir la créativité et la création d’une façon trop limitée. C’est partout. Par opposition à la méritocratie qui implique aussi que certaines choses mériteraient d’être valorisées, de valoir de l’argent. Que certaines personnes mériteraient de gagner plus d’argent car ce qu’elles font auraient plus de valeur. 

Mais comment détermine-t-on ce qui aurait plus de valeur? Il y a des dynamiques classistes, sexistes, racistes etc qui participent à le déterminer. Les écarts salariaux en fonction de la couleur de peau, de l’orgine, du genre, des capacités physiques, de la corpulence, etc sont une réalité. Les discriminations au niveau de l’embauche et du salaire existent. La perception de la valeur sociale d’une personne est aussi influencée par différents facteurs. Par exemple, en tant que malade chronique touchant des indemnités d’invalidité, on considère fréquemment que nous n’en avons aucune.

Stigmatisation validiste et productiviste des « malades de longue durée »

En cette année électorale en Belgique, on peut aussi penser à des mesures d’exclusion sociale comme la dégressivité des allocations de chômage. Au sujet des malades de longue durée, le discours dominant, c’est que nous serions la plus grosse tare de la société. Puisque nous sommes improductifves, il faudrait nous forcer à travailler. Tant pis si on crève dans 2 ans parce qu’on aura accumulé trop de blessures ou de détresse psychique. Peu importe car ce qui compte, ce serait qu’on se tue au travail. Le travail, le seul déterminant de notre dignité. Plus que notre vie. Le travail qui déterminerait qu’on mérite notre place dans la société et d’être considéré.es comme des citoyen.nes. 

Tout ça m’affecte beaucoup en tant que malade chronique. Vous le savez, j’en parle souvent. Plus on approche des élections, plus cela me touche. Toustes les politiques s’adressent aux citoyen.nes en mode “les travailleurses”, sous-entendant que nous ne le serions pas, juste des profiteurses du système.

Cette pensée dominante occultant les rapports sociaux de pouvoir décrète que des personnes méritent plus que d’autres. Cette pensée pèse sur nos vies, sur nos conditions de vie et on l’intériorise. On a du mal à garder une estime de soi. Cette pression sociale affecte notre santé mentale. Cette stigmatisation vise à nous exclure.

La Reine de bâtons rappelle que le fait de créer au sens large, sous plein de visages  (par ex: appliquer un joli maquillage, faire à manger, créer ou réparer des vêtements,…), c’est quelque chose qu’on peut cultiver comme un rempart. On fait rempart contre la hiérarchie de ce qui serait légitime ou méritant.

Créer sans monétiser

D’ailleurs, le climat sociétal, c’est aussi que tout doit être monétiser. On a un hobby? Il faut le rentabiliser! Avec la précarité financière et la pression capitaliste, on intègre facilement cette mentalité (bein oui, si on est dans la merde…). Nos hobbies finissent par avoir de la valeur uniquement si “on en fait quelque chose”, si on les vend, si on fait des grands projets autour d’eux. C’est aussi le cas dans le domaine du tarot. Tout le domaine créatif au sens large devient quelque chose sur lequel tabler. Tout doit être rentable. 

La pression de devoir prouver que tout ce que l’on fait à de la valeur, en particulier de la valeur financière. Plus aucun domaine de nos vies ne doivent échapper au productivisme. On doit extraire de l’argent de tout. Tout le monde devient responsable de sa productivité.

La Reine de bâtons crée dans le moindre de ses gestes du quotidien et donne et irradie cette création. Point.

Par rapport aux détails, à l’infime, aux raisins et à l’escargot sur le 9 de pentacles, la Reine de bâton réhabilite tout cela. Rien n’est trop minuscule dans le domaine de la créativité. Rien n’est insignifiant. On mérite de l’appréciation pour toutes les petites choses qu’on crée, qu’on accomplit, qu’on vit. On ne la reçoit pas forcément par de la reconnaissance sociale, par les encouragements de nos proches. Dans ce cas, c’est difficile de continuer à s’accorder de l’appréciation. 

