Le feu comme élément, les bâtons dans le tarot: exploration

Des extraits de mon journal.


Février 2025. Ecriture libre inspirée par un rêve et par les célébrations à venir des Krakelingen et Tonnekensbrand qui marquent la fin de l’hiver et l’appel du printemps.

Danser dans la nuit. Fertiliser la terre. Danser avec les nuages. Voler vers eux. Retomber. Ensemencer la terre. Craquelins qui font le tour du monde et le tour de la vie. Gourmandise de l’infini, ode aux cycles. Tournoient dans le ciel bleu. S’allument dans le ciel gris. La vie s’annonce fructueuse. Les désastres s’annoncent fracassants. Retombent sur le sol. Divination sur jet de craquelins. Offrandes à la rivière pour apaiser les prophéties. La mare est noire, la mare est sang. Elle absorbe le vin. La saison s’annonce catastrophique. Les récoltes mitigées. Mais la vie continue. Les craquelins dansent dans les airs. Les masques pour éloigner le mauvais œil. Les mascarades pour déjouer le mauvais sort. Et le feu de protection pour rallier les forces. S’unir pour ne pas périr. S’unir quand les promesses pourrissent. S’unir pour faire face.

S’unir pour ne pas périr.
S’unir pour périr dignement.
La mare rougeoie du sang de nos ancêtres.
D’ici nous venons. Disette nous connaissons.
On regarde flamber le feu.
On se rappelle notre puissance
la décadence aussi
la torture et les souffrances

On rend hommage au feu.
A sa puissance.
Et on se rappelle de notre place.

Notre place humaine n’est pas de dominer
Aux dieux je demande un peu de paix
A la montagne, un peu de courage
Au feu, la capacité de tenir sans m’effondrer
Je pleure avec eux. Je leur offre mes larmes.
Je chante leurs louanges.
S’unir pour ne pas périr.


Ici, la douceur
Et ici, l'enjeu de tout ce qui brûle dans le feu

Les offrandes à l'hiver, à ce que l'on laisse derrière soi
De la gratitude et puis les laisser flamber
Walmke, walmke brand. Signifier aux environs que nous changeons, que nous nous engageons dans une nouvelle voie. Les inviter à se transformer eux aussi. Appeler de nos vœux collectifs des jours meilleurs. Appeler de nos vœux collectifs le succès.
Ça me déchire le cœur.
Il n'y aura pas de jours meilleurs pour nous. Alors agissons comme les ancêtres que nous sommes; nous incarnons aujourd'hui les jours meilleurs que nous souhaitons à notre kinship de demain, notre descendance sous toutes ses formes, pas seulement humaine. Au sommet de la colline, nous sommes le feu qui éclaire à travers le temps. La perspective de demains plus harmonieux. La force pour nos ancêtres brûlées en exemple (1). Il faut que nous soyons le feu.
Il faut que nous soyons le feu.

Après cette écriture libre, je me demande…
Pourquoi soudain l’importance du feu?
Pourquoi l’incarner?
Pourquoi le transmettre?
Est-ce une valeur?

Et je pense…

aux torches d’Hécate. Elles nous montrent la ou les voies quand la confusion règne. Quand la terreur domine la nuit, elle est tourmentée par les apparitions dont les zombies se saississent. Les torches nous aident à réclamer (reclaim) la nuit. Elles nous aident à habiter la nuit. Elles nous apaisent lorsqu’on n’entrevoit aucune issue. Tout comme aux côtés de Perséphone remontant des Profondeurs, elles nous accompagnent quand nous nous engageons. Quand, à l’automne, nous retournons infiltrer les domaines mortifères, elles nous donnent le courage.

Pourquoi le feu?

Parce que l’activisme. Le courage. La force de ne pas avoir peur de mourir, de sacrifier, de se sacrifier, de se radicaliser, de disséminer, de se tenir maladroite sur les barricades, de s’échapper, de résister.

La force de se vider, de s’effondrer, de tout donner pour ce en quoi l’on croit. La force de persévérer. Ne jamais se résigner.

La force d’être les descendantes des sorcières qu’on a brûlées.
Et de ne pas craindre le bûcher.
La force de répliquer: vous aller voir comment *insérer une facette* sait mourir. (2)


Le feu, c’est la passion. Ce qui ne se résigne pas. Ce qui est prêt à tout perdre, à tout donner. Sans demi-mesure.

C’est la passion. Et la foi.
l’énergie, la persévérance.

C’est le signal sur la colline
C’est l’âme du foyer
C’est l’âme du monde, l’anima mundi, l’irrésistible force qui nous unit et qui nous détruit. Qui donne la vie. Et qui la reprend.

C’est le courage et c’est la témérité.

Ce sont nos entrailles. Nos tripes. Nos convictions. La rébellion.

C’est notre insoumission.
Effrontément frondeux·ses
Et par-dessus tout, c’est le courage dont nous manquons parfois.
C’est la radicalité inévitable pour combattre les extrêmes-droites
pour faire face à la haine
et à la déshumanisation

C’est la passion et l’engagement contre l’indifférence


Ici, au sommet de la Vieille Montagne, qu’est-ce que le feu du Tonnekensbrand? Quel est son sens en 2025? Qui est le feu?

