J’ai découvert les photos de ma fête d’anniversaire. J’ai détesté mon double menton. C’est comme ça que j’ai entamé mon dernier régime.
J’étais fière de cette robe. Mon corps moulé par son drapé me paraissait si sexy. C’était ma première fois en robe moulante. Depuis plus de 10 ans, je ne sortais pas sans masquer le haut de mes bras, dissimulant ainsi mes cicatrices d’automatisation et leur grosseur. Je maîtrisais donc la parade : un gilet complétait ma tenue.
Je me suis amusée. J’ai ri à gorge déployée. J’ai posé pour les photos. Je me sentais bien et épanouie. Ça ne m’arrivait pas tous les jours. Ce jour de mes 26 ans, j’étais euphorique et, surtout, certaine qu’aucune phase dépressive ne m’attendait pas au tournant. Je commençais à me sentir bien dans mon corps. Mes nouveaux neuroleptiques n’avaient – enfin ! – pas la prise de poids comme effets secondaires. Quel soulagement ! Ils me cassaient moins. J’avais envie de m’ouvrir au monde.
Les fameuses photos:
Cependant, quand j’ai découvert les photos, j’ai détesté mon double menton et j’ai voulu maigrir. J’étais dégoûtée de moi-même. J’ai d’abord affiné mes arguments: je ne pouvais pas être en paix avec mon corps si j’avais un double menton ; on m’avait toujours dit que mon joli visage sauvait mon immonde grosseur, qu’allais-je devenir si la graisse se mettait à le déformer ; il fallait que je fasse attention à ma santé, même si j’étais en parfaite santé, parce que l’obésité ne pouvait que me mener à l’infirmité que je redoutais tant (comme tou.te.s les valides).
J’avais souvent fait des régimes. J’étais confiante. On perd généralement 5 kg le premier mois, c’est tellement grisant qu’on en oublie les malaises, Lire la suite « Les 9 ans de ma robe moulante et de mon dernier régime »













Mes copies couleurs sont épuisées pour l’instant. Des exemplaires circulent cependant grâce à des librairies de zines. N’hésitez pas à les copier et partager.

Son usage s’est répandu au cours du 20e siècle notamment à cause des compagnies d’assurance américaines à la recherche d’outils qui leur permettaient de classer leurs clients en fonction de leurs risques supposés de contracter des maladies. Quelques décennies plus tard, l’organisme national de la santé aux Etats-Unis a décidé, sous l’influence de l’OMS, de changer quels indices correspondraient à quel type de corpulence. Et hop, du jour au lendemain, des millions d’Américain-e-s sont devenus « en surpoids ». Indice fluctuant et utile pour catégoriser? Peut-être pas pour diagnostiquer! Et puis, il ne prend aucunement en compte les différences, pas même celles de genre. En outre, même si on s’entête à utiliser des outils problématiques, la répartition de la morbidité selon l’indice de masse corporelle n’est pas celle d’une augmentation constante mais plutôt une courbe : élevée pour les personnes très minces comme très grosses, plus élevée chez les personnes considérées comme « normales » que chez celles « en surpoids » (ces dernières seraient donc plus « saines »). (2)