Ainsi, vis-à-vis de la création de vidéo, c’est difficile mais je tiens à donner de la valeur à ce que je fais. ça a de la valeur, j’en suis fière, ça me fait du bien, je continue à créer avec la maladie (pas malgré elle). 

Avec ce genre d’occupation, comme avec le jardinage, on peut voir ce qui pousse. Comme avec la cuisine, on voit ce qui nourrit. toutes ces petites choses comptent. 

Déjà, en tant que malade de longue durée en Belgique, alors que le mépris à notre égard va croissant, clamer que je mérite d’être en vie au lieu d’être en train de crever sur un lieu de travail est un acte de défiance. Affirmer que j’ai un corps improductif et que je mérite d’être là et que je mérite de pas taffer.

A ce propos, je recommande la vidéo suivante dans laquelle je développe un sujet qui me tenait à coeur: la résistance et l’ingouvernabilité de la reine et du roi de pentacles face au santéisme. 

Même si j’essaie de valoriser ce que je fais, avec une santé en dent de scie, il y a, il y a eu et il y aura encore des moments où je n’y arriverai pas, mais même en étant clouée au lit, je lutterai pour continuer à réclamer ma valeur.

Être artiste sans créer

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Le Roi de Pentacles. Demain n’est pas perdu, que va-t-on faire demain?

Le Roi de Pentacle s’occupe des temporalités. 

Il retrace l’histoire. Le Roi d’Épée s’intéresse à la transmission des histoires: nos généalogies, constellations et ramifications. Il veille à ce que nos récits soient mis en valeur. De son côté, le Roi de Pentacles relaie le message des pierres. Il dépouille les livres de comptes. Il recherche quelles cultures étaient privilégiées ici il y a 200 ans. Quels animaux se sont installés dans ces contrées il y a 2.000 ans. Ou quelle était la flore indigène il y a 20.000 ans. Il s’assure que nous agissons aujourd’hui et pour demain en toute connaissance de ce qui a été. Il déterre les avions écrasés pendant la guerre pour que les mémoires restent vivantes, pour que les “plus jamais ça” ne soient pas lettres mortes. Il étudie l’histoire des tribunaux de guerre pour comprendre le droit international du génocide. Pragmatique, il ne reste pas la tête fourrée dans les ouvrages scientifiques, il agit, il porte de la voix. Il ne reste figé dans les définitions d’antan si l’urgence est maintenant. 

Le Roi de Pentacles fait parler le Lieu, le Génius (l’esprit du lieu). Parfois, il est le lieu qui s’exprime à travers des signes, des trouvailles, des rencontres. Le Roi de Pentacles est de nature généreuse. Cela peut se manifester par des synchronicités dans ce cas. Mais aussi un bon repas cuisiné avec amour. Une recette transmise. Ou un plat sorti de son imagination qui deviendra une tradition pour le groupe. Comme tous les Rois, il rassemble pour partager. Ce qu’il fait a vocation à servir une communauté – un terme vaste et c’est très bien comme ça, il nous invite à cultiver de multiples communautés, pas seulement entre humain.es, pas seulement dans le présent. 

Ce matin, j’ai tiré le Roi de Pentacles du Next World Tarot comme carte de focus. Levée de bonne heure, j’étais en train de lire des sites institutionnels consacrés au patrimoine, en particulier sur le paysage de la région. C’est la toponymie qui m’y avait menée. Un nom mélange de gaulois et de latin. Un nom faisant directement référence au paysage mais qui est aussi celui d’une déesse celte. Et puis, de fil en aiguille, j’étais plongée dans l’histoire locale. Par ici, il y a des buttes-témoins, ce sont des collines qui rappellent le temps où ces terres étaient… la mer. Il y a ce temps long, ce temps géologique. Il y a les carrières auprès desquelles je me suis baladée cette semaine. Ce temps tellement court de l’extractivisme et du capitalisme. Par ici, il y a des bois qu’on dit être des reliques de la Forêt Charbonnière qui traversait autrefois une partie de l’actuelle Belgique et dont wikipedia m’informe qu’elle était une forêt “antique” et du haut moyen-âge. Le premier millénaire de notre ère. Un changement de végétation suite à la dernière glacière. Encore une autre temporalité: le temps des humain.es. 