Elle brûle, solaire, pour dissiper les brumes de l’hiver. Elle s’élève. Elle se réveille, la colline.

*reprendre son souffle*

et comme nous dansons
et comme nous nous éteignons
les cultes oubliés s'animent dans nos cœurs
et les Esprit du Lieu s'incarnent
comme nous dansons
et comme nous chantons

Mai 2025. Ecriture libre inspirée par le cours Wild Imagination. Exploring creative ecology.

Le Feu: la passion, le mysticisme, le travail énergétique ou sorcier, le cœur ouvert, ardent, engagé, vibrant. A la base, je le considère comme l’élément le plus flippant. Entre le concept de la rose mystique et l’énergie solaire de lieux que j’affectionne, je m’en rapproche, j’essaie de me trouver à l’aise avec cet éléments et d’allumer mon feu intérieur (d’autant que les signes de feu sont dans mes maisons 4, 8 et 12 dans mon thème natal). En fonction des transits astrologiques, le feu me soutient. Depuis le feux de tonneau pour célébrer la fin de l’hiver au sommet de la colline, je sens sa force.

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Le Valet d’épées

Un recueil de quelques textes.

La curiosité de la Page d’épée

La pensée fend la brume. Je me saisis de mes idées acérées. Je perce l’ignorance. J’ouvre la conscience. Je manipule les outils de la pensée critique pour analyser ce que j’observe sans crédulité. 

Je teste ce que je lis à l’épreuve des faits, d’un raisonnement, d’une méthodologie. Je n’écarte aucune hypothèse. Je m’offre le plaisir de les décrypter. Je dissèque la pensée.

Je fends le brouillard cérébral qui me guette à force de trop fonctionner. 

Je traite les informations. Je trie les données. 

Ma curiosité est communicative. J’embarque mes proches dans mes pérégrinations intellectuelles. 

Je compose des récits rocambolesques pour leur transmettre mes intérêts. 

J’en viens à fabuler s’il le faut. Une fois passée l’épreuve de la critique, les informations peuvent être reconfigurées pour nourrir des histoires, des utopies.

Mes idées sont au service du changement en fin de compte. 

Mettre en garde la Page d’épée

Attention aux commérages! Est-ce que tes communications peuvent être dommageables pour autrui? Même si le tourbillon du partage d’information t’emporte, prends garde à ne pas divulguer ce qui pourrait affecter des personnes qui ne t’ont rien demandé du tout. Tes bonnes intentions sont susceptibles de retourner contre d’autres ou contre toi-même. Non, non, non, tout ne fait pas une bonne anecdote. 

De même, attention à ce que tes centres d’intérêt multiples ne se diluent pas dans le fouillis de ta curiosité au point que tu n’arrives plus à focaliser ton attention sur quoi que ce soit. Fais le tri avant d’ouvrir tout canal d’information. Certains robinets peuvent rester fermés. Ta soif de connaissance doit-elle être assouvie coûte que coûte?

Ecrire avec le Page d’épées

Pour commencer, il faut réapprendre à écrire. Pour ce faire, il faut accepter de se laisser guider par le feutre, le flux, le message. 

qu’il me transporte, qu’il me transporte. 

Que la magie opère. Que nous co-créons. Co-crayons.

La plume dans la main de la Page d’épées: laisser les histoires nous traverser. Toutes. Et que les mots n’aient pas besoin de propriétaires. Que l’autrice soit au service. Qu’elle ne soit pas détentrice. 

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Tirage avec le 9 de pentacles et la Reine de bâtons

Un article un peu spécial aujourd’hui. J’ai retranscrit des extraits d’une de mes vidéos de tirage. On est dans le style oral et parfois un peu confus quoi. Mais voilà, si vous préférez la lecture à l’écoute: une interprétation anticapitaliste et handie du 9 de pentacles avec le soutien de la Reine de bâtons. 

Vidéo à voir sur ma chaîne: 

Thème du tirage: Le 9 de pentacles du Rainbow Tarot

Par rapport aux envies créatives qu’on n’arrive pas à réaliser car trop peu de cuillères, le 9 de pentacles vient confirmer: “tu as déjà dépensé de l’énergie dans ça, et ça, et ça ces derniers temps! Tu peux aussi profiter d’un peu d’espace”. 

C’est une carte qui nous apporte de la légitimité à apprécier être où on est, de prendre du temps pour soi (l’escargot sur la carte, le soin que la personne a apporté à sa tenue). Quelles sont diverses façons de prendre du temps, de couper le rythme productiviste du capitalisme dans lequel nous sommes toustes imprégné.es?

Cultiver le beau dans sa vie, prendre le temps de s’émerveiller, faire de la place pour l’esthétique, mais évidemment pas dans le sens normé: ce qui est beau pour nous. Et les ambiguités à cultiver cela même si on n’échappe pas à l’intériorisation des normes. 

Se faire plaisir. Se faire du bien. Ralentir. 

Le 9 de pentacles, ce moment où on se sent légitime pour le temps qu’on prend pour soi, en opposition aux pressions. Reclaim du temps, se réapproprier du temps pour quelque chose qui est à la fois exigé et dévalorisé sociétalement (exemple du maquillage). 

