En période prémenstruelle et de lune sombre, je partage des notes prises dans mon carnet en mai.
La fatigue prémenstruelle s’installe. Je ralentis.
Je me blottis en moi-même. Je n’ai pas attrapé les rêves au réveil.
Je rétrécis pendant la période prémenstruelle.
Plus vulnérable, je rétrécis mon environnement. Je me réduis afin de ne pas m’échapper. Ne pas m’écorcher. Ne pas m’emporter.
Je me retiens. Tout est dans l’équilibre, dans le dosage.
Mais comment doser lorsque tu te dissous?
Il faut retrouver un peu de grâce. Revenir à l’essentiel. A l’échelle de ce qui est petit.
Je me rétracte sans me retrouver seule dans ce monde miniature.
Je considère les distances que les ancêtres pouvaient parcourir à pied. Je suis à 15 km de la ferme à W. A 17 km du village O.
Je sais… ne pas savoir… tempérer pour mieux me recentrer.
J’essaie d’être au plus juste.
C’est une question de justesse.



Je cherche à me retrouver. Je ne fais que me diluer. Donne-moi un nom. Donne-moi un visage. Je suis dérangée. En dérangement. Évacuée. Donne-moi des idéaux. J’ai rêvé de cette contrée il y a 10 vies. Elle m’a accouchée aujourd’hui. Je me liquéfie. Rattrape-moi sur le rivage de la Dendre…
C’est la nuit. Les moyens-ducs dans le saule pleureur. Le sol pleure. Retiens-moi. Que je ne m’efface pas avec mes chagrins.
Il y a des jours où tout est trop. Et je n’ai toujours pas récupéré mon visage. Je pratique l’écriture automatique car c’est là que l’on perd ma trace pour retrouver mes traces. En suivant mes empreintes, on me recompose. Je ne suis jamais seule. Je suis toujours multiple. On ne sait jamais qui est le je, qui est le tout, mais on sait que tout cela cache un nous.
On se dérobe aux compréhensions. On s’exalte dans le désordre.
On est les empreintes, celleux qui les suivent, celleux qui les ont laissées, les vents et les pluies qui les emporteront, les océans qui les avaleront.

De ces vies qui s’écoulent encore, dans les ruisseaux alimentés par les sources, dans les caniveaux nourris par les urines, dans mes veines,
De ces vies qui s’écoulent encore,
Je préserve les sons
Je préserve les sens
Mon adn s’éteindra avec moi. Mais rien de tout ça n’est stérile. Je serai l’ancêtre bienveillante. Queer. Je ne serai dans le sol que tu fouleras. Peut-être la fourmi. Peut-être le rosier.
Je serai et tu sauras me retrouver.
Comme nous le faisons depuis des siècles, depuis des millénaires
Comme nous nous aimons
Comme nous nous ensablons
Comme nous nous érodons
Et nous nous rassemblons pour former des abris
Des lieux refuges
Du répit et de la bienveillance
De la force et de la persévérance
Nous sommes les ancêtres révolutionnaires
Par choix pour par nécessité
Les ancêtres libérées
Les porteuses de Libération
Les semeuses d’espoir
Les récolteuses d’insoumission
Nous sommes les rêveuses et les porteuses
Inarrêtables, persévérantes,
et toujours, toujours,
bienveillantes!