J’ai tiré le Roi de Pentacles ce matin, alors j’ai décidé de passer un peu de temps dans les livres d’histoire empruntés à la bibliothèque communale quand mes douleurs n’étaient pas trop incapacitantes. Et puis, j’ai fait mes exercices du Zebra Club parce qu’elles étaient insupportables. Avec les Pentacles, je ne peux pas oublier l’indispensable soin du corps, je dois prendre du temps pour lui sous peine de ne pas pouvoir accomplir les tâches pour lesquelles je m’implique. Avec le Roi de Pentacles, la notion de “travail” est centrale. Mais pas simplement le boulot. Dans le cas présent: le travail du corps, le travail de compilation d’information sur un sujet qui me passionne. Mais aussi ce à quoi j’ai consacré une partie de mon temps récemment, recopier les textes que j’avais rédigé sur le tarot dans l’espoir de les compiler dans une publication. Le projet n’aura pas abouti, ce qui ne signifie pas que je vais laisser ces textes prendre la poussière (enfin, l’humidité). J’aime voir les Rois comme des motivateurs. Ils sont là, derrière nous, à nous encourager, à nous donner confiance. Ils veulent qu’on prenne conscience de la valeur de ce que l’on crée, donne, façonne, pense (selon les Rois, à chacun son domaine). 

J’ai déjà expliqué à plusieurs reprises cette conception des figures que j’ai développée au fil des années. Peut-être pas la plus conventionnelle, mais c’est celle qui fonctionne pour moi.

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10 de pentacles. Etude astrologique

Le 10 de disques/pentacles/cailloux correspond au 3ème décan de la Vierge gouverné par Mercure simultanément en domicile et exalté. Ah mais attends, c’est justement où transite Mercure ces jours-ci! 🙂 L’étude astrologique de la carte apporte de la nuance à son nom dans le Thoth: richesse.

La matérialité des pentacles se disperse tandis qu’on atteint le 10. Ce sont les graines que l’on transmet. On n’accumule plus. On ne se surproduit pas. On n’exploite pas. En revanche, on s’assure de la pérennité. On veille à ce qu’il y en ait pour tout le monde. Et surtout pour la Terre, pour la durabilité.

Mercure fait les comptes en vierge. Quelles connaissances nous seront utiles pour poursuivre? Comment ne pas s’accaparer ? Comment propager ce qui nous est cher sans qu’il soit figé dans un testament? Au contraire, comment l’adapter aux réalités, aux changements, au contexte qui a évolué au fil des saisons de la suite des disques? Voilà pourquoi les 10 disques ou pentacles sont des semences variées et non des chartes édictées pour être suivies à la lettre. 

En Taureau, avec le 5 de disques, Mercure imposait des restrictions, des économies, de la planification. Ici, Mercure ne planifie plus. L’heure est aux bilans et à la transmission. Le lâcher prise est requis. On ne peut s’accrocher à ce qui a été engrangé. On ouvre les portes, on offre les clés.  

Mercure organise les idées et les compétences afin qu’elles servent. Iel se met discrètement au service des situations qui se présenteront, des écosystèmes en transformation, des communautés en reconfiguration car le signe de la Vierge sert sans recherche de reconnaissance.

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Douce niaiserie d’hiver avec la Page de Disques

Chérir la graine pour l’aider à passer l’hiver
Protéger la semence pour lui laisser une chance.

Qui sait ce qui poussera ?
Qui sait si ça poussera ?

Qu’importe

L’intention réchauffe les cœurs

Les graines
Les longueurs hivernales

Le printemps est loin

L’amour attentionné commence dès à présent


Vous avez vu ça? J’ai reçu l’oracle The Seed & Sickle de Liminal11! Quelle chouette surprise! Je ne leur avais même pas demandé… J’ai hâte de partager ma recension sur ma chaîne. Pour l’instant, je ne cesse de tirer la carte The Seed. Coïncidence? 😉