Ne pas « mériter » le 9 de pentacles

Le rapport au capitalisme et à la pression qu’on se met. Avec le 9, on culmine dans la suite (accomplissement). Et on voit souvent le 9 de pentacles à travers des lunettes capitalistes: “waw, t’as super bien travaillé, tu mérites cet espace à toi ou tu mérites cette pause, ces vacances, cette maison que tu peux t’acheter”. Sans s’interroger par exemple sur le privilège de classe ou le validisme qui sous-tendent ces interprétations. 

Autrement dit, le 9 de pentacles nous invite en réalité à revoir cette méritocratie insidieuse dans notre fonctionnement. A chaque fois qu’on se dit “je m’octroie cette pause ou je m’offre quelque chose parce que j’ai travaillé pour y arriver”, on fait fi du côté systémique, les rapports de domination, les oppressions qui font que “en arriver là” a été plus ou moins facile ou difficile pour nous. 

Si on enlève le 9 de pentacles de ce côté méritocratique et productiviste, on peut l’appréhender dans d’autres contextes. Par exemple, le rapport au corps, c’est ce qui s’applique le plus directement à ma situation aujourd’hui: j’ai pas mal marché ces derniers jours, j’ai pas mal de douleurs avec le SED mais je continue à faire des exercices physiques car c’est nécessaire pour moi avec le SED mais je n’arrive pas forcément à trouver, avec mes tissus fragilisés, quels sont les moments de récupération à m’accorder. Si le mouvement est tout aussi important que le repos et la récupération, comment déterminer mon équilibre? 

Pour moi, aujourd’hui, le 9 de pentacles, c’est ne pas finir ma journée avec plus de 8000 pas au compteur et me laisser vraiment récupérer. Et pour vous?

Qu’est-ce qui fait du bien aujourd’hui? Comment se l’octroyer, l’assumer, se dire qu’on mérite ce temps consacré à ce qui nous fait du bien?

Le 9 de pentacles nous invite à réfléchir ce que cela signifie de culminer (le 9) dans la matérialité, à la terre des pentacles. Pour moi, aujourd’hui, ce serait s’écouter suffisamment pour ralentir. J’adore l’escargot présent sur cette carte! C’est un de ces symboles très Waite-Smith conventionnel qui me recentre systématiquement dans l’interprétation de la carte!

Outre l’éloge de la lenteur, l’escargot insiste sur l’importance des petites choses. L’attention qu’on leur porte. En ce moment, je vois plein d’escargots. Pour cela, il faut regarder à travers les branchages, prêter attention à la texture des murs, prendre le temps. L’attention portée aux détails est aussi une spécialité du signe de la vierge associé à cette carte.

Avec le 9 de pentacles, être à l’écoute des écosystèmes dont nous faisons partie. Leur faire de la place. Ce qui peut être aussi banal que se demander comment se porte notre flore intestinale aujourd’hui. Le 9 de pentacles  = écouter notre petit jardin ou notre petit cocon, ou notre colon quoi! 😉 Ecouter les besoins des parties de notre corps qui ont besoin de récupérer, qui sont en sur-travail, qui sont inflammées.

Le piège du capitalisme, c’est de nous faire penser qu’on doit avoir mérité le droit de récupérer. C’est de penser cette carte de culmination dans la suite des pentacles comme une carte de mérite.

Le soin, le temps de soin comme un droit, quelque chose que tout le monde est intrinsèquement légitime à recevoir, qu’il n’y a pas à prouver ni à soi-même ni à la société qu’on mérite. 

Sortir de la méritocratie avec la Reine de bâton

Partant de ces réflexions, je tire une seconde carte: 

Sur la question du droit à la récupération et au repos sans devoir le mériter et aussi sans que ça soit forcément grandiose.

Comment sortir de la méritocratie intériorisée?

C’est la Reine de bâtons qui sort!

Être légitime

Comme toute les reines, mais avec encore plus d’emphase, la Reine de bâtons invite à être à l’aise avec notre légitimité. Avec les Reines, on n’a jamais à se dire qu’on mérite quelque chose. C’est un moment de pure radiance, surtout avec la reine de bâtons. Être éclatant.e. Être là. Et notre légitimité semble couler de source.

Elle répond à la question par un grand: “bien sûr que tu es légitime en dehors de toute méritocratie”!

Elle fait aussi partie des cartes qui nous demandent d’accorder de la valeur à ce qu’on crée et de ne pas concevoir la créativité et la création d’une façon trop limitée. C’est partout. Par opposition à la méritocratie qui implique aussi que certaines choses mériteraient d’être valorisées, de valoir de l’argent. Que certaines personnes mériteraient de gagner plus d’argent car ce qu’elles font auraient plus de valeur. 

Mais comment détermine-t-on ce qui aurait plus de valeur? Il y a des dynamiques classistes, sexistes, racistes etc qui participent à le déterminer. Les écarts salariaux en fonction de la couleur de peau, de l’orgine, du genre, des capacités physiques, de la corpulence, etc sont une réalité. Les discriminations au niveau de l’embauche et du salaire existent. La perception de la valeur sociale d’une personne est aussi influencée par différents facteurs. Par exemple, en tant que malade chronique touchant des indemnités d’invalidité, on considère fréquemment que nous n’en avons aucune.

Stigmatisation validiste et productiviste des « malades de longue durée »

En cette année électorale en Belgique, on peut aussi penser à des mesures d’exclusion sociale comme la dégressivité des allocations de chômage. Au sujet des malades de longue durée, le discours dominant, c’est que nous serions la plus grosse tare de la société. Puisque nous sommes improductifves, il faudrait nous forcer à travailler. Tant pis si on crève dans 2 ans parce qu’on aura accumulé trop de blessures ou de détresse psychique. Peu importe car ce qui compte, ce serait qu’on se tue au travail. Le travail, le seul déterminant de notre dignité. Plus que notre vie. Le travail qui déterminerait qu’on mérite notre place dans la société et d’être considéré.es comme des citoyen.nes. 

Tout ça m’affecte beaucoup en tant que malade chronique. Vous le savez, j’en parle souvent. Plus on approche des élections, plus cela me touche. Toustes les politiques s’adressent aux citoyen.nes en mode “les travailleurses”, sous-entendant que nous ne le serions pas, juste des profiteurses du système.

Cette pensée dominante occultant les rapports sociaux de pouvoir décrète que des personnes méritent plus que d’autres. Cette pensée pèse sur nos vies, sur nos conditions de vie et on l’intériorise. On a du mal à garder une estime de soi. Cette pression sociale affecte notre santé mentale. Cette stigmatisation vise à nous exclure.

La Reine de bâtons rappelle que le fait de créer au sens large, sous plein de visages  (par ex: appliquer un joli maquillage, faire à manger, créer ou réparer des vêtements,…), c’est quelque chose qu’on peut cultiver comme un rempart. On fait rempart contre la hiérarchie de ce qui serait légitime ou méritant.

Créer sans monétiser

D’ailleurs, le climat sociétal, c’est aussi que tout doit être monétiser. On a un hobby? Il faut le rentabiliser! Avec la précarité financière et la pression capitaliste, on intègre facilement cette mentalité (bein oui, si on est dans la merde…). Nos hobbies finissent par avoir de la valeur uniquement si “on en fait quelque chose”, si on les vend, si on fait des grands projets autour d’eux. C’est aussi le cas dans le domaine du tarot. Tout le domaine créatif au sens large devient quelque chose sur lequel tabler. Tout doit être rentable. 

La pression de devoir prouver que tout ce que l’on fait à de la valeur, en particulier de la valeur financière. Plus aucun domaine de nos vies ne doivent échapper au productivisme. On doit extraire de l’argent de tout. Tout le monde devient responsable de sa productivité.

La Reine de bâtons crée dans le moindre de ses gestes du quotidien et donne et irradie cette création. Point.

Par rapport aux détails, à l’infime, aux raisins et à l’escargot sur le 9 de pentacles, la Reine de bâton réhabilite tout cela. Rien n’est trop minuscule dans le domaine de la créativité. Rien n’est insignifiant. On mérite de l’appréciation pour toutes les petites choses qu’on crée, qu’on accomplit, qu’on vit. On ne la reçoit pas forcément par de la reconnaissance sociale, par les encouragements de nos proches. Dans ce cas, c’est difficile de continuer à s’accorder de l’appréciation. 

Ainsi, vis-à-vis de la création de vidéo, c’est difficile mais je tiens à donner de la valeur à ce que je fais. ça a de la valeur, j’en suis fière, ça me fait du bien, je continue à créer avec la maladie (pas malgré elle). 

Avec ce genre d’occupation, comme avec le jardinage, on peut voir ce qui pousse. Comme avec la cuisine, on voit ce qui nourrit. toutes ces petites choses comptent. 

Déjà, en tant que malade de longue durée en Belgique, alors que le mépris à notre égard va croissant, clamer que je mérite d’être en vie au lieu d’être en train de crever sur un lieu de travail est un acte de défiance. Affirmer que j’ai un corps improductif et que je mérite d’être là et que je mérite de pas taffer.

A ce propos, je recommande la vidéo suivante dans laquelle je développe un sujet qui me tenait à coeur: la résistance et l’ingouvernabilité de la reine et du roi de pentacles face au santéisme. 

Même si j’essaie de valoriser ce que je fais, avec une santé en dent de scie, il y a, il y a eu et il y aura encore des moments où je n’y arriverai pas, mais même en étant clouée au lit, je lutterai pour continuer à réclamer ma valeur.

Être artiste sans créer

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Le Roi d’épées. Honorer et transmettre notre histoire

Le Roi d’épées:

Je veux que tu saches que tu peux le faire, que d’autres l’ont fait avant toi. Je veux que tu saches que tu peux contrôler la distribution de tes mots: tu as le droit de les garder pour toi, tu ne les dois à personne. Quand tu le peux, honore ceux qui méritent d’être entendus, puissamment légitimes et vitaux, ceux qui doivent trouver écoute. Auxquels tu dois qu’ils servent à d’autres comme ils t’ont servi à toi. 

Cultive la conscience de tes limites dans la distribution de ta parole. Prends confiance en ce que tu as à exprimer. Ainsi qu’en ta capacité à discerner l’expression à partager et celle à garder confinée. Et puis aussi dans le choix de la forme, du ton, de la diffusion. 