2 de disques. Visions d’orage. Célébrations des Moissons

Août 2021


Sur la pointe des pieds entre les mondes
Les chevilles embourbées dans des perspectives eschatologiques
Sur le fil des contradictions, pas d’évasion
Pas de récits, pas d’écrins pour les utopies
Décharnées
Ce corps ce monde ce corps ce monde
Réintégrer, ré-encorporer, réclaimer, réapproprier
Ces ruines
Les sucs gastriques se chargent des fruits précocement tombés L’acidité engouffre la disette la déconfiture la féconditure les offrandes écarlates Gaz succulents s’échappant d’usines désaffectées Alertes par SMS Disette Notifications rassasiées L’écorce saigne Les cosses sont vides Les coquilles les îles les îles S’étiolent S’étiolent Croupissent

Quelles déesses de la fertilité appeler? T’as raté un chapitre. Hier encore…
Un désastre. Quelles déesses de la fertilité appeler ?
Les épis pourrissent Hekate ratisse Les carnassières rappliquent
Utopies décharnées Les espoirs rapetissent
Comme neige carbonique au pistolet

Y a pas de morale à la valse du 2 de disques, c’est rien d’autre qu’une histoire d’équilibre
Pas de morale
Des coquilles en guise d’épaves, de navires, d’épaves
Ainsi va la valse du deux de disques
Récit d’équilibre La pratique pour mission
La matière la terre le corps

Une bien belle (dé)composition
L’art de flétrir Le défi de périr
Sans la dignité que le capitalisme a annihilé
L’art de flétrir Le défi
Être où ça s’écroule dans le ciment dans la cime des cèdres centenaires incendiés dans les civières
Ontologie de l’indicible Fanfares des entre-mondes dont les grondements fragmentent le ciel

On dit que la Grande Peste se caractérise par la disparition des traces écrites

Que crient les corps ? Qu’écrit l’Agonie ?

Il n’y a pas de morale, pas de positivité dégoulinante ni de défaitisme dépolitisé, juste la pratique de l’équilibre avec le 2 de disques (et peut-être des hernies discales, des lignes de faille, des fractures d’où hurlent l’Autre Monde)

voir aussi. Hymne homérique à Déméter

8 de pièces. Encore et encore

Dans l’atelier, dans le silence, on peaufine, on dessine, on se plante, on invente, on déchire, on se débine, on reprend, on se méprend, on insiste, on s’applique, on apprend, on comprend, on rigole, on fignole, on remonte, on démonte, encore et encore et encore. On prend le temps de l’apprentissage. 


2 de cailloux. La danse entre les pôles

Vénus et Mars sont en conjonction en Lion. Elles ne se rejoignent que tous les 2 ans. Mon cœur explose, tiraillé entre des désirs antagonistes. Mon corps se raidit sous l’effet des tensions. Mon hyperlaxité cède sous cette pression: je me heurte, je me coupe, je romps.

J’essaie de jongler entre mes envies et les impondérables et la chappe de plomb du silence et la puissance des contraintes et puis ma furieuse nécessité d’être moi devant l’adversité. Mon égoïsme martial rencontre le besoin d’aller au devant des autres de Vénus. ça clashe dans le secret de ma maison 12. ça chiale dans les confins de ce que je ne donne pas à voir au monde, par obligation et non par choix.

Le 2 de cailloux me demande de faire preuve de souplesse face à ce que je ne peux pas changer pas dans l’immédiat, pas facilement pas d’un claquement de doigts pas sans (me) blesser. Il me demande de tenir en équilibre malgré ma douleur. Mon corps sait que la plupart de mes douleurs proviennent de la résistance musculaire nécessaire pour tenir en réaction à la souplesse de mes articulations, de mes tissus conjonctifs en général. J’éclate de rire, comme le personnage du 2 de cailloux du Gentle Tarot: bien sûr, je n’ai jamais pu jongler en raison de ma proprioception défaillante. Mais les astres défient mes gènes, mon collagène, ma gêne. Ils dansent dans le ciel du soir. Je n’ai qu’à suivre le mouvement. Pas le choix. Résister pousserait à la chute. En apesanteur pendant ces journées où tout tout mais tout me pèse.

Après la drache vient parfois l’arc-en-ciel. Mes larmes s’abattent encore une fois sur mon oreiller. Dans le déchirement entre deux pôles jaillissent mes désirs enfouis. En prendre soin, c’est juste ça, l’arc-en-ciel.