Je veux que tu te saches sage. Avec tant à apprendre, tant à comprendre. D’une sagesse qui t’est unique, ici et aujourd’hui. Mouvante. Présente. Source de liens. 

Tu es capable d’unir grâce aux fils que tu tisses. Les éléments disparates que tu rassembles: des gens, des ancêtres, des objets, des idées… Tu relies. 

Tu détiens le pouvoir d’unir, de séparer, de trier, de compiler. Sois certain.e que tu peux en faire bon usage. 

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Ecouter les ancêtres (y compris celleux qu’on a été et qu’on sera, y compris l’enfant qu’on a été). Les croire, se croire. amplifier les signaux. faire partie d’une chaîne. transmettre transmettre transmettre. faire confiance en la sagesse. ma sagesse. 

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Que vivent les connaissances! Qu’elles s’émancipent! Que mon expérience serve!
Que la mémoire de nos histoires que j’ai conservées ne se fane pas. 

Ou bien… qu’on la laisse faner lorsque son cycle est terminé avant que monte en graines notre histoire.
Que les semences volent au vent! Que nos paroles les transportent!


PS.

Je fais le tri dans mes archives de textes non-publiés. J’ai renoncé à les éditer et à les améliorer. Pas évident pour la perfectionniste mais… Leur place est ici, où ils pourront servir. Pas dans des carnets où ils pourraient pourrir.

Je publie ces interprétations tarot-poétiques en état, c’est-à-dire souvent un premier jet manuscrit que je me suis contentée de retranscrire – parfois à l’aide de la saisie vocale, ce qui explique les erreurs de mise en page, de ponctuation, etc.

Par rapport à des articles conçus pour le blog, ces archives seront aussi moins richement illustrées. Puissent-elles néanmoins trouver écho et vous servir!

Pour lire toutes les interprétations des cartes de tarot publiées depuis 2016 sur le blog, rendez-vous dans la section Cartographie du tarot.

L’Impératrice. Interprétation et cheminement

En prévision de la parution prochaine d’une vidéo sur mes représentations préférées de l’Impératrice pour le #TopTarotTrump j’exhume des profondeurs mes carnets quelques notes à son sujet. 

Interpréter L’Impératrice

L’Impératrice ou la générosité incarnée. Et d’ailleurs, iel est incarné.e. La matière pétille avec iel: son corps, la nature, les écosytèmes, les sien.ne.s. Iel relationne. Iel fait relationner. Iel engendre des relations. Iel affine sans cesse des qualités relationnelles très vénusiennes: rapprocher, harmoniser.

Pour exceller ainsi dans le relationnel sous toutes ces facettes, la vulnérabilité est son maître-mot. Sincère, il s’offre aussi authentiquement que possible. Il cultive un état de réceptivité, d’échange et de don de soi permanent. Ou, pour être plus précise, il fait en sorte que tout cela pousse de façon anarchique et chaotique et, en fin de compte, superbe et opulente, tout comme le fait la nature sans intervention humaine: sauvage, fertile, abondante, diverse, pollinisatrice. 

Tout est luxuriant en / autour de / avec L’Impératrice. Dans le même élan, tout est intrinsèquement fragile. Pas de référence aux associations traditionnellement féminines de cette carte, non, non (et on les emmerde de toute manière).  Si tout est fragile, c’est qu’il n’existe aucune structure, aucun pouvoir, aucune organisation pour défendre et protéger sa belle anarchie. L’Impératrice est un processus organique. C’est bio. C’est naturel. C’est durable. Dans le même temps, elle est précaire dans des sociétés productivistes, sélectivistes et court-termistes. Elle est plus sensible à la destruction que ces dernières engendrent. Pourtant, elle s’affirme résistance, résiliente et régénératrice. Sans cesse contestée parce que sa générosité sauvage met à mal les pouvoirs-sur et menace l’oppression, elle reste féconde. Elle ne renonce pas. Elle favorise la transversalité et le relationnel. Elle refuse les hiérarchies. Activiste handie, elle prône les interdépendances. 

Tandis que la carte numéro 2, la Prêtresse, écoutait, L’Impératrice sert, partage et iel pousse / fait pousser. Si l’Empereur, carte numéro 4, va construire, défendre et organiser, L’Impératrice, quand à iel, réalise, engendre et régénère. Souviens-toi du Magicien, le conduit qui traduisait et transmettait divers éléments. Face à iel, L’Impératrice incarne le foisonnement, le(s) corps, la terre, les rassemblements, le mycélium. 

Il vit la Justice, la beauté, le plaisir et la relation. Autant de caractéristiques de son association planétaire: Vénus! Il est le soin, la douceur, la ferveur, la convivialité. Il est la communauté. Il est les liens de parenté (kinship) qui défient les liens de sang, l’ADN et les modèles familiaux oppressifs. Il est le vivant. Il est une ode à la vie.  

Lectures recommandées

Anaïs Van Ertvelde, Handicap, een bevrijding
Adrienne Maree Brown, Emergent Strategy: Shaping Change, Changing Worlds
Cy Lecerf Maulpoix, Ecologies déviantes. Voyage en terres queer

Dans le mycélium de… Notre-Dame de Hunnegem

Cheminer avec l’Impératrice

Comment dialoguer avec la carte?

Dans un registre très différent, je vous partage une version éditée d’un cheminement réalisé avec l’Impératrice du Rainbow Tarot fin mars 2023. J’ai suivi les exercices proposés par Mary K. Greer afin de dialoguer avec la carte de l’arcane majeur à laquelle on s’identifie (“a card of the major arcana that you think best depicts how you like to think of yourself”). Je me base sur l’exercice 1 du chapitre 2 Techniques for working with your personal card de son ouvrage: “Who are you in the tarot? Discover your birth and year card and uncover your destiny” (2011). Certains exercices se trouveraient aussi dans ses livres “Tarot constellations” (1987) et “Archetypal Tarot” (2021).

Le texte ci-dessous, c’est donc de l’écriture “canalisée” (en tout cas, c’est comme ça que je le définis dans ma pratique) avec L’Impératrice, guidée par les questions posées par Mary K. Greer au fil du cheminement et en dialogue avec le dessin de So Lazo pour le Rainbow Tarot. Il en ressort une version souterraine, “infernale” de L’Impératrice, pas forcément calquée sur les interprétations conventionnelles de cette carte, mais divinement en phase pour moi 🙂 Je résume les différentes étapes de l’exercice indiquées par l’autrice. 

Première étape, poser à la carte une des questions suggérées par l’autrice. Je choisis: “Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?”

2. Sélectionner un objet sur la carte que me paraît réceptif à la conversation. Je choisis les grenades coupées en deux sur la robe de l’Impératrice. Lui poser ma question.

3. Écrire la première réponse qui me vient à l’esprit (de façon spontanée, sans censure ni hésitation” (…) Ne pas se préoccuper de l’écriture, la grammaire etc. Rester dans la circulation de la conversation pendant minimum 12 à 15 minutes.

Ca donne ceci:

“Qu’est-ce qui veut s’exprimer créativement à travers moi?” Ton reflet dans le miroir. Souviens-toi de l’époque des auto-portraits avec les grenades, de ta poésie. Qu’est-ce que tu as perdu? Si le sentiment de sécurité n’est plus sur internet, où pourrais-tu le trouver? (…) Qu’est-ce qui te fait peur? Pourquoi doutes-tu de (…)? Ton reflet dans le miroir. Ce sont tes doutes que tu projettes sur d’autres. Tu es une artiste. Mais. Quel est ton prochain récipient? Pour y mettre quoi? 

C’est à toi de creuser, de chercher cette complexité, cette intégrité. Internet ne t’a pas cassée. Il t’a déconnectée de ton courant. De ta source. Et de ton récipient. Et du coup, forcément, aussi des autres. 

Il t’a isolée. Reviens. Reviens. Ton reflet dans le miroir. Les traces de l’âge. Un autre stade de vie. Crone. Tu savais que dire en tant qu’artiviste. Mais… à ce nouveau stade… Qui es-tu? Que veux-tu exprimer et pour qui? Qui sers-tu? (et pas à quoi sers-tu?) Tu te souviens de ces processus créatifs avec nostalgie, mais tu n’es plus la même. Tu ne retourneras pas au même. Tu dois te retrouver. Et, pour ça, te chercher. Arpenter les profondeurs. C’est là qu’est la fertilité. Connais-toi. Tu ne peux pas créer pour partager sans – pas ce sens de qui tu es mais – ce centre de qui tu es. 

Tu penses que tu ne peux plus écrire / dire / représenter l’intime car internet l’a dévoyé. Mais… peux-tu déjà redevenir intime avec toi-même? Avec la nouvelle toi? Avant de créer. Parce que c’est créer aussi: accoucher de la nouvelle toi. Oser goûter à la complexité. Devenir plus complexe. Visiter les Enfers. 

Tu sais tout ça. Mais tu peines à y aller radicalement.
Tu cherches les regards.
Commence par le miroir.
Commence par te voir. Puis, te regarder. T’apprivoiser. Te déshabiller. Qu’es-tu devenue? Parmi ce qui est devenu ou revenu, quelles sont les parts de toi qui ne peuvent pas prendre le dessus sous peine d’étouffer la vie, les relations,…? Comment aller à leurs racines pour déterminer ce qu’elles veulent. Et ce que tu veux en faire.
Tu es ici devant ton journal, avec tes bouquins. Tu sais ce qui veut s’exprimer créativement à travers toi! C’est juste que c’est du travail souterrain, du travail de l’ombre. Du travail que tu te dois à toi-même. Aux tien.nes. Au devenir. 

A ce qui doit voir le jour.
Et à ce qui va mourir.
Tu ne peux pas échapper aux cycles de la vie et de la mort.
Sur son trône, Perséphone a parlé: tu ne peux pas échapper à ton devoir, à ton existence…

L’étape suivante selon le parcours de Mary K. Greer: quand on arrive à un seuil dans l’écriture. Il faut alors le conscientiser, le dire et choisir de continuer, de franchir le seuil pour aller de l’autre côté. Il y a alors une série d’autres questions et de réponses que je ne partagerai pas ici. 

Références utiles pour comprendre le texte

Lire la suite « L’Impératrice. Interprétation et cheminement »

Découvrez le tarot en vidéo et en zine

Pas de pression, pas de drama. Le tarot est accessible à toustes!

Une vidéo pour découvrir le tarot en un peu plus d’une heure accompagne désormais mon zine sur le sujet! J’espère que ce cadeau de Solstice égaiera votre période de fin d’année!

Pour les taroteurses aguerri.es qui suivent mon travail, il n’y a sans doute rien de neuf dans ce combo zine-vidéo. Maiiis vous pouvez transférer cet article à vos potes qui ont envie de se mettre au tarot sans savoir par où commencer! Et vous pouvez même imprimer et décorer le zine pour leur offrir cette découverte du tarot! Le voici:

Un zine pour découvrir le tarot

Sans contexte ni introduction. Sans la vidéo d’accompagnement que j’espère créer depuis des mois. Avec les approximations et simplifications qui me frustrent. Sans notes en bas de page.

Je vous partage mon zine Découverte du tarot 🙂 Vous pouvez le télécharger et l’imprimer gratuitement ici:

Apprentissage et approfondissement du tarot, mes vidéos

La rubrique Apprendre le Tarot compile des articles sur l’apprentissage et l’approfondissement du tarot. Mais vous avez certainement constaté que je suis plus présente sur ma chaîne youtube que sur le blog depuis quelques années!

N’hésitez pas à consulter ma playlist de vidéos sur le sujet pour découvrir encore plus de suggestions et de partage de pratiques à ce sujet:

Interpréter La Hiérophante

1. Analyse

L’enseignante

La Hiérophante est une carte de savoir, de croyances et de transmission. Son association au Taureau indique le souci de la conservation, de la protection et de la continuité dans ces domaines. A l’inverse, la carte qui suit, les Amoureuxses, avec le signe des Gémeaux, correspond à plus d’émancipation et d’innovation quand elle traite de ces questions. 
Mais avant l’envol des Amoureuxses, la Hiérophante invite à prendre le temps. Elle stabilise notre rapport à nos processus d’apprentissage. Elle instaure un cadre dans lequel les comprendre. 
Ainsi, elle représente notre rapport à nos aîné.es et à nos ancêtres. Et ce, dans des champs allant de nos convictions politiques, spirituelles ou philosophiques à nos compétences techniques en passant par les (éco)systèmes dans lesquels on s’inscrit. 

La Hiérophante est l’archiviste. En sa compagnie, impossible de faire fi de nos origines, qu’elles soient mythiques, symboliques ou inscrites dans des arbres généalogiques. Elle est l’historienne qui consigne ces informations puis les analyse. Dans les tapisseries dont les fils nous ont fait.es et défait.es, quelle est notre place? Qu’est-ce qu’on revendique dans nos racines? Comment gravite-on dans nos constellations? De quoi se détache-t-on? Qu’est-ce qui nous dérange? De quoi ou de qui faisons-nous ouvertement scission? Quels travaux nous ont inspiré.es? Quel.les profs nous ont autant influencé.es que déçu.es? L’Hiérophante est la thérapeute qui offre un espace pour les ambiguïtés. Avec cette carte, on cartographie nos réseaux. Elle est notre position parmi eux. Elle est l’ensemble des chemins entre les différentes composantes. Elle représente nos perspectives d’évolution, collectivement et personnellement. En ça, elle est l’ensemble des positions au sein du réseau, qu’elles soient passées, existantes ou potentielles.

La liberté d’apprentissage

Parce que chaque carte brille sur un spectre, elle est aussi tout ce qui nous garde figé.e, comme le signe du Taureau qui s’applique à conserver. Elle symbolise les moments où l’on remet à d’autres les clés de nos connaissances, où l’on apprend scolairement sans questionner la matière enseignée. De là, elle évoque également notre rapport aux institutions, aux écoles de pensée, aux religions, aux entreprises. Elle constate que les réseaux sont aussi les biopolitiques, nos corps comme lieu de rencontre des savoirs/pouvoirs, nos corps marqués, nos corps récalcitrants et nos corps obtempérant. 

Complexe, elle n’oppose pas la soumission à la révolution. Elle crée des passages, des failles dans ces systèmes qu’elle peut aussi incarner. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas de dehors aux systèmes et cela ne veut pas dire que tout est couru d’avance, perdu, condamné. Elle questionne notre puissance d’agir par rapport aux pouvoirs. Est-ce qu’on s’écrase? Est-ce qu’on résiste? Est-ce qu’on s’échappe? En tout cas, avec elle, nous n’inventons pas. Nous existons dans le collectif. Les récits s’entremêlent. Les connaissances se tissent. On apporte nos pierres à l’édifice et/ou nos pavés dans les barricades et/ou nos résidus au compost. 

Parce qu’elle est l’atout numéroté 5, La Hiérophante se réverbère dans les 5 des suites, cartes de crise par excellence. Crises de foi. Débusquer les théories du complot. Bousiller les dogmes. Rébellion face aux autorités. Tourment lorsque l’autorité s’immisce malgré soi dans nos dynamiques collectives. Abus de pouvoir. Désabusé.e face au pouvoir. Réclamer sa puissance personnelle et/ou en tant que groupe minorisé. Décoloniser les savoirs. Reprendre le contrôle de ses récits. Faire face aux retours de bâton suivant des droits chèrement acquis. Ne pas se contenter de l’égalité juridique. Ni d’un washing stratégique. Déloger l’oppression intériorisée. S’acharner. Se battre.

Parce qu’elle est l’atout numéro 5, La Hiérophante célèbre la constance du chaos. La constance du changement. Et les mycéliums de la continuité. 

2. Un message

dédié aux haies, prairies et étangs du Rouge-Cloître qui ont rencontré lae Hiérophante pour inspirer ce texte, peut-être se souviennent-ils des temps qui ont précédé l’instauration d’un prieuré, des temps où les prés étaient la Forêt et les étangs, les ruisseaux qui les traversent encore. 

Bienvenue dans la danse de Lae Hiérophante! Avec moi, avec nous, ensemble, traçons le cercle, reconnaissons le caractère sacré de cet endroit, amplifions-le.

La forme de ce sanctuaire, le cercle sacré, le magnifie. Mais tout lieu peut être ainsi chargé, par essence ou par volonté: mon corps, un corpus, une partie de moi, un espace virtuel ou méditatif, un lieu historique, un bois, une source, des roches, un carrefour. 

Je suis la gardienne, temporaire ou définitive, de plusieurs de ces temples. Nous le sommes toustes. L’intentionnalité fabrique le sacré. (Se) remarquer fabrique le sacré. La réciprocité fabrique le sacré. 

Ce sacré ne s’oppose nullement au banal, à l’impur, au pollué.
Au contraire!
Il est les Communs. Ce sacré n’existe pas pour séparer, pour distinguer, pour encourager l’élitisme. On ne peut pas s’en servir afin de marquer chasse gardée. On ne peut pas abolir les Communs. 

Ils existent. 

Je suis la gardienne inhérente à chacun de ces lieux. Je n’en suis pas le dehors. Je suis la protectrice immanente. La résilience en toute chose. Je n’ai besoin d’aucun.e sauveurse.

Je suis Les Communs. L’inaliénable partage. Je suis le refus de l’appropriation ainsi que l’affirmation de l’interdépendance.

On ne se sert pas des Communs. On y contribue. On écoute. On est au service d’un tout, chaque partie aussi indispensable que les autres.

On écoute : les Communs incluent le non-humain. On se décentre quand on est humain.e. Ainsi on apprend sans cesse à demander: est-ce que cette plante veut être cueillie ? Qu’en dit l’abeille ? On ne présume pas des réponses. Les humain.es tendent à vouloir sauver ce qu’iels s’évertuent à détruire. La résilience les dépasse souvent. 

On écoute : est-ce que ces fleurs viendront nourrir les humain.es ou deviendront-elles des baies pour les oiseaux à l’automne ? Il n’y a ni bonne ni mauvaise réponse. Les Communs évoluent.

Les Communs poussent dans les interactions. 

On ne possède pas dans les Communs. On tisse. On converse. On diffuse. Tout mot est aussi indispensable que les autres. Il n’y a pas de contribution insignifiante. Pas plus qu’il n’y a de contribution dominante.

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Interpréter La Tempérance

Visualiser La Tempérance

Au bord des fossés où s’écoulent mes vies passées, des iris annonciateurs de répit fleurissent. Sur le sol où j’ai sacrifié les lambeaux de ceulles que je ne suis plus, des cristaux de roche brillent dans la lumière du point du jour.

Je suis revenue transparente.
Limpide, tout comme la rosée perlant sur ma chrysalide.
Ardente, de cette ardeur tranquille signifiant que je ne suis plus en combustion.
Fervente, de cette foi paisible suivant le sommeil retrouvé.

Mes muscles sont engourdis. Mes gestes sont lents, en conscience. Mes ailes se déroulent doucement, encore froissées par le cocon. Il faut que je patiente. Il faut que je récupère. Il faut que je profite.
Sérénité de ne plus être tiraillée.

Maintenir l’espace pour la complexité, la mienne et celle du monde. Percevoir le monde avec plus de nuances qu’auparavant.
Mes sens captent des gammes jusque-là imperceptibles. Les subtilités sont infinies.
Je les mélange. Je les laisse opérer. Je les guide.

Je ne suis plus une caricature de moi-même. Je n’ai plus rien à prouver. Je suis sur le point de m’envoler.
C’est l’aube ! Enfin, je vois venir demain.

Je ne suis plus enfermée dans un corset, dans un carcan, dans les normes, dans les dualités, dans des injonctions, dans mes limitations.
Je ne peux plus penser de façon binaire. Le monde entier s’irise. Tel est le charme de la carte aux iris.

Au point du jour, je suis
Je suis un spectre sans fin
Un arc-en-ciel contenant mille couleurs
Je suis.

Comprendre la Tempérance

La Tempérance est un état de grâce.
Le funambulisme au-dessus de l’océan accessible à toustes.
C’est la suave impression de pouvoir être soi sans être écartelé.e entre 
Des rôles, des pôles, des états (d’âme) contradictoires.
C’est flotter par-dessus les contradictions.
En prendre acte, mais ne pas les laisser prendre le dessus. 

On manipule les facettes. On les mélange. On est composé.e de tous ces fragments. On est une mosaïque, entière dans sa complexité.

